Actualités de l'Urgence - APM

04/03 2019
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GUADELOUPE: L'ARS ET DES DIRECTEURS D'HÔPITAL DÉFENDENT LA QUALITÉ DU SYSTÈME DE SANTÉ

POINTE-A-PITRE, 4 mars 2019 (APMnews) - La directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Valérie Denux, et des directeurs d'hôpital défendent la qualité du système de santé de la région tout en reconnaissant certaines difficultés, dans une tribune diffusée samedi.

Outre Valérie Denux, la tribune est signée par Gérard Cotellon, directeur général du CHU de Guadeloupe, Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier (CH) de la Basse-Terre, et Xavier Bouchaut, directeur de l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Guadeloupe.

"On trouve régulièrement, notamment sur les médias sociaux, des informations inquiétantes sur le système de santé de notre territoire", écrivent-ils.

Il est "faux" de dire "que les patients sont en danger" en Guadeloupe, "car en dépit des manques, les professionnels de santé ont une très grande conscience professionnelle. Ils savent aiguiller les patients en fonction de leurs besoins et n'hésitent pas à faire appel aux autres territoires français lorsque c'est nécessaire".

Ce qui est "grave", ce sont les patients "qui n'ayant plus confiance dans leur système de santé retardent leur prise en charge en n'allant pas consulter ou en ne se rendant pas aux urgences. Notre population doit retrouver confiance dans son système de santé pour aller de l'avant", poursuivent-ils.

Les cosignataires reconnaissent toutefois l'existence de "véritables difficultés structurelles", comme un manque important de médecins de ville, la vétusté de locaux d'hôpital et de grandes difficultés financières.

"Les suites de l'incendie du CHU, notre éloignement de la métropole et notre nature archipélagique exacerbent les difficultés" et les conditions d'exercice pour les professionnels "ne sont pas toujours simples", rapportent-ils.

Les priorités sont de "donner envie aux jeunes médecins de s'installer", de mettre en place une "gestion efficace" des établissements pour qu'ils puissent "investir et innover", et de "réorganiser les filières de prise en charge pour mieux orienter [les] patients".

Investir dans les équipements plutôt que dans la trésorerie

Les cosignataires soulignent que la "quasi-totalité" des hôpitaux de Guadeloupe ont des difficultés financières "significatives".

"Les établissements guadeloupéens ont, il est vrai, des charges fixes supérieures aux établissements métropolitains en raison du surcoût de transport des produits et équipements de santé, en raison des indexations de salaire, en raison des coûts d’entretien et de la fréquence de maintenance nécessaire."

En revanche, "il est clair aussi [qu'ils] doivent remettre en place des fondamentaux de gestion comme le contrôle interne, les modalités de recrutement, le suivi des absences, le temps de travail réglementaire, les processus achats, etc."

"Le niveau national est arrivé en limite de l’aide financière qu’il peut apporter à nos hôpitaux. C’est environ 300 millions d'euros qui ont été injectés ces trois dernières années pour compenser les déficits et la crise du CHU !", écrivent-ils.

Cette somme "colossale" aurait été "beaucoup plus utile" à de l'investissement en équipements, en recherche et en innovation. "Nous ne pouvons pas envisager l'entrée dans le nouveau CHU", prévue en 2022 (cf dépêche du 01/10/2018 à 16:09), "pour lequel l'Etat investit 580 M€, avec de telles difficultés de gestion".

"Nous devons collectivement nous mobiliser pour rendre nos hôpitaux plus performants", insistent-ils.

"Les gens ne meurent pas aux urgences" en l'absence de soins

Sur la question des urgences, la directrice générale de l'ARS et les directeurs d'hôpital affirment que le temps moyen d'attente en Guadeloupe, de "5 heures", se situe dans" la moyenne".

"Ceci n'est pas une raison pour ne pas tenter d'améliorer la situation. Il est important de corriger avant tout les informations diffusées par les réseaux sociaux: les gens ne meurent pas aux urgences du fait d'absence de soins."

