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01/04 2020
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COVID-19: LE CHU DE MARTINIQUE PRÊT À ARMER DES LITS DE RÉANIMATION SUPPLÉMENTAIRES

FORT-DE-FRANCE, 1er avril 2020 (APMnews) - Le CHU de Martinique, qui a déjà considérablement renforcé son nombre de lits en réanimation, reste en alerte sur l'expansion de l'épidémie et s'apprête à de nouvelles montées en charge capacitaires, a expliqué vendredi à APMnews son directeur général, Benjamin Garel.

En Martinique, l'ARS recensait mardi 128 personnes contaminées depuis le début de l'épidémie, rappelle-t-on. Elle dénombrait 15 personnes hospitalisées en réanimation et 3 décès.

Au CHU, les capacités en réanimation ont déjà été quasiment doublées. "Aujourd'hui, nous avons 26 lits de réanimation dédiés Covid, avec une évolution possible à 68 lits", et 24 lits de réanimation pour les autres malades, contre une capacité initiale de 26 lits au total, a expliqué Benjamin Garel.

A terme, le CHU pourrait donc disposer "de quasiment 100 lits de soins critiques".

Ce renforcement de l'offre résulte des déprogrammations au bloc opératoire, de la transformation de lits de soins de suite post-opératoires, de la réouverture de 9 lits de réanimation qui étaient fermés et du déménagement et de la transformation d'une unité de soins intensifs neuro-vasculaires.

Bien qu'ayant encore des lits disponibles, "on reste très vigilant" sur la nécessité de développer les capacités, sachant que l'activité de réanimation est concentrée sur l'île au CHU, a souligné Benjamin Garel. "S'il y a un gros afflux, ce sera pour nous."

"Pour la grippe, on est souvent en retard sur la métropole, mais [l'expansion] des épidémies peut être très rapide", a-t-il pointé, soulignant que l'île avait néanmoins atteint le stade 3 de l'épidémie.

En outre, la surprévalence en Martinique du diabète, de l'obésité et de l'hypertension, facteurs de comorbidités, implique une vigilance particulière sur les prises en charge.

"On a ouvert quatre services de 14 à 20 lits d'hospitalisation complète Covid", essentiellement par transformation de lits de chirurgie, reconcentrés sur moins de services.

Le CHU a également mis en place "des urgences dédiées au syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et des urgences non Covid". Les urgences connaissent néanmoins une baisse de fréquentation, face à la réticence de la population de s'y rendre en pleine épidémie, a relevé Benjamin Garel.

Pour le reste de l'offre de soins sur le territoire, "la clinique Saint-Paul s'insère progressivement dans le dispositif".

Si les lits de réanimation sont pour l'heure en nombre suffisant au CHU, ils sont "très gourmands en personnel" et leur ouverture nécessite beaucoup de formations, notamment en hygiène et à la prise en charge du SDRA. "On essaie de mettre les personnes en immersion dans une unité déjà ouverte pendant deux jours avant d'en ouvrir une nouvelle" où ils prendront leur poste, a expliqué le directeur général.

Le CHU a ainsi "redéployé 360" professionnels, notamment depuis les services de chirurgie et de l'hôpital de semaine de médecine. Il n'a pas fait appel à la réserve sanitaire. "On connaît la situation de la métropole, et on va essayer d'y recourir le plus tard possible", a fait valoir Benjamin Garel.

Sur les effectifs médicaux, les tensions habituelles sur certaines spécialités, comme la néphrologie et l'hématologie, sont renforcées par l'absence de plusieurs praticiens malades du Covid.

Le CHU faisait face en début de semaine à un taux d'absentéisme de 15%, tous personnels confondus (arrêts maladie, évictions, autorisations spéciales d'absence et absences injustifiées).

La logistique et le personnel, deux principales difficultés

"La logistique et le personnel sont vraiment les deux points" les plus sensibles, a-t-il pointé. S'agissant du matériel, "on manque beaucoup de surblouses, d'embouts de thermomètres, des pyjamas à usage unique", a énuméré Benjamin Garel. Les livraisons de masques "arrivent en nombre suffisant", a-t-il indiqué.

Le CHU a réceptionné 32.000 masques chirurgicaux et 3.500 masques FFP2.

Sur les curares, "on est vigilant, mais on devrait recevoir une livraison". Le parc de respirateurs est aujourd'hui suffisant au vu du flux actuel en réanimation, a-t-il souligné. "Pour l'instant, on utilise uniquement des respirateurs", mais à la prochaine augmentation de la capacité, "on va devoir créer 12 lits de réanimation et on passera à des stations d'anesthésie", habituellement utilisées en bloc opératoire.

