Actualités de l'Urgence - APM
COVID-19: LE PRÉSIDENT DU HCSP DÉNONCE LES "CARENCES DES EFFECTEURS DE SANTÉ PUBLIQUE SUR LE TERRAIN"
"Mon expérience au niveau central" est que "ça a bien marché", a assuré Franck Chauvin aux sénateurs, lors de cette session de 3 heures consacrée à la santé publique dans un contexte de Covid-19.
Le président du HCSP, également membre du conseil scientifique depuis le 15 mars à la suite d'une demande de son président, Jean-François Delfraissy, a ainsi estimé que le pilotage au niveau national avait été "très clair", avec une cellule de crise dont le directeur, Jérôme Salomon (DGS), a la possibilité de saisir une instance d'expertise comme le HCSP ou le conseil scientifique.
"L'expérience de cette crise, je l'ai vécue de l'intérieur: c'est une communication extrêmement fluide entre les instances de conseil et de décision", a-t-il assuré.
Rappelant que le Haut conseil avait mobilisé 300 experts au sein de 26 groupes de travail pour répondre à 90 saisines sur le Covid-19 et produire 108 avis, Franck Chauvin a indiqué que "vu la masse considérable de travail qu'avait le HCSP", "nous avons réparti les rôles avec le conseil scientifique": ce dernier s'est attaché à élaborer des recommandations "pour la stratégie et le pilotage", tandis que le HCSP a répondu à des saisines concernant des "recommandations plus opérationnelles".
"Les vraies carences de la santé publique sont, non pas les carences de l'expertise en santé publique, mais sont les carences des effecteurs de santé publique sur le terrain", a-t-il estimé.
"Comment se fait-il que les municipalités aient été aussi peu associées dans la première vague aux mesures que nous avons constatées?", comme lorsqu'il a "fallu mettre en place le testing", a-t-il pointé, rappelant en outre que le HCSP avait "tiré la sonnette" d'alarme sur les inégalités sociales de santé, les publics précaires étant "extrêmement exposés" au virus.
Le constat du président de la Société savante de santé publique (SFSP) et président de la Conférence nationale de santé (CNS), Emmanuel Rusch, est aussi celui d'une "forme de cacophonie, d'interférence à un niveau territorial entre des acteurs -préfets, agences régionales de santé (ARS) et collectivités territoriales". "Cela nécessite des directives nationales claires et précises, et un besoin de pouvoir adapter à des contextes locaux", a-t-il estimé.
Si des contrats locaux de santé (CLS) existent et qu'ils sont "très dynamiques", les professionnels qui y travaillent sont "très précaires" et "le turn-over est épouvantable", il y a "un vrai souci de pérennisation", a pointé Emmanuel Rusch, ajoutant que l'éducation était un "levier essentiel".
Plus globalement, "il faut une réflexion sur la culture de la santé publique en France, qui est très faible", a estimé le président du HCSP, illustrant son propos par le fait qu'il n'y avait pas de cours de santé publique dans les programmes scolaires. Selon lui, si la population était davantage associée, elle comprendrait davantage les mesures sanitaires déployées et les appliquerait plus volontiers.
En outre, 93% des dépenses sont actuellement consacrées au système de soins alors qu'il ne contribue que pour 25% de la santé des populations et que "tout le reste se passe ailleurs", a pointé Franck Chauvin.
Il a par ailleurs insisté sur le fait que le HCSP fournissait des avis élaborés de façon collégiale, "sans que quelqu'un l'emporte et cherche à justifier ses opinions".
"On a donné le même poids à des opinions [dans les médias notamment] et à des avis qui demandent des dizaines d'heures de travail", a-t-il déploré, dénonçant un phénomène de "polémique spectacle", où "le nombre de followers sur Twitter l'emporte sur l'expertise scientifique".
