Actualités de l'Urgence - APM

02/08 2022
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DE PREMIÈRES MESURES ISSUES DE LA CONFÉRENCE DES PARTIES PRENANTES POURRAIENT ÊTRE INSCRITES DANS LE PLFSS POUR 2023 (FRANÇOIS BRAUN)

(Par Sabine NEULAT-ISARD et Geoffroy LANG)

PARIS, 2 août 2022 (APMnews) - Les mesures les plus consensuelles qui ressortiront des premières concertations lancées en prévision de la future conférence des parties prenantes pourraient être inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, a-t-on appris mardi lors d'un entretien avec le ministre de la santé et de la prévention, François Braun.

APMnews: Vous avez été nommé ministre de la santé et de la prévention le 4 juillet [cf dépêche du 04/07/2022 à 11:55]. Agnès Firmin Le Bodo a elle-même été désignée ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé. Comment se répartissent vos attributions respectives? Par ailleurs, comment allez-vous travailler avec Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, et Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées?

François Braun, crédit: Sipa
François Braun, crédit: Sipa

François Braun: Le champ d'activité est très large, donc on n'est pas trop de quatre pour le couvrir. Il existe une continuité entre le champ du handicap et de l'autonomie et la santé. Elle est essentielle pour les parcours de santé. Nous travaillons dans cette continuité. L'objectif du ministère de la santé et de la prévention est de lutter contre les inégalités d'accès à la santé. Celles-ci touchent tout le monde. Mon travail est de donner l'axe et l'objectif. On est dans une globalité de traitement et de prise en charge. On a tronçonné pendant trop longtemps la prévention d'un côté et le soin de l'autre, le dépistage et le suivi des patients. Ce qu'il faut réussir, ce sont les parcours.

Pour la première fois, le mot prévention figure dans l'intitulé de votre ministère. Que comptez-vous faire dans ce domaine?

C'est essentiel. On est en retard sur notre politique de prévention, même si des choses ont été faites. Il faut aborder cette question de façon compréhensible. On fait de la prévention depuis deux ans avec la crise Covid. Pour autant, l'image qu'elle offre est peut-être une image contraignante, pas spontanée. Je veux créer de la valeur positive pour les Français! Pour cela je veux par exemple engager une révolution 'sport, handisport et santé' avec mes collègues du gouvernement. Nous avons la chance d'accueillir les Jeux olympiques en 2024, profitons-en pour parler de sport et passer des messages de prévention.

Mais la prévention ne s'arrête pas là. Elle concerne aussi les consultations aux âges clés de la vie -25, 45, 65 et 75 ans- que nous sommes en train de structurer. Mais outre les actions de prévention que je souhaite intégrer dans les bilans de santé, je compte mener des actions plus spécifiques, sur la prévention du cancer du col de l'utérus à travers la vaccination, ou le dépistage un peu plus systématique de la drépanocytose. Être et rester en bonne santé tout au long de sa vie, voilà mon ambition pour tous les Français.

Pour y arriver, il faut donner envie à la société de s'engager dans cette culture de la prévention. Après, nous pourrons décliner beaucoup plus facilement nos actions.

Vous êtes un hospitalier, un homme de terrain. Vous avez aussi dirigé une organisation professionnelle (Samu-Urgences de France). À quel moment avez-vous eu envie d'endosser ce costume de ministre?

Je n'ai jamais exprimé cette envie! En revanche, avec Samu-Urgences de France, nous avons toujours eu envie de trouver des solutions aux problèmes. Lorsqu'on m'a demandé de participer au programme du président de la République, j'y ai vu une opportunité intéressante pour faire passer les idées et apporter des solutions. Puis les choses se sont enchaînées avec l'alerte sur les services d'urgences, la mission 'flash' qui a permis d'apporter des outils… Je n'ai pas dit oui tout de suite mais il y a un moment où il faut savoir jusqu'où on veut aller, soit on râle tout le temps, soit on se dit 'je prends les choses en main et je les fais comme je pense qu'il faut les faire'.

Quels sont les premiers échos et les remontées que vous avez sur la mise en oeuvre des mesures de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés [cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27 et dépêche du 11/07/2022 à 18:43] que vous avez conduite avant d'être nommé ministre?

