Actualités de l'Urgence - APM
COVID-19: LES ÉTABLISSEMENTS NANCÉENS, DÉJÀ SOUS TRÈS FORTE TENSION, CRAIGNENT LES DEUX SEMAINES À VENIR
Ils s'exprimaient lors d'une conférence de presse en ligne organisée par le maire de Nancy, Mathieu Klein (PS). Ce dernier évoque une situation "extrêmement tendue" tant aux urgences qu'en hospitalisation conventionnelle et en réanimation et soins continus, du fait de l'afflux de patients atteints du Covid-19 que connaissent les établissements depuis début décembre.
Le directeur général du CHU de Nancy Bernard Dupont énumère 175 patients atteints du Covid-19 actuellement hospitalisés dans son établissement, dont 48 en réanimation et soins continus (pour un total de 66 lits de réanimation en temps normal et environ 90 actuellement).
Le CHU compte par ailleurs autant de patients en réanimation hospitalisés pour d'autres raisons que le Covid-19, ajoute-t-il. Il note que la situation du sud de la Meurthe-et-Moselle se distingue particulièrement du reste de la région.
Le Pr Christian Rabaud, infectiologue et président de la commission médicale d'établissements (CME), estime que la situation, déjà très tendue, ne peut que se dégrader dans les 10 jours à venir, du fait des fêtes de fin d'année.
Le Pr Gérard Audibert, responsable du service anesthésie et réanimation du CHU, fait valoir qu'au plus fort de la seconde vague à l'automne dernier, le CHU comptait déjà une cinquantaine de patients Covid-19 en réanimation.
Le Pr Bruno Lévy, également réanimateur au CHU (hôpital Brabois), note une forte pression sur la réanimation hors Covid-19, bien que ce dernier soit en train de "prendre le pas".
Leurs équipes risquent d'être amenées à faire des choix "très difficiles" alors que les capacités en lits de réanimation n'ont plus qu' "un peu de marge", étant donné que le personnel manque pour en armer à volonté. Ce dernier est dans l'ensemble épuisé.
Si les 48 patients Covid-19 en réanimation ne saturent pas encore les lits, Bruno Lévy note que la situation en hospitalisation conventionnelle est plus tendue, et qu'elle augure d'un transfert d'environ 20% de ces patients vers la réanimation dans les jours à venir.
Par ailleurs, la situation oblige à déprogrammer des hospitalisations et opérations qui pour certaines ont déjà été reportées 2 fois depuis mars, engendrant une aggravation potentielle de l'état de santé de ces patients.
Le Dr François Sirveaux, chirurgien orthopédiste, explique ainsi devoir annuler 9 opérations sur les 12 prévues la semaine prochaine, en sélectionnant les plus urgentes.
Mais une opération repoussée de 6 mois réduit fortement les chances de rémission du patient, explique-t-il, ajoutant que traditionnellement le nombre d'opérations programmées diminue pendant les fêtes pour remonter en début d'année, et qu'il fallait donc s'attendre à un nouvel afflux de patients, venant percuter l'afflux probable de nouveaux patients Covid-19.
En médecine, la situation actuelle est plus tendue qu'au printemps, estime le Pr Marc Debouverie, chef du service de neurologie. Il faut 2 fois par semaine ouvrir un secteur supplémentaire, notamment demain, et son encadrement médical n'est pas encore établi. "Nous allons devoir solliciter les pédiatres pour s'occuper d'adultes, et les chirurgiens pour faire de la médecine Covid-19", explique-t-il.
Si la question de transferts vers d'autres régions a été évoquée avec l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est et le ministère, ils ne sont pas d'actualité, précisent Bernard Dupont et Mathieu Klein à APMnews.
Même constat dans les établissements privés
La situation est similaire dans les cliniques Louis Pasteur et polyclinique de Gentilly à Nancy.
