Actualités de l'Urgence - APM

03/03 2023
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LE CHU D'ANGERS LANCE UNE TÉLÉMÉDECINE NOCTURNE EN EHPAD POUR RÉDUIRE ET DIFFÉRER L'ARRIVÉE DES PERSONNES ÂGÉES AUX URGENCES

ANGERS, 3 mars 2023 (APMnews) - Le CHU d'Angers a mis en place un dispositif de télémédecine nocturne en Ehpad depuis jeudi soir pour tenter de limiter et différer l'arrivée de personnes âgées aux urgences, ont présenté ses équipes lors d'une conférence de presse jeudi.

De l'ordre de 40% à 50% des hospitalisations en nuit profonde pourraient être différées chez les personnes âgées, permettant des soins dans leur lieu de vie le lendemain.

Pour améliorer les soins apportés aux personnes âgées la nuit, les médecins coordonnateurs des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Maine-et-Loire ainsi que les urgentistes et gériatres du CHU d'Angers proposent, depuis jeudi, un dispositif de visiorégulation nocturne associé à une mallette de soins d'urgence uniformisée contenant compresses et médicaments, a décrit le Dr Marine Asfar, gériatre et médecin coordonnateur de l'Ehpad Saint-Nicolas, au CHU d'Angers.

Soutenu par l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire et destiné aux personnels soignants et non soignants des Ehpad du département, il a vocation à améliorer la régulation de ces patients âgés, à les soulager quand cela est possible mais aussi limiter et différer leur hospitalisation aux urgences, au coeur de la nuit.

"Depuis la crise sanitaire du Covid-19, chaque Ehpad a un téléphone mobile. Une équipe mobile avait été mise en place au CHU pour intervenir dans les 140 Ehpad du département et l'ARS a souhaité continuer en la transformant en équipe mobile fragilités Ehpad avec une astreinte gériatrique sur Angers et l'agglomération. Plusieurs dispositifs se sont mis en place après la crise. Cette visio est une réponse supplémentaire pour limiter les hospitalisations en pleine nuit qui sont en partie injustifiées", a développé Samuel Tarlé, directeur adjoint au CHU d'Angers, directeur référent pour le pôle hospitalo-universitaire Paradh (Personnes âgées réadaptation accompagnement dépendance handicap).

"Les résidents d'Ehpad peuvent présenter un tableau de fragilités qu'il est important de prendre en compte avant d'envisager une hospitalisation", a rappelé le Dr Asfar.

"60% à 70% des résidents d'Ehpad sont désorientés ou à troubles cognitifs. L'attente aux urgences peut les rendre confus, ou avoir d'autres effets délétères. Etre alité sur un brancard favorise, par exemple, l'apparition d'escarres", a-t-elle aussi indiqué. En dehors des urgences vitales, certaines arrivées nocturnes aux urgences pourraient donc être évitées ou différées.

Le nouveau dispositif présenté jeudi propose une visiorégulation nocturne avec le Samu pour tous les Ehpad du département qui le souhaitent, à l'image de ce qui a été développé en 2010 dans les refuges de haute altitude en Rhône-Alpes.

Quand le professionnel d'un Ehpad appelle le 15, "si aucune urgence vitale n'est identifiée, il reçoit un SMS pour se connecter en visio avec le médecin régulateur urgentiste", a expliqué le Dr Delphine Douillet, urgentiste au CHU d'Angers.

"Le résident reçoit sur place des soins par le personnel de nuit, prescrits à l'oral et guidés à distance par le médecin régulateur. L'objectif est de pouvoir délivrer en nuit profonde des traitements permettant d'attendre l'évaluation par le médecin de l'Ehpad le matin."

Ce système de visiorégulation est déjà utilisé depuis deux ans en pédiatrie pour mieux évaluer la situation, notamment en traumatologie mais il ne l'était pas encore pour la délivrance de thérapeutiques.

Une étude pilote a montré que la visiorégulation en Samu-Centre 15 est un outil qui permet d'améliorer la décision du médecin régulateur dans presque 43% des cas, notamment en ce qui concerne la traumatologie.

Une mallette d'urgence pour faciliter les prescriptions

La mallette d’urgence sera identique dans tous les Ehpad du département. Photo: Catherine Jouannet, CHU d'Angers
La mallette d’urgence sera identique dans tous les Ehpad du département. Photo: Catherine Jouannet, CHU d'Angers

Ce dispositif de visiorégulation est complété d'une mallette de soins d'urgence.

