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01/12 2015
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URGENCES ET PSYCHIATRIE: 75% DES SOIGNANTS CONFRONTÉS À DES PATIENTS VIOLENTS (ENQUÊTE MULTICENTRIQUE)

LILLE, 30 novembre 2015 (APM) - Les trois quarts des infirmiers et aides-soignants dans les services d'accueil des urgences (SAU) somatiques et psychiatriques ainsi que dans les unités psychiatriques fermées, déclarent être victimes d'actes de violence de la part des patients et ou de leurs familles, selon une enquête menée dans des hôpitaux de Poitiers et Toulouse.

La violence, problématique importante dans le système de soins, est un phénomène complexe qui résulte de l'imbrication de plusieurs facteurs. Leur meilleure compréhension est une condition importante pour l'élaboration de politiques de prévention efficaces, indiquent Camille Dallay du centre hospitalier spécialisé en psychiatrie Henri-Laborit à Poitiers et ses collègues dans leur poster présenté au Congrès français de psychiatrie la semaine dernière à Lille.

Dans cette étude, ils ont voulu identifier les facteurs en lien avec la survenue d'évènements violents dans les soins hospitaliers, le vécu des soignants et leur impact. Pour cela, ils ont conduit une enquête transversale, multicentrique, auprès de 150 infirmiers et aides-soignants travaillant aux urgences psychiatriques et somatiques des CHU de Toulouse et Poitiers ainsi que dans des services fermés de psychiatrie du CH Henri-Laborit.

Parmi le personnel soignant interrogé, 75,3% déclarent être victimes d'actes de violence de la part des patients ou de leur famille au moins une fois par mois, un taux qui atteint 82,8% aux urgences générales. Les tensions semblent moins fréquentes dans les unités fermées, avec un taux de 47%.

Près d'un quart (24,3%) des soignants disent avoir ressenti "souvent" ou "toujours" un sentiment d'insécurité au travail, contre 14,7% dans les unités fermées.

La prévalence de l'épuisement professionnel est élevée, avec 64,7% des personnes interrogées en "burn out" modéré ou élevé selon le score MBI (Maslach Burn Out Inventory).

L'analyse multivariée des données indique qu'un niveau élevé de violence est associé à un âge plus jeune des soignants et à un épuisement professionnel pour les facteurs individuels, à un travail aux urgences générales et à une alternance des horaires jour/nuit et à une pression temporelle élevée au travail pour les facteurs professionnels. En revanche, l'empathie dans la relation de soin, par sa dimension cognitive, diminue le risque d'actes violents.

Chez les femmes, le souci empathique et la détresse personnelle sont des facteurs de risque d'épuisement professionnel. Il semble donc important d'agir simultanément sur ces deux dimensions dans une optique de prévention, notent les chercheurs.

Globalement, ces résultats suggèrent la nécessité d'améliorer les conditions de travail et de préserver l'empathie clinique chez les soignants, tout en prévenant l'apparition d'un épuisement professionnel. Ces actions pourraient contribuer à prévenir la violence des patients par l'amélioration de la relation thérapeutique, concluent-ils.

ld/ab/APM

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URGENCES ET PSYCHIATRIE: 75% DES SOIGNANTS CONFRONTÉS À DES PATIENTS VIOLENTS (ENQUÊTE MULTICENTRIQUE)

LILLE, 30 novembre 2015 (APM) - Les trois quarts des infirmiers et aides-soignants dans les services d'accueil des urgences (SAU) somatiques et psychiatriques ainsi que dans les unités psychiatriques fermées, déclarent être victimes d'actes de violence de la part des patients et ou de leurs familles, selon une enquête menée dans des hôpitaux de Poitiers et Toulouse.

La violence, problématique importante dans le système de soins, est un phénomène complexe qui résulte de l'imbrication de plusieurs facteurs. Leur meilleure compréhension est une condition importante pour l'élaboration de politiques de prévention efficaces, indiquent Camille Dallay du centre hospitalier spécialisé en psychiatrie Henri-Laborit à Poitiers et ses collègues dans leur poster présenté au Congrès français de psychiatrie la semaine dernière à Lille.

Dans cette étude, ils ont voulu identifier les facteurs en lien avec la survenue d'évènements violents dans les soins hospitaliers, le vécu des soignants et leur impact. Pour cela, ils ont conduit une enquête transversale, multicentrique, auprès de 150 infirmiers et aides-soignants travaillant aux urgences psychiatriques et somatiques des CHU de Toulouse et Poitiers ainsi que dans des services fermés de psychiatrie du CH Henri-Laborit.

Parmi le personnel soignant interrogé, 75,3% déclarent être victimes d'actes de violence de la part des patients ou de leur famille au moins une fois par mois, un taux qui atteint 82,8% aux urgences générales. Les tensions semblent moins fréquentes dans les unités fermées, avec un taux de 47%.

Près d'un quart (24,3%) des soignants disent avoir ressenti "souvent" ou "toujours" un sentiment d'insécurité au travail, contre 14,7% dans les unités fermées.

La prévalence de l'épuisement professionnel est élevée, avec 64,7% des personnes interrogées en "burn out" modéré ou élevé selon le score MBI (Maslach Burn Out Inventory).

L'analyse multivariée des données indique qu'un niveau élevé de violence est associé à un âge plus jeune des soignants et à un épuisement professionnel pour les facteurs individuels, à un travail aux urgences générales et à une alternance des horaires jour/nuit et à une pression temporelle élevée au travail pour les facteurs professionnels. En revanche, l'empathie dans la relation de soin, par sa dimension cognitive, diminue le risque d'actes violents.

Chez les femmes, le souci empathique et la détresse personnelle sont des facteurs de risque d'épuisement professionnel. Il semble donc important d'agir simultanément sur ces deux dimensions dans une optique de prévention, notent les chercheurs.

Globalement, ces résultats suggèrent la nécessité d'améliorer les conditions de travail et de préserver l'empathie clinique chez les soignants, tout en prévenant l'apparition d'un épuisement professionnel. Ces actions pourraient contribuer à prévenir la violence des patients par l'amélioration de la relation thérapeutique, concluent-ils.

ld/ab/APM

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