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21/01 2021
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LE CLCC OSCAR-LAMBRET ENTRE PROJETS STRUCTURANTS ET INQUIÉTUDES SUR LES RETARDS DE PRISE EN CHARGE

LILLE, 21 janvier 2021 (APMnews) - Le centre de lutte contre le cancer (CLCC) Oscar-Lambret, à Lille, fait face à un retard de prise en charge des cancers du fait de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, mais n'en mène pas moins les projets prévus avant celle-ci, a expliqué mardi son directeur général, le Pr Eric Lartigau, lors d'une conférence de presse en ligne.

Après une année 2019 marquée par une hausse d'activité de 4,3% (cf dépêche du 30/01/2020 à 17:05), le CLCC Oscar-Lambret a vu son activité 2020 fortement touchée par la crise sanitaire.

"Si le Centre Oscar-Lambret a observé une file active stable en 2020, il déplore une baisse globale du nombre de nouveaux patients pris en charge, -2% en 2020 versus 2019 [-7% en gynécologie et -8% en sénologie] avec des cas plus avancés au diagnostic", résume le CLCC dans un communiqué transmis après la conférence.

Le CLCC lillois n'a pas eu à déprogrammer d'actes en 2020, et a pu prendre en charge les patients déjà suivis et les nouveaux. Seules exceptions: les chirurgies hors cancer telles les reconstructions mammaires, déprogrammées lors du 1er confinement, puis progressivement reprogrammées.

Si l'activité d'oncologie médicale et de radiothérapie a même connu une légère hausse, le Pr Lartigau note un recul en chirurgie lors du dernier trimestre 2020 (-4% d'activité) du fait du cumul de retard dans les dépistages, qui aura notamment des conséquences économiques "significatives".

Eric Lartigau évoque un "effet de sidération" autour du CLCC lors du premier confinement, au printemps 2020, au cours duquel les dépistages et adressages de patients au CLCC se sont taris. Le déconfinement a permis à l'activité de reprendre progressivement, mais avec un plafonnement vite atteint et une activité moindre qu'habituellement, sur laquelle le second confinement n'a eu que peu d'effet.

Le directeur général du CLCC constate que ce frein a entraîné des retards de prise en charge induisant des prises en charge plus lourdes et des pertes de chance. Si la situation peut encore être rattrapée, il craint une hausse du nombre de décès dans les années à venir si l'année 2021 devait ressembler à l'année 2020.

La région Hauts-de-France enregistre la plus forte prévalence et mortalité par cancers de France, rappelle-t-il par ailleurs.

Baisse de 50% de l'activité relative aux cancers de l'ovaire

Le CLCC estime ainsi que la région Hauts-de-France compte 23.000 mammographies de retard, et enjoint à ne pas abandonner le dépistage. Eric Lartigau évoque par ailleurs 250.000 actes de coloscopie en retard en 2020 par rapport à 2019, rappelant que la fédération Unicancer a alerté sur ce risque en décembre 2020 (cf dépêche du 08/12/2020 à 13:05).

"Sur l'année 2020, nous avons à peu près 7% de patients qui n'ont pas été pris en charge par rapport aux années précédentes, cela représente, par rapport à la population présentant un cancer, des dizaines de milliers de patients qui ne sont pas venus aux soins" et en particulier, dans les Hauts-de-France, pour les cancers gynécologiques et cancers du sein (-4%).

Le nombre de patientes prises en charge entre 2019 et 2020 par le CLCC pour un cancer de l'ovaire a ainsi été divisé par 2, ce qui a amené le CLCC à alerter l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France, affirme le Pr Lartigau. Dans le même temps, les patientes prises en charge présentaient en moyenne des tumeurs plus évoluées qu'habituellement.

Il enjoint les usagers à ne pas attendre un "retour à la normale" ni d'être vaccinés pour se faire dépister, les diagnostics étant à nouveau possibles.

"L'année 2021 sera une année de transition, je crains que nous ne revenons pas à la normale avant la fin de l'année voire avant le début de l'année prochaine [...]. Elle ne doit pas être une année d'attente, elle doit rester une année de mobilisation et de continuité de la prise en charge, nous sommes prêts", commente-t-il.

