Actualités de l'Urgence - APM

Le syndicat FO du Chicam a alerté en fin de semaine dernière sur une fermeture des urgences du site de Mamers annoncée pour le lundi 29 novembre par la direction lors d'un comité technique d'établissement (CTE) ainsi que sur d'autres fermetures de lits et/ou services (10 lits de soins de suite et de réadaptation -SSR-, réduction du nombre de lits de soins palliatifs) par manque d'infirmiers.

Selon FO, 43 équivalents temps plein (ETP) d'infirmiers manquent au Chicam "pour couvrir le capacitaire habituel avant Covid".

Le syndicat avait appelé à la grève mardi avec un rassemblement devant l'hôpital de Mamers (Sarthe). Des élus dont le maire, Frédéric Beauchef, ont participé à la manifestation pour défendre les urgences et au-delà l'hôpital public.

Des élus ont communiqué depuis pour dire que la fermeture des urgences du site de Mamers était évitée mais ont continué "à tirer la sonnette d'alarme".

Interrogé lors d'une conférence de la direction territoriale de la Sarthe sur les investissements Ségur et d'autres actualités, Stephan Domingo a indiqué qu'il avait "eu confirmation hier [lundi] par la direction du Chicam que les urgences de Mamers restaient ouvertes tout décembre là où le risque était une fermeture à partir du 29 novembre".

"Ils ont réussi à trouver une organisation interne qui permette d'avoir du personnel paramédical en nombre suffisant notamment des infirmiers car sur ce site, les urgentistes sont là mais ce sont les infirmiers qui font défaut. Le personnel s'est mobilisé pour faire plus d'heures et l'ARS Normandie [Alençon est dans l'Orne] a recouru à la réserve sanitaire pour avoir des infirmiers qui viennent compléter les équipes sur cette période de tension très forte", a-t-il développé.

Le site de Mamers avait déjà connu une alerte cet été avec un risque de fermeture des urgences fin juillet et tout août et la réserve sanitaire était venue épauler le temps de recruter des paramédicaux, a-t-il noté.

Contactée à plusieurs reprises par APMnews, la direction du Chicam n'était pas en mesure de répondre.

Des difficultés structurelles en Sarthe

Les difficultés de personnel sont importantes dans la Sarthe où 50% des postes d'urgentistes sont vacants, soit un manque de 40 médecins urgentistes sur le département, a rappelé le directeur territorial.

Cela représente "beaucoup de temps à tenter de compléter les plannings de garde et sans être à l'abri d'une absence au dernier moment qui peut entraîner une fermeture" provisoire.

"L'agence considère que la dorsale des urgences en Sarthe, c'est un service d'urgences H24 au CH du Mans, un autre au Pôle santé Sarthe-et-Loir (PSSL) au Bailleul, un service d'urgences au pôle Santé Sud et un au CH de La Ferté-Bernard", a-t-il expliqué.

À Mamers, Saint-Calais et Montval-sur-Loir, les établissements "connaissent régulièrement des fermetures ponctuelles mais structurelles", a-t-il reconnu.

Le PSSL et le CH du Mans travaillent depuis début 2021 notamment sur les urgences avec le chef de service au Mans et qui prend aussi la responsabilité du service des urgences du PSSL en termes d'organisation, de pratiques, de gestion du tableau de garde avec des intérimaires qualifiés, pour avoir une dynamique de confiance, un meilleur accueil des patients mais également des conditions de sécurisation et de prise en charge plus fortes, notamment pour les équipes médicales et paramédicales, a-t-il poursuivi.

"Nous mettons en place dans ce cadre-là une équipe territoriale médecine d'urgence" avec des recrutements pour le Bailleul, Saint-Calais, Le Mans et La Ferté-Bernard qui se discutent avec une vraie stratégie de groupe quitte à préciser dans les recherches de candidatures que le professionnel interviendra sur plusieurs établissements.

La Sarthe mène aussi une expérimentation de service d'accès aux soins (SAS) financée par l'ARS pour 100.000 € cette année pour le déploiement. L'objectif est de "désengorger les urgences".

L'ARS réfléchit à étendre l'expérimentation de l'équipe paramédicale d'urgence (EPMU) menée au CH de Château-du-Loir à Montval-sur-Loir (cf dépêche du 03/05/2021 à 19:08). Elle permet de répondre aux urgences vitales en attendant l'arrivée du Smur, rappelle-t-on.

"Il y a un vrai bénéfice pour le patient", a-t-il rapporté. L'EPMU arrive en moyenne 22 minutes avant le Smur et prend en charge la douleur notamment. Une évaluation complète sera faite fin février. L'ARS travaille avec le CH du Mans pour créer une 2e équipe vers Saint-Calais où il existe des fragilités en matière de délai d'intervention.

Le ministre des solidarités et de la santé a été interpellé mardi à l'Assemblée nationale par la députée PS de la Sarthe, Marietta Karamanli, sur les fermetures liées au manque de personnel médical et paramédical dans plusieurs hôpitaux.

Olivier Véran a reconnu la situation difficile de la Sarthe, "un département particulièrement, particulièrement fragile, en matière de démographie médicale. Je crois que vous êtes 89e en partant de la fin en termes de démographie médicale".

Il a indiqué s'être engagé à revenir dans la Sarthe pour un débat spécifique sur les déserts médicaux.

sl/ab/APMnews