Actualités de l'Urgence - APM

13/09 2021
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À L'HÔPITAL, "IL N'Y A JAMAIS EU AUTANT DE DÉPARTS", ALERTENT PLUSIEURS SYNDICATS ET COLLECTIFS

PARIS, 13 septembre 2021 (APMnews) - Plusieurs organisations, dont les fédérations de la santé et de l'action sociale de la CGT, CFE-CGC et de SUD, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et des collectifs, ont alerté lundi lors d'une conférence de presse sur les fermetures de lits et le manque de personnel à l'hôpital où, selon eux, "il n'y a jamais eu autant de départs".

Les restructurations, "la dégradation des conditions de travail" ainsi que le manque et le départ de personnels forment un contexte "insupportable et dangereux", ont alerté les fédérations de la santé et de l'action sociale de la CGT, CFE-CGC, de SUD, l'Amuf, les collectifs Inter-Blocs et Inter-Urgences, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ainsi que le Printemps de la psychiatrie.

Ils ont souhaité lancer "un cri de colère et d'inquiétude sur les semaines qui viennent" au regard du contexte sanitaire et des difficultés à leurs yeux non résolues dans le fonctionnement du système de santé, a expliqué Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé et action sociale. Le gouvernement "n'a pas tiré les leçons de cette crise" sanitaire du Covid, a-t-elle estimé.

Les organisations ont insisté sur l'importance des deux échéances que représentent la présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) et l'élection présidentielle pour peser dans le débat public.

"Il y a une crise effroyable et majeure dans les hôpitaux", a déclaré Patrick Pelloux, président de l'Amuf. Durant la crise, "non, les hôpitaux n'ont pas tenu", puisqu'il "n'y a jamais eu autant de départs", notamment parmi les urgentistes, s'est-il inquiété, témoignant de la situation à l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).

Il a aussi mentionné "la fuite de la chirurgie publique" après les déprogrammations dues à la crise sanitaire et qui ont précédé, selon lui, un départ des chirurgiens au profit du secteur privé. "Ce qui fait qu'il y a des hôpitaux où il n'y a pratiquement plus de chirurgie orthopédique", a-t-il illustré.

Patrick Pelloux a aussi pointé le nombre insuffisant de personnels formés, notamment en réanimation, à l'origine "d'un problème de démographie absolument majeur", ce qui freine "la possibilité d'augmenter le nombre de lits".

"Vendredi matin, il n'y avait pas de lit de réanimation disponible dans l'ensemble des services de la Seine-Saint-Denis et des départements limitrophes parce que tous les lits ne sont pas ouverts par manque de personnel", a rapporté à APMnews Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au Samu 93 à l'hôpital Avicenne (AP-HP) de Bobigny, et membre de la commission exécutive de la CGT Santé et action sociale.

"On n'a jamais été dans une situation aussi catastrophique que celle-ci", a aussi considéré pendant la conférence de presse Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) CFE-CGC. Il a rappelé la multiplication du nombre de postes infirmiers vacants, "passé à 34.000 en septembre 2020". Et "on a vu cette année une nouvelle vague de départs, en juin, juillet, août, de soignants qui n'en peuvent plus" face à la dégradation de leurs conditions de travail, a-t-il relaté.

"On continue à supprimer des postes, à fermer des lits, et la charge de travail ne fait qu'augmenter", a-t-il déploré. "En soins intensifs Covid, lors de la première vague, il y avait 6 patients Covid par infirmier, [tandis que] lors de la dernière, on était à 8 patients Covid par infirmier."

Dans "la plupart des structures, 10% des postes [infirmiers] sont vacants", a-t-il pointé. "Il y a aussi un nombre important de soignants arrêtés, en maladie, en épuisement professionnel, en dépression."

Thierry Amouroux a décrit une "situation difficile, avec le sentiment que demain sera pire" face à une "spirale infernale" dans laquelle "plus les conditions de travail se dégradent, plus il y a de départs, et plus il y a de départs, plus la charge de travail augmente pour ceux qui restent, donc plus il y a de nouveaux départs".

Selon Pierre Schwob, du collectif Inter-Urgences, cet été, "une vingtaine de services d'urgence ont dû fermer leurs portes faute de personnels". "Malgré toutes les décisions du Ségur, on a du mal à recruter aux urgences et dans l'hôpital en général", a-t-il observé.

Les départs ne concernent pas seulement "le personnel paramédical comme ces dernières années, mais aussi les médecins et toutes les professions, y compris les cadres de santé", a-t-il alerté. Et des directions "parlent déjà de fermetures".

