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20/08 2021
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BRETAGNE: LE NOMBRE DE CLUSTERS DE COVID-19 EN EHPAD BONDIT

RENNES, 20 août 2021 (APMnews) - Le nombre de cas groupés de Covid-19 en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a plus que doublé en une semaine en Bretagne, une progression probablement liés à la période estivale et à une immunité vaccinale moins efficace chez les personnes âgées, a indiqué vendredi Stéphane Mulliez, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, au cours d'un point presse.

Le nombre de clusters Covid-19 (au moins 3 cas déclarés) en Ehpad a été multiplié par plus de deux en Bretagne, passant de 8 établissements touchés le 13 août à 19 une semaine plus tard, a-t-il rapporté.

Plus précisément, 4 clusters ont été signalés en Ille-et-Vilaine, 4 dans les Côtes-d'Armor, 7 dans le Finistère et 4 dans le Morbihan.

Le taux d'incidence, de 143 cas pour 100.000 habitants, a augmenté "très rapidement ces dernières semaines sans pour autant dépasser le taux d'incidence national évalué à 243/100.000", a appuyé le directeur de l'agence régionale.

A ce jour, 74 clusters sont suivis par l'ARS, principalement en Ehpad ou dans des colonies de vacances et centres de loisirs.

Dans les 19 Ehpad concernés, 332 cas positifs au Sars-CoV-2 ont été confirmés, dont 223 chez les résidents.

Transmission rapide du variant

Alors que la majorité des résidents présentent un schéma vaccinal complet, Stéphane Mulliez a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer cette progression. "Dans les Ehpad ou même en général, la période estivale a créé un brassage de populations. Cette période est propice aux regroupements familiaux et aux visites", a-t-il analysé.

Des investigations sont menées dans chaque situation. "Le contact tracing permet parfois d'avoir une vision précise de l'origine de la contamination, mais pas toujours. La contamination peut venir d'une personne extérieure ou du personnel, malgré toutes les précautions prises", a-t-il ajouté.

Deuxième constat, le variant delta favorise une diffusion "plus rapide" du virus. "Il est source de davantage de contaminations, il est présent dans la majorité des prélèvements alors qu'il n'y avait que quelque cas en France fin juin-début juillet. Cette propagation a été extrêmement rapide par rapport à d'autres variants", a-t-il poursuivi.

Troisième piste avancée: la vaccination des personnes âgées a débuté en début d'année, soit il y a environ six mois et leur immunité est moins "forte", deux facteurs pouvant expliquer une grande transmission du virus dans cette tranche d'âge, a ajouté le DG de l'agence.

A ce stade, six décès sont à déplorer sur les 223 cas confirmés. Néanmoins, "ces décès sont liés à des facteurs de comorbidités. Les personnes âgées étaient fragilisées", a-t-il noté.

Une "vingtaine d'hospitalisations" ont aussi été comptabilisées par l'ARS. Contrairement aux premières vagues, avant la vaccination, il semble y avoir moins "d'hospitalisations", a-t-il avancé avec prudence. "On sent qu'il y a moins de formes graves et d'hospitalisations mais aujourd'hui ce chiffre n'est pas encore documenté, il doit être étayé", a-t-il estimé.

La campagne de rappel en préparation au niveau national pour les populations à haut risque de forme grave (en particulier dans les Ehpad) devrait améliorer l'immunité. Les directions d'établissements pourront commander "leurs doses dès le 23 août, la livraison est attendue début septembre et la vaccination mi-septembre", a-t-il rappelé (cf dépêche du 17/08/2021 à 15:47).

Au moins 17 jours de fermeture au CH de Monfort-sur-Meu

En termes d'organisation, les établissements sont dans l'obligation de déclarer l'apparition d'un cluster à l'ARS, qui définit, avec eux et en suivant les protocoles ministériels, la meilleure conduite à tenir. L'isolement en chambre ou dans une aile, si l'architecture de l'Ehpad le permet et le dépistage collectif sont préconisés. La suspension des visites, une mesure de dernier recours, peut également être envisagée.

L'Ehpad public du centre hospitalier (CH) de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) a été contraint à la fermeture.

Depuis fin juillet, 26 cas de contaminations chez les résidents (sur une centaine) et 14 chez les professionnels de santé ont été confirmés. Depuis lors, l'établissement est fermé au public, a rapporté vendredi à Gerontonews/APMnews, Gladys Tongning, directrice adjointe des CH de Montfort-sur-Meu et Saint-Méen-le-Grand.