Les échos sont encore divergents et pas bien structurés, on a mis en place un suivi régulier de l'activité qui nous permet de savoir ce qu'il se passe. Ce qui compte désormais, c'est de comprendre la situation de chaque territoire, et de vérifier que les mesures de l'été permettent de faire bouger les lignes.

Je me déplace beaucoup, je vais sur le terrain, les territoires s'emparent des mesures de façon différente: certains se sont plus appuyés sur la réponse de médecine générale, d'autres s'appuient plus sur le renfort de la régulation, d'autres sur une organisation différente au niveau des urgences.

On a un panel d'initiatives qui est en train de se développer grâce notamment au soutien que nous leur apportons, on va voir petit à petit les retours et on pourra analyser ce qui a fonctionné d'ici la mi-septembre.

Il y a pourtant des services d'urgence qui ferment ponctuellement, comme récemment encore à Lyon ou à Valence?

Ce ne sont pas des fermetures mais des accès régulés, c'est différent. Il y a peu de fermetures, et quand il y a fermeture, il existe une solution territoriale alternative. La réponse aux urgences vitales est maintenue, cela peut créer de l'inquiétude, parce qu'on n'a jamais connu une situation comme ça.

On suit en particulier trois spécialités qui sont en difficulté: les urgences, les maternités et la psychiatrie. La situation est très tendue sur certains secteurs mais pour l'instant ça tient, les urgences vitales sont prises en charge.

Les mesures de la mission flash sont une première réponse, construites dans l'urgence de l'été. On traite les symptômes, il faut désormais qu'on traite la maladie car notre système de santé n'est pas aussi efficace qu'il devrait l'être.

C'est ce quoi à quoi je veux m'atteler, à faire cette transformation d'un système basé sur l'offre vers un système basé sur la réponse aux besoins, c'est en cela que la conférence des parties prenantes va nous aider à reconstruire des bases, au national comme dans tous les territoires.

Comment va se dérouler cette conférence des parties prenantes? Qui va y participer et en quoi se distingue-t-elle du Conseil national de la refondation annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron?

Ce n'est pas la même chose que le Conseil national de la refondation mais cela va s'intégrer dedans, on est dans cette logique de prendre en main la santé, l'écologie et l'école.

Cela sera lancé par le président de la République début septembre. Concernant la conférence des parties prenantes, on a déjà commencé le travail par les entretiens que j'ai, depuis mon arrivée, avec tous les représentants des corps de métiers, les syndicats que j'ai encore reçus hier, déjà pour expliquer la démarche, préparer ce démarrage officiel et voir où on va.

On est en train d'éplucher les contributions des uns et des autres pour voir les grands axes qui se détachent, avec deux principes: le premier c'est de s'attacher à la santé dans sa globalité, c'est-à-dire prévention, dépistage, soin et suivi. Notre urgence, c'est d'apporter des réponses aux inégalités d'accès à la santé, qu'elles soient territoriales, sociales, liées à des fragilités particulières ou à l'âge. Ce n'est pas le lieu où on va traiter de la gouvernance de l'hôpital.

Quand on met dans les mesures que la permanence des soins ne doit pas être supportée que par le public et qu'on doit travailler public et privé ensemble, on avance sur la réponse au besoin. Il est temps de sortir d'une logique d'offre où chacun est de son côté.

Cette conférence doit nous permettre de lancer une dynamique et d’affiner ce que j’ai appelé la 'boîte à outils'. Nous allons nous appuyer sur ce qui se fait dans les territoires, pour agir vite et donner de l’espoir à nos concitoyens et aux soignants, tout en prenant le temps de travailler à des solutions qui justifient des travaux de plus long cours.

Est-ce que cela signifie qu'aucune mesure issue de la conférence sera inscrite au PLFSS pour 2023?

Le travail qui sera conduit de septembre à mi-octobre doit déjà permettre d'identifier les engagements pouvant être pris très vite, dans le débat sur le PLFSS.

Certaines mesures seront peut-être en contradiction avec l'éthique, on va les rejeter. D'autres propositions, si elles ne font pas consensus et qu'elles sont utiles justifieront que chacun fasse un pas vers l'autre. On aura enfin des propositions où des blocs vont s'opposer et ça, on va les travailler encore plus.