A l'AP-HP, "on est à l'heure actuelle à 2.000 lits fermés, 1.500 faute de professionnels et 500 en raison de travaux", a-t-il chiffré, soulignant "qu'en 2019, on avait 800 lits fermés".

Obligation vaccinale: crainte d'une tension supplémentaire sur les effectifs

Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, a indiqué lundi matin sur France Info que le CHU n'arrivait pas à rouvrir des lits fermés cet été pendant la période de congés, faute de personnel (cf dépêche du 13/09/2021 à 11:22). "On n'a pas une vague de départs, mais la faiblesse des arrivées ne compense pas les départs", a-t-il estimé, attestant d'une "situation très tendue".

Interrogée par APMnews sur les incidences que pourrait avoir l'obligation vaccinale sur les effectifs, Mireille Stivala a d'abord souligné "que les professionnels de santé sont responsables et se sont vaccinés de manière plus importante que le reste de la population et beaucoup d'autres professionnels".

La CGT est en train d'analyser la situation pour connaître les conséquences éventuelles que l'obligation pourrait avoir dans les établissements, a-t-elle poursuivi. "On ne peut pas avoir le luxe aujourd'hui de perdre des professionnels", a-t-elle relevé.

"Les professionnels sont hautement vaccinés, dans les CHU, le taux de vaccination est important", a-t-elle insisté, considérant qu'il pourrait toutefois y avoir des situations spécifiques à certains endroits.

"En cette période où nous dénonçons le manque de personnel, on va [devoir] gérer une situation qui va éprouver encore plus les effectifs", a pointé Mireille Stivala. "Il faudrait fermer un an tous les hôpitaux parisiens pour que les professionnels récupèrent les jours qu'ils ont épargnés [sur leur compte épargne-temps] ou qu'ils ont de côté", a-t-elle souligné pour illustrer les surcharges de travail.

La CGT Santé et action sociale, soutenue localement par FO et SUD, appelle mardi à une journée de mobilisation pour réclamer des moyens supplémentaires pour le système de santé et refuser les sanctions des professionnels de santé ne respectant pas l'obligation vaccinale. Des rassemblements sont prévus dans les territoires, dont à Paris devant le ministère des solidarités et de la santé en fin de matinée.

La CGT demande un report de l'échéance de l'obligation vaccinale pour ne pas accroître la pression sur les effectifs. FO Santé plaide également pour un report, à l'instar de ce qui a été annoncé pour les Antilles (cf dépêche du 03/09/2021 à 18:13).

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 13 septembre 2021 (APMnews) - Plusieurs organisations, dont les fédérations de la santé et de l'action sociale de la CGT, CFE-CGC et de SUD, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et des collectifs, ont alerté lundi lors d'une conférence de presse sur les fermetures de lits et le manque de personnel à l'hôpital où, selon eux, "il n'y a jamais eu autant de départs".

Les restructurations, "la dégradation des conditions de travail" ainsi que le manque et le départ de personnels forment un contexte "insupportable et dangereux", ont alerté les fédérations de la santé et de l'action sociale de la CGT, CFE-CGC, de SUD, l'Amuf, les collectifs Inter-Blocs et Inter-Urgences, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ainsi que le Printemps de la psychiatrie.

Ils ont souhaité lancer "un cri de colère et d'inquiétude sur les semaines qui viennent" au regard du contexte sanitaire et des difficultés à leurs yeux non résolues dans le fonctionnement du système de santé, a expliqué Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé et action sociale. Le gouvernement "n'a pas tiré les leçons de cette crise" sanitaire du Covid, a-t-elle estimé.

Les organisations ont insisté sur l'importance des deux échéances que représentent la présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) et l'élection présidentielle pour peser dans le débat public.

"Il y a une crise effroyable et majeure dans les hôpitaux", a déclaré Patrick Pelloux, président de l'Amuf. Durant la crise, "non, les hôpitaux n'ont pas tenu", puisqu'il "n'y a jamais eu autant de départs", notamment parmi les urgentistes, s'est-il inquiété, témoignant de la situation à l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).

Il a aussi mentionné "la fuite de la chirurgie publique" après les déprogrammations dues à la crise sanitaire et qui ont précédé, selon lui, un départ des chirurgiens au profit du secteur privé. "Ce qui fait qu'il y a des hôpitaux où il n'y a pratiquement plus de chirurgie orthopédique", a-t-il illustré.

Patrick Pelloux a aussi pointé le nombre insuffisant de personnels formés, notamment en réanimation, à l'origine "d'un problème de démographie absolument majeur", ce qui freine "la possibilité d'augmenter le nombre de lits".

