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22/01 2020
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CORONAVIRUS CHINOIS: LE SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS EST BIEN PRÉPARÉ (DGS)

PARIS, 22 janvier 2020 (APMnews) - Le système de santé français est bien préparé pour faire face à l'arrivée potentielle de cas d'infections par le nouveau coronavirus en provenance de Chine (nommé 2019-nCoV), a affirmé mardi soir le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, lors d'une conférence de presse dont le ton se voulait rassurant.

Le système a d'ailleurs pu être testé en situation réelle car il y a eu un cas de suspicion chez une personne qui revenait de Wuhan (la ville de Chine où est apparu ce virus), qui a finalement été écarté. Après avoir prévenu qu'elle avait de la fièvre après son retour, cette personne a été prise en charge par le Samu, puis mise à l'isolement le temps que les examens virologiques montrent finalement qu'il ne s'agissait pas du 2019-nCoV. Elle est alors sortie de l'isolement et est rentrée chez elle.

"Cela a été une mise sous tension du dispositif, qui a bien fonctionné", s'est félicité le DGS.

Depuis l'apparition fin 2019 de ce virus qui cause des pneumonies, principalement chez des adultes, il y a eu en Chine "291 cas, dont 35 graves, dont 12 en état critique, et 6 décès", a rapporté Jérôme Salomon (le bilan a été ensuite réévalué à 9 morts et 440 cas recensés en Chine par les autorités de ce pays, a rapporté Reuters dans la nuit). Des cas venant de Wuhan ont été exportés au Japon, à Taïwan, en Thaïlande et en Corée du Sud.

Le début dans les prochains jours des fêtes du Nouvel an chinois, conduisant de nombreuses personnes à se déplacer pour aller voir leur famille dans toute la Chine, fait craindre une dissémination dans tout ce pays du virus, dont il a été confirmé qu'il peut se transmettre entre humains.

Il y a des vols directs de Wuhan à Paris. Les passagers sont informés au départ du vol, les personnels sont formés à la conduite à tenir si une personne tombe malade durant le vol, et il y a dans les aéroports français des affiches informant les passagers arrivant de Wuhan, a indiqué le DGS.

Interrogé sur la possibilité de mettre en place des mesures de détection des passagers ayant de la fièvre, comme cela se fait aux Etats-Unis, il a répondu d'une part que cela n'était pas recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), d'autre part que cela n'était "pas très performant". Il y a à la fois des faux négatifs (des personnes non fébriles car ayant pris des antipyrétiques) et des faux positifs (par exemple des personnes ayant couru).

Un dispositif existant réactivé

Le plus important selon lui est "d'informer les personnes, pour qu'elles signalent à leur médecin si elles développent des symptômes". Il a par ailleurs rappelé que les mesures préventives classiques contre les virus respiratoires, déjà utiles en ce moment contre l'épidémie de grippe, sont efficaces: port de masque en cas de symptômes, utilisation de solutions hydro-alcooliques et lavage des mains, limitation des contacts avec d'autres personnes quand on est malade, en restant chez soi.

Concernant l'ensemble du système de santé français, qui est en "pré-alerte" (cf dépêche du 20/01/2020 à 16:01), il s'agit d'une "réactivation d'un dispositif déjà mis en place, à l'occasion des épidémies d'autres coronavirus, le Sras et le Mers-Cov, ainsi qu'au début de la grippe H1N1"; un dispositif qui est donc "bien connu", a indiqué Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires et vaccination de Santé publique France.

"L'objectif est d'identifier les personnes qui reviennent de Chine avec des signes d'infection", pour à la fois leur garantir une "prise en charge individuelle optimale" et "éviter les chaînes de transmission en investiguant autour des cas la survenue d'autres cas", qui pourraient être soit des personnes ayant voyagé avec le cas, soit des personnes ayant été en contact avec le cas avant qu'il soit isolé.

Daniel Lévy-Bruhl a rappelé qu'après avoir isolé les personnes soupçonnées d'être porteuses du coronavirus, "la seule confirmation avec certitude est biologique", car les symptômes sont peu spécifiques, ils ressemblent à ceux d'autres infections respiratoires. Depuis peu, le Centre national de référence des maladies respiratoires (CNR) à l'Institut Pasteur a obtenu la séquence du virus, permettant de mettre au point un test moléculaire de diagnostic.

Très rapidement, ce test va être disponible pour d'autres laboratoires de virologie de CHU sur le territoire. Le diagnostic virologique moléculaire pourra être fait en quelques heures.

Présent également à la conférence de presse, le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'institut "Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie" de l'Inserm, a indiqué que des recherches étaient en cours, coordonnées par l'OMS, pour mieux connaître ce virus, qui certes est de la même famille que d'autres virus connus mais est nouveau.

Des questions se posent sur la dynamique de l'épidémie (on ne sait pas quel est le niveau de risque de propagation d'une personne à l'autre, ni s'il y a des personnes porteuses asymptomatiques, ce qui influe sur l'estimation de l'épidémie), sur le réservoir, probablement animal mais encore inconnu, sur les possibilités de traitement et de vaccination.

Concernant les traitements, interrogé par APMnews, il a indiqué qu'il y avait des "antiviraux connus qui pourraient marcher". Le lopinavir, utilisé contre le VIH, serait un bon candidat car il a déjà été candidat au traitement contre le virus du Sras, autre coronavirus.