Le Dr Christophe Baillet, qui dirige la clinique Louis Pasteur, a accru les capacités de réanimation de 8 à 14 lits, dont 8 occupés par des patients Covid-19. Cela représente 50 personnels supplémentaires. S'ajoutent 10 patients "Covid-19 tièdes", alors que les effectifs sont eux aussi impactés par les congés scolaires et maladie. La moitié des interventions prévues par l'établissement ont dû être déprogrammées.
Franck Vanlangendonck, directeur de la polyclinique de Gentilly, décrit une situation assez proche. Chaque jour 7 à 8 patients (sur 40) Covid-19 nécessitant une hospitalisation arrivent aux urgences, sans lits pour les accueillir. L'établissement a dû annuler toute son activité chirurgicale une semaine avant Noël.
"Sur le secteur de réanimation, on a 10 lits généralement, aujourd'hui la situation du personnel absent pour Covid-19 fait qu'on tourne actuellement sur 6 lits, sur lesquels on a 5 patients Covid-19", poursuit-il.
Une situation qui préfigure l'évolution nationale?
Interrogé sur la pertinence des mesures annoncées dans la région à compter du samedi 2 janvier, dont un probable couvre-feu dès 18 heures, le Pr Rabaud estime que cette mesure serait plus pertinente dans les territoires où la situation est aujourd'hui maîtrisée, afin qu'elle le reste, les territoires de l'est de la France les plus touchés appelant selon lui des mesures plus fortes et dès aujourd'hui, et non pas dans 5 jours.
Le Pr Rabaud estime que Nancy n'est pas "esseulée" mais en avance sur ce qui attend le reste du territoire dans quelques semaines, comme l'a été Mulhouse au printemps dernier, renouvelant ses craintes exprimées avant Noël (cf dépêche du 21/12/2020 à 14:59).
Le CHU de Nancy concerné par la phase pilote de vaccination dans la région Le DG du CHU, Bernard Dupont, a évoqué le démarrage de la phase pilote de la campagne régionale de vaccination contre le Covid-19. Elle démarrera le lundi 4 janvier au sein des services dépendant du CHU (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes -Ehpad-, et unités de soins longue durée -USLD), soit environ 150 résidents éligibles. |
bd/ab/APMnews
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COVID-19: LES ÉTABLISSEMENTS NANCÉENS, DÉJÀ SOUS TRÈS FORTE TENSION, CRAIGNENT LES DEUX SEMAINES À VENIR
Ils s'exprimaient lors d'une conférence de presse en ligne organisée par le maire de Nancy, Mathieu Klein (PS). Ce dernier évoque une situation "extrêmement tendue" tant aux urgences qu'en hospitalisation conventionnelle et en réanimation et soins continus, du fait de l'afflux de patients atteints du Covid-19 que connaissent les établissements depuis début décembre.
Le directeur général du CHU de Nancy Bernard Dupont énumère 175 patients atteints du Covid-19 actuellement hospitalisés dans son établissement, dont 48 en réanimation et soins continus (pour un total de 66 lits de réanimation en temps normal et environ 90 actuellement).
Le CHU compte par ailleurs autant de patients en réanimation hospitalisés pour d'autres raisons que le Covid-19, ajoute-t-il. Il note que la situation du sud de la Meurthe-et-Moselle se distingue particulièrement du reste de la région.
Le Pr Christian Rabaud, infectiologue et président de la commission médicale d'établissements (CME), estime que la situation, déjà très tendue, ne peut que se dégrader dans les 10 jours à venir, du fait des fêtes de fin d'année.
Le Pr Gérard Audibert, responsable du service anesthésie et réanimation du CHU, fait valoir qu'au plus fort de la seconde vague à l'automne dernier, le CHU comptait déjà une cinquantaine de patients Covid-19 en réanimation.
Le Pr Bruno Lévy, également réanimateur au CHU (hôpital Brabois), note une forte pression sur la réanimation hors Covid-19, bien que ce dernier soit en train de "prendre le pas".
Leurs équipes risquent d'être amenées à faire des choix "très difficiles" alors que les capacités en lits de réanimation n'ont plus qu' "un peu de marge", étant donné que le personnel manque pour en armer à volonté. Ce dernier est dans l'ensemble épuisé.
