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25/02 2019
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GRAND DÉBAT NATIONAL: LES URGENCES HOSPITALIÈRES SE TOURNENT VERS LA MÉDECINE DE VILLE POUR SORTIR DE LA CRISE

PARIS, 25 février 2019 (APMnews) - De nombreux professionnels de santé se sont prononcés en faveur d'une collaboration plus étroite entre ville et hôpital pour améliorer le fonctionnement des urgences hospitalières, à l'occasion d'un débat organisé samedi par l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) à la mairie du Xe arrondissement de Paris.

"Les urgences, c'est le miroir grossissant de tous les problèmes de la médecine", a exposé le porte-parole de l'Amuf Christophe Prudhomme, lors d'un propos liminaire à ce débat organisé par le syndicat d'urgentistes dans le cadre du grand débat national.

Alexandra Cordebard, la maire (PS) du Xe arrondissement de Paris, Anne Sourys, adjointe à la maire de Paris chargée de la santé et des relations avec l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP, étaient présentes lors de ce débat qui a rassemblé une petite trentaine de participants, professionnels de santé, représentants de structures médico-sociales, ou simples usagers.

"Il y a des choses à changer avec la médecine de ville, parce que nous avons dévalorisé la médecine générale", a-t-il poursuivi, en déplorant une baisse de 10.000 généralistes depuis 10 ans qui devrait se poursuivre "jusqu'en 2025".

"Il faut former plus de médecins et surtout plus de généralistes", a insisté le porte-parole de l'Amuf en saluant la suppression du numerus clausus, inscrit dans le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé (cf dépêche du 13/02/2019 à 17:48).

Une collaboration plus vertueuse et plus développée entre la médecine ville et l'hôpital a été plébiscitée par les participants de ce débat.

"La proposition du député Olivier Véran [LREM, Isère] pour la création d’un forfait de réorientation est un non-sens total", s'est emporté Maxime Gautier, urgentiste à l'hôpital Lariboisière (AP-HP, Paris), en faisant référence à la mesure inspirée par le député de la majorité et inscrite dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour l'expérimentation d'un forfait de coordination afin d'inciter les services d'urgence hospitaliers à réorienter des patients vers d'autres modes de prise en charge (cf dépêche du 24/12/2018 à 10:03).

"Si on nous met une maison de santé devant l'hôpital on pourra tout à fait les réorienter", a assuré le médecin urgentiste en citant les "10% à 20% des patients pris en charge aux urgences" de façon superflue, mis en exergue par la Cour des comptes (cf dépêche du 06/02/2019 à 09:30).

Il a également pointé la souffrance des personnels médicaux et surtout paramédicaux dont le turn-over élevé nuit à la qualité des soins.

"Il faudrait adosser des centres de santé ou des maisons de santé à chaque hôpital", a acquiescé la vice-présidente de la CME de l'AP-HP, Anne Gervais.

"Aujourd'hui les internes veulent s'installer en ville, mais en centre de santé ou en maison de santé pluriprofessionnelle", a assuré la spécialiste des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP).

"Mais pour les rassurer, il faut bâtir un lien avec l'hôpital", a-t-elle ajouté, en notant que "les centres de santé sont quasiment toujours déficitaires".

"En 2002, la fin des astreintes obligatoires de la participation [de la médecine de ville] à la permanence des soins a été une catastrophe", a fait remarquer Patrick Pelloux, le président de l'Amuf, rejoint sur ce point par le Dr Franck Legrand, chef du service des urgences du CH d'Armentières (Nord): "Si l'hôpital doit s'ouvrir à la ville, la ville doit également s'ouvrir à l'hôpital".

"Les maisons médicales de garde coûtent une fortune et ne fonctionnent pas", a-t-il poursuivi, "les centres de soins non programmés, les centres de santé, les maisons de santé doivent remédier à ça". "Je ne réclame plus des moyens supplémentaires [pour les urgences] car ça ne sert à rien, nous sommes arrivés au bout d'un système", a assuré l'urgentiste, "la solution se trouve en amont ou en aval".

Pour le Dr Pelloux, l'hôpital public est également en retard sur de nouvelles solutions d'offres de soins comme la plateforme Doctolib: "Il faut réussir à développer de nouveaux modèles pour arriver à créer une nouvelle offre".

"Les modes de financement différenciés entre ville et hôpital bloquent la coopération du fait de l'intérêt de chacun à garder sa patientèle", a fait remarquer le Dr Alain Beaupin, médecin au centre de santé Richerand à Paris.

Le médecin généraliste a toutefois rapporté que l'arrivée d'un assistant partagé entre son centre de santé et les urgences de l'hôpital Lariboisière depuis le mois de novembre 2018 avait considérablement amélioré la coordination entre le centre de santé et l'hôpital, un constat partagé par l'urgentiste Maxime Gautier.

Un enjeu de bientraitance pour les patients

"Quand on emmène des personnes de plus de 90 ans aux urgences, on est culpabilisé par le trauma qu'on va leur causer et par l'encombrement qu'on va provoquer aux urgences", a rapporté Florence Soyer, directrice de la résidence Magenta, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) parisien du groupe Korian.

