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11/08 2022
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"TROIS QUESTIONS À" ALAIN MERCAT, PRÉSIDENT DE LA CMG DU GHT DE MAINE-ET-LOIRE

(Par Sylvie LAPOSTOLLE)

ANGERS, 11 août 2022 (APMnews) - La commission médicale de groupement (CMG) doit pouvoir être un outil pour lutter contre les inégalités territoriales de santé, a estimé le Pr Alain Mercat, président de la CMG du groupement hospitalier de territoire de Maine-et-Loire (GHT 49), chef de service de médecine intensive-réanimation et médecine hyperbare et président de la commission médicale d'établissement (CME) du CHU d'Angers, dans un entretien accordé à APMnews mardi.

Cet entretien a été effectué dans le cadre d'une série d'interviews de présidents de CMG réalisées par APMnews au titre de la mise en place de cette nouvelle instance depuis le premier semestre 2022.

APMnews: Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir président de la CMG de votre GHT? (cf dépêche du 14/01/2022 à 18:11)

Pr Alain Mercat
Pr Alain Mercat

Alain Mercat:Il y a une certaine logique quand on est président de la CME de l'établissement support du GHT à s'intéresser au pilotage du GHT lui-même. Le point essentiel est mon attachement à lutter contre les inégalités territoriales d'accès aux soins. J'avais déjà présenté cet enjeu en devenant président de CME. Mon 2e objectif est d'améliorer la fluidité des filières de soins entre les différentes structures publiques.

Je souhaite aussi employer le GHT comme un outil pour améliorer l'attractivité de l'hôpital public auprès des médecins et des personnels non médicaux. Il faut faire bénéficier les petits établissements des partenariats avec l'établissement support. L'ensemble des agents doit bénéficier des bonus de cette collaboration avec l'établissement support, notamment pour l'accès à des programmes de formation, l'intégration aux filières de soins. Il faut que tous aient le sentiment d'appartenir à une grande famille, celle de l'hôpital public sur le territoire.

Par ailleurs, j'y vois aussi un outil pour dialoguer avec les élus. Nous avons un comité des élus très investi, présidé par Jackie Goulet, maire de Saumur (cf dépêche du 05/10/2021 à 18:03). Les élus transmettent les préoccupations de la population et ils ont compris que le GHT est un outil pour permettre aux populations d'avoir un accès à des soins de qualité. Ils travaillent sur des facilitations d'accès au logement pour des paramédicaux candidats à un poste afin d'accroître l'attractivité du territoire.

Comment fonctionne la CMG? Quels sont les freins éventuels? Comment se positionne-t-elle par rapport au collège médical et aux CME?

Installée en janvier, la CMG du GHT 49 est composée d'une quarantaine de membres à voix délibérative. Tous les établissements sont évidemment représentés. Notre GHT comprend des établissements de taille variable avec le CHU d'Angers, deux hôpitaux MCO -les centres hospitaliers (CH) de Cholet et Saumur-, le centre de santé mentale angevin (Cesame) et six hôpitaux de proximité [pas au sens strict de la labellisation, NDLR]. Le CHU a 15 voix sur 40, le CH de Cholet 8, 5 pour le CH de Saumur, 4 pour le Cesame, 2 pour l'hôpital intercommunal du Baugeois et de la Vallée et tous les autres ont un siège.

Il est extrêmement important de tisser des liens de confiance. En dehors de la première réunion constitutive qui a eu lieu au CHU d'Angers, nous nous réunissons impérativement dans un établissement différent chaque mois. La réunion suivante a eu lieu à Doué-en-Anjou, puis à Saumur en mai et en septembre ce sera à l'hôpital de la Corniche angevine. À chacune de ces réunions, le CH qui accueille fait une présentation de sa structure, ses effectifs, son offre de soins et ses liens avec la médecine de ville.

Je présidais déjà le collège médical du GHT. C'était surtout une instance de partage d'information. Cela n'allait guère plus loin, éventuellement des conseils. Avec la CMG, on développe des projets de filières. C'est plus intrusif et ce sera plus opérationnel. Dans les premiers mois, cela a nécessité qu'il s'établisse une confiance et de faire la prévention d'une éventuelle défiance. Mais ce n'est pas pour restreindre des libertés d'initiative; on prend ces initiatives pour en faire une action collective.

Comment réalisez-vous le bilan du projet médical partagé, selon quel calendrier? Quelles sont vos autres priorités d'action?