Si les 48 patients Covid-19 en réanimation ne saturent pas encore les lits, Bruno Lévy note que la situation en hospitalisation conventionnelle est plus tendue, et qu'elle augure d'un transfert d'environ 20% de ces patients vers la réanimation dans les jours à venir.
Par ailleurs, la situation oblige à déprogrammer des hospitalisations et opérations qui pour certaines ont déjà été reportées 2 fois depuis mars, engendrant une aggravation potentielle de l'état de santé de ces patients.
Le Dr François Sirveaux, chirurgien orthopédiste, explique ainsi devoir annuler 9 opérations sur les 12 prévues la semaine prochaine, en sélectionnant les plus urgentes.
Mais une opération repoussée de 6 mois réduit fortement les chances de rémission du patient, explique-t-il, ajoutant que traditionnellement le nombre d'opérations programmées diminue pendant les fêtes pour remonter en début d'année, et qu'il fallait donc s'attendre à un nouvel afflux de patients, venant percuter l'afflux probable de nouveaux patients Covid-19.
En médecine, la situation actuelle est plus tendue qu'au printemps, estime le Pr Marc Debouverie, chef du service de neurologie. Il faut 2 fois par semaine ouvrir un secteur supplémentaire, notamment demain, et son encadrement médical n'est pas encore établi. "Nous allons devoir solliciter les pédiatres pour s'occuper d'adultes, et les chirurgiens pour faire de la médecine Covid-19", explique-t-il.
Si la question de transferts vers d'autres régions a été évoquée avec l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est et le ministère, ils ne sont pas d'actualité, précisent Bernard Dupont et Mathieu Klein à APMnews.
Même constat dans les établissements privés
La situation est similaire dans les cliniques Louis Pasteur et polyclinique de Gentilly à Nancy.
Le Dr Christophe Baillet, qui dirige la clinique Louis Pasteur, a accru les capacités de réanimation de 8 à 14 lits, dont 8 occupés par des patients Covid-19. Cela représente 50 personnels supplémentaires. S'ajoutent 10 patients "Covid-19 tièdes", alors que les effectifs sont eux aussi impactés par les congés scolaires et maladie. La moitié des interventions prévues par l'établissement ont dû être déprogrammées.
Franck Vanlangendonck, directeur de la polyclinique de Gentilly, décrit une situation assez proche. Chaque jour 7 à 8 patients (sur 40) Covid-19 nécessitant une hospitalisation arrivent aux urgences, sans lits pour les accueillir. L'établissement a dû annuler toute son activité chirurgicale une semaine avant Noël.
"Sur le secteur de réanimation, on a 10 lits généralement, aujourd'hui la situation du personnel absent pour Covid-19 fait qu'on tourne actuellement sur 6 lits, sur lesquels on a 5 patients Covid-19", poursuit-il.
Une situation qui préfigure l'évolution nationale?
Interrogé sur la pertinence des mesures annoncées dans la région à compter du samedi 2 janvier, dont un probable couvre-feu dès 18 heures, le Pr Rabaud estime que cette mesure serait plus pertinente dans les territoires où la situation est aujourd'hui maîtrisée, afin qu'elle le reste, les territoires de l'est de la France les plus touchés appelant selon lui des mesures plus fortes et dès aujourd'hui, et non pas dans 5 jours.
Le Pr Rabaud estime que Nancy n'est pas "esseulée" mais en avance sur ce qui attend le reste du territoire dans quelques semaines, comme l'a été Mulhouse au printemps dernier, renouvelant ses craintes exprimées avant Noël (cf dépêche du 21/12/2020 à 14:59).
Le CHU de Nancy concerné par la phase pilote de vaccination dans la région Le DG du CHU, Bernard Dupont, a évoqué le démarrage de la phase pilote de la campagne régionale de vaccination contre le Covid-19. Elle démarrera le lundi 4 janvier au sein des services dépendant du CHU (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes -Ehpad-, et unités de soins longue durée -USLD), soit environ 150 résidents éligibles. |
bd/ab/APMnews