"Une liste de médicaments est fournie aux Ehpad comprenant différents types de compresses, un désinfectant, des antidouleurs (du paracétamol jusqu'à la morphine), des médicaments en cas de crise d'asthme avec des dispositifs qui facilitent la prise par des personnes ayant des troubles cognitifs, des pansements facilitant la coagulation, des médicaments qui diminuent les nausées, en gros tout ce qui peut être pris à la maison si le médecin traitant fait une ordonnance", a décrit le Dr Asfar.

"Comme une maman invitée par le médecin régulateur à donner du paracétamol à son enfant fiévreux, il pourra être demandé à ces personnels de donner un médicament contenu dans la mallette sous l'oeil du régulateur. Il s'agit donc de thérapeutique simple, pas d'injectable", a-t-elle ajouté.

Les Ehpad prépareront ces mallettes avec leur pharmacie habituelle.

Une formation en distanciel est proposée aux personnels soignants et non soignants des Ehpad par les urgentistes du centre d'enseignement des soins d'urgence (Cesu) du CHU d'Angers dans le cadre de leur renouvellement de l'attestation aux gestes et soins d'urgence.

Pour la première nuit d'entrée en vigueur du dispositif, une dizaine d'Ehpad étaient prêts. L'ARS s'occupe de sensibiliser les 129 Ehpad du département. 92 Ehpad sont déjà équipés pour faire de la télémédecine et de la téléconsultation, a précisé Isabelle Monnier, déléguée territoriale de l'ARS pour le Maine-et-Loire. Elle a souligné que le dispositif permettait aussi de rassurer le personnel des Ehpad.

Des vidéos de présentation ont été préparées et des réunions d'information sont organisées.

Une étude pour évaluer le dispositif

Actuellement, on recense de 30 à 40 passages de personnes âgées entre 21h et 7h. "Nous pensons que le dispositif apportera une plus-value", a indiqué le Dr Douillet. "Grâce à la visio aussi, l'idée est qu'on ne loupe pas un adressage essentiel".

Dès le début de la réflexion, un projet de recherche a été associé pour évaluer et quantifier le changement de décision avec la visio et la trousse d'urgence, a-t-elle ajouté.

Une étude va chercher à quantifier l'efficacité du dispositif en comparant durant un an le taux d'hospitalisation nocturne des patients résidents en Ehpad en fonction de l'utilisation ou non de la visiorégulation, couplée à la trousse d'urgence par le centre 15.

sl/nc/APMnews

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ANGERS, 3 mars 2023 (APMnews) - Le CHU d'Angers a mis en place un dispositif de télémédecine nocturne en Ehpad depuis jeudi soir pour tenter de limiter et différer l'arrivée de personnes âgées aux urgences, ont présenté ses équipes lors d'une conférence de presse jeudi.

De l'ordre de 40% à 50% des hospitalisations en nuit profonde pourraient être différées chez les personnes âgées, permettant des soins dans leur lieu de vie le lendemain.

Pour améliorer les soins apportés aux personnes âgées la nuit, les médecins coordonnateurs des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Maine-et-Loire ainsi que les urgentistes et gériatres du CHU d'Angers proposent, depuis jeudi, un dispositif de visiorégulation nocturne associé à une mallette de soins d'urgence uniformisée contenant compresses et médicaments, a décrit le Dr Marine Asfar, gériatre et médecin coordonnateur de l'Ehpad Saint-Nicolas, au CHU d'Angers.

Soutenu par l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire et destiné aux personnels soignants et non soignants des Ehpad du département, il a vocation à améliorer la régulation de ces patients âgés, à les soulager quand cela est possible mais aussi limiter et différer leur hospitalisation aux urgences, au coeur de la nuit.

"Depuis la crise sanitaire du Covid-19, chaque Ehpad a un téléphone mobile. Une équipe mobile avait été mise en place au CHU pour intervenir dans les 140 Ehpad du département et l'ARS a souhaité continuer en la transformant en équipe mobile fragilités Ehpad avec une astreinte gériatrique sur Angers et l'agglomération. Plusieurs dispositifs se sont mis en place après la crise. Cette visio est une réponse supplémentaire pour limiter les hospitalisations en pleine nuit qui sont en partie injustifiées", a développé Samuel Tarlé, directeur adjoint au CHU d'Angers, directeur référent pour le pôle hospitalo-universitaire Paradh (Personnes âgées réadaptation accompagnement dépendance handicap).

"Les résidents d'Ehpad peuvent présenter un tableau de fragilités qu'il est important de prendre en compte avant d'envisager une hospitalisation", a rappelé le Dr Asfar.

