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21/04 2020
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VISITES EN EHPAD: LE SYNERPA CONSEILLE AUX DIRECTEURS DE NE ROUVRIR QUE S'ILS "SONT PRÊTS"

PARIS, 21 avril 2020 (APMnews) - Le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) conseille aux directeurs d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à autoriser de nouveau les visites que "s’ils sont prêts", car leur responsabilité reste engagée, a indiqué sa déléguée générale, Florence Arnaiz-Maumé, mardi lors d’un point presse.

Ceux qui ne pourraient pas mettre en place des mesures sécuritaires assez fortes sont encouragés à "reporter" l'ouverture au mois de mai, a-t-elle préconisé.

Le ministère des solidarités et de la santé a publié lundi le protocole autorisant les visites extérieures, dans le cadre des règles actualisées de confinement applicables aux établissements médico-sociaux, dont les Ehpad (cf dépêche du 21/04/2020 à 12:17).

Après cinq semaines de confinement délétère pour certains résidents, cet assouplissement était demandé par de nombreuses fédérations du secteur, dont le Synerpa, et a été annoncé dimanche soir par le ministre, Olivier Véran (cf dépêche du 19/04/2020 à 21:46, dépêche du 15/04/2020 à 10:33 et dépêche du 14/04/2020 à 19:48).

Les établissements n'ouvrent pas au public et "restent pour l'instant en confinement […] en chambre […], c'est la base, il n'est pas question de revenir là-dessus immédiatement", a souligné fermement Florence Arnaiz-Maumé.

Cette volonté de réouverture demande "absolument un éclairage car la bombe a été lâchée", a-t-elle déploré. "Le mot de trop [du ministre] était 'à partir de demain'" [lundi], vous n'imaginez pas l'avalanche d'appels des familles qui imaginaient pouvoir venir à nouveau", certains Ehpad ayant enregistré 30 appels en une matinée. "Ce n'est pas possible, et s'il faut demander au ministre de le redire, on le fera", a-t-elle assuré.

"Notre enjeu est de mettre en place des rencontres apaisantes et rassurantes […] mais de continuer à protéger les établissements" du coronavirus, a-t-elle expliqué en indiquant avoir travaillé avec d'autres fédérations en lien avec Jérôme Guedj, qui a élaboré des préconisations pour le nouveau protocole.

Certains Ehpad avaient "déjà commencé" à autoriser des visites, d'où la demande des fédérations aux ministres. L'idée était de "protocoliser un minimum" ces visites et de "ne pas laisser les établissements seuls" mais "tous les Ehpad ne pourront pas mettre en place cette mesure dès cette semaine", a-t-elle insisté.

Pour elle, les établissements doivent commencer par évaluer la situation sanitaire, en termes d’équipement et de charge virale, pour voir si cela permet l'accueil de familles "même en petit nombre" puis élaborer "un plan d'action".

Pour ceux qui ne sont pas prêts, il convient de "reporter" d'une ou deux semaines et de "le dire aux familles en donnant une date".

Interrogée par APMnews/Gerontonews sur la difficulté à donner une date pour les Ehpad les plus touchés, Florence Arnaiz-Maumé a estimé qu’étant donné "les possibilités de tests" et le bon fonctionnement des filières gériatriques, "courant mai", les établissements "doivent pouvoir s'en sortir".

Elle considère que "dans la grande majorité des cas [les visites sont déjà] possibles" car "55% des Ehpad" sont épargnés par le virus ou "sans cas symptomatique".

"Mais évidemment il y aura un délai" pour organiser quatre à cinq visites par jour maximum pendant 30 minutes et "il faut des salariés pour accueillir les familles". Par exemple, pour "60 familles à faire passer, ça va se faire en plusieurs jours".

La question de la responsabilité est "cruciale"

Pour Florence Arnaiz-Maumé, la question de la responsabilité des directeurs dans le cadre de ces réouvertures est "cruciale".

"On a déjà des familles qui portent plainte […] In fine, c’est le directeur qui est civilement et pénalement responsable de ce qui se passe, c'est pour ça qu'aujourd'hui on leur recommande de [ne pas rouvrir] s'ils ne se sentent pas prêts", a-t-elle souligné.

Elle a soulevé la question des protections. "Notre obligation de sécurité, en tant qu'employeur, va bien au-delà" des masques chirurgicaux recommandés dans les protocoles d’Etat pour une visite au domicile d’une personne suspectée d’avoir le Covid-19 et "nous refusons d'envoyer nos salariés sans surblouse et masque FFP2".

Même si "l'Etat pourrait dire dans son protocole qu'il 'prend la responsabilité de', on aura toujours un code du travail disant que l'employeur doit assurer la sécurité de ses salariés tout comme un directeur doit assurer celle de son site", a-t-elle observé.