Est-ce que les maternités et la psychiatrie feront partie des sujets de la conférence des parties prenantes et quel regard portez-vous sur les tensions qui touchent les maternités et notamment le manque de sages-femmes?

Il y a un grand manque de sages-femmes dans les maternités, elles quittent les maternités pour s'installer en ville, là aussi il y a quelque chose. On voit bien que le principe de la pénibilité du travail, du travail de nuit et le week-end, est quelque chose qui pèse beaucoup et que les gens se détournent de ces activités.

J'ai rencontré plusieurs fois des sages-femmes qui me disent qu'elles n'en peuvent plus de travailler la nuit et le week-end. Là aussi, on a une responsabilité collective à organiser entre les professionnels, on ne peut pas continuer à dire 'il y a d'un côté l'hôpital public qui subit toutes les contraintes les plus pénibles et de l'autre côté des gens qui pour le même métier n'ont pas de contraintes'.

Il ne faut pas non plus se tromper de combat: 98% du territoire est couvert pour la permanence des soins (PDS). Le véritable enjeu est en journée, ce n'est pas la permanence des soins, c'est la continuité des soins, comment on accède à un médecin en journée […], c'est un véritable sujet puisque les médecins n'arrivent plus à prendre de patients supplémentaires.

C'est là-dessus qu'on a voulu jouer sur ces 15 euros supplémentaires pour l'été [une majoration accordée pour les patients adressés par les Samu-centre 15 et acceptés hors patientèle par des médecins généralistes sur des plages de soins non programmés], on suit avec l'assurance maladie pour voir si ces actes sont largement utilisés ou pas.

C'est là où il faut travailler sur l'exercice aidé, avec les assistants médicaux qui ont des résultats, 10% de patients en plus, et qu'il faut travailler sur les transferts de tâches et les transferts de compétences dans le cadre d'un exercice coordonné.

Avez-vous une feuille de route particulière pour la psychiatrie et allez-vous maintenir la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie avec Franck Bellivier à sa tête?

Il y a eu les Assises de la psychiatrie qui ont fixé un cap ambitieux. Je vais continuer dans cette logique bien entendu. Quant à la délégation ministérielle, il n'y a aucune raison de la remettre en cause.

san-gl/ab/APMnews

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(Par Sabine NEULAT-ISARD et Geoffroy LANG)

PARIS, 2 août 2022 (APMnews) - Les mesures les plus consensuelles qui ressortiront des premières concertations lancées en prévision de la future conférence des parties prenantes pourraient être inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, a-t-on appris mardi lors d'un entretien avec le ministre de la santé et de la prévention, François Braun.

APMnews: Vous avez été nommé ministre de la santé et de la prévention le 4 juillet [cf dépêche du 04/07/2022 à 11:55]. Agnès Firmin Le Bodo a elle-même été désignée ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé. Comment se répartissent vos attributions respectives? Par ailleurs, comment allez-vous travailler avec Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, et Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées?

François Braun, crédit: Sipa
François Braun, crédit: Sipa

François Braun: Le champ d'activité est très large, donc on n'est pas trop de quatre pour le couvrir. Il existe une continuité entre le champ du handicap et de l'autonomie et la santé. Elle est essentielle pour les parcours de santé. Nous travaillons dans cette continuité. L'objectif du ministère de la santé et de la prévention est de lutter contre les inégalités d'accès à la santé. Celles-ci touchent tout le monde. Mon travail est de donner l'axe et l'objectif. On est dans une globalité de traitement et de prise en charge. On a tronçonné pendant trop longtemps la prévention d'un côté et le soin de l'autre, le dépistage et le suivi des patients. Ce qu'il faut réussir, ce sont les parcours.

Pour la première fois, le mot prévention figure dans l'intitulé de votre ministère. Que comptez-vous faire dans ce domaine?

C'est essentiel. On est en retard sur notre politique de prévention, même si des choses ont été faites. Il faut aborder cette question de façon compréhensible. On fait de la prévention depuis deux ans avec la crise Covid. Pour autant, l'image qu'elle offre est peut-être une image contraignante, pas spontanée. Je veux créer de la valeur positive pour les Français! Pour cela je veux par exemple engager une révolution 'sport, handisport et santé' avec mes collègues du gouvernement. Nous avons la chance d'accueillir les Jeux olympiques en 2024, profitons-en pour parler de sport et passer des messages de prévention.