Le projet médico-soignant partagé (PMSP) va être révisé courant 2022. Nous attendons un peu pour disposer du projet régional de santé (PRS) que doit rendre l'ARS [agence régionale de santé] dans les six mois qui viennent. Nous avons déjà identifié des responsables pour chaque filière et même des membres de groupes de travail. Nous avons donné quelques semaines ou mois à tous les établissements pour recruter les personnes qui veulent s'y investir et nous aurons une grande réunion en visioconférence en septembre pour lancer les travaux sur ces filières. Certaines ont même déjà bien avancé.

Le bilan du PMSP précédent recense 59 coopérations médicales représentant 28 spécialités, 32 praticiens en exercice partagé ou en convention de formation entre le CHU et le CH de Saumur, 23 praticiens en exercice partagé ou en convention de formation entre le CHU et le CH de Cholet, deux praticiens avec un exercice partagé entre le CHU et le Cesame, un praticien avec un exercice partagé entre le CHU et l'établissement de santé Baugeois-Vallée et un praticien médecin DIM [département d'information médicale] partagé. Plusieurs filières sont bien développées comme celle de prise en charge des AVC [accidents vasculaires cérébraux] pour un retour anticipé des patients dans un établissement plus près de leur domicile, une fois la phase aiguë traitée au CHU.

Nous avons notamment formé une infirmière en pratique avancée (IPA) pour cette filière, basée au CHU mais qui va sur site. Autre réalisation: l'accès à des téléconsultations en ophtalmologie grâce à un camion (cf dépêche du 10/12/2021 à 16:34). Une autre est en construction sur les soins critiques pour intégrer les nouvelles conditions d'autorisation.

Nous avons identifié quatre filières absolument prioritaires: la médecine d'urgence, la psychiatrie, la gériatrie et les soins de suite. Elles ont été retenues soit parce qu'elles sont capitales en termes d'offre de soins publique (l'urgence, la psychiatrie), soit par leur importance en termes de santé publique (la gériatrie), soit encore parce que l'on perçoit une tension pour l'hôpital public (urgences, psychiatrie), soit parce que la filière concerne l'ensemble des intervenants pour fluidifier les parcours et donc améliorer la qualité de soins.

Pour les urgences et la psychiatrie, le GHT n'est pas forcément le bon dimensionnement, mais plutôt l'hémirégion car le CHU d'Angers se doit d'aider aussi la Sarthe et la Mayenne, qui sont très en difficulté avec une désertification médicale très importante. À l'initiative des trois présidents de CMG de GHT, nous avons lancé un groupe de réflexion des médecins urgentistes de tous les hôpitaux ayant des services d'urgence dans ces trois GHT pour qu'ils fassent un état des lieux et des propositions valides par leur pertinence médicale afin d'établir une offre de soins pérenne. Parmi ces quatre priorités d'action, je suis raisonnablement optimiste pour le SSR [soins de suite et de réadaptation] et la gériatrie, mais ce sera plus compliqué pour les urgences et la psychiatrie. Toutefois, la crise Covid a été une opportunité en gériatrie montrant qu'il était possible de monter des projets vite et bien.

Nous avons aussi à poursuivre le développement de la télémédecine. J'y crois beaucoup notamment pour que les médecins des hôpitaux de proximité acceptent de suivre des patients difficiles car ils ont accès à un avis d'expert facilement. Cela peut contribuer à améliorer la qualité et la sécurité des soins. Un élément capital pour le GHT est qu'il va être doté d'un système d'information commun avec le dossier patient informatisé Sillage* (GIP SIB). C'est crucial pour fonctionner au quotidien et cela a un impact pour l'attractivité des postes à temps partagé.

Le GHT de Maine-et-Loire

Le GHT de Maine-et-Loire compte 10 établissements: le CHU d’Angers (établissement support), les centres hospitaliers (CH) de Cholet, Saumur, Longué-Jumelles, Doué-en-Anjou, Layon-Aubance, le centre hospitalier intercommunal (CHI) Lys-Hyrôme, le centre de santé mentale angevin (Cesame), l'hôpital intercommunal du Baugeois et de la Vallée et l'hôpital de la Corniche angevine à Chalonnes-sur-Loire.
Il regroupe 3.900 lits et places MCO et emploie 13.200 personnels (dont 2.200 personnels médicaux et 11.000 non-médicaux). Il couvre une population de 820.000 habitants.
Son budget cumulé approche 2,6 milliards d'euros.

sl/ab/APMnews

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(Par Sylvie LAPOSTOLLE)

ANGERS, 11 août 2022 (APMnews) - La commission médicale de groupement (CMG) doit pouvoir être un outil pour lutter contre les inégalités territoriales de santé, a estimé le Pr Alain Mercat, président de la CMG du groupement hospitalier de territoire de Maine-et-Loire (GHT 49), chef de service de médecine intensive-réanimation et médecine hyperbare et président de la commission médicale d'établissement (CME) du CHU d'Angers, dans un entretien accordé à APMnews mardi.

