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13/08 2021
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ANTILLES: UNE SITUATION "SANS COMMUNE MESURE" AVEC LES VAGUES PRÉCÉDENTES DE COVID, NOTAMMENT EN MÉTROPOLE (OLIVIER VÉRAN)

FORT-DE-FRANCE, 13 août 2021 (APMnews) - La vague "violente" de Covid-19 qui frappe les Antilles est "sans commune mesure" avec les vagues précédentes, notamment en métropole, et est la conséquence de la virulence des variants mais aussi d'une vaccination encore trop faible, a déploré jeudi le ministre de solidarités et de la santé, Olivier Véran, lors d'un déplacement au CHU de Martinique.

Olivier Véran a rejoint jeudi à Fort-de-France le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, déjà aux Antilles depuis mardi, alors qu'un confinement plus strict a été mis en place en Martinique mardi et étendu à la Guadeloupe mercredi face à l'augmentation du taux d'incidence et à la saturation des capacités d'hospitalisation (cf dépêche du 11/08/2021 à 16:49 et dépêche du 10/08/2021 à 11:59).

Alors qu'une centaine de soignants manifestaient devant le CHU de Fort-de-France, les deux ministres ont visité le service de réanimation et les urgences, où un soignant leur a notamment expliqué ne pas savoir "quoi faire" de nombreux patients arrivés le matin, selon un extrait retransmis sur ATV.

"Cette vague fait des milliers de malades chaque jour" et "des dizaines de victimes dans l’ensemble des Antilles" et "elle met en tension tout le système sanitaire", a constaté Olivier Véran, lors d'un micro-tendu retransmis sur BFMTV, saluant l'implication "des soignants, qui sont au travail [...] nuit et jour depuis des semaines et encore plus depuis quelques jours".

Evoquant les renforts en personnel envoyés mardi pour deux semaines afin de "faire face à cette situation sanitaire hors normes" (cf dépêche du 10/08/2021 à 19:27), il a assuré que ce soutien "se fera dans la durée".

Il a annoncé que "plusieurs centaines" de "traitements particulièrement innovants et qui peuvent être très efficaces pour limiter les formes graves chez les personnes à risque", notamment des anticorps monoclonaux, arriveront "d’ici la fin de cette semaine en Martinique et en Guadeloupe".

S'agissant des capacités hospitalières, Olivier Véran a indiqué que "plus d’une centaine de lits" de réanimation seront "à terme armés en Martinique" et aussi en Guadeloupe. Le directeur du CHU de Martinique, Benjamin Garel, a alerté mardi sur une saturation inédite des capacités en réanimation et la directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe, Valérie Denux, a évoqué mercredi des "hôpitaux submergés", rappelle-t-on (cf dépêche du 10/08/2021 à 11:59 et dépêche du 12/08/2021 à 12:42).

Le ministre a confirmé qu'une vingtaine de lits de réanimation seraient "à terme armés par le service de santé des armées [SSA], ce qui était le cas notamment à Mulhouse lors de la première vague". Benjamin Garel avait expliqué mardi que les renforts militaires avaient permis d'ouvrir une unité de réanimation dont la capacité devait "bientôt" passer de 8 à 20 lits.

Le SSA a pu "être très efficace tout de suite car [les militaires] sont arrivés directement dans les murs en dur de l’hôpital" et non dans une tente, car le CHU avait des locaux disponibles et qu'il y a un risque cyclonique.

Sur ATV, le directeur général adjoint du CHU, Stéphane Berniac, a précisé jeudi soir que ces lits "gérés uniquement par les équipes de l’armée" étaient installés dans des locaux déjà prêts car utilisés auparavant pour les soins post-opératoires de l'ancien plateau technique. Ils "permettront de desserrer un peu l’étau sur les services de réanimation du nouveau plateau technique", a-t-il observé.