Un travail est notamment en cours pour orienter les patients "en fonction des compétences de chaque établissement, en évitant certains passages [...] par des entrées directes dans les services hospitaliers, en mettant en place des consultations d’urgence de gériatrie par exemple", expliquent-ils.

Ils soulignent toutefois que les locaux des urgences du CHU ne sont plus adaptés en raison de l’incendie dont il a été victime en novembre 2017 (cf dépêche du 30/11/2018 à 17:59).

"Les urgences devraient retrouver leurs locaux initiaux dans les prochains mois. La mise en place d’une zone d’accueil dédiée aux pompiers est en cours afin de réduire leur temps d’attente et une maison médicale de garde au sein même du CHU pourrait être envisagée", précisent-ils.

19 M€ d'investissement pour la psychiatrie

Concernant la création en janvier du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Guadeloupe (cf dépêche du 28/01/2019 à 16:16), ils déclarent que son but premier n'est pas de faire des "économies" mais de "mieux prendre en charge les patients tout en évitant de gaspiller les énergies et les moyens".

Le GHT représente "la mise en place d’un maillage territorial entre tous les établissements publics de santé, auxquels les établissements privés peuvent s’associer, afin de proposer des parcours de soins lisibles et préétablis aux patients".

Par exemple, "pour un patient diabétique, il sera clairement établi comment sa prise en charge de proximité est faite et vers quels établissements on peut lui proposer d’aller ensuite pour des examens plus poussés ou des soins d’un niveau technique plus important", écrivent-ils.

L'offre de psychiatrie est également abordée dans la tribune, les cosignataires annoncent que "l'objectif 2019" est d'élaborer un projet territorial de santé mentale après la constitution en 2018 de l'EPSM de la Guadeloupe (cf dépêche du 10/04/2018 à 18:35).

Ce projet s'accompagnera de 19,3 M€ d'investissement pour une "remise à niveau" des deux sites de l'EPSM, à Saint-Claude et Pointe-à-Pitre. "L’ARS a déjà attribué plus de 2 M€ d’aides en 2018" dans ce cadre, indiquent-ils.

syl/ab/APMnews

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GUADELOUPE: L'ARS ET DES DIRECTEURS D'HÔPITAL DÉFENDENT LA QUALITÉ DU SYSTÈME DE SANTÉ

POINTE-A-PITRE, 4 mars 2019 (APMnews) - La directrice générale de l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Valérie Denux, et des directeurs d'hôpital défendent la qualité du système de santé de la région tout en reconnaissant certaines difficultés, dans une tribune diffusée samedi.

Outre Valérie Denux, la tribune est signée par Gérard Cotellon, directeur général du CHU de Guadeloupe, Christine Wilhelm, directrice du centre hospitalier (CH) de la Basse-Terre, et Xavier Bouchaut, directeur de l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Guadeloupe.

"On trouve régulièrement, notamment sur les médias sociaux, des informations inquiétantes sur le système de santé de notre territoire", écrivent-ils.

Il est "faux" de dire "que les patients sont en danger" en Guadeloupe, "car en dépit des manques, les professionnels de santé ont une très grande conscience professionnelle. Ils savent aiguiller les patients en fonction de leurs besoins et n'hésitent pas à faire appel aux autres territoires français lorsque c'est nécessaire".

Ce qui est "grave", ce sont les patients "qui n'ayant plus confiance dans leur système de santé retardent leur prise en charge en n'allant pas consulter ou en ne se rendant pas aux urgences. Notre population doit retrouver confiance dans son système de santé pour aller de l'avant", poursuivent-ils.

Les cosignataires reconnaissent toutefois l'existence de "véritables difficultés structurelles", comme un manque important de médecins de ville, la vétusté de locaux d'hôpital et de grandes difficultés financières.

"Les suites de l'incendie du CHU, notre éloignement de la métropole et notre nature archipélagique exacerbent les difficultés" et les conditions d'exercice pour les professionnels "ne sont pas toujours simples", rapportent-ils.

Les priorités sont de "donner envie aux jeunes médecins de s'installer", de mettre en place une "gestion efficace" des établissements pour qu'ils puissent "investir et innover", et de "réorganiser les filières de prise en charge pour mieux orienter [les] patients".

