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22/09 2021
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COVID-19: IL FAUT S'ATTENDRE À UN "REDÉMARRAGE DE L'ÉPIDÉMIE À L'AUTOMNE" (ARNAUD FONTANET)

PARIS, 22 septembre 2021 (APMnews) - Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du conseil scientifique, prévient qu'il faut s'attendre à un "redémarrage de l'épidémie [de Covid-19] à l'automne", tout en pointant que la vaccination, qui "fait office de bouclier", devrait permettre "d'éviter des décisions plus drastiques comme des couvre-feux", dans une interview publiée mercredi dans Le Parisien.

"Tous les indicateurs s’améliorent de façon indéniable", mais "on avait observé la même accalmie fin septembre 2020, avant un coup de froid qui avait déclenché la deuxième vague en France et dans les pays voisins", rappelle-t-il.

Le chercheur de l'Institut Pasteur, coauteur d'une étude montrant que la transmission du Sars-CoV-2 est favorisée par les conditions hivernales froides et sèches (cf dépêche du 31/08/2021 à 18:52), évoque donc les conditions climatiques qui "s[e] prêteront" à un rebond épidémique, mais aussi l'existence d'un "réservoir de non-vaccinés assez nombreux pour occasionner une poussée épidémique et mettre en tension l’hôpital".

Il a toutefois estimé que cette vague serait moins critique que les précédentes puisque "désormais, la vaccination fait office de bouclier". Selon les informations diffusées mardi soir par la direction générale de la santé (DGS), 74,4% des Français ont en effet reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 et près de 71% sont complètement vaccinés.

Cette couverture vaccinale "nous permet d’éviter des décisions plus drastiques comme des couvre-feux", a pointé Arnaud Fontanet.

Il estime en effet qu'il suffirait de "diminuer nos échanges de 20 à 40%" (ce qui se compare à une réduction des contacts de 70 à 80% en cas de confinement et de 50% en cas de couvre-feu), soit concrètement "recourir au passe sanitaire, au port du masque en milieu clos, accepter moins de sollicitations, maintenir le tester-alerter-protéger, un peu de télétravail quand c’est possible et plus de dépistage en milieu scolaire".

Alors qu'un conseil de défense se tient mercredi pour adapter les règles du passe sanitaire à l'évolution de la situation au niveau local, Arnaud Fontanet a pointé que "si on supprime le passe sanitaire dans certains départements, il faut que la règle soit claire pour tout le monde" et que "les Français doivent avoir à l’esprit qu’il peut être réinstauré aussi vite qu’il a été levé".

"A la moindre alerte, il faudra serrer la vis et le plus tôt possible", a-t-il averti. "Nous ne sommes pas tirés d’affaire."

Surveillance des variants plus résistants aux vaccins

Il a rappelé qu'il existait une famille de variants plus résistants aux vaccins (les variants beta, gamma, lambda, mu…) qui pourraient "reprendre le dessus". Le variant delta pourrait quant à lui acquérir "de nouvelles mutations qui lui permettent d’échapper à l’immunité". Tous ces variants, "on les surveille donc de très près", a assuré Arnaud Fontanet.

Interrogé au sujet de la vaccination contre le Covid-19 des enfants de 5 à 11 ans, Pfizer ayant récemment communiqué sur la sécurité et l'immunogénicité de Comirnaty* dans cette tranche d'âge (cf dépêche du 20/09/2021 à 18:24), le chercheur a conseillé la prudence. "Il est encore un peu tôt pour avoir une estimation du risque d’accident grave, l’étude de Pfizer n’ayant été menée que sur 2.000 enfants", a-t-il dit. "Et puis attendons les publications scientifiques; pour l’instant, nous n’avons qu’un communiqué du laboratoire."

Il a par ailleurs estimé que le Covid ferait "très vraisemblablement" partie de nos vies "pour toujours". S'il gardait une "sévérité plus élevée" que les coronavirus saisonniers, alors "des rappels ser[aient] nécessaires pour les plus vulnérables avant la période hivernale".

Dans un entretien publié mercredi dans le quotidien Libération, l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à Genève, a estimé que dans un contexte où "on ne pourra probablement pas éradiquer le virus de la planète avant plusieurs années", il fallait que "les autorités sanitaires soient prêtes à instaurer des mesures fortes dès que la situation l’exige, mais aussi à les lever dès qu’elles ne sont plus nécessaires".

Selon lui, "l’utilisation étendue du passe sanitaire et même le port du masque ne s’imposent plus" dès lors que le taux d'incidence hebdomadaire passe "au-dessous d’un certain seuil, disons 30 cas pour 100.000 habitants". "En revanche, au moindre redémarrage de la circulation virale, il faut pouvoir reprendre la situation en main", a-t-il ajouté.