"Aujourd’hui, on est sur un délai de 24h à 48h pour les patients [...] les plus graves […] puisque la réanimation est complètement pleine." En attendant, ces patients restent dans des lits de médecine ou aux urgences, avec une consommation d’oxygène extrêmement importante, ou dans une unité d’oxygénothérapie haut débit, a-t-il relaté en regrettant cette "prise en charge dégradée".

Olivier Véran a tenu à souligner que les hôpitaux ne manquaient pas d'oxygène.

Stéphane Berniac a expliqué sur ATV que l'hôpital s'était en effet adapté pour faire face à la demande en faisant "quelques raccordements". "C’est un bouleversement complet parce que les tuyaux de l’ancien plateau technique du tripode […] n’ont pas été construits pour un tel débit" et "avoir de l’oxygène délivré quasiment dans toutes les unités". "On surveille le réseau, on est en lien avec notre partenaire Air liquide pour pouvoir acheminer l’oxygène liquide dans nos centrales."

Il a précisé que le CHU disposait désormais de quasiment une vingtaine d’unités Covid. "Six ou sept nouvelles unités ont été créées" et "on réfléchit encore aujourd’hui à voir comment on peut rajouter des lits çà et là, convertir des unités d’hospitalisation ou de chirurgie en unités Covid". Sous 48 heures, le CHU prévoit aussi d'ouvrir 10 lits supplémentaires en réanimation, en plus des renforts du SSA.

Mais on ne peut pas "doubler le capacitaire d’accueil d’un établissement en 4 ou 5 semaines", a-t-il déploré, évoquant déjà "quasiment 5 ailes de 20 patients, donc ça fait 100 lits supplémentaire [...] qui ont été armées avec du mobilier, du matériel médical".

"Malheureusement, on voit bien que [malgré] toutes les adaptations qu’on essaye de faire pour avoir un coup d’avance sur ce virus, aujourd’hui nous sommes dépassés." Des tentes ont été installées et des patients attendent parfois à l’extérieur sous oxygène qu’il y a de la place à l’intérieur qui se libère", a-t-il expliqué.

"On essaye de faire le maximum pour limiter les pertes de chance, ce drame qui est face à nous aujourd’hui, les soignants se mobilisent fortement pour pouvoir y répondre mais [...] on est au maximum de nos capacités et on continue à s’adapter", a insisté le DGA du CHU, qui s'attend à avoir encore un nombre croissant de patients "pendant une quinzaine de jours".

Le CHU est "rempli de patients qui ne sont pas vaccinés"

"On ne ressort pas indemne de la visite [du CHU], comme Sébastien Lecornu n’est pas ressorti indemne [...] de la visite de l’hôpital de Guadeloupe" mercredi, a déclaré Olivier Véran en insistant sur la nécessité pour la population de se faire vacciner.

Il a souligné le fait que "les patients sont très jeunes: aux urgences, ils ont 40, 50 ans; en réanimation, ils peuvent avoir 20 ans, 30 ans, et ne sont pas forcément atteints de ce qu’on appelle les comorbidités, ne sont pas forcément de grands obèses, n’ont pas forcément d’immunodépression". "Ce sont des gens qui étaient en bonne santé il y a quelques jours et qui aujourd’hui sont sur le ventre intubés, ventilés, dans le coma."

"Et puis surtout, cet hôpital, comme celui de Guadeloupe, est rempli de patients qui ne sont pas vaccinés, il n’y a pas un seul patient vacciné en réanimation à l’hôpital de Fort-de-France", c'est-à-dire que si les personnes avec des masques à oxygène ou avec des sondes d’intubation trachéale avaient été vaccinées, "elles ne seraient pas aujourd’hui à l’hôpital", a-t-il martelé.

"Cela atteste de la nécessité de promouvoir la vaccination, d’accélérer et d’amplifier", a-t-il déclaré tout en observant comme signes positifs que 85% des médecins CHU de la Martinique sont vaccinés et que depuis quelques jours, une accélération "très forte des demandes de 1res injections en Martinique" est enregistrée (cf dépêche du 12/08/2021 à 16:31).