Investir dans les équipements plutôt que dans la trésorerie

Les cosignataires soulignent que la "quasi-totalité" des hôpitaux de Guadeloupe ont des difficultés financières "significatives".

"Les établissements guadeloupéens ont, il est vrai, des charges fixes supérieures aux établissements métropolitains en raison du surcoût de transport des produits et équipements de santé, en raison des indexations de salaire, en raison des coûts d’entretien et de la fréquence de maintenance nécessaire."

En revanche, "il est clair aussi [qu'ils] doivent remettre en place des fondamentaux de gestion comme le contrôle interne, les modalités de recrutement, le suivi des absences, le temps de travail réglementaire, les processus achats, etc."

"Le niveau national est arrivé en limite de l’aide financière qu’il peut apporter à nos hôpitaux. C’est environ 300 millions d'euros qui ont été injectés ces trois dernières années pour compenser les déficits et la crise du CHU !", écrivent-ils.

Cette somme "colossale" aurait été "beaucoup plus utile" à de l'investissement en équipements, en recherche et en innovation. "Nous ne pouvons pas envisager l'entrée dans le nouveau CHU", prévue en 2022 (cf dépêche du 01/10/2018 à 16:09), "pour lequel l'Etat investit 580 M€, avec de telles difficultés de gestion".

"Nous devons collectivement nous mobiliser pour rendre nos hôpitaux plus performants", insistent-ils.

"Les gens ne meurent pas aux urgences" en l'absence de soins

Sur la question des urgences, la directrice générale de l'ARS et les directeurs d'hôpital affirment que le temps moyen d'attente en Guadeloupe, de "5 heures", se situe dans" la moyenne".

"Ceci n'est pas une raison pour ne pas tenter d'améliorer la situation. Il est important de corriger avant tout les informations diffusées par les réseaux sociaux: les gens ne meurent pas aux urgences du fait d'absence de soins."

Un travail est notamment en cours pour orienter les patients "en fonction des compétences de chaque établissement, en évitant certains passages [...] par des entrées directes dans les services hospitaliers, en mettant en place des consultations d’urgence de gériatrie par exemple", expliquent-ils.

Ils soulignent toutefois que les locaux des urgences du CHU ne sont plus adaptés en raison de l’incendie dont il a été victime en novembre 2017 (cf dépêche du 30/11/2018 à 17:59).

"Les urgences devraient retrouver leurs locaux initiaux dans les prochains mois. La mise en place d’une zone d’accueil dédiée aux pompiers est en cours afin de réduire leur temps d’attente et une maison médicale de garde au sein même du CHU pourrait être envisagée", précisent-ils.

19 M€ d'investissement pour la psychiatrie

Concernant la création en janvier du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Guadeloupe (cf dépêche du 28/01/2019 à 16:16), ils déclarent que son but premier n'est pas de faire des "économies" mais de "mieux prendre en charge les patients tout en évitant de gaspiller les énergies et les moyens".

Le GHT représente "la mise en place d’un maillage territorial entre tous les établissements publics de santé, auxquels les établissements privés peuvent s’associer, afin de proposer des parcours de soins lisibles et préétablis aux patients".

Par exemple, "pour un patient diabétique, il sera clairement établi comment sa prise en charge de proximité est faite et vers quels établissements on peut lui proposer d’aller ensuite pour des examens plus poussés ou des soins d’un niveau technique plus important", écrivent-ils.

L'offre de psychiatrie est également abordée dans la tribune, les cosignataires annoncent que "l'objectif 2019" est d'élaborer un projet territorial de santé mentale après la constitution en 2018 de l'EPSM de la Guadeloupe (cf dépêche du 10/04/2018 à 18:35).

Ce projet s'accompagnera de 19,3 M€ d'investissement pour une "remise à niveau" des deux sites de l'EPSM, à Saint-Claude et Pointe-à-Pitre. "L’ARS a déjà attribué plus de 2 M€ d’aides en 2018" dans ce cadre, indiquent-ils.

syl/ab/APMnews

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