"Vendredi matin, il n'y avait pas de lit de réanimation disponible dans l'ensemble des services de la Seine-Saint-Denis et des départements limitrophes parce que tous les lits ne sont pas ouverts par manque de personnel", a rapporté à APMnews Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au Samu 93 à l'hôpital Avicenne (AP-HP) de Bobigny, et membre de la commission exécutive de la CGT Santé et action sociale.

"On n'a jamais été dans une situation aussi catastrophique que celle-ci", a aussi considéré pendant la conférence de presse Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) CFE-CGC. Il a rappelé la multiplication du nombre de postes infirmiers vacants, "passé à 34.000 en septembre 2020". Et "on a vu cette année une nouvelle vague de départs, en juin, juillet, août, de soignants qui n'en peuvent plus" face à la dégradation de leurs conditions de travail, a-t-il relaté.

"On continue à supprimer des postes, à fermer des lits, et la charge de travail ne fait qu'augmenter", a-t-il déploré. "En soins intensifs Covid, lors de la première vague, il y avait 6 patients Covid par infirmier, [tandis que] lors de la dernière, on était à 8 patients Covid par infirmier."

Dans "la plupart des structures, 10% des postes [infirmiers] sont vacants", a-t-il pointé. "Il y a aussi un nombre important de soignants arrêtés, en maladie, en épuisement professionnel, en dépression."

Thierry Amouroux a décrit une "situation difficile, avec le sentiment que demain sera pire" face à une "spirale infernale" dans laquelle "plus les conditions de travail se dégradent, plus il y a de départs, et plus il y a de départs, plus la charge de travail augmente pour ceux qui restent, donc plus il y a de nouveaux départs".

Selon Pierre Schwob, du collectif Inter-Urgences, cet été, "une vingtaine de services d'urgence ont dû fermer leurs portes faute de personnels". "Malgré toutes les décisions du Ségur, on a du mal à recruter aux urgences et dans l'hôpital en général", a-t-il observé.

Les départs ne concernent pas seulement "le personnel paramédical comme ces dernières années, mais aussi les médecins et toutes les professions, y compris les cadres de santé", a-t-il alerté. Et des directions "parlent déjà de fermetures".

A l'AP-HP, "on est à l'heure actuelle à 2.000 lits fermés, 1.500 faute de professionnels et 500 en raison de travaux", a-t-il chiffré, soulignant "qu'en 2019, on avait 800 lits fermés".

Obligation vaccinale: crainte d'une tension supplémentaire sur les effectifs

Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, a indiqué lundi matin sur France Info que le CHU n'arrivait pas à rouvrir des lits fermés cet été pendant la période de congés, faute de personnel (cf dépêche du 13/09/2021 à 11:22). "On n'a pas une vague de départs, mais la faiblesse des arrivées ne compense pas les départs", a-t-il estimé, attestant d'une "situation très tendue".

Interrogée par APMnews sur les incidences que pourrait avoir l'obligation vaccinale sur les effectifs, Mireille Stivala a d'abord souligné "que les professionnels de santé sont responsables et se sont vaccinés de manière plus importante que le reste de la population et beaucoup d'autres professionnels".

La CGT est en train d'analyser la situation pour connaître les conséquences éventuelles que l'obligation pourrait avoir dans les établissements, a-t-elle poursuivi. "On ne peut pas avoir le luxe aujourd'hui de perdre des professionnels", a-t-elle relevé.

"Les professionnels sont hautement vaccinés, dans les CHU, le taux de vaccination est important", a-t-elle insisté, considérant qu'il pourrait toutefois y avoir des situations spécifiques à certains endroits.

"En cette période où nous dénonçons le manque de personnel, on va [devoir] gérer une situation qui va éprouver encore plus les effectifs", a pointé Mireille Stivala. "Il faudrait fermer un an tous les hôpitaux parisiens pour que les professionnels récupèrent les jours qu'ils ont épargnés [sur leur compte épargne-temps] ou qu'ils ont de côté", a-t-elle souligné pour illustrer les surcharges de travail.

La CGT Santé et action sociale, soutenue localement par FO et SUD, appelle mardi à une journée de mobilisation pour réclamer des moyens supplémentaires pour le système de santé et refuser les sanctions des professionnels de santé ne respectant pas l'obligation vaccinale. Des rassemblements sont prévus dans les territoires, dont à Paris devant le ministère des solidarités et de la santé en fin de matinée.

La CGT demande un report de l'échéance de l'obligation vaccinale pour ne pas accroître la pression sur les effectifs. FO Santé plaide également pour un report, à l'instar de ce qui a été annoncé pour les Antilles (cf dépêche du 03/09/2021 à 18:13).

mlb/ab/APMnews

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