Accent mis sur la prévention et les coopérations

L'année 2021 devrait aussi être marquée par l'avancée de différents projets.

Le CLCC travaille ainsi avec la Métropole européenne de Lille (MEL) et l'assurance maladie à l'instauration d'une consultation de prévention en santé proposée à toutes les femmes de 25 ans de la métropole, qui devrait être effective à la fin de l'année.

De manière générale, le CLCC va s'appliquer à développer les prises en charge ambulatoires (85% des patients du CLCC repartent le jour-même), la biologie de précision, les liens avec la médecine de ville et les établissements de santé, notamment via les outils numériques Mon Oscar (13.000 usagers) et Prédice, ou encore via le groupement de coopération sanitaire (GCS) Alliance cancer, qui l'associe au CHU de Lille pour développer des parcours patients entre les 2 établissements voisins.

Le CLCC poursuit aussi sa stratégie de postes partagés avec le CHU de Lille (neurologie, prise en charge des métastases osseuses) et le centre hospitalier (CH) de Tourcoing (en oncologie et en imagerie).

Ces projets s'inscrivent dans le cadre du projet d'établissement Indivisibles du CLCC, en cours de finalisation. Il vise notamment à disposer d'ici 2022 d'indicateurs d'activité produits de façon automatisée sur 8 grandes "familles" de patients adultes, par organe, et concernant les délais de prise en charge, la qualité de vie, la morbimortalité, l'accès à la recherche clinique, et les données de survie.

C'est grâce à la structuration déjà en place des 8 comités d'organe que le CLCC a pu identifier rapidement la forte baisse d'activité relative aux cancers de l'ovaire, indique le Pr Lartigau.

Projets immobiliers

Les travaux du futur bâtiment dévolu à la recherche sur le cancer, projet partagé avec le CHU de Lille, l'université de médecine, l'Inserm et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), entamés en 2020, doivent se poursuivre cette année, pour une livraison en 2023.

Le CLCC travaille également à de nouveaux locaux pour la chirurgie ambulatoire, pour lesquels les travaux du programmiste sont attendus fin mai. Les travaux doivent démarrer fin 2021 pour une livraison en 2023 des nouveaux blocs opératoires. Le projet comprend également un agrandissement de la pharmacie et une réorganisation de la bio-pathologie.

Fin janvier, le CLCC va entamer les travaux de son unité pédiatrique rénovée, qui se veut plus accueillante, et garde une capacité de 12 chambres. Une partie du CLCC a par ailleurs été réorganisée afin d'accueillir les 16-25 ans (une quinzaine de lits), jusqu'alors dispersés parmi les autres adultes.

En 2020, le CLCC a inauguré le nouveau bâtiment regroupant sa direction de la recherche clinique et de l'innovation (DCRI), soit une centaine de personnes, pour 150 études cliniques dont 40 promues en interne, évoque par ailleurs le Pr Lartigau.

bd/ab/APMnews

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LILLE, 21 janvier 2021 (APMnews) - Le centre de lutte contre le cancer (CLCC) Oscar-Lambret, à Lille, fait face à un retard de prise en charge des cancers du fait de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, mais n'en mène pas moins les projets prévus avant celle-ci, a expliqué mardi son directeur général, le Pr Eric Lartigau, lors d'une conférence de presse en ligne.

Après une année 2019 marquée par une hausse d'activité de 4,3% (cf dépêche du 30/01/2020 à 17:05), le CLCC Oscar-Lambret a vu son activité 2020 fortement touchée par la crise sanitaire.

"Si le Centre Oscar-Lambret a observé une file active stable en 2020, il déplore une baisse globale du nombre de nouveaux patients pris en charge, -2% en 2020 versus 2019 [-7% en gynécologie et -8% en sénologie] avec des cas plus avancés au diagnostic", résume le CLCC dans un communiqué transmis après la conférence.

Le CLCC lillois n'a pas eu à déprogrammer d'actes en 2020, et a pu prendre en charge les patients déjà suivis et les nouveaux. Seules exceptions: les chirurgies hors cancer telles les reconstructions mammaires, déprogrammées lors du 1er confinement, puis progressivement reprogrammées.