Cet entretien a été effectué dans le cadre d'une série d'interviews de présidents de CMG réalisées par APMnews au titre de la mise en place de cette nouvelle instance depuis le premier semestre 2022.

APMnews: Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir président de la CMG de votre GHT? (cf dépêche du 14/01/2022 à 18:11)

Pr Alain Mercat
Pr Alain Mercat

Alain Mercat:Il y a une certaine logique quand on est président de la CME de l'établissement support du GHT à s'intéresser au pilotage du GHT lui-même. Le point essentiel est mon attachement à lutter contre les inégalités territoriales d'accès aux soins. J'avais déjà présenté cet enjeu en devenant président de CME. Mon 2e objectif est d'améliorer la fluidité des filières de soins entre les différentes structures publiques.

Je souhaite aussi employer le GHT comme un outil pour améliorer l'attractivité de l'hôpital public auprès des médecins et des personnels non médicaux. Il faut faire bénéficier les petits établissements des partenariats avec l'établissement support. L'ensemble des agents doit bénéficier des bonus de cette collaboration avec l'établissement support, notamment pour l'accès à des programmes de formation, l'intégration aux filières de soins. Il faut que tous aient le sentiment d'appartenir à une grande famille, celle de l'hôpital public sur le territoire.

Par ailleurs, j'y vois aussi un outil pour dialoguer avec les élus. Nous avons un comité des élus très investi, présidé par Jackie Goulet, maire de Saumur (cf dépêche du 05/10/2021 à 18:03). Les élus transmettent les préoccupations de la population et ils ont compris que le GHT est un outil pour permettre aux populations d'avoir un accès à des soins de qualité. Ils travaillent sur des facilitations d'accès au logement pour des paramédicaux candidats à un poste afin d'accroître l'attractivité du territoire.

Comment fonctionne la CMG? Quels sont les freins éventuels? Comment se positionne-t-elle par rapport au collège médical et aux CME?

Installée en janvier, la CMG du GHT 49 est composée d'une quarantaine de membres à voix délibérative. Tous les établissements sont évidemment représentés. Notre GHT comprend des établissements de taille variable avec le CHU d'Angers, deux hôpitaux MCO -les centres hospitaliers (CH) de Cholet et Saumur-, le centre de santé mentale angevin (Cesame) et six hôpitaux de proximité [pas au sens strict de la labellisation, NDLR]. Le CHU a 15 voix sur 40, le CH de Cholet 8, 5 pour le CH de Saumur, 4 pour le Cesame, 2 pour l'hôpital intercommunal du Baugeois et de la Vallée et tous les autres ont un siège.

Il est extrêmement important de tisser des liens de confiance. En dehors de la première réunion constitutive qui a eu lieu au CHU d'Angers, nous nous réunissons impérativement dans un établissement différent chaque mois. La réunion suivante a eu lieu à Doué-en-Anjou, puis à Saumur en mai et en septembre ce sera à l'hôpital de la Corniche angevine. À chacune de ces réunions, le CH qui accueille fait une présentation de sa structure, ses effectifs, son offre de soins et ses liens avec la médecine de ville.

Je présidais déjà le collège médical du GHT. C'était surtout une instance de partage d'information. Cela n'allait guère plus loin, éventuellement des conseils. Avec la CMG, on développe des projets de filières. C'est plus intrusif et ce sera plus opérationnel. Dans les premiers mois, cela a nécessité qu'il s'établisse une confiance et de faire la prévention d'une éventuelle défiance. Mais ce n'est pas pour restreindre des libertés d'initiative; on prend ces initiatives pour en faire une action collective.

Comment réalisez-vous le bilan du projet médical partagé, selon quel calendrier? Quelles sont vos autres priorités d'action?