"On manque de lits à l'hôpital et on n'est pas les seuls à le dire", s'est insurgé Christophe Prudhomme au sujet des temps d'attente des patients aux urgences en citant à l'appui Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Un hôpital qui a plus de 85% de taux d'occupation des lits ne peut pas fonctionner correctement", a-t-il assuré en défendant une flexibilité capacitaire de 20% pour donner aux établissements la capacité de s'adapter aux variations d’activité.

gl/ab/APMnews

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PARIS, 25 février 2019 (APMnews) - De nombreux professionnels de santé se sont prononcés en faveur d'une collaboration plus étroite entre ville et hôpital pour améliorer le fonctionnement des urgences hospitalières, à l'occasion d'un débat organisé samedi par l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) à la mairie du Xe arrondissement de Paris.

"Les urgences, c'est le miroir grossissant de tous les problèmes de la médecine", a exposé le porte-parole de l'Amuf Christophe Prudhomme, lors d'un propos liminaire à ce débat organisé par le syndicat d'urgentistes dans le cadre du grand débat national.

Alexandra Cordebard, la maire (PS) du Xe arrondissement de Paris, Anne Sourys, adjointe à la maire de Paris chargée de la santé et des relations avec l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP, étaient présentes lors de ce débat qui a rassemblé une petite trentaine de participants, professionnels de santé, représentants de structures médico-sociales, ou simples usagers.

"Il y a des choses à changer avec la médecine de ville, parce que nous avons dévalorisé la médecine générale", a-t-il poursuivi, en déplorant une baisse de 10.000 généralistes depuis 10 ans qui devrait se poursuivre "jusqu'en 2025".

"Il faut former plus de médecins et surtout plus de généralistes", a insisté le porte-parole de l'Amuf en saluant la suppression du numerus clausus, inscrit dans le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé (cf dépêche du 13/02/2019 à 17:48).

Une collaboration plus vertueuse et plus développée entre la médecine ville et l'hôpital a été plébiscitée par les participants de ce débat.

"La proposition du député Olivier Véran [LREM, Isère] pour la création d’un forfait de réorientation est un non-sens total", s'est emporté Maxime Gautier, urgentiste à l'hôpital Lariboisière (AP-HP, Paris), en faisant référence à la mesure inspirée par le député de la majorité et inscrite dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour l'expérimentation d'un forfait de coordination afin d'inciter les services d'urgence hospitaliers à réorienter des patients vers d'autres modes de prise en charge (cf dépêche du 24/12/2018 à 10:03).

"Si on nous met une maison de santé devant l'hôpital on pourra tout à fait les réorienter", a assuré le médecin urgentiste en citant les "10% à 20% des patients pris en charge aux urgences" de façon superflue, mis en exergue par la Cour des comptes (cf dépêche du 06/02/2019 à 09:30).

Il a également pointé la souffrance des personnels médicaux et surtout paramédicaux dont le turn-over élevé nuit à la qualité des soins.

"Il faudrait adosser des centres de santé ou des maisons de santé à chaque hôpital", a acquiescé la vice-présidente de la CME de l'AP-HP, Anne Gervais.

"Aujourd'hui les internes veulent s'installer en ville, mais en centre de santé ou en maison de santé pluriprofessionnelle", a assuré la spécialiste des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP).

"Mais pour les rassurer, il faut bâtir un lien avec l'hôpital", a-t-elle ajouté, en notant que "les centres de santé sont quasiment toujours déficitaires".

"En 2002, la fin des astreintes obligatoires de la participation [de la médecine de ville] à la permanence des soins a été une catastrophe", a fait remarquer Patrick Pelloux, le président de l'Amuf, rejoint sur ce point par le Dr Franck Legrand, chef du service des urgences du CH d'Armentières (Nord): "Si l'hôpital doit s'ouvrir à la ville, la ville doit également s'ouvrir à l'hôpital".

"Les maisons médicales de garde coûtent une fortune et ne fonctionnent pas", a-t-il poursuivi, "les centres de soins non programmés, les centres de santé, les maisons de santé doivent remédier à ça". "Je ne réclame plus des moyens supplémentaires [pour les urgences] car ça ne sert à rien, nous sommes arrivés au bout d'un système", a assuré l'urgentiste, "la solution se trouve en amont ou en aval".

Pour le Dr Pelloux, l'hôpital public est également en retard sur de nouvelles solutions d'offres de soins comme la plateforme Doctolib: "Il faut réussir à développer de nouveaux modèles pour arriver à créer une nouvelle offre".

"Les modes de financement différenciés entre ville et hôpital bloquent la coopération du fait de l'intérêt de chacun à garder sa patientèle", a fait remarquer le Dr Alain Beaupin, médecin au centre de santé Richerand à Paris.

Le médecin généraliste a toutefois rapporté que l'arrivée d'un assistant partagé entre son centre de santé et les urgences de l'hôpital Lariboisière depuis le mois de novembre 2018 avait considérablement amélioré la coordination entre le centre de santé et l'hôpital, un constat partagé par l'urgentiste Maxime Gautier.

Un enjeu de bientraitance pour les patients

"Quand on emmène des personnes de plus de 90 ans aux urgences, on est culpabilisé par le trauma qu'on va leur causer et par l'encombrement qu'on va provoquer aux urgences", a rapporté Florence Soyer, directrice de la résidence Magenta, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) parisien du groupe Korian.

"On manque de lits à l'hôpital et on n'est pas les seuls à le dire", s'est insurgé Christophe Prudhomme au sujet des temps d'attente des patients aux urgences en citant à l'appui Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

"Un hôpital qui a plus de 85% de taux d'occupation des lits ne peut pas fonctionner correctement", a-t-il assuré en défendant une flexibilité capacitaire de 20% pour donner aux établissements la capacité de s'adapter aux variations d’activité.

gl/ab/APMnews

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