Pour la déléguée générale du Synerpa, "les problèmes de responsabilité sont graves […] mais si on travaille la crise avec cette idée-là on ne fait plus rien, donc tant pis, on y va". "Après, il y aura peut-être des règlements de comptes judiciaires, mais nous on fait comme on pense qu'il faut faire pour sortir au plus vite de la crise."

Bonne progression des tests de dépistage et des filières gériatriques

Lors de ce point presse, Florence Arnaiz-Maumé s'est également réjouie de la progression des tests de dépistage du Covid-19 en Ehpad sur tout le territoire, tout en relevant le nombre important de porteurs asymptomatiques, aussi bien chez les salariés que chez les résidents.

"Le protocole d'Etat" sur ce dépistage n'est "jamais arrivé" et c'est finalement une bonne chose, étant donné qu'il ne "satisfaisait pas" le syndicat puisqu'il n'invitait pas à tester "100% des résidents", a-t-elle rappelé (cf dépêche du 14/04/2020 à 16:35).

Finalement, "les protocoles régionaux se déploient de manière diverse" et, quand ça ne vient pas des ARS, cela vient "des mairies, des régions ou des laboratoires privés [...], il y a énormément de débrouillardise sur le terrain". Les groupes d'Ehpad comme "Korian, Orpea et DomusVi nous ont dit avoir déjà réussi à tester plus de 6.000 résidents", a-t-elle illustré.

Elle a par ailleurs rapporté un bon développement des filières gériatriques et un meilleur fonctionnement du 15 et de la possibilité de transferts. "On se sent plus épaulés" a-t-elle reconnu. "Si le 15 ne répond pas, on a d'autres numéros d'urgence, et il y a des hôpitaux locaux entièrement dédiés aux résidents d'Ehpad."

Elle relève toutefois toujours "une grosse tension" pour obtenir des masques FFP2 et des surblouses, même si les ARS en fournissent en général en cas de crise.

Enfin, s’agissant de la prime exceptionnelle promise par le gouvernement au secteur médico-social, Florence Arnaiz-Maumé estime qu’elle doit être équivalente à celle du champ sanitaire ("entre 500 et 1.500 euros") et versée "en fonction des sections tarifaires".

"A notre sens, l'assurance maladie doit prendre en charge la prime des soignants, le département, celle des personnels liés à la dépendance (soit les psychologues et une partie des aides-soignants et auxiliaires de vie)", et enfin "l'établissement doit prendre en charge les primes liées à l'hébergement".

cbe-cb/ab/APMnews

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PARIS, 21 avril 2020 (APMnews) - Le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) conseille aux directeurs d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à autoriser de nouveau les visites que "s’ils sont prêts", car leur responsabilité reste engagée, a indiqué sa déléguée générale, Florence Arnaiz-Maumé, mardi lors d’un point presse.

Ceux qui ne pourraient pas mettre en place des mesures sécuritaires assez fortes sont encouragés à "reporter" l'ouverture au mois de mai, a-t-elle préconisé.

Le ministère des solidarités et de la santé a publié lundi le protocole autorisant les visites extérieures, dans le cadre des règles actualisées de confinement applicables aux établissements médico-sociaux, dont les Ehpad (cf dépêche du 21/04/2020 à 12:17).

Après cinq semaines de confinement délétère pour certains résidents, cet assouplissement était demandé par de nombreuses fédérations du secteur, dont le Synerpa, et a été annoncé dimanche soir par le ministre, Olivier Véran (cf dépêche du 19/04/2020 à 21:46, dépêche du 15/04/2020 à 10:33 et dépêche du 14/04/2020 à 19:48).

Les établissements n'ouvrent pas au public et "restent pour l'instant en confinement […] en chambre […], c'est la base, il n'est pas question de revenir là-dessus immédiatement", a souligné fermement Florence Arnaiz-Maumé.

Cette volonté de réouverture demande "absolument un éclairage car la bombe a été lâchée", a-t-elle déploré. "Le mot de trop [du ministre] était 'à partir de demain'" [lundi], vous n'imaginez pas l'avalanche d'appels des familles qui imaginaient pouvoir venir à nouveau", certains Ehpad ayant enregistré 30 appels en une matinée. "Ce n'est pas possible, et s'il faut demander au ministre de le redire, on le fera", a-t-elle assuré.

"Notre enjeu est de mettre en place des rencontres apaisantes et rassurantes […] mais de continuer à protéger les établissements" du coronavirus, a-t-elle expliqué en indiquant avoir travaillé avec d'autres fédérations en lien avec Jérôme Guedj, qui a élaboré des préconisations pour le nouveau protocole.

Certains Ehpad avaient "déjà commencé" à autoriser des visites, d'où la demande des fédérations aux ministres. L'idée était de "protocoliser un minimum" ces visites et de "ne pas laisser les établissements seuls" mais "tous les Ehpad ne pourront pas mettre en place cette mesure dès cette semaine", a-t-elle insisté.