"60% à 70% des résidents d'Ehpad sont désorientés ou à troubles cognitifs. L'attente aux urgences peut les rendre confus, ou avoir d'autres effets délétères. Etre alité sur un brancard favorise, par exemple, l'apparition d'escarres", a-t-elle aussi indiqué. En dehors des urgences vitales, certaines arrivées nocturnes aux urgences pourraient donc être évitées ou différées.

Le nouveau dispositif présenté jeudi propose une visiorégulation nocturne avec le Samu pour tous les Ehpad du département qui le souhaitent, à l'image de ce qui a été développé en 2010 dans les refuges de haute altitude en Rhône-Alpes.

Quand le professionnel d'un Ehpad appelle le 15, "si aucune urgence vitale n'est identifiée, il reçoit un SMS pour se connecter en visio avec le médecin régulateur urgentiste", a expliqué le Dr Delphine Douillet, urgentiste au CHU d'Angers.

"Le résident reçoit sur place des soins par le personnel de nuit, prescrits à l'oral et guidés à distance par le médecin régulateur. L'objectif est de pouvoir délivrer en nuit profonde des traitements permettant d'attendre l'évaluation par le médecin de l'Ehpad le matin."

Ce système de visiorégulation est déjà utilisé depuis deux ans en pédiatrie pour mieux évaluer la situation, notamment en traumatologie mais il ne l'était pas encore pour la délivrance de thérapeutiques.

Une étude pilote a montré que la visiorégulation en Samu-Centre 15 est un outil qui permet d'améliorer la décision du médecin régulateur dans presque 43% des cas, notamment en ce qui concerne la traumatologie.

Une mallette d'urgence pour faciliter les prescriptions

La mallette d’urgence sera identique dans tous les Ehpad du département. Photo: Catherine Jouannet, CHU d'Angers
La mallette d’urgence sera identique dans tous les Ehpad du département. Photo: Catherine Jouannet, CHU d'Angers

Ce dispositif de visiorégulation est complété d'une mallette de soins d'urgence.

"Une liste de médicaments est fournie aux Ehpad comprenant différents types de compresses, un désinfectant, des antidouleurs (du paracétamol jusqu'à la morphine), des médicaments en cas de crise d'asthme avec des dispositifs qui facilitent la prise par des personnes ayant des troubles cognitifs, des pansements facilitant la coagulation, des médicaments qui diminuent les nausées, en gros tout ce qui peut être pris à la maison si le médecin traitant fait une ordonnance", a décrit le Dr Asfar.

"Comme une maman invitée par le médecin régulateur à donner du paracétamol à son enfant fiévreux, il pourra être demandé à ces personnels de donner un médicament contenu dans la mallette sous l'oeil du régulateur. Il s'agit donc de thérapeutique simple, pas d'injectable", a-t-elle ajouté.

Les Ehpad prépareront ces mallettes avec leur pharmacie habituelle.

Une formation en distanciel est proposée aux personnels soignants et non soignants des Ehpad par les urgentistes du centre d'enseignement des soins d'urgence (Cesu) du CHU d'Angers dans le cadre de leur renouvellement de l'attestation aux gestes et soins d'urgence.

Pour la première nuit d'entrée en vigueur du dispositif, une dizaine d'Ehpad étaient prêts. L'ARS s'occupe de sensibiliser les 129 Ehpad du département. 92 Ehpad sont déjà équipés pour faire de la télémédecine et de la téléconsultation, a précisé Isabelle Monnier, déléguée territoriale de l'ARS pour le Maine-et-Loire. Elle a souligné que le dispositif permettait aussi de rassurer le personnel des Ehpad.

Des vidéos de présentation ont été préparées et des réunions d'information sont organisées.

Une étude pour évaluer le dispositif

Actuellement, on recense de 30 à 40 passages de personnes âgées entre 21h et 7h. "Nous pensons que le dispositif apportera une plus-value", a indiqué le Dr Douillet. "Grâce à la visio aussi, l'idée est qu'on ne loupe pas un adressage essentiel".

Dès le début de la réflexion, un projet de recherche a été associé pour évaluer et quantifier le changement de décision avec la visio et la trousse d'urgence, a-t-elle ajouté.

Une étude va chercher à quantifier l'efficacité du dispositif en comparant durant un an le taux d'hospitalisation nocturne des patients résidents en Ehpad en fonction de l'utilisation ou non de la visiorégulation, couplée à la trousse d'urgence par le centre 15.

sl/nc/APMnews

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