"L’heure n’est plus aux doutes [sur les vaccins], ça fait très longtemps que les doutes ont été levés".

Olivier Véran propose qu'on "reparte du bon pied". "Les vaccins sont disponibles pour tout le monde ici, il n'y aura aucune limitation et toutes les personnes qui veulent être vaccinées le seront dans les délais les plus courts possibles".

"Ça a un peu traîné", plus d'ailleurs "que dans les Antilles hollandaises où l’on est à 60% quasiment de vaccination de la population", a-t-il observé. "Il n’y a pas forcément d’explication rationnelle, il y a forcément des explications de groupe qui tiennent à différentes causes, je ne veux pas rentrer dans les détails" car aujourd'hui, "ce qui m’intéresse c’est de protéger les hôpitaux, de protéger cette population".

De prochaines évacuations vers la métropole d'ici la fin de semaine

S'agissant des évacuations sanitaires, "les premiers transferts ont déjà commencé" et les prochains seront effectués "d’ici à la fin de semaine", a relaté Olivier Véran. Il a précisé qu'ils étaient réalisés par Air Caraïbes qui "permet de transformer des avions longue portée en avions sanitaires" pour évacuer 6 à 8 patients en état grave à destination de la métropole.

"Nous devons nous limiter aux moyens aéroportés mais, croyez-moi, nous mettons absolument tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces transferts puissent se faire dans de bonnes conditions et libérer ici des lits de réanimation très utiles pour les patients qui nécessitent de la place", a-t-il insisté.

Dans une interview publiée vendredi dans le quotidien Libération, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a observé qu'en Guadeloupe et en Martinique, "on se dirige vers un scénario inconnu et peut-être pire que tout ce qu’on a connu". "Ce que vivent les hôpitaux antillais rappelle la situation de l’Alsace en mars et avril 2020 [...] sauf qu’ici, inévitablement, l’éloignement géographique complique tout" avec des transferts "plus coûteux et nettement plus périlleux à mettre en place".

"Surtout, la Guadeloupe et la Martinique affichent des taux d’incidence hors normes, qui prédisent que la catastrophe que subit leur système hospitalier n’est pas près de s’arrêter" et "si on se projette à 15 jours, ça peut même donner le tournis" car "on ne pourra pas pousser les murs de ces services hospitaliers à l’infini", a-t-il alerté.

"La France avait jusqu’alors évité un débordement tel qu’a vécu l’Italie du Nord en février 2020" mais "là, les images de brancards partout dans les couloirs commencent de plus en plus à y ressembler". Frédéric Valletoux a souligné l'"épreuve terrible pour les soignants" qui "ont beau avoir été formés pour ça, quand on en arrive à faire 20 ou 30 choix par jour, à trancher sur le sort de malades qui ont pourtant de grandes chances de s’en sortir en réanimation, cela marque profondément".

Olivier Véran a par ailleurs rappelé les centaines de millions d'euros d'investissements prévus pour les hôpitaux ultramarins, notamment dans le cadre du Ségur pour le CHU de Fort-de-France (cf dépêche du 10/03/2021 à 10:22). "Il y a déjà des arbitrages, que j’avais annoncés avant cette vague, qui portaient sur plus de 300 millions d’euros [M€], qui s’ajoutent à la reprise de dette de cet hôpital [et] aux investissements courants", a-t-il souligné lors de la visite. "On est quasiment à 400 M€ pour les hôpitaux de Martinique, c’est-à-dire le plus gros investissement que vous ayez vu depuis très longtemps et c’est nécessaire."