Le CHU "a fait une demande de 26 respirateurs", dont une dizaine devrait dans un premier temps arriver la semaine prochaine, a complété le directeur général. Pour le dépistage du Covid, "on manque souvent de réactifs, mais on arrive à s'en sortir et une commande devrait être livrée d'ici la fin de la semaine".

Dans un communiqué de lundi, plusieurs organisations syndicales (CDMT, CGTM, FO, Usam, UGTM) ont dit exiger des "mesures urgentes" pour la fourniture de matériel de protection, d'embouts de thermomètre, de produits d'anesthésie, le dépistage "généralisé systématique du personnel et des patients, notamment d'Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] et d'USLD [unités de soins de longue durée]", note-t-on.

Ils ont appelé le personnel à exercer son droit de retrait "si des solutions pérennes ne sont pas apportées par l'ARS, la préfecture et le ministère de la santé compte tenu des risques de rupture d'approvisionnement à compter du 1er avril".

"On fait le maximum pour donner au personnel du matériel de protection", a assuré Benjamin Garel. Quant au dépistage, "on a une capacité seulement de 40 tests [par jour] pour les patients graves et le personnel symptomatique. On devrait passer à une capacité de 200 tests d'ici la fin de la semaine", mais il ne "sera pas possible de faire un dépistage à grande échelle", a-t-il prévenu.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé samedi plusieurs mesures en faveur de la prise en charge des patients Covid aux Antilles, dont un renforcement capacitaire et la mobilisation du porte-hélicoptère Dixmude pour accueillir des patients et assurer des flux logistiques (cf dépêche du 28/03/2020 à 22:47).

Outre les capacités d'hospitalisation offertes par le porte-hélicoptères, qui est attendu "dans les 12 à 15 jours", "on est intéressé par l'arrivée d'un hélicoptère gros porteur pour le transfert de patients Covid", a pointé Benjamin Garel.

Le CHU dispose pour l'heure d'un hélicoptère EC-145 "qui pose des soucis pour les transferts de patients Covid, car les personnes y sont trop proches du malade par rapport au risque de contamination".

Benjamin Garel a évoqué des transferts de la Guadeloupe et de la Guyane vers la Martinique, "où le CHU est référent pour l'activité cardiovasculaire thoracique et la pédiatrie".

mlb/ab/APMnews

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FORT-DE-FRANCE, 1er avril 2020 (APMnews) - Le CHU de Martinique, qui a déjà considérablement renforcé son nombre de lits en réanimation, reste en alerte sur l'expansion de l'épidémie et s'apprête à de nouvelles montées en charge capacitaires, a expliqué vendredi à APMnews son directeur général, Benjamin Garel.

En Martinique, l'ARS recensait mardi 128 personnes contaminées depuis le début de l'épidémie, rappelle-t-on. Elle dénombrait 15 personnes hospitalisées en réanimation et 3 décès.

Au CHU, les capacités en réanimation ont déjà été quasiment doublées. "Aujourd'hui, nous avons 26 lits de réanimation dédiés Covid, avec une évolution possible à 68 lits", et 24 lits de réanimation pour les autres malades, contre une capacité initiale de 26 lits au total, a expliqué Benjamin Garel.

A terme, le CHU pourrait donc disposer "de quasiment 100 lits de soins critiques".

Ce renforcement de l'offre résulte des déprogrammations au bloc opératoire, de la transformation de lits de soins de suite post-opératoires, de la réouverture de 9 lits de réanimation qui étaient fermés et du déménagement et de la transformation d'une unité de soins intensifs neuro-vasculaires.

Bien qu'ayant encore des lits disponibles, "on reste très vigilant" sur la nécessité de développer les capacités, sachant que l'activité de réanimation est concentrée sur l'île au CHU, a souligné Benjamin Garel. "S'il y a un gros afflux, ce sera pour nous."

"Pour la grippe, on est souvent en retard sur la métropole, mais [l'expansion] des épidémies peut être très rapide", a-t-il pointé, soulignant que l'île avait néanmoins atteint le stade 3 de l'épidémie.

En outre, la surprévalence en Martinique du diabète, de l'obésité et de l'hypertension, facteurs de comorbidités, implique une vigilance particulière sur les prises en charge.

"On a ouvert quatre services de 14 à 20 lits d'hospitalisation complète Covid", essentiellement par transformation de lits de chirurgie, reconcentrés sur moins de services.

