Actualités de l'Urgence - APM
COVID-19: LA CNAM DÉPLOIE PROGRESSIVEMENT LE "RÉTRO-TRACING" ET PRÉPARE SA GÉNÉRALISATION AU 1ER JUILLET
Outil complémentaire au contact tracing "classique" (cf dépêche du 16/11/2020 à 11:36), qui consiste à identifier des cas contacts en aval de la contamination, le rétro-tracing a pour objectif d'investiguer en amont et de revenir aux origines de la contamination.
"Il permet ainsi de repérer des situations ponctuelles ou inhabituelles, au cours desquelles une personne, devenue par la suite positive, aurait pu contaminer d'autres personnes", a expliqué l'assurance maladie dans un communiqué.
"La combinaison de ces deux méthodes de tracing doit permettre de mieux identifier les chaînes de contamination afin de les briser encore plus efficacement. Le rétro-tracing permet notamment de mieux documenter les situations à risque de 'super-contamination' en identifiant des événements ou des rassemblements au cours desquels plusieurs personnes ont été contaminées."
"Le rétro-tracing apporte une nouvelle pierre à l'édifice pour lutter contre l'épidémie. Il resserre un peu plus les mailles du filet mis en place pour retracer les chaînes de contamination et les stopper", a salué Thomas Fatôme.
Concrètement, après avoir listé les cas contacts du patient zéro (par exemple, les personnes avec qui il vit au quotidien ou ses collègues de bureau fréquentés sur site), l'enquêteur de l'assurance maladie l'interroge pour savoir s'il a des informations sur le lieu ou l'événement (avec au moins 10 personnes présentes, sans respect des gestes barrières) où il aurait pu contracter le Covid-19 et les personnes qui auraient également été exposées au risque de contamination.
Le cas échéant, l'enquêteur procède alors à un entretien spécifiquement dédié au rétro-tracing. Les personnes ayant partagé le même événement ou le même lieu de contamination simultanément sont alors définies comme des co-exposées et sont tracées, testées et isolées à leur tour.
Comme c'est déjà le cas dans le cadre du contact tracing actuellement pratiqué, la Cnam se coordonne avec l'agence régionale de santé (ARS) du territoire concerné afin que celle-ci prenne le relais des investigations lorsqu'il s'agit de situations complexes ou de contaminations d'ampleur.
"C'est par exemple le cas si une personne tierce détenant la liste des participants à l'événement n'est pas identifiable/joignable, ou encore si le patient zéro a fréquenté une collectivité dite 'sensible' comme un Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], un établissement de santé ou médico-social, un établissement pénitentiaire, etc.", a illustré la Cnam.
Des premiers résultats dans la lignée de l'étude ComCor
Avant sa généralisation entamée, le rétro-tracing a été expérimenté en Côte-d'Or et en Loire-Atlantique dès le 25 mars, "avec pour objectif d'en valider les modalités". Celles-ci ont été conçues à l'échelle nationale par le ministère des solidarités et de la santé, Santé publique France (SPF) et l'assurance maladie, a-t-on appris jeudi matin.
Dans le détail, les pouvoirs publics ont défini les concepts clés, garanti l'évolution des outils métier permettant aux "traceurs" des caisses primaires de l'assurance maladie (CPAM) de gérer ces situations, formé les équipes, organisé "l'articulation entre les équipes de l'assurance maladie et les ARS" et mis en place un dispositif d'évaluation en collaboration avec SPF.
Le rétro-tracing est en cours de déploiement dans 60 départements et 12 ARS depuis mardi.
"Les premiers résultats montrent que près de 10% des patients zéro contactés par l'assurance maladie ont été capables d'identifier un événement jugé comme étant à l'origine de leur contamination et donnant lieu à l'identification de personnes co-exposées (hors contamination au sein du foyer)", a rapporté la Cnam.
"Dans les jours qui ont suivi leur isolement, près de 10% de ces personnes co-exposées sont, elles aussi, devenues positives: ce sont autant de chaînes de contamination que le rétro-tracing a permis de stopper."
"Il faut lire ces résultats avec prudence, ils demandent à être confirmés et une fois le dispositif généralisé, nous aurons le recul nécessaire", a prévenu Thomas Fatôme jeudi matin, notant toutefois que ces premiers chiffres "sont en ligne avec l'étude ComCor de l'Institut Pasteur" (cf dépêche du 17/12/2020 à 16:33).
Les types d'événements les plus couramment détectés sont des rassemblements privés (réunions de famille, anniversaires, réunions entre amis…), en milieu scolaire (sorties pédagogiques ou sportives…) ou encore en milieu sportif (rencontres sportives amicales ou en compétition…).
