Vives
Risques principaux
Douleur syncopale, pouvant entraîner
la noyade.
Poissons osseux mesurant de 15 à 50
cm, fréquents sur les côtes françaises.
Trachinus draco (Grande
vive)
Photo C. Coudre
Points essentiels
- Douleur = signe d'une envenimation
- Venin thermolabile
- Ne pas inciser, ne pas poser de garrot,
ne pas sucer ou aspirer la plaie
Notions générales
- Le baigneur, en marchant sur la vive, est
piqué au pied (vives enfouies dans le sable, dans quelques
centimètres d'eau)
- Le pêcheur est piqué en décrochant
le poisson de l'hameçon (la vive se défend par
ses aiguillons operculaires)
- La vive reste vivante plusieurs heures après
la sortie de l'eau, et le venin est actif même une fois
le poisson mort (même après congélation,
ce qui explique les accidents en cuisine)
Mécanisme toxique et toxines
- Rôle défensif
- Double appareil vénéneux ;
épines dorsales et operculaires possédent des glandes
à venin (les nageoires pelviennes et anales sont aussi
pourvues d'épines, mais sans venin)
- Venin de nature protéique complexe,
thermolabile à 50-60°C, possédant des propriétés
hémolytiques, neurotoxiques et une action cardio-vasculaire
- Composition connue pour Trachinus draco
et Echiichtys vipera : protéines de poids moléculaire
élevé, sérotonine, histamine,
adrénaline, enzymes (phosphatases acides et alcalines,
lipases, protéases, cholinestérases), hémolysines
- L'effet du venin dépend de l'espèce
- Grande vive : DL50 chez la souris proche de 0,43 mg/Kg
- Petite vive : DL50 serait de 0,35 mg/Kg chez la souris
Eléments diagnostiques
- Accident bénin le plus souvent
- Douleur « vive » aiguë et
pouvant être syncopale, dont l'intensité augmente
pendant 30 minutes à 1 heure, et qui irradie jusqu'à
la racine du membre piqué. La douleur intense peut être
responsable d'angoisse, d'hypotension artérielle, de malaise
vagal, de nausées, d'un état de panique ou de prostration,
entrainant un risque de noyade
- La plaie saigne abondamment, puis est refermée
par l'œdème. Oedème violacé, jamais
extensif ni compressif
- Douleur et œdème s'atténuent
après plusieurs heures, et ne disparaissent qu'en 24 à
48 h
- Complications et séquelles : asthénie
résiduelle possible plusieurs jours ; risque de surinfection
de la plaie ; douleur, œdème et hyperesthésie
au contact persistants plusieurs mois ; atteintes articulaires
parfois responsables d'algodystrophies (déformations articulaires
avec ankylose chez les pêcheurs fréquemment piqués)
Conduite à tenir
- Sortir la victime de l'eau
- Rincer abondamment (calme la douleur et neutralise
une partie du venin)
- Réaliser un "choc thermique"
: approcher une source de chaleur ponctuelle pendant deux minutes
puis appliquer une source de froid (glaçon dans un linge,
canette glacée). La source chaude ponctuelle peut être
remplacée par l'immersion du membre piqué dans
un bain d'eau chaude, en prenant garde aux brûlures (vérifier
la température de l'eau).
- Soulager la douleur (antalgiques, lidocaïne
adrénalinée à 1%). Le "choc thermique"
est plus efficace que les antalgiques sur la douleur
- Désinfecter. Vérifier l'absence
de débris d'aiguillons dans les tissus (radiographie si
œdème persistant). Vérifier la prophylaxie
antitétanique. Antibiothérapie en cas d'infection.
- Hospitalisation systématique si blessure
à l'abdomen, au thorax, au visage, au périnée,
dans une articulation
- Si piqûre au niveau ou à proximité
d'une articulation : traitement anti-inflammatoire pendant 4
à 5 jours et surveillance de la fonction articulaire
Prévention
- Ne pas marcher pieds nus en eaux troubles
et/ou peu profondes
- Eviter de saisir sans protection les poissons
pêchés
- Plongeurs : se tenir à distance des
vives aperçues (redressement première nageoire
dorsale = danger)
Accueil
Animaux aquatiques
Réalisé sous la direction du Pr Vincent Danel, Université
Grenoble Alpes
Dernière révision : Novembre 2017