L'antidote est un médicament dont l'action spécifique
a pu être établie chez l'animal et chez l'homme,
capable soit de modifier la cinétique du toxique, soit
d'en diminuer les effets au niveau de récepteurs ou de
cibles spécifiques, et dont l'utilisation améliore
le pronostic vital ou fonctionnel de l'intoxication.
Grâce à une meilleure connaissance de la physiopathologie
des intoxications et à l'apport de la toxicocinétique,
ces dernières décennies ont été marquées
par la réévaluation de l'efficacité d'antidotes
connus et par la découverte de nouvelles molécules.
Le pronostic de certaines intoxications (paracétamol, digitaliques)
a ainsi été transformé.
Trois grands types de mécanismes sont individualisables
En diminuant la biodisponibilité du toxique, ces antidotes vont limiter son accès à la cible
En agissant sur le couple toxique-récepteur, l'antidote contrecarre les effets du toxique au niveau biochimique le plus fin par :
Dans ces deux cas, l'antidote agit par compétition. La concentration des deux substances au niveau du récepteur, et leur affinité respective pour ce dernier vont intervenir.
L'action thérapeutique intervient en aval du site d'action
et corrige plus ou moins complètement les effets du toxique
(glucagon, bleu de méthylène, glucose, oxygène,
vitamine K, calcium, PPSB...).
Voir
schéma général sur les mécanismes
d'action des antidotes
La plupart des intoxications aiguës ou chroniques ne nécessite
qu'une réanimation symptomatique ; un traitement spécifique
est rarement indispensable. On doit à ce titre rappeler
la série de diagnostics rétrospectifs d'intoxication
cyanhydrique aiguë méconnue faits par l'interrogatoire
des intoxiqués sortis de leur coma et traités par
"simple" oxygénation.
L'indication d'un antidote doit tenir compte
L'antidote peut être utile en urgence : c'est
le cas par exemple du flumazénil et de la naloxone, utilisés
comme aide au diagnostic de troubles neuro-psychiques, d'un coma
ou pour lever une dépression respiratoire.
Il est indispensable dans les premières heures de
l'évolution d'une intoxication potentiellement grave par
un toxique lésionnel (paracétamol) alors que les
signes cliniques sont absents : l'efficacité de la N-acétylcystéine
est maximale dans les 8 à 10 premières heures de
l'intoxication.
Dans d'autres cas, en améliorant le pronostic fonctionnel
d'une intoxication, il peut optimiser une thérapeutique
symptomatique déjà éprouvée.