Invité à partager les enseignements tirés de son expérimentation, le directeur de la CPAM de Loire-Atlantique, Pierre Rousseau, a confié qu'il faut compter "deux fois plus de temps que pour le tracing standard" pour les "traceurs" de l'assurance maladie, qui peuvent passer "entre 1h30 et 2h" en entretien contre 45 minutes en tracing "classique".
"Il faut une situation épidémique qui soit moins pressante pour pouvoir effectivement développer ce type de procédure", a-t-il expliqué. "Chez nous, il y avait cinq traceurs, sept jours sur sept et ceux qui faisaient du tracing standard surveillaient et repéraient des situations intéressantes pour tester le modèle, c'était un travail collectif."
"Empiriquement, nous avons un quart des patients zéros qui ne savent pas identifier le lieu et le moment où ils ont été contaminés. Ce qui est intéressant, c'est que nous avons quand même une personne sur quatre capable de nous décrire les circonstances dans lesquelles elle pense avoir été contaminée", a-t-il détaillé.
Ce sont "1.000 patients zéro" qui ont été traités dans le cadre du rétro-tracing par la CPAM de Loire-Atlantique depuis le 25 mars, a également rapporté Pierre Rousseau.
La vaccination vecteur de généralisation du rétro-tracing
"Avec une couverture vaccinale qui ne cesse de progresser (25,4% de la population française a terminé son cycle vaccinal au 16 juin) et une circulation du virus moins élevée, les conditions sont désormais réunies pour étendre la pratique du rétro-tracing sur tout le territoire", a souligné la Cnam dans son communiqué.
"Les épidémiologistes estiment que, pour que ce type d'enquête soit efficace, le niveau de circulation du virus doit être faible ou modéré (inférieur à 5.000 nouveaux cas par jour), car les durées d'entretiens sont plus longues [...]. De plus, le rétro-tracing nécessite une forte réactivité des traceurs de l'assurance maladie et des ARS, une capacité de test forte couplée à un rendu de résultat rapide par les laboratoires (entre 12 à 24 heures) pour que les mesures d'isolement soient prises le plus rapidement possible."
Par ailleurs, "l'ensemble des collaborateurs de l'assurance maladie mobilisés sur le contact tracing sont actuellement formés à la démarche", pour pouvoir repérer les situations susceptibles de relever du rétro-tracing, a fait savoir l'assurance maladie.
wz/ab/APMnews
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COVID-19: LA CNAM DÉPLOIE PROGRESSIVEMENT LE "RÉTRO-TRACING" ET PRÉPARE SA GÉNÉRALISATION AU 1ER JUILLET
Outil complémentaire au contact tracing "classique" (cf dépêche du 16/11/2020 à 11:36), qui consiste à identifier des cas contacts en aval de la contamination, le rétro-tracing a pour objectif d'investiguer en amont et de revenir aux origines de la contamination.
"Il permet ainsi de repérer des situations ponctuelles ou inhabituelles, au cours desquelles une personne, devenue par la suite positive, aurait pu contaminer d'autres personnes", a expliqué l'assurance maladie dans un communiqué.
"La combinaison de ces deux méthodes de tracing doit permettre de mieux identifier les chaînes de contamination afin de les briser encore plus efficacement. Le rétro-tracing permet notamment de mieux documenter les situations à risque de 'super-contamination' en identifiant des événements ou des rassemblements au cours desquels plusieurs personnes ont été contaminées."
"Le rétro-tracing apporte une nouvelle pierre à l'édifice pour lutter contre l'épidémie. Il resserre un peu plus les mailles du filet mis en place pour retracer les chaînes de contamination et les stopper", a salué Thomas Fatôme.
Concrètement, après avoir listé les cas contacts du patient zéro (par exemple, les personnes avec qui il vit au quotidien ou ses collègues de bureau fréquentés sur site), l'enquêteur de l'assurance maladie l'interroge pour savoir s'il a des informations sur le lieu ou l'événement (avec au moins 10 personnes présentes, sans respect des gestes barrières) où il aurait pu contracter le Covid-19 et les personnes qui auraient également été exposées au risque de contamination.
Le cas échéant, l'enquêteur procède alors à un entretien spécifiquement dédié au rétro-tracing. Les personnes ayant partagé le même événement ou le même lieu de contamination simultanément sont alors définies comme des co-exposées et sont tracées, testées et isolées à leur tour.
Comme c'est déjà le cas dans le cadre du contact tracing actuellement pratiqué, la Cnam se coordonne avec l'agence régionale de santé (ARS) du territoire concerné afin que celle-ci prenne le relais des investigations lorsqu'il s'agit de situations complexes ou de contaminations d'ampleur.
