La dose toxique


La notion de dose toxique est très ancienne. Très galvaudée et souvent utilisée à tort, elle mérite d'être discutée.

D'où vient-elle ?

Il s'agit dans tous les cas, quand elle est connue, d'une dose toxique théorique. Il s'agit de la dose qui peut entraîner l'apparition de signes de toxicité chez l'adulte sain. On ne connaît rien de la dose toxique chez un individu en particulier.

Au mieux la dose toxique découle directement de l'expérience clinique ; c'est le cas des médicaments les plus fréquemment utilisés dans les intoxications, comme les psychotropes. Mais elle peut être extrapolée, en ce qui concerne le médicament, à partir des doses maximales (dm.) ; sa valeur est alors moins précise.

Au pire elle est tirée des études animales et appliquée à l'homme avec certains facteurs de correction ; sa valeur est souvent très peu exacte sinon fausse. C'est le cas de nombreux produits chimiques peu souvent responsables d'intoxications.

Chez l'enfant, un facteur de correction supplémentaire doit rapporter la dose toxique au poids corporel.

Enfin, dans de nombreux cas, la dose toxique est inconnue.

Est-elle suffisante ?

La dose toxique doit toujours être confrontée à la dose supposée ingérée, estimée au mieux d'après l'histoire de l'intoxication et qui tient compte de vomissements éventuels.

Dans quelles circonstances la dose toxique est-elle vraiment utile ?

Il faut introduire ici la notion, certes un peu schématique, de toxique fonctionnel et de toxique lésionnel.

Un toxique fonctionnel déprime une fonction de l'organisme (cerveau, cœur, respiration par ex.) sans créer de lésions d'organes (psychotropes par exemple).

Un toxique lésionnel entraîne une lésion d'organe (amanite phalloïde, paracétamol, paraquat par ex.), et ce souvent avec retardement, après une phase de plusieurs heures à quelques jours sans signes cliniques ou biologiques.

La connaissance de la dose toxique est une aide à la décision (hospitalisation ?, médicalisation du transport ?, antidote ?) dans 2 cas principaux


Réalisé sous la direction du Pr Vincent Danel, Université Grenoble Alpes
Dernière révision : Novembre 2017