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03/12 2019
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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: DANS LES SEINS EXTRÊMEMENT DENSES, L'IRM DIMINUE LES CANCERS DE L'INTERVALLE

WASHINGTON, 3 décembre 2019 (APMnews) - Associer un examen par IRM à la mammographie pour le dépistage du cancer dans les seins extrêmement denses a permis de diminuer la survenue de cancers de l'intervalle, ce qui suggère une amélioration de l'efficacité du dépistage, selon une étude randomisée néerlandaise publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

Les femmes ayant des seins extrêmement denses ont un risque augmenté de cancer du sein, mais en raison de la forte densité du tissu mammaire, la mammographie détecte moins bien les cancers. Il y a donc une nécessité de stratégies de dépistage spécifiques: l'ajout de l'IRM est une possibilité.

L'étude DENSE a pour but de valider cette stratégie. Elle compare l'association mammographie-IRM (chez 8.061 femmes) à la mammographie seule (chez 32.312 femmes).

L'objectif à long terme est de diminuer la mortalité et la morbidité. Pour avoir à plus court terme une idée de l'efficacité de cette stratégie, Marije Bakker de l'université d'Utrecht et ses collègues se sont intéressés aux cancers de l'intervalle (qui sont détectés dans l'intervalle entre 2 examens, et peuvent donc être considérés comme ayant été manqués lors de l'examen précédent), supposant que ce risque serait diminué avec l'ajout de l'IRM.

On n'en est qu'au début de l'étude. Les chercheurs néerlandais rapportent les résultats sur les cancers du sein détectés lors du premier intervalle de 2 ans, soit après le cycle qui a immédiatement suivi la randomisation.

Dans une analyse de l'ensemble des femmes incluses, l'incidence des cancers de l'intervalle était de 2,5 pour 1.000 dépistages dans le groupe IRM contre 5 pour 1.000 dans le groupe mammographie seule.

Mais en réalité, toutes les femmes invitées à avoir un IRM en plus de la mammographie ne l'ont pas fait: seules 59% ont accepté cette invitation.

Si on restreint l'analyse aux femmes qui ont bien eu un IRM, l'incidence des cancers de l'intervalle n'est plus que de 0,8/1.000. Le risque de cancer de l'intervalle serait donc divisé par plus de 5 si l'on ajoute l'IRM à la mammographie pour les seins extrêmement denses.

Les chercheurs notent toutefois un inconvénient de l'ajout de l'IRM, qui est un taux de faux-positifs élevé. Durant le premier cycle, dans le groupe IRM + mammographie, le taux de rappel de patientes s'élevait à 94,9/1.000 (soit près de 10% des femmes), dont 16,5/1.000 ont été confirmés comme étant des cancers et 79,8/1.000 (les trois quarts) étaient de faux-positifs.

Avant d'envisager de mettre en application l'association IRM-mammographie, il est nécessaire de trouver des moyens de diminuer le taux de faux-positifs, par des logiciels d'aide au diagnostic, estiment-ils.

Dans un éditorial, Dan Longo du NEJM pointe également le fait que la fréquence des cancers avec atteinte ganglionnaire dépistés par l'association IRM-mammographie était similaire à la mammographie seule (1,9 cas/1.000 contre 2,2/1.000). Et avec l'IRM, la détection de carcinomes in situ était 10 fois plus fréquente (0,31% contre 0,03%). Il rappelle l'incertitude sur le bénéfice en termes de survie de traiter ces cancers très précoces qui n'auraient pas été détectés sans le dépistage.

Mais ce n'est que le début de l'étude et le suivi à plus long terme, avec plusieurs cycles, permettra de mieux appréhender les avantages et inconvénients de l'ajout de l'IRM.

(NEJM, 28 novembre, vol.381, n°22, p2091-2102 & 2169-2170)

fb/ab/APMnews

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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: DANS LES SEINS EXTRÊMEMENT DENSES, L'IRM DIMINUE LES CANCERS DE L'INTERVALLE

WASHINGTON, 3 décembre 2019 (APMnews) - Associer un examen par IRM à la mammographie pour le dépistage du cancer dans les seins extrêmement denses a permis de diminuer la survenue de cancers de l'intervalle, ce qui suggère une amélioration de l'efficacité du dépistage, selon une étude randomisée néerlandaise publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM).

Les femmes ayant des seins extrêmement denses ont un risque augmenté de cancer du sein, mais en raison de la forte densité du tissu mammaire, la mammographie détecte moins bien les cancers. Il y a donc une nécessité de stratégies de dépistage spécifiques: l'ajout de l'IRM est une possibilité.

L'étude DENSE a pour but de valider cette stratégie. Elle compare l'association mammographie-IRM (chez 8.061 femmes) à la mammographie seule (chez 32.312 femmes).

L'objectif à long terme est de diminuer la mortalité et la morbidité. Pour avoir à plus court terme une idée de l'efficacité de cette stratégie, Marije Bakker de l'université d'Utrecht et ses collègues se sont intéressés aux cancers de l'intervalle (qui sont détectés dans l'intervalle entre 2 examens, et peuvent donc être considérés comme ayant été manqués lors de l'examen précédent), supposant que ce risque serait diminué avec l'ajout de l'IRM.

On n'en est qu'au début de l'étude. Les chercheurs néerlandais rapportent les résultats sur les cancers du sein détectés lors du premier intervalle de 2 ans, soit après le cycle qui a immédiatement suivi la randomisation.

Dans une analyse de l'ensemble des femmes incluses, l'incidence des cancers de l'intervalle était de 2,5 pour 1.000 dépistages dans le groupe IRM contre 5 pour 1.000 dans le groupe mammographie seule.

Mais en réalité, toutes les femmes invitées à avoir un IRM en plus de la mammographie ne l'ont pas fait: seules 59% ont accepté cette invitation.

Si on restreint l'analyse aux femmes qui ont bien eu un IRM, l'incidence des cancers de l'intervalle n'est plus que de 0,8/1.000. Le risque de cancer de l'intervalle serait donc divisé par plus de 5 si l'on ajoute l'IRM à la mammographie pour les seins extrêmement denses.

Les chercheurs notent toutefois un inconvénient de l'ajout de l'IRM, qui est un taux de faux-positifs élevé. Durant le premier cycle, dans le groupe IRM + mammographie, le taux de rappel de patientes s'élevait à 94,9/1.000 (soit près de 10% des femmes), dont 16,5/1.000 ont été confirmés comme étant des cancers et 79,8/1.000 (les trois quarts) étaient de faux-positifs.

Avant d'envisager de mettre en application l'association IRM-mammographie, il est nécessaire de trouver des moyens de diminuer le taux de faux-positifs, par des logiciels d'aide au diagnostic, estiment-ils.

Dans un éditorial, Dan Longo du NEJM pointe également le fait que la fréquence des cancers avec atteinte ganglionnaire dépistés par l'association IRM-mammographie était similaire à la mammographie seule (1,9 cas/1.000 contre 2,2/1.000). Et avec l'IRM, la détection de carcinomes in situ était 10 fois plus fréquente (0,31% contre 0,03%). Il rappelle l'incertitude sur le bénéfice en termes de survie de traiter ces cancers très précoces qui n'auraient pas été détectés sans le dépistage.

Mais ce n'est que le début de l'étude et le suivi à plus long terme, avec plusieurs cycles, permettra de mieux appréhender les avantages et inconvénients de l'ajout de l'IRM.

(NEJM, 28 novembre, vol.381, n°22, p2091-2102 & 2169-2170)

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