Stéphane Berniac a indiqué que le CHU bénéficie aussi de 6 M€ pour les investissements courants et de crédits de la collectivité territoriale de Martinique "sur la base des fonds européens, à hauteur de 21 M€" pour acheter des équipements qui "aident à faire face à cette 4e vague".

cb/ab/APMnews

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FORT-DE-FRANCE, 13 août 2021 (APMnews) - La vague "violente" de Covid-19 qui frappe les Antilles est "sans commune mesure" avec les vagues précédentes, notamment en métropole, et est la conséquence de la virulence des variants mais aussi d'une vaccination encore trop faible, a déploré jeudi le ministre de solidarités et de la santé, Olivier Véran, lors d'un déplacement au CHU de Martinique.

Olivier Véran a rejoint jeudi à Fort-de-France le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, déjà aux Antilles depuis mardi, alors qu'un confinement plus strict a été mis en place en Martinique mardi et étendu à la Guadeloupe mercredi face à l'augmentation du taux d'incidence et à la saturation des capacités d'hospitalisation (cf dépêche du 11/08/2021 à 16:49 et dépêche du 10/08/2021 à 11:59).

Alors qu'une centaine de soignants manifestaient devant le CHU de Fort-de-France, les deux ministres ont visité le service de réanimation et les urgences, où un soignant leur a notamment expliqué ne pas savoir "quoi faire" de nombreux patients arrivés le matin, selon un extrait retransmis sur ATV.

"Cette vague fait des milliers de malades chaque jour" et "des dizaines de victimes dans l’ensemble des Antilles" et "elle met en tension tout le système sanitaire", a constaté Olivier Véran, lors d'un micro-tendu retransmis sur BFMTV, saluant l'implication "des soignants, qui sont au travail [...] nuit et jour depuis des semaines et encore plus depuis quelques jours".

Evoquant les renforts en personnel envoyés mardi pour deux semaines afin de "faire face à cette situation sanitaire hors normes" (cf dépêche du 10/08/2021 à 19:27), il a assuré que ce soutien "se fera dans la durée".

Il a annoncé que "plusieurs centaines" de "traitements particulièrement innovants et qui peuvent être très efficaces pour limiter les formes graves chez les personnes à risque", notamment des anticorps monoclonaux, arriveront "d’ici la fin de cette semaine en Martinique et en Guadeloupe".

S'agissant des capacités hospitalières, Olivier Véran a indiqué que "plus d’une centaine de lits" de réanimation seront "à terme armés en Martinique" et aussi en Guadeloupe. Le directeur du CHU de Martinique, Benjamin Garel, a alerté mardi sur une saturation inédite des capacités en réanimation et la directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe, Valérie Denux, a évoqué mercredi des "hôpitaux submergés", rappelle-t-on (cf dépêche du 10/08/2021 à 11:59 et dépêche du 12/08/2021 à 12:42).

Le ministre a confirmé qu'une vingtaine de lits de réanimation seraient "à terme armés par le service de santé des armées [SSA], ce qui était le cas notamment à Mulhouse lors de la première vague". Benjamin Garel avait expliqué mardi que les renforts militaires avaient permis d'ouvrir une unité de réanimation dont la capacité devait "bientôt" passer de 8 à 20 lits.

Le SSA a pu "être très efficace tout de suite car [les militaires] sont arrivés directement dans les murs en dur de l’hôpital" et non dans une tente, car le CHU avait des locaux disponibles et qu'il y a un risque cyclonique.

Sur ATV, le directeur général adjoint du CHU, Stéphane Berniac, a précisé jeudi soir que ces lits "gérés uniquement par les équipes de l’armée" étaient installés dans des locaux déjà prêts car utilisés auparavant pour les soins post-opératoires de l'ancien plateau technique. Ils "permettront de desserrer un peu l’étau sur les services de réanimation du nouveau plateau technique", a-t-il observé.