La question des Ehpad a également été abordée à plusieurs reprises lors de cette session, l'épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à Genève, Antoine Flahault, estimant notamment qu'en cas de deuxième vague épidémique, il faudrait "protéger les Ehpad avec beaucoup de force", même si cela "n'est pas populaire" (cf dépêche du 23/09/2020 à 15:54).
sb/ab/APMnews
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COVID-19: LE PRÉSIDENT DU HCSP DÉNONCE LES "CARENCES DES EFFECTEURS DE SANTÉ PUBLIQUE SUR LE TERRAIN"
"Mon expérience au niveau central" est que "ça a bien marché", a assuré Franck Chauvin aux sénateurs, lors de cette session de 3 heures consacrée à la santé publique dans un contexte de Covid-19.
Le président du HCSP, également membre du conseil scientifique depuis le 15 mars à la suite d'une demande de son président, Jean-François Delfraissy, a ainsi estimé que le pilotage au niveau national avait été "très clair", avec une cellule de crise dont le directeur, Jérôme Salomon (DGS), a la possibilité de saisir une instance d'expertise comme le HCSP ou le conseil scientifique.
"L'expérience de cette crise, je l'ai vécue de l'intérieur: c'est une communication extrêmement fluide entre les instances de conseil et de décision", a-t-il assuré.
Rappelant que le Haut conseil avait mobilisé 300 experts au sein de 26 groupes de travail pour répondre à 90 saisines sur le Covid-19 et produire 108 avis, Franck Chauvin a indiqué que "vu la masse considérable de travail qu'avait le HCSP", "nous avons réparti les rôles avec le conseil scientifique": ce dernier s'est attaché à élaborer des recommandations "pour la stratégie et le pilotage", tandis que le HCSP a répondu à des saisines concernant des "recommandations plus opérationnelles".
"Les vraies carences de la santé publique sont, non pas les carences de l'expertise en santé publique, mais sont les carences des effecteurs de santé publique sur le terrain", a-t-il estimé.
"Comment se fait-il que les municipalités aient été aussi peu associées dans la première vague aux mesures que nous avons constatées?", comme lorsqu'il a "fallu mettre en place le testing", a-t-il pointé, rappelant en outre que le HCSP avait "tiré la sonnette" d'alarme sur les inégalités sociales de santé, les publics précaires étant "extrêmement exposés" au virus.
Le constat du président de la Société savante de santé publique (SFSP) et président de la Conférence nationale de santé (CNS), Emmanuel Rusch, est aussi celui d'une "forme de cacophonie, d'interférence à un niveau territorial entre des acteurs -préfets, agences régionales de santé (ARS) et collectivités territoriales". "Cela nécessite des directives nationales claires et précises, et un besoin de pouvoir adapter à des contextes locaux", a-t-il estimé.
Si des contrats locaux de santé (CLS) existent et qu'ils sont "très dynamiques", les professionnels qui y travaillent sont "très précaires" et "le turn-over est épouvantable", il y a "un vrai souci de pérennisation", a pointé Emmanuel Rusch, ajoutant que l'éducation était un "levier essentiel".
Plus globalement, "il faut une réflexion sur la culture de la santé publique en France, qui est très faible", a estimé le président du HCSP, illustrant son propos par le fait qu'il n'y avait pas de cours de santé publique dans les programmes scolaires. Selon lui, si la population était davantage associée, elle comprendrait davantage les mesures sanitaires déployées et les appliquerait plus volontiers.
En outre, 93% des dépenses sont actuellement consacrées au système de soins alors qu'il ne contribue que pour 25% de la santé des populations et que "tout le reste se passe ailleurs", a pointé Franck Chauvin.
Il a par ailleurs insisté sur le fait que le HCSP fournissait des avis élaborés de façon collégiale, "sans que quelqu'un l'emporte et cherche à justifier ses opinions".
"On a donné le même poids à des opinions [dans les médias notamment] et à des avis qui demandent des dizaines d'heures de travail", a-t-il déploré, dénonçant un phénomène de "polémique spectacle", où "le nombre de followers sur Twitter l'emporte sur l'expertise scientifique".
La question des Ehpad a également été abordée à plusieurs reprises lors de cette session, l'épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à Genève, Antoine Flahault, estimant notamment qu'en cas de deuxième vague épidémique, il faudrait "protéger les Ehpad avec beaucoup de force", même si cela "n'est pas populaire" (cf dépêche du 23/09/2020 à 15:54).
sb/ab/APMnews