Mais la prévention ne s'arrête pas là. Elle concerne aussi les consultations aux âges clés de la vie -25, 45, 65 et 75 ans- que nous sommes en train de structurer. Mais outre les actions de prévention que je souhaite intégrer dans les bilans de santé, je compte mener des actions plus spécifiques, sur la prévention du cancer du col de l'utérus à travers la vaccination, ou le dépistage un peu plus systématique de la drépanocytose. Être et rester en bonne santé tout au long de sa vie, voilà mon ambition pour tous les Français.

Pour y arriver, il faut donner envie à la société de s'engager dans cette culture de la prévention. Après, nous pourrons décliner beaucoup plus facilement nos actions.

Vous êtes un hospitalier, un homme de terrain. Vous avez aussi dirigé une organisation professionnelle (Samu-Urgences de France). À quel moment avez-vous eu envie d'endosser ce costume de ministre?

Je n'ai jamais exprimé cette envie! En revanche, avec Samu-Urgences de France, nous avons toujours eu envie de trouver des solutions aux problèmes. Lorsqu'on m'a demandé de participer au programme du président de la République, j'y ai vu une opportunité intéressante pour faire passer les idées et apporter des solutions. Puis les choses se sont enchaînées avec l'alerte sur les services d'urgences, la mission 'flash' qui a permis d'apporter des outils… Je n'ai pas dit oui tout de suite mais il y a un moment où il faut savoir jusqu'où on veut aller, soit on râle tout le temps, soit on se dit 'je prends les choses en main et je les fais comme je pense qu'il faut les faire'.

Quels sont les premiers échos et les remontées que vous avez sur la mise en oeuvre des mesures de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés [cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27 et dépêche du 11/07/2022 à 18:43] que vous avez conduite avant d'être nommé ministre?

Les échos sont encore divergents et pas bien structurés, on a mis en place un suivi régulier de l'activité qui nous permet de savoir ce qu'il se passe. Ce qui compte désormais, c'est de comprendre la situation de chaque territoire, et de vérifier que les mesures de l'été permettent de faire bouger les lignes.

Je me déplace beaucoup, je vais sur le terrain, les territoires s'emparent des mesures de façon différente: certains se sont plus appuyés sur la réponse de médecine générale, d'autres s'appuient plus sur le renfort de la régulation, d'autres sur une organisation différente au niveau des urgences.

On a un panel d'initiatives qui est en train de se développer grâce notamment au soutien que nous leur apportons, on va voir petit à petit les retours et on pourra analyser ce qui a fonctionné d'ici la mi-septembre.

Il y a pourtant des services d'urgence qui ferment ponctuellement, comme récemment encore à Lyon ou à Valence?

Ce ne sont pas des fermetures mais des accès régulés, c'est différent. Il y a peu de fermetures, et quand il y a fermeture, il existe une solution territoriale alternative. La réponse aux urgences vitales est maintenue, cela peut créer de l'inquiétude, parce qu'on n'a jamais connu une situation comme ça.

On suit en particulier trois spécialités qui sont en difficulté: les urgences, les maternités et la psychiatrie. La situation est très tendue sur certains secteurs mais pour l'instant ça tient, les urgences vitales sont prises en charge.

Les mesures de la mission flash sont une première réponse, construites dans l'urgence de l'été. On traite les symptômes, il faut désormais qu'on traite la maladie car notre système de santé n'est pas aussi efficace qu'il devrait l'être.

C'est ce quoi à quoi je veux m'atteler, à faire cette transformation d'un système basé sur l'offre vers un système basé sur la réponse aux besoins, c'est en cela que la conférence des parties prenantes va nous aider à reconstruire des bases, au national comme dans tous les territoires.

Comment va se dérouler cette conférence des parties prenantes? Qui va y participer et en quoi se distingue-t-elle du Conseil national de la refondation annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron?

Ce n'est pas la même chose que le Conseil national de la refondation mais cela va s'intégrer dedans, on est dans cette logique de prendre en main la santé, l'écologie et l'école.