"Aujourd’hui, on est sur un délai de 24h à 48h pour les patients [...] les plus graves […] puisque la réanimation est complètement pleine." En attendant, ces patients restent dans des lits de médecine ou aux urgences, avec une consommation d’oxygène extrêmement importante, ou dans une unité d’oxygénothérapie haut débit, a-t-il relaté en regrettant cette "prise en charge dégradée".

Olivier Véran a tenu à souligner que les hôpitaux ne manquaient pas d'oxygène.

Stéphane Berniac a expliqué sur ATV que l'hôpital s'était en effet adapté pour faire face à la demande en faisant "quelques raccordements". "C’est un bouleversement complet parce que les tuyaux de l’ancien plateau technique du tripode […] n’ont pas été construits pour un tel débit" et "avoir de l’oxygène délivré quasiment dans toutes les unités". "On surveille le réseau, on est en lien avec notre partenaire Air liquide pour pouvoir acheminer l’oxygène liquide dans nos centrales."

Il a précisé que le CHU disposait désormais de quasiment une vingtaine d’unités Covid. "Six ou sept nouvelles unités ont été créées" et "on réfléchit encore aujourd’hui à voir comment on peut rajouter des lits çà et là, convertir des unités d’hospitalisation ou de chirurgie en unités Covid". Sous 48 heures, le CHU prévoit aussi d'ouvrir 10 lits supplémentaires en réanimation, en plus des renforts du SSA.

Mais on ne peut pas "doubler le capacitaire d’accueil d’un établissement en 4 ou 5 semaines", a-t-il déploré, évoquant déjà "quasiment 5 ailes de 20 patients, donc ça fait 100 lits supplémentaire [...] qui ont été armées avec du mobilier, du matériel médical".

"Malheureusement, on voit bien que [malgré] toutes les adaptations qu’on essaye de faire pour avoir un coup d’avance sur ce virus, aujourd’hui nous sommes dépassés." Des tentes ont été installées et des patients attendent parfois à l’extérieur sous oxygène qu’il y a de la place à l’intérieur qui se libère", a-t-il expliqué.

"On essaye de faire le maximum pour limiter les pertes de chance, ce drame qui est face à nous aujourd’hui, les soignants se mobilisent fortement pour pouvoir y répondre mais [...] on est au maximum de nos capacités et on continue à s’adapter", a insisté le DGA du CHU, qui s'attend à avoir encore un nombre croissant de patients "pendant une quinzaine de jours".

Le CHU est "rempli de patients qui ne sont pas vaccinés"

"On ne ressort pas indemne de la visite [du CHU], comme Sébastien Lecornu n’est pas ressorti indemne [...] de la visite de l’hôpital de Guadeloupe" mercredi, a déclaré Olivier Véran en insistant sur la nécessité pour la population de se faire vacciner.

Il a souligné le fait que "les patients sont très jeunes: aux urgences, ils ont 40, 50 ans; en réanimation, ils peuvent avoir 20 ans, 30 ans, et ne sont pas forcément atteints de ce qu’on appelle les comorbidités, ne sont pas forcément de grands obèses, n’ont pas forcément d’immunodépression". "Ce sont des gens qui étaient en bonne santé il y a quelques jours et qui aujourd’hui sont sur le ventre intubés, ventilés, dans le coma."

"Et puis surtout, cet hôpital, comme celui de Guadeloupe, est rempli de patients qui ne sont pas vaccinés, il n’y a pas un seul patient vacciné en réanimation à l’hôpital de Fort-de-France", c'est-à-dire que si les personnes avec des masques à oxygène ou avec des sondes d’intubation trachéale avaient été vaccinées, "elles ne seraient pas aujourd’hui à l’hôpital", a-t-il martelé.

"Cela atteste de la nécessité de promouvoir la vaccination, d’accélérer et d’amplifier", a-t-il déclaré tout en observant comme signes positifs que 85% des médecins CHU de la Martinique sont vaccinés et que depuis quelques jours, une accélération "très forte des demandes de 1res injections en Martinique" est enregistrée (cf dépêche du 12/08/2021 à 16:31).