Le CHU a également mis en place "des urgences dédiées au syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) et des urgences non Covid". Les urgences connaissent néanmoins une baisse de fréquentation, face à la réticence de la population de s'y rendre en pleine épidémie, a relevé Benjamin Garel.

Pour le reste de l'offre de soins sur le territoire, "la clinique Saint-Paul s'insère progressivement dans le dispositif".

Si les lits de réanimation sont pour l'heure en nombre suffisant au CHU, ils sont "très gourmands en personnel" et leur ouverture nécessite beaucoup de formations, notamment en hygiène et à la prise en charge du SDRA. "On essaie de mettre les personnes en immersion dans une unité déjà ouverte pendant deux jours avant d'en ouvrir une nouvelle" où ils prendront leur poste, a expliqué le directeur général.

Le CHU a ainsi "redéployé 360" professionnels, notamment depuis les services de chirurgie et de l'hôpital de semaine de médecine. Il n'a pas fait appel à la réserve sanitaire. "On connaît la situation de la métropole, et on va essayer d'y recourir le plus tard possible", a fait valoir Benjamin Garel.

Sur les effectifs médicaux, les tensions habituelles sur certaines spécialités, comme la néphrologie et l'hématologie, sont renforcées par l'absence de plusieurs praticiens malades du Covid.

Le CHU faisait face en début de semaine à un taux d'absentéisme de 15%, tous personnels confondus (arrêts maladie, évictions, autorisations spéciales d'absence et absences injustifiées).

La logistique et le personnel, deux principales difficultés

"La logistique et le personnel sont vraiment les deux points" les plus sensibles, a-t-il pointé. S'agissant du matériel, "on manque beaucoup de surblouses, d'embouts de thermomètres, des pyjamas à usage unique", a énuméré Benjamin Garel. Les livraisons de masques "arrivent en nombre suffisant", a-t-il indiqué.

Le CHU a réceptionné 32.000 masques chirurgicaux et 3.500 masques FFP2.

Sur les curares, "on est vigilant, mais on devrait recevoir une livraison". Le parc de respirateurs est aujourd'hui suffisant au vu du flux actuel en réanimation, a-t-il souligné. "Pour l'instant, on utilise uniquement des respirateurs", mais à la prochaine augmentation de la capacité, "on va devoir créer 12 lits de réanimation et on passera à des stations d'anesthésie", habituellement utilisées en bloc opératoire.

Le CHU "a fait une demande de 26 respirateurs", dont une dizaine devrait dans un premier temps arriver la semaine prochaine, a complété le directeur général. Pour le dépistage du Covid, "on manque souvent de réactifs, mais on arrive à s'en sortir et une commande devrait être livrée d'ici la fin de la semaine".

Dans un communiqué de lundi, plusieurs organisations syndicales (CDMT, CGTM, FO, Usam, UGTM) ont dit exiger des "mesures urgentes" pour la fourniture de matériel de protection, d'embouts de thermomètre, de produits d'anesthésie, le dépistage "généralisé systématique du personnel et des patients, notamment d'Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] et d'USLD [unités de soins de longue durée]", note-t-on.

Ils ont appelé le personnel à exercer son droit de retrait "si des solutions pérennes ne sont pas apportées par l'ARS, la préfecture et le ministère de la santé compte tenu des risques de rupture d'approvisionnement à compter du 1er avril".

"On fait le maximum pour donner au personnel du matériel de protection", a assuré Benjamin Garel. Quant au dépistage, "on a une capacité seulement de 40 tests [par jour] pour les patients graves et le personnel symptomatique. On devrait passer à une capacité de 200 tests d'ici la fin de la semaine", mais il ne "sera pas possible de faire un dépistage à grande échelle", a-t-il prévenu.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé samedi plusieurs mesures en faveur de la prise en charge des patients Covid aux Antilles, dont un renforcement capacitaire et la mobilisation du porte-hélicoptère Dixmude pour accueillir des patients et assurer des flux logistiques (cf dépêche du 28/03/2020 à 22:47).

Outre les capacités d'hospitalisation offertes par le porte-hélicoptères, qui est attendu "dans les 12 à 15 jours", "on est intéressé par l'arrivée d'un hélicoptère gros porteur pour le transfert de patients Covid", a pointé Benjamin Garel.

Le CHU dispose pour l'heure d'un hélicoptère EC-145 "qui pose des soucis pour les transferts de patients Covid, car les personnes y sont trop proches du malade par rapport au risque de contamination".

Benjamin Garel a évoqué des transferts de la Guadeloupe et de la Guyane vers la Martinique, "où le CHU est référent pour l'activité cardiovasculaire thoracique et la pédiatrie".

mlb/ab/APMnews

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