Cela sera lancé par le président de la République début septembre. Concernant la conférence des parties prenantes, on a déjà commencé le travail par les entretiens que j'ai, depuis mon arrivée, avec tous les représentants des corps de métiers, les syndicats que j'ai encore reçus hier, déjà pour expliquer la démarche, préparer ce démarrage officiel et voir où on va.

On est en train d'éplucher les contributions des uns et des autres pour voir les grands axes qui se détachent, avec deux principes: le premier c'est de s'attacher à la santé dans sa globalité, c'est-à-dire prévention, dépistage, soin et suivi. Notre urgence, c'est d'apporter des réponses aux inégalités d'accès à la santé, qu'elles soient territoriales, sociales, liées à des fragilités particulières ou à l'âge. Ce n'est pas le lieu où on va traiter de la gouvernance de l'hôpital.

Quand on met dans les mesures que la permanence des soins ne doit pas être supportée que par le public et qu'on doit travailler public et privé ensemble, on avance sur la réponse au besoin. Il est temps de sortir d'une logique d'offre où chacun est de son côté.

Cette conférence doit nous permettre de lancer une dynamique et d’affiner ce que j’ai appelé la 'boîte à outils'. Nous allons nous appuyer sur ce qui se fait dans les territoires, pour agir vite et donner de l’espoir à nos concitoyens et aux soignants, tout en prenant le temps de travailler à des solutions qui justifient des travaux de plus long cours.

Est-ce que cela signifie qu'aucune mesure issue de la conférence sera inscrite au PLFSS pour 2023?

Le travail qui sera conduit de septembre à mi-octobre doit déjà permettre d'identifier les engagements pouvant être pris très vite, dans le débat sur le PLFSS.

Certaines mesures seront peut-être en contradiction avec l'éthique, on va les rejeter. D'autres propositions, si elles ne font pas consensus et qu'elles sont utiles justifieront que chacun fasse un pas vers l'autre. On aura enfin des propositions où des blocs vont s'opposer et ça, on va les travailler encore plus.

Est-ce que les maternités et la psychiatrie feront partie des sujets de la conférence des parties prenantes et quel regard portez-vous sur les tensions qui touchent les maternités et notamment le manque de sages-femmes?

Il y a un grand manque de sages-femmes dans les maternités, elles quittent les maternités pour s'installer en ville, là aussi il y a quelque chose. On voit bien que le principe de la pénibilité du travail, du travail de nuit et le week-end, est quelque chose qui pèse beaucoup et que les gens se détournent de ces activités.

J'ai rencontré plusieurs fois des sages-femmes qui me disent qu'elles n'en peuvent plus de travailler la nuit et le week-end. Là aussi, on a une responsabilité collective à organiser entre les professionnels, on ne peut pas continuer à dire 'il y a d'un côté l'hôpital public qui subit toutes les contraintes les plus pénibles et de l'autre côté des gens qui pour le même métier n'ont pas de contraintes'.

Il ne faut pas non plus se tromper de combat: 98% du territoire est couvert pour la permanence des soins (PDS). Le véritable enjeu est en journée, ce n'est pas la permanence des soins, c'est la continuité des soins, comment on accède à un médecin en journée […], c'est un véritable sujet puisque les médecins n'arrivent plus à prendre de patients supplémentaires.

C'est là-dessus qu'on a voulu jouer sur ces 15 euros supplémentaires pour l'été [une majoration accordée pour les patients adressés par les Samu-centre 15 et acceptés hors patientèle par des médecins généralistes sur des plages de soins non programmés], on suit avec l'assurance maladie pour voir si ces actes sont largement utilisés ou pas.

C'est là où il faut travailler sur l'exercice aidé, avec les assistants médicaux qui ont des résultats, 10% de patients en plus, et qu'il faut travailler sur les transferts de tâches et les transferts de compétences dans le cadre d'un exercice coordonné.

Avez-vous une feuille de route particulière pour la psychiatrie et allez-vous maintenir la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie avec Franck Bellivier à sa tête?

Il y a eu les Assises de la psychiatrie qui ont fixé un cap ambitieux. Je vais continuer dans cette logique bien entendu. Quant à la délégation ministérielle, il n'y a aucune raison de la remettre en cause.

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