"L’heure n’est plus aux doutes [sur les vaccins], ça fait très longtemps que les doutes ont été levés".

Olivier Véran propose qu'on "reparte du bon pied". "Les vaccins sont disponibles pour tout le monde ici, il n'y aura aucune limitation et toutes les personnes qui veulent être vaccinées le seront dans les délais les plus courts possibles".

"Ça a un peu traîné", plus d'ailleurs "que dans les Antilles hollandaises où l’on est à 60% quasiment de vaccination de la population", a-t-il observé. "Il n’y a pas forcément d’explication rationnelle, il y a forcément des explications de groupe qui tiennent à différentes causes, je ne veux pas rentrer dans les détails" car aujourd'hui, "ce qui m’intéresse c’est de protéger les hôpitaux, de protéger cette population".

De prochaines évacuations vers la métropole d'ici la fin de semaine

S'agissant des évacuations sanitaires, "les premiers transferts ont déjà commencé" et les prochains seront effectués "d’ici à la fin de semaine", a relaté Olivier Véran. Il a précisé qu'ils étaient réalisés par Air Caraïbes qui "permet de transformer des avions longue portée en avions sanitaires" pour évacuer 6 à 8 patients en état grave à destination de la métropole.

"Nous devons nous limiter aux moyens aéroportés mais, croyez-moi, nous mettons absolument tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces transferts puissent se faire dans de bonnes conditions et libérer ici des lits de réanimation très utiles pour les patients qui nécessitent de la place", a-t-il insisté.

Dans une interview publiée vendredi dans le quotidien Libération, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a observé qu'en Guadeloupe et en Martinique, "on se dirige vers un scénario inconnu et peut-être pire que tout ce qu’on a connu". "Ce que vivent les hôpitaux antillais rappelle la situation de l’Alsace en mars et avril 2020 [...] sauf qu’ici, inévitablement, l’éloignement géographique complique tout" avec des transferts "plus coûteux et nettement plus périlleux à mettre en place".

"Surtout, la Guadeloupe et la Martinique affichent des taux d’incidence hors normes, qui prédisent que la catastrophe que subit leur système hospitalier n’est pas près de s’arrêter" et "si on se projette à 15 jours, ça peut même donner le tournis" car "on ne pourra pas pousser les murs de ces services hospitaliers à l’infini", a-t-il alerté.

"La France avait jusqu’alors évité un débordement tel qu’a vécu l’Italie du Nord en février 2020" mais "là, les images de brancards partout dans les couloirs commencent de plus en plus à y ressembler". Frédéric Valletoux a souligné l'"épreuve terrible pour les soignants" qui "ont beau avoir été formés pour ça, quand on en arrive à faire 20 ou 30 choix par jour, à trancher sur le sort de malades qui ont pourtant de grandes chances de s’en sortir en réanimation, cela marque profondément".

Olivier Véran a par ailleurs rappelé les centaines de millions d'euros d'investissements prévus pour les hôpitaux ultramarins, notamment dans le cadre du Ségur pour le CHU de Fort-de-France (cf dépêche du 10/03/2021 à 10:22). "Il y a déjà des arbitrages, que j’avais annoncés avant cette vague, qui portaient sur plus de 300 millions d’euros [M€], qui s’ajoutent à la reprise de dette de cet hôpital [et] aux investissements courants", a-t-il souligné lors de la visite. "On est quasiment à 400 M€ pour les hôpitaux de Martinique, c’est-à-dire le plus gros investissement que vous ayez vu depuis très longtemps et c’est nécessaire."

Stéphane Berniac a indiqué que le CHU bénéficie aussi de 6 M€ pour les investissements courants et de crédits de la collectivité territoriale de Martinique "sur la base des fonds européens, à hauteur de 21 M€" pour acheter des équipements qui "aident à faire face à cette 4e vague".

cb/ab/APMnews

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