"Nous sommes un hôpital de proximité avec une activité de médecine [20 lits], un service SSR [soins de suite et de réadaptation], une unité de soins de longue durée [USLD] et un Ehpad. Même si tous les cas se sont déclarés à l'Ehpad, nous avons fermé les visites à l'ensemble des services depuis fin juillet dès l'apparition du premier cas et nous prévoyons une réouverture uniquement le 2 septembre", a-t-elle détaillé.

Dès l'apparition du premier cas, la personne âgée a été isolée. La totalité des résidents et des professionnels ont immédiatement été testés à J0 et isolés en cas de résultat positif. Un nouveau dépistage a été effectué à J7. "Dès qu'un cas est validé, nous fermons 17 jours. Dès qu'un nouveau cas est détecté, nous repoussons la date de réouverture de 17 jours supplémentaires", une façon d'éviter les contaminations croisées, souligne-t-elle.

Les familles sont informées régulièrement et sont "compréhensives", affirme-t-elle, tout en avouant recevoir parfois des retours désagréables de certaines. "Ce n'est pas une décision facile de fermer à 100% l'établissement, nous avons une responsabilité, il y a toujours le conflit de fermer pour éviter les contaminations croisées et protéger les résidents et se dire que sur le plan psychologique, ne pas voir ses proches peut être complexe", soupèse-t-elle.

Des outils de communication visio et audio sont proposés aux résidents pour continuer à garder le lien avec leurs proches.

En revanche, points positifs, les symptômes sont moins virulents que les cas d'avant vaccination. "Il n'y a pas eu d'hospitalisations de nos résidents, mais nous déplorons un décès, une personne fragile avec plusieurs comorbidités", pointe-t-elle.

La gestion du cluster est jugée satisfaisante. Pour la directrice adjointe, les protocoles sont clairs et bien intégrés dans les pratiques. Qui plus est, la communication avec l'ARS se passe bien. "Nous avions déjà eu des clusters dans le passé, une certaine routine s'installe et on ne se sent pas seul", assure-t-elle.

L'origine des contaminations n'a pas été trouvée. Le virus aurait pu entrer de plusieurs manières: "un résident qui revient d'une sortie extérieure, les nombreux passages des personnels entre les services et l'Ehpad ou encore la discipline imparfaite des personnes sur les gestes barrières", liste Gladys Tongning.

Une équipe opérationnelle d'hygiène réalise un audit dès l'apparition d'un cluster et fait de la pédagogie pour éviter le relâchement sur les gestes barrières, une tendance observée avec la vaccination.

sm/nc/sl/APMnews

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RENNES, 20 août 2021 (APMnews) - Le nombre de cas groupés de Covid-19 en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a plus que doublé en une semaine en Bretagne, une progression probablement liés à la période estivale et à une immunité vaccinale moins efficace chez les personnes âgées, a indiqué vendredi Stéphane Mulliez, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, au cours d'un point presse.

Le nombre de clusters Covid-19 (au moins 3 cas déclarés) en Ehpad a été multiplié par plus de deux en Bretagne, passant de 8 établissements touchés le 13 août à 19 une semaine plus tard, a-t-il rapporté.

Plus précisément, 4 clusters ont été signalés en Ille-et-Vilaine, 4 dans les Côtes-d'Armor, 7 dans le Finistère et 4 dans le Morbihan.

Le taux d'incidence, de 143 cas pour 100.000 habitants, a augmenté "très rapidement ces dernières semaines sans pour autant dépasser le taux d'incidence national évalué à 243/100.000", a appuyé le directeur de l'agence régionale.

A ce jour, 74 clusters sont suivis par l'ARS, principalement en Ehpad ou dans des colonies de vacances et centres de loisirs.

Dans les 19 Ehpad concernés, 332 cas positifs au Sars-CoV-2 ont été confirmés, dont 223 chez les résidents.

Transmission rapide du variant

Alors que la majorité des résidents présentent un schéma vaccinal complet, Stéphane Mulliez a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer cette progression. "Dans les Ehpad ou même en général, la période estivale a créé un brassage de populations. Cette période est propice aux regroupements familiaux et aux visites", a-t-il analysé.

Des investigations sont menées dans chaque situation. "Le contact tracing permet parfois d'avoir une vision précise de l'origine de la contamination, mais pas toujours. La contamination peut venir d'une personne extérieure ou du personnel, malgré toutes les précautions prises", a-t-il ajouté.

Deuxième constat, le variant delta favorise une diffusion "plus rapide" du virus. "Il est source de davantage de contaminations, il est présent dans la majorité des prélèvements alors qu'il n'y avait que quelque cas en France fin juin-début juillet. Cette propagation a été extrêmement rapide par rapport à d'autres variants", a-t-il poursuivi.