Selon les données disponibles sur la plateforme Géodes de Santé publique France (SPF), le taux d'incidence au niveau national était de 73,5 cas pour 100.000 habitants pour la période du 12 au 18 septembre.

sb/ab/APMnews

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PARIS, 22 septembre 2021 (APMnews) - Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du conseil scientifique, prévient qu'il faut s'attendre à un "redémarrage de l'épidémie [de Covid-19] à l'automne", tout en pointant que la vaccination, qui "fait office de bouclier", devrait permettre "d'éviter des décisions plus drastiques comme des couvre-feux", dans une interview publiée mercredi dans Le Parisien.

"Tous les indicateurs s’améliorent de façon indéniable", mais "on avait observé la même accalmie fin septembre 2020, avant un coup de froid qui avait déclenché la deuxième vague en France et dans les pays voisins", rappelle-t-il.

Le chercheur de l'Institut Pasteur, coauteur d'une étude montrant que la transmission du Sars-CoV-2 est favorisée par les conditions hivernales froides et sèches (cf dépêche du 31/08/2021 à 18:52), évoque donc les conditions climatiques qui "s[e] prêteront" à un rebond épidémique, mais aussi l'existence d'un "réservoir de non-vaccinés assez nombreux pour occasionner une poussée épidémique et mettre en tension l’hôpital".

Il a toutefois estimé que cette vague serait moins critique que les précédentes puisque "désormais, la vaccination fait office de bouclier". Selon les informations diffusées mardi soir par la direction générale de la santé (DGS), 74,4% des Français ont en effet reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 et près de 71% sont complètement vaccinés.

Cette couverture vaccinale "nous permet d’éviter des décisions plus drastiques comme des couvre-feux", a pointé Arnaud Fontanet.

Il estime en effet qu'il suffirait de "diminuer nos échanges de 20 à 40%" (ce qui se compare à une réduction des contacts de 70 à 80% en cas de confinement et de 50% en cas de couvre-feu), soit concrètement "recourir au passe sanitaire, au port du masque en milieu clos, accepter moins de sollicitations, maintenir le tester-alerter-protéger, un peu de télétravail quand c’est possible et plus de dépistage en milieu scolaire".

Alors qu'un conseil de défense se tient mercredi pour adapter les règles du passe sanitaire à l'évolution de la situation au niveau local, Arnaud Fontanet a pointé que "si on supprime le passe sanitaire dans certains départements, il faut que la règle soit claire pour tout le monde" et que "les Français doivent avoir à l’esprit qu’il peut être réinstauré aussi vite qu’il a été levé".

"A la moindre alerte, il faudra serrer la vis et le plus tôt possible", a-t-il averti. "Nous ne sommes pas tirés d’affaire."

Surveillance des variants plus résistants aux vaccins

Il a rappelé qu'il existait une famille de variants plus résistants aux vaccins (les variants beta, gamma, lambda, mu…) qui pourraient "reprendre le dessus". Le variant delta pourrait quant à lui acquérir "de nouvelles mutations qui lui permettent d’échapper à l’immunité". Tous ces variants, "on les surveille donc de très près", a assuré Arnaud Fontanet.

Interrogé au sujet de la vaccination contre le Covid-19 des enfants de 5 à 11 ans, Pfizer ayant récemment communiqué sur la sécurité et l'immunogénicité de Comirnaty* dans cette tranche d'âge (cf dépêche du 20/09/2021 à 18:24), le chercheur a conseillé la prudence. "Il est encore un peu tôt pour avoir une estimation du risque d’accident grave, l’étude de Pfizer n’ayant été menée que sur 2.000 enfants", a-t-il dit. "Et puis attendons les publications scientifiques; pour l’instant, nous n’avons qu’un communiqué du laboratoire."

Il a par ailleurs estimé que le Covid ferait "très vraisemblablement" partie de nos vies "pour toujours". S'il gardait une "sévérité plus élevée" que les coronavirus saisonniers, alors "des rappels ser[aient] nécessaires pour les plus vulnérables avant la période hivernale".

Dans un entretien publié mercredi dans le quotidien Libération, l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à Genève, a estimé que dans un contexte où "on ne pourra probablement pas éradiquer le virus de la planète avant plusieurs années", il fallait que "les autorités sanitaires soient prêtes à instaurer des mesures fortes dès que la situation l’exige, mais aussi à les lever dès qu’elles ne sont plus nécessaires".

Selon lui, "l’utilisation étendue du passe sanitaire et même le port du masque ne s’imposent plus" dès lors que le taux d'incidence hebdomadaire passe "au-dessous d’un certain seuil, disons 30 cas pour 100.000 habitants". "En revanche, au moindre redémarrage de la circulation virale, il faut pouvoir reprendre la situation en main", a-t-il ajouté.

Selon les données disponibles sur la plateforme Géodes de Santé publique France (SPF), le taux d'incidence au niveau national était de 73,5 cas pour 100.000 habitants pour la période du 12 au 18 septembre.

sb/ab/APMnews

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