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16/07 2019
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LE CASA "NURSE", SAMU DE L'ARMÉE DE L'AIR ET ROUAGE ESSENTIEL DE L'OPÉRATION BARKHANE (REPORTAGE AVEC VIDÉO)

(Par Bruno DECOTTIGNIES et Geoffroy LANG)

PARIS, ÉVREUX, 16 juillet 2019 (APMnews) - Un avion Casa "Nurse" de l'armée de l'air, qui assure le transport sanitaire des militaires blessés lors de l'opération Barkhane au Sahel et dans le Sahara, a participé au défilé du 14 juillet à Paris, avec à bord deux journalistes d'APMnews.

"La mission prioritaire, c'est l'évacuation du blessé en mission mais le Casa 'Nurse' ne va pas faire que ça, il va faire également du transport de fret, du transport de matériel, et également du transport de personnel", a rapporté le capitaine Jonathan (les membres de l'équipage sont identifiés par leur prénom), médecin-chef au service de santé des armées (SSA).

"Une bonne partie des missions, c'est du transport de matériel, mais il y aura toujours l'équipe médicale, un médecin, un infirmier de l'armée de l'air et un [infirmier] convoyeur de l'armée de l'air, au cas où l'avion serait dérouté pour une mission", a poursuivi le praticien, récemment revenu de deux mois d'opération extérieure à N'Djaména (Tchad).

Déployés actuellement sur les bases militaires de Gao (Mali) et N'Djaména, les Casa "Nurse" sont des avions médicalisés mobilisables en permanence pour assurer le transport de blessés depuis le théâtre des opérations vers les hôpitaux de campagne de Gao et N'Djaména, sur des élongations qui peuvent atteindre plusieurs milliers de kilomètres au sein de la bande sahélo-saharienne (BSS).

Ils peuvent accueillir jusqu'à 12 blessés allongés sur des brancards, dont 2 blessés graves, intubés et ventilés.

Le capitaine Jonathan à l'intérieur du Casa "Nurse". A droite, l'arrière du bimoteur. Photos: Bruno Decottignies/APMnews

"La doctrine du service de santé des armées est de mettre un médecin au côté du blessé depuis son lieu de prise en charge initiale, son lieu de blessure, jusqu'à son rapatriement sanitaire en France", a contextualisé le capitaine Jonathan. "C'est un peu ce que fait le Samu finalement en France. La grande différence, c'est qu'on est à plusieurs de milliers de mètres d'altitude et que les conditions aéronautiques vont influencer l'état de santé du patient."

"Par exemple, le facteur de charge au décollage fait que le sang [du blessé allongé à bord] va aller vers l'arrière. Du coup, en fonction de la pathologie, on va mettre le patient soit tête avant, soit tête arrière", a-t-il ajouté.

Après leur internat, les médecins du SSA affectés à l'armée de l'air passent un brevet de médecine aéronautique de défense afin de savoir adapter leur pratique médicale à leurs conditions d'exercice: variations de pression, de température, vibrations, manque d'oxygène...

Une formation complémentaire de 4 jours est également dispensée aux soignants affectés à un Casa "Nurse" avant leur départ en mission.

"La principale difficulté, c'est l'anticipation"

"Tout est modulable à l'intérieur, quand on décide de déclencher le Casa, on a une heure pour tout préparer et décoller", a expliqué à APMnews le commandant Carole, qui a assisté le commandant Jérémie pour la participation du Casa au défilé militaire du 14 juillet.

Les commandants Jérémie et Carole pendant le briefing qui précède le vol. Photo: Bruno Decottignies/APMnews

"La principale difficulté en mission, c'est l'anticipation, puisqu'en vol il n'y plus de communication possible, une ergonomie et un matériel limité, on doit faire la demande en amont si on a besoin de poches de sang ou de sérum antivenin", a complété le capitaine Jonathan.

En vol, l'équipe médicale a à sa disposition des scopes, des aspirateurs de mucosités, un échographe, un électrocardiogramme (ECG), un respirateur artificiel ou encore un laboratoire portable.

"Avant de partir, on va connaître le nombre et le type de blessés, de pathologies, pour savoir s'il faudra faire un vol doux ou pas", a poursuivi le médecin-chef, en soulignant l'importance du dialogue entre médecin et équipage pour respecter les impératifs de sécurité et les besoins de prise en charge des blessés.

Pour l'opération Barkhane, la cellule de coordination et d'évacuation des blessés (PECC, Personal Evacuation Coordination Cell), qui décide du déclenchement d'une évacuation médicalisée d'un blessé (Medevac), est située N'Djaména.

Mais le directeur médical de N'Djaména et le directeur médical adjoint de Gao sont également associés à la planification des opérations des forces françaises, afin de s'assurer de la disponibilité des moyens sanitaires nécessaires.

"Si le Casa n'est pas disponible, on restreint les opérations", a souligné le capitaine Jonathan, "l'absence de l'équipage ou de l'équipe médicale est un critère de no go [abandon] pour les opérations".

En 2018, les Casa "Nurse" ont effectué 356 heures de vol pour 106 missions réalisées et 245 professionnels pris en charge.

Dimanche dernier, le défilé du 14 juillet a mis les blessés des armées à l'honneur, 100 ans après le défilés de Gueules cassées de la Grande guerre en 1919. Le Casa volait en formation avec un jet Falcon médicalisé qui assure le rapatriement sanitaire en métropole des militaires blessés en opération extérieure (Opex).

