Antidotes : Notions générales


L'antidote est un médicament dont l'action spécifique a pu être établie chez l'animal et chez l'homme, capable soit de modifier la cinétique du toxique, soit d'en diminuer les effets au niveau de récepteurs ou de cibles spécifiques, et dont l'utilisation améliore le pronostic vital ou fonctionnel de l'intoxication.

Grâce à une meilleure connaissance de la physiopathologie des intoxications et à l'apport de la toxicocinétique, ces dernières décennies ont été marquées par la réévaluation de l'efficacité d'antidotes connus et par la découverte de nouvelles molécules. Le pronostic de certaines intoxications (paracétamol, digitaliques) a ainsi été transformé.

1. Mode d'action des antidotes

Trois grands types de mécanismes sont individualisables

1.1 Modification de la toxicocinétique

En diminuant la biodisponibilité du toxique, ces antidotes vont limiter son accès à la cible

1.2 Modification de la toxicodynamie

En agissant sur le couple toxique-récepteur, l'antidote contrecarre les effets du toxique au niveau biochimique le plus fin par :

Dans ces deux cas, l'antidote agit par compétition. La concentration des deux substances au niveau du récepteur, et leur affinité respective pour ce dernier vont intervenir.

1.3 Traitement « spécifique » des effets du toxique

L'action thérapeutique intervient en aval du site d'action et corrige plus ou moins complètement les effets du toxique (glucagon, bleu de méthylène, glucose, oxygène, vitamine K, calcium, PPSB...).

Voir schéma général sur les mécanismes d'action des antidotes

2. Indications d'un antidote

La plupart des intoxications aiguës ou chroniques ne nécessite qu'une réanimation symptomatique ; un traitement spécifique est rarement indispensable. On doit à ce titre rappeler la série de diagnostics rétrospectifs d'intoxication cyanhydrique aiguë méconnue faits par l'interrogatoire des intoxiqués sortis de leur coma et traités par "simple" oxygénation.

L'indication d'un antidote doit tenir compte

L'antidote peut être utile en urgence : c'est le cas par exemple du flumazénil et de la naloxone, utilisés comme aide au diagnostic de troubles neuro-psychiques, d'un coma ou pour lever une dépression respiratoire.

Il est indispensable dans les premières heures de l'évolution d'une intoxication potentiellement grave par un toxique lésionnel (paracétamol) alors que les signes cliniques sont absents : l'efficacité de la N-acétylcystéine est maximale dans les 8 à 10 premières heures de l'intoxication.

Dans d'autres cas, en améliorant le pronostic fonctionnel d'une intoxication, il peut optimiser une thérapeutique symptomatique déjà éprouvée.


Réalisé sous la direction du Pr Vincent Danel, Université Grenoble Alpes
Dernière révision : Novembre 2017