"C'est par exemple le cas si une personne tierce détenant la liste des participants à l'événement n'est pas identifiable/joignable, ou encore si le patient zéro a fréquenté une collectivité dite 'sensible' comme un Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], un établissement de santé ou médico-social, un établissement pénitentiaire, etc.", a illustré la Cnam.
Des premiers résultats dans la lignée de l'étude ComCor
Avant sa généralisation entamée, le rétro-tracing a été expérimenté en Côte-d'Or et en Loire-Atlantique dès le 25 mars, "avec pour objectif d'en valider les modalités". Celles-ci ont été conçues à l'échelle nationale par le ministère des solidarités et de la santé, Santé publique France (SPF) et l'assurance maladie, a-t-on appris jeudi matin.
Dans le détail, les pouvoirs publics ont défini les concepts clés, garanti l'évolution des outils métier permettant aux "traceurs" des caisses primaires de l'assurance maladie (CPAM) de gérer ces situations, formé les équipes, organisé "l'articulation entre les équipes de l'assurance maladie et les ARS" et mis en place un dispositif d'évaluation en collaboration avec SPF.
Le rétro-tracing est en cours de déploiement dans 60 départements et 12 ARS depuis mardi.
"Les premiers résultats montrent que près de 10% des patients zéro contactés par l'assurance maladie ont été capables d'identifier un événement jugé comme étant à l'origine de leur contamination et donnant lieu à l'identification de personnes co-exposées (hors contamination au sein du foyer)", a rapporté la Cnam.
"Dans les jours qui ont suivi leur isolement, près de 10% de ces personnes co-exposées sont, elles aussi, devenues positives: ce sont autant de chaînes de contamination que le rétro-tracing a permis de stopper."
"Il faut lire ces résultats avec prudence, ils demandent à être confirmés et une fois le dispositif généralisé, nous aurons le recul nécessaire", a prévenu Thomas Fatôme jeudi matin, notant toutefois que ces premiers chiffres "sont en ligne avec l'étude ComCor de l'Institut Pasteur" (cf dépêche du 17/12/2020 à 16:33).
Les types d'événements les plus couramment détectés sont des rassemblements privés (réunions de famille, anniversaires, réunions entre amis…), en milieu scolaire (sorties pédagogiques ou sportives…) ou encore en milieu sportif (rencontres sportives amicales ou en compétition…).
Invité à partager les enseignements tirés de son expérimentation, le directeur de la CPAM de Loire-Atlantique, Pierre Rousseau, a confié qu'il faut compter "deux fois plus de temps que pour le tracing standard" pour les "traceurs" de l'assurance maladie, qui peuvent passer "entre 1h30 et 2h" en entretien contre 45 minutes en tracing "classique".
"Il faut une situation épidémique qui soit moins pressante pour pouvoir effectivement développer ce type de procédure", a-t-il expliqué. "Chez nous, il y avait cinq traceurs, sept jours sur sept et ceux qui faisaient du tracing standard surveillaient et repéraient des situations intéressantes pour tester le modèle, c'était un travail collectif."
"Empiriquement, nous avons un quart des patients zéros qui ne savent pas identifier le lieu et le moment où ils ont été contaminés. Ce qui est intéressant, c'est que nous avons quand même une personne sur quatre capable de nous décrire les circonstances dans lesquelles elle pense avoir été contaminée", a-t-il détaillé.
Ce sont "1.000 patients zéro" qui ont été traités dans le cadre du rétro-tracing par la CPAM de Loire-Atlantique depuis le 25 mars, a également rapporté Pierre Rousseau.
La vaccination vecteur de généralisation du rétro-tracing
"Avec une couverture vaccinale qui ne cesse de progresser (25,4% de la population française a terminé son cycle vaccinal au 16 juin) et une circulation du virus moins élevée, les conditions sont désormais réunies pour étendre la pratique du rétro-tracing sur tout le territoire", a souligné la Cnam dans son communiqué.
"Les épidémiologistes estiment que, pour que ce type d'enquête soit efficace, le niveau de circulation du virus doit être faible ou modéré (inférieur à 5.000 nouveaux cas par jour), car les durées d'entretiens sont plus longues [...]. De plus, le rétro-tracing nécessite une forte réactivité des traceurs de l'assurance maladie et des ARS, une capacité de test forte couplée à un rendu de résultat rapide par les laboratoires (entre 12 à 24 heures) pour que les mesures d'isolement soient prises le plus rapidement possible."
Par ailleurs, "l'ensemble des collaborateurs de l'assurance maladie mobilisés sur le contact tracing sont actuellement formés à la démarche", pour pouvoir repérer les situations susceptibles de relever du rétro-tracing, a fait savoir l'assurance maladie.
wz/ab/APMnews