Quant aux vaccins, un consortium qui avait été mis en place au niveau international pour travailler sur des vaccins contre des virus émergents a déjà travaillé sur un vaccin contre les coronavirus et il y a des candidats… mais qui n'ont pas encore été testés chez l'homme.

fb-rtrs/nc/APMnews

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CORONAVIRUS CHINOIS: LE SYSTÈME DE SANTÉ FRANÇAIS EST BIEN PRÉPARÉ (DGS)

PARIS, 22 janvier 2020 (APMnews) - Le système de santé français est bien préparé pour faire face à l'arrivée potentielle de cas d'infections par le nouveau coronavirus en provenance de Chine (nommé 2019-nCoV), a affirmé mardi soir le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, lors d'une conférence de presse dont le ton se voulait rassurant.

Le système a d'ailleurs pu être testé en situation réelle car il y a eu un cas de suspicion chez une personne qui revenait de Wuhan (la ville de Chine où est apparu ce virus), qui a finalement été écarté. Après avoir prévenu qu'elle avait de la fièvre après son retour, cette personne a été prise en charge par le Samu, puis mise à l'isolement le temps que les examens virologiques montrent finalement qu'il ne s'agissait pas du 2019-nCoV. Elle est alors sortie de l'isolement et est rentrée chez elle.

"Cela a été une mise sous tension du dispositif, qui a bien fonctionné", s'est félicité le DGS.

Depuis l'apparition fin 2019 de ce virus qui cause des pneumonies, principalement chez des adultes, il y a eu en Chine "291 cas, dont 35 graves, dont 12 en état critique, et 6 décès", a rapporté Jérôme Salomon (le bilan a été ensuite réévalué à 9 morts et 440 cas recensés en Chine par les autorités de ce pays, a rapporté Reuters dans la nuit). Des cas venant de Wuhan ont été exportés au Japon, à Taïwan, en Thaïlande et en Corée du Sud.

Le début dans les prochains jours des fêtes du Nouvel an chinois, conduisant de nombreuses personnes à se déplacer pour aller voir leur famille dans toute la Chine, fait craindre une dissémination dans tout ce pays du virus, dont il a été confirmé qu'il peut se transmettre entre humains.

Il y a des vols directs de Wuhan à Paris. Les passagers sont informés au départ du vol, les personnels sont formés à la conduite à tenir si une personne tombe malade durant le vol, et il y a dans les aéroports français des affiches informant les passagers arrivant de Wuhan, a indiqué le DGS.

Interrogé sur la possibilité de mettre en place des mesures de détection des passagers ayant de la fièvre, comme cela se fait aux Etats-Unis, il a répondu d'une part que cela n'était pas recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), d'autre part que cela n'était "pas très performant". Il y a à la fois des faux négatifs (des personnes non fébriles car ayant pris des antipyrétiques) et des faux positifs (par exemple des personnes ayant couru).

Un dispositif existant réactivé

Le plus important selon lui est "d'informer les personnes, pour qu'elles signalent à leur médecin si elles développent des symptômes". Il a par ailleurs rappelé que les mesures préventives classiques contre les virus respiratoires, déjà utiles en ce moment contre l'épidémie de grippe, sont efficaces: port de masque en cas de symptômes, utilisation de solutions hydro-alcooliques et lavage des mains, limitation des contacts avec d'autres personnes quand on est malade, en restant chez soi.

Concernant l'ensemble du système de santé français, qui est en "pré-alerte" (cf dépêche du 20/01/2020 à 16:01), il s'agit d'une "réactivation d'un dispositif déjà mis en place, à l'occasion des épidémies d'autres coronavirus, le Sras et le Mers-Cov, ainsi qu'au début de la grippe H1N1"; un dispositif qui est donc "bien connu", a indiqué Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires et vaccination de Santé publique France.

"L'objectif est d'identifier les personnes qui reviennent de Chine avec des signes d'infection", pour à la fois leur garantir une "prise en charge individuelle optimale" et "éviter les chaînes de transmission en investiguant autour des cas la survenue d'autres cas", qui pourraient être soit des personnes ayant voyagé avec le cas, soit des personnes ayant été en contact avec le cas avant qu'il soit isolé.

Daniel Lévy-Bruhl a rappelé qu'après avoir isolé les personnes soupçonnées d'être porteuses du coronavirus, "la seule confirmation avec certitude est biologique", car les symptômes sont peu spécifiques, ils ressemblent à ceux d'autres infections respiratoires. Depuis peu, le Centre national de référence des maladies respiratoires (CNR) à l'Institut Pasteur a obtenu la séquence du virus, permettant de mettre au point un test moléculaire de diagnostic.

Très rapidement, ce test va être disponible pour d'autres laboratoires de virologie de CHU sur le territoire. Le diagnostic virologique moléculaire pourra être fait en quelques heures.

Présent également à la conférence de presse, le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l'institut "Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie" de l'Inserm, a indiqué que des recherches étaient en cours, coordonnées par l'OMS, pour mieux connaître ce virus, qui certes est de la même famille que d'autres virus connus mais est nouveau.

Des questions se posent sur la dynamique de l'épidémie (on ne sait pas quel est le niveau de risque de propagation d'une personne à l'autre, ni s'il y a des personnes porteuses asymptomatiques, ce qui influe sur l'estimation de l'épidémie), sur le réservoir, probablement animal mais encore inconnu, sur les possibilités de traitement et de vaccination.

Concernant les traitements, interrogé par APMnews, il a indiqué qu'il y avait des "antiviraux connus qui pourraient marcher". Le lopinavir, utilisé contre le VIH, serait un bon candidat car il a déjà été candidat au traitement contre le virus du Sras, autre coronavirus.

Quant aux vaccins, un consortium qui avait été mis en place au niveau international pour travailler sur des vaccins contre des virus émergents a déjà travaillé sur un vaccin contre les coronavirus et il y a des candidats… mais qui n'ont pas encore été testés chez l'homme.

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