Le projet médico-soignant partagé (PMSP) va être révisé courant 2022. Nous attendons un peu pour disposer du projet régional de santé (PRS) que doit rendre l'ARS [agence régionale de santé] dans les six mois qui viennent. Nous avons déjà identifié des responsables pour chaque filière et même des membres de groupes de travail. Nous avons donné quelques semaines ou mois à tous les établissements pour recruter les personnes qui veulent s'y investir et nous aurons une grande réunion en visioconférence en septembre pour lancer les travaux sur ces filières. Certaines ont même déjà bien avancé.

Le bilan du PMSP précédent recense 59 coopérations médicales représentant 28 spécialités, 32 praticiens en exercice partagé ou en convention de formation entre le CHU et le CH de Saumur, 23 praticiens en exercice partagé ou en convention de formation entre le CHU et le CH de Cholet, deux praticiens avec un exercice partagé entre le CHU et le Cesame, un praticien avec un exercice partagé entre le CHU et l'établissement de santé Baugeois-Vallée et un praticien médecin DIM [département d'information médicale] partagé. Plusieurs filières sont bien développées comme celle de prise en charge des AVC [accidents vasculaires cérébraux] pour un retour anticipé des patients dans un établissement plus près de leur domicile, une fois la phase aiguë traitée au CHU.

Nous avons notamment formé une infirmière en pratique avancée (IPA) pour cette filière, basée au CHU mais qui va sur site. Autre réalisation: l'accès à des téléconsultations en ophtalmologie grâce à un camion (cf dépêche du 10/12/2021 à 16:34). Une autre est en construction sur les soins critiques pour intégrer les nouvelles conditions d'autorisation.

Nous avons identifié quatre filières absolument prioritaires: la médecine d'urgence, la psychiatrie, la gériatrie et les soins de suite. Elles ont été retenues soit parce qu'elles sont capitales en termes d'offre de soins publique (l'urgence, la psychiatrie), soit par leur importance en termes de santé publique (la gériatrie), soit encore parce que l'on perçoit une tension pour l'hôpital public (urgences, psychiatrie), soit parce que la filière concerne l'ensemble des intervenants pour fluidifier les parcours et donc améliorer la qualité de soins.

Pour les urgences et la psychiatrie, le GHT n'est pas forcément le bon dimensionnement, mais plutôt l'hémirégion car le CHU d'Angers se doit d'aider aussi la Sarthe et la Mayenne, qui sont très en difficulté avec une désertification médicale très importante. À l'initiative des trois présidents de CMG de GHT, nous avons lancé un groupe de réflexion des médecins urgentistes de tous les hôpitaux ayant des services d'urgence dans ces trois GHT pour qu'ils fassent un état des lieux et des propositions valides par leur pertinence médicale afin d'établir une offre de soins pérenne. Parmi ces quatre priorités d'action, je suis raisonnablement optimiste pour le SSR [soins de suite et de réadaptation] et la gériatrie, mais ce sera plus compliqué pour les urgences et la psychiatrie. Toutefois, la crise Covid a été une opportunité en gériatrie montrant qu'il était possible de monter des projets vite et bien.

Nous avons aussi à poursuivre le développement de la télémédecine. J'y crois beaucoup notamment pour que les médecins des hôpitaux de proximité acceptent de suivre des patients difficiles car ils ont accès à un avis d'expert facilement. Cela peut contribuer à améliorer la qualité et la sécurité des soins. Un élément capital pour le GHT est qu'il va être doté d'un système d'information commun avec le dossier patient informatisé Sillage* (GIP SIB). C'est crucial pour fonctionner au quotidien et cela a un impact pour l'attractivité des postes à temps partagé.

Le GHT de Maine-et-Loire

Le GHT de Maine-et-Loire compte 10 établissements: le CHU d’Angers (établissement support), les centres hospitaliers (CH) de Cholet, Saumur, Longué-Jumelles, Doué-en-Anjou, Layon-Aubance, le centre hospitalier intercommunal (CHI) Lys-Hyrôme, le centre de santé mentale angevin (Cesame), l'hôpital intercommunal du Baugeois et de la Vallée et l'hôpital de la Corniche angevine à Chalonnes-sur-Loire.
Il regroupe 3.900 lits et places MCO et emploie 13.200 personnels (dont 2.200 personnels médicaux et 11.000 non-médicaux). Il couvre une population de 820.000 habitants.
Son budget cumulé approche 2,6 milliards d'euros.

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