Troisième piste avancée: la vaccination des personnes âgées a débuté en début d'année, soit il y a environ six mois et leur immunité est moins "forte", deux facteurs pouvant expliquer une grande transmission du virus dans cette tranche d'âge, a ajouté le DG de l'agence.

A ce stade, six décès sont à déplorer sur les 223 cas confirmés. Néanmoins, "ces décès sont liés à des facteurs de comorbidités. Les personnes âgées étaient fragilisées", a-t-il noté.

Une "vingtaine d'hospitalisations" ont aussi été comptabilisées par l'ARS. Contrairement aux premières vagues, avant la vaccination, il semble y avoir moins "d'hospitalisations", a-t-il avancé avec prudence. "On sent qu'il y a moins de formes graves et d'hospitalisations mais aujourd'hui ce chiffre n'est pas encore documenté, il doit être étayé", a-t-il estimé.

La campagne de rappel en préparation au niveau national pour les populations à haut risque de forme grave (en particulier dans les Ehpad) devrait améliorer l'immunité. Les directions d'établissements pourront commander "leurs doses dès le 23 août, la livraison est attendue début septembre et la vaccination mi-septembre", a-t-il rappelé (cf dépêche du 17/08/2021 à 15:47).

Au moins 17 jours de fermeture au CH de Monfort-sur-Meu

En termes d'organisation, les établissements sont dans l'obligation de déclarer l'apparition d'un cluster à l'ARS, qui définit, avec eux et en suivant les protocoles ministériels, la meilleure conduite à tenir. L'isolement en chambre ou dans une aile, si l'architecture de l'Ehpad le permet et le dépistage collectif sont préconisés. La suspension des visites, une mesure de dernier recours, peut également être envisagée.

L'Ehpad public du centre hospitalier (CH) de Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) a été contraint à la fermeture.

Depuis fin juillet, 26 cas de contaminations chez les résidents (sur une centaine) et 14 chez les professionnels de santé ont été confirmés. Depuis lors, l'établissement est fermé au public, a rapporté vendredi à Gerontonews/APMnews, Gladys Tongning, directrice adjointe des CH de Montfort-sur-Meu et Saint-Méen-le-Grand.

"Nous sommes un hôpital de proximité avec une activité de médecine [20 lits], un service SSR [soins de suite et de réadaptation], une unité de soins de longue durée [USLD] et un Ehpad. Même si tous les cas se sont déclarés à l'Ehpad, nous avons fermé les visites à l'ensemble des services depuis fin juillet dès l'apparition du premier cas et nous prévoyons une réouverture uniquement le 2 septembre", a-t-elle détaillé.

Dès l'apparition du premier cas, la personne âgée a été isolée. La totalité des résidents et des professionnels ont immédiatement été testés à J0 et isolés en cas de résultat positif. Un nouveau dépistage a été effectué à J7. "Dès qu'un cas est validé, nous fermons 17 jours. Dès qu'un nouveau cas est détecté, nous repoussons la date de réouverture de 17 jours supplémentaires", une façon d'éviter les contaminations croisées, souligne-t-elle.

Les familles sont informées régulièrement et sont "compréhensives", affirme-t-elle, tout en avouant recevoir parfois des retours désagréables de certaines. "Ce n'est pas une décision facile de fermer à 100% l'établissement, nous avons une responsabilité, il y a toujours le conflit de fermer pour éviter les contaminations croisées et protéger les résidents et se dire que sur le plan psychologique, ne pas voir ses proches peut être complexe", soupèse-t-elle.

Des outils de communication visio et audio sont proposés aux résidents pour continuer à garder le lien avec leurs proches.

En revanche, points positifs, les symptômes sont moins virulents que les cas d'avant vaccination. "Il n'y a pas eu d'hospitalisations de nos résidents, mais nous déplorons un décès, une personne fragile avec plusieurs comorbidités", pointe-t-elle.

La gestion du cluster est jugée satisfaisante. Pour la directrice adjointe, les protocoles sont clairs et bien intégrés dans les pratiques. Qui plus est, la communication avec l'ARS se passe bien. "Nous avions déjà eu des clusters dans le passé, une certaine routine s'installe et on ne se sent pas seul", assure-t-elle.

L'origine des contaminations n'a pas été trouvée. Le virus aurait pu entrer de plusieurs manières: "un résident qui revient d'une sortie extérieure, les nombreux passages des personnels entre les services et l'Ehpad ou encore la discipline imparfaite des personnes sur les gestes barrières", liste Gladys Tongning.

Une équipe opérationnelle d'hygiène réalise un audit dès l'apparition d'un cluster et fait de la pédagogie pour éviter le relâchement sur les gestes barrières, une tendance observée avec la vaccination.

sm/nc/sl/APMnews

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