Pour elle, les établissements doivent commencer par évaluer la situation sanitaire, en termes d’équipement et de charge virale, pour voir si cela permet l'accueil de familles "même en petit nombre" puis élaborer "un plan d'action".

Pour ceux qui ne sont pas prêts, il convient de "reporter" d'une ou deux semaines et de "le dire aux familles en donnant une date".

Interrogée par APMnews/Gerontonews sur la difficulté à donner une date pour les Ehpad les plus touchés, Florence Arnaiz-Maumé a estimé qu’étant donné "les possibilités de tests" et le bon fonctionnement des filières gériatriques, "courant mai", les établissements "doivent pouvoir s'en sortir".

Elle considère que "dans la grande majorité des cas [les visites sont déjà] possibles" car "55% des Ehpad" sont épargnés par le virus ou "sans cas symptomatique".

"Mais évidemment il y aura un délai" pour organiser quatre à cinq visites par jour maximum pendant 30 minutes et "il faut des salariés pour accueillir les familles". Par exemple, pour "60 familles à faire passer, ça va se faire en plusieurs jours".

La question de la responsabilité est "cruciale"

Pour Florence Arnaiz-Maumé, la question de la responsabilité des directeurs dans le cadre de ces réouvertures est "cruciale".

"On a déjà des familles qui portent plainte […] In fine, c’est le directeur qui est civilement et pénalement responsable de ce qui se passe, c'est pour ça qu'aujourd'hui on leur recommande de [ne pas rouvrir] s'ils ne se sentent pas prêts", a-t-elle souligné.

Elle a soulevé la question des protections. "Notre obligation de sécurité, en tant qu'employeur, va bien au-delà" des masques chirurgicaux recommandés dans les protocoles d’Etat pour une visite au domicile d’une personne suspectée d’avoir le Covid-19 et "nous refusons d'envoyer nos salariés sans surblouse et masque FFP2".

Même si "l'Etat pourrait dire dans son protocole qu'il 'prend la responsabilité de', on aura toujours un code du travail disant que l'employeur doit assurer la sécurité de ses salariés tout comme un directeur doit assurer celle de son site", a-t-elle observé.

Pour la déléguée générale du Synerpa, "les problèmes de responsabilité sont graves […] mais si on travaille la crise avec cette idée-là on ne fait plus rien, donc tant pis, on y va". "Après, il y aura peut-être des règlements de comptes judiciaires, mais nous on fait comme on pense qu'il faut faire pour sortir au plus vite de la crise."

Bonne progression des tests de dépistage et des filières gériatriques

Lors de ce point presse, Florence Arnaiz-Maumé s'est également réjouie de la progression des tests de dépistage du Covid-19 en Ehpad sur tout le territoire, tout en relevant le nombre important de porteurs asymptomatiques, aussi bien chez les salariés que chez les résidents.

"Le protocole d'Etat" sur ce dépistage n'est "jamais arrivé" et c'est finalement une bonne chose, étant donné qu'il ne "satisfaisait pas" le syndicat puisqu'il n'invitait pas à tester "100% des résidents", a-t-elle rappelé (cf dépêche du 14/04/2020 à 16:35).

Finalement, "les protocoles régionaux se déploient de manière diverse" et, quand ça ne vient pas des ARS, cela vient "des mairies, des régions ou des laboratoires privés [...], il y a énormément de débrouillardise sur le terrain". Les groupes d'Ehpad comme "Korian, Orpea et DomusVi nous ont dit avoir déjà réussi à tester plus de 6.000 résidents", a-t-elle illustré.

Elle a par ailleurs rapporté un bon développement des filières gériatriques et un meilleur fonctionnement du 15 et de la possibilité de transferts. "On se sent plus épaulés" a-t-elle reconnu. "Si le 15 ne répond pas, on a d'autres numéros d'urgence, et il y a des hôpitaux locaux entièrement dédiés aux résidents d'Ehpad."

Elle relève toutefois toujours "une grosse tension" pour obtenir des masques FFP2 et des surblouses, même si les ARS en fournissent en général en cas de crise.

Enfin, s’agissant de la prime exceptionnelle promise par le gouvernement au secteur médico-social, Florence Arnaiz-Maumé estime qu’elle doit être équivalente à celle du champ sanitaire ("entre 500 et 1.500 euros") et versée "en fonction des sections tarifaires".

"A notre sens, l'assurance maladie doit prendre en charge la prime des soignants, le département, celle des personnels liés à la dépendance (soit les psychologues et une partie des aides-soignants et auxiliaires de vie)", et enfin "l'établissement doit prendre en charge les primes liées à l'hébergement".

cbe-cb/ab/APMnews

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