Le SSA comptait également deux unités défilantes au sol, avec 156 représentants des écoles militaires de santé de Lyon-Bron et 86 représentant de la direction de la médecine des forces.

gl-bd/nc/san/APMnews

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(Par Bruno DECOTTIGNIES et Geoffroy LANG)

PARIS, ÉVREUX, 16 juillet 2019 (APMnews) - Un avion Casa "Nurse" de l'armée de l'air, qui assure le transport sanitaire des militaires blessés lors de l'opération Barkhane au Sahel et dans le Sahara, a participé au défilé du 14 juillet à Paris, avec à bord deux journalistes d'APMnews.

"La mission prioritaire, c'est l'évacuation du blessé en mission mais le Casa 'Nurse' ne va pas faire que ça, il va faire également du transport de fret, du transport de matériel, et également du transport de personnel", a rapporté le capitaine Jonathan (les membres de l'équipage sont identifiés par leur prénom), médecin-chef au service de santé des armées (SSA).

"Une bonne partie des missions, c'est du transport de matériel, mais il y aura toujours l'équipe médicale, un médecin, un infirmier de l'armée de l'air et un [infirmier] convoyeur de l'armée de l'air, au cas où l'avion serait dérouté pour une mission", a poursuivi le praticien, récemment revenu de deux mois d'opération extérieure à N'Djaména (Tchad).

Déployés actuellement sur les bases militaires de Gao (Mali) et N'Djaména, les Casa "Nurse" sont des avions médicalisés mobilisables en permanence pour assurer le transport de blessés depuis le théâtre des opérations vers les hôpitaux de campagne de Gao et N'Djaména, sur des élongations qui peuvent atteindre plusieurs milliers de kilomètres au sein de la bande sahélo-saharienne (BSS).

Ils peuvent accueillir jusqu'à 12 blessés allongés sur des brancards, dont 2 blessés graves, intubés et ventilés.

Le capitaine Jonathan à l'intérieur du Casa "Nurse". A droite, l'arrière du bimoteur. Photos: Bruno Decottignies/APMnews

"La doctrine du service de santé des armées est de mettre un médecin au côté du blessé depuis son lieu de prise en charge initiale, son lieu de blessure, jusqu'à son rapatriement sanitaire en France", a contextualisé le capitaine Jonathan. "C'est un peu ce que fait le Samu finalement en France. La grande différence, c'est qu'on est à plusieurs de milliers de mètres d'altitude et que les conditions aéronautiques vont influencer l'état de santé du patient."

"Par exemple, le facteur de charge au décollage fait que le sang [du blessé allongé à bord] va aller vers l'arrière. Du coup, en fonction de la pathologie, on va mettre le patient soit tête avant, soit tête arrière", a-t-il ajouté.

Après leur internat, les médecins du SSA affectés à l'armée de l'air passent un brevet de médecine aéronautique de défense afin de savoir adapter leur pratique médicale à leurs conditions d'exercice: variations de pression, de température, vibrations, manque d'oxygène...

Une formation complémentaire de 4 jours est également dispensée aux soignants affectés à un Casa "Nurse" avant leur départ en mission.

"La principale difficulté, c'est l'anticipation"

"Tout est modulable à l'intérieur, quand on décide de déclencher le Casa, on a une heure pour tout préparer et décoller", a expliqué à APMnews le commandant Carole, qui a assisté le commandant Jérémie pour la participation du Casa au défilé militaire du 14 juillet.

Les commandants Jérémie et Carole pendant le briefing qui précède le vol. Photo: Bruno Decottignies/APMnews

"La principale difficulté en mission, c'est l'anticipation, puisqu'en vol il n'y plus de communication possible, une ergonomie et un matériel limité, on doit faire la demande en amont si on a besoin de poches de sang ou de sérum antivenin", a complété le capitaine Jonathan.

En vol, l'équipe médicale a à sa disposition des scopes, des aspirateurs de mucosités, un échographe, un électrocardiogramme (ECG), un respirateur artificiel ou encore un laboratoire portable.

"Avant de partir, on va connaître le nombre et le type de blessés, de pathologies, pour savoir s'il faudra faire un vol doux ou pas", a poursuivi le médecin-chef, en soulignant l'importance du dialogue entre médecin et équipage pour respecter les impératifs de sécurité et les besoins de prise en charge des blessés.

Pour l'opération Barkhane, la cellule de coordination et d'évacuation des blessés (PECC, Personal Evacuation Coordination Cell), qui décide du déclenchement d'une évacuation médicalisée d'un blessé (Medevac), est située N'Djaména.

Mais le directeur médical de N'Djaména et le directeur médical adjoint de Gao sont également associés à la planification des opérations des forces françaises, afin de s'assurer de la disponibilité des moyens sanitaires nécessaires.

"Si le Casa n'est pas disponible, on restreint les opérations", a souligné le capitaine Jonathan, "l'absence de l'équipage ou de l'équipe médicale est un critère de no go [abandon] pour les opérations".

En 2018, les Casa "Nurse" ont effectué 356 heures de vol pour 106 missions réalisées et 245 professionnels pris en charge.

Dimanche dernier, le défilé du 14 juillet a mis les blessés des armées à l'honneur, 100 ans après le défilés de Gueules cassées de la Grande guerre en 1919. Le Casa volait en formation avec un jet Falcon médicalisé qui assure le rapatriement sanitaire en métropole des militaires blessés en opération extérieure (Opex).

Le SSA comptait également deux unités défilantes au sol, avec 156 représentants des écoles militaires de santé de Lyon-Bron et 86 représentant de la direction de la médecine des forces.

gl-bd/nc/san/APMnews

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