Si l'activité d'oncologie médicale et de radiothérapie a même connu une légère hausse, le Pr Lartigau note un recul en chirurgie lors du dernier trimestre 2020 (-4% d'activité) du fait du cumul de retard dans les dépistages, qui aura notamment des conséquences économiques "significatives".

Eric Lartigau évoque un "effet de sidération" autour du CLCC lors du premier confinement, au printemps 2020, au cours duquel les dépistages et adressages de patients au CLCC se sont taris. Le déconfinement a permis à l'activité de reprendre progressivement, mais avec un plafonnement vite atteint et une activité moindre qu'habituellement, sur laquelle le second confinement n'a eu que peu d'effet.

Le directeur général du CLCC constate que ce frein a entraîné des retards de prise en charge induisant des prises en charge plus lourdes et des pertes de chance. Si la situation peut encore être rattrapée, il craint une hausse du nombre de décès dans les années à venir si l'année 2021 devait ressembler à l'année 2020.

La région Hauts-de-France enregistre la plus forte prévalence et mortalité par cancers de France, rappelle-t-il par ailleurs.

Baisse de 50% de l'activité relative aux cancers de l'ovaire

Le CLCC estime ainsi que la région Hauts-de-France compte 23.000 mammographies de retard, et enjoint à ne pas abandonner le dépistage. Eric Lartigau évoque par ailleurs 250.000 actes de coloscopie en retard en 2020 par rapport à 2019, rappelant que la fédération Unicancer a alerté sur ce risque en décembre 2020 (cf dépêche du 08/12/2020 à 13:05).

"Sur l'année 2020, nous avons à peu près 7% de patients qui n'ont pas été pris en charge par rapport aux années précédentes, cela représente, par rapport à la population présentant un cancer, des dizaines de milliers de patients qui ne sont pas venus aux soins" et en particulier, dans les Hauts-de-France, pour les cancers gynécologiques et cancers du sein (-4%).

Le nombre de patientes prises en charge entre 2019 et 2020 par le CLCC pour un cancer de l'ovaire a ainsi été divisé par 2, ce qui a amené le CLCC à alerter l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France, affirme le Pr Lartigau. Dans le même temps, les patientes prises en charge présentaient en moyenne des tumeurs plus évoluées qu'habituellement.

Il enjoint les usagers à ne pas attendre un "retour à la normale" ni d'être vaccinés pour se faire dépister, les diagnostics étant à nouveau possibles.

"L'année 2021 sera une année de transition, je crains que nous ne revenons pas à la normale avant la fin de l'année voire avant le début de l'année prochaine [...]. Elle ne doit pas être une année d'attente, elle doit rester une année de mobilisation et de continuité de la prise en charge, nous sommes prêts", commente-t-il.

Accent mis sur la prévention et les coopérations

L'année 2021 devrait aussi être marquée par l'avancée de différents projets.

Le CLCC travaille ainsi avec la Métropole européenne de Lille (MEL) et l'assurance maladie à l'instauration d'une consultation de prévention en santé proposée à toutes les femmes de 25 ans de la métropole, qui devrait être effective à la fin de l'année.

De manière générale, le CLCC va s'appliquer à développer les prises en charge ambulatoires (85% des patients du CLCC repartent le jour-même), la biologie de précision, les liens avec la médecine de ville et les établissements de santé, notamment via les outils numériques Mon Oscar (13.000 usagers) et Prédice, ou encore via le groupement de coopération sanitaire (GCS) Alliance cancer, qui l'associe au CHU de Lille pour développer des parcours patients entre les 2 établissements voisins.

Le CLCC poursuit aussi sa stratégie de postes partagés avec le CHU de Lille (neurologie, prise en charge des métastases osseuses) et le centre hospitalier (CH) de Tourcoing (en oncologie et en imagerie).

Ces projets s'inscrivent dans le cadre du projet d'établissement Indivisibles du CLCC, en cours de finalisation. Il vise notamment à disposer d'ici 2022 d'indicateurs d'activité produits de façon automatisée sur 8 grandes "familles" de patients adultes, par organe, et concernant les délais de prise en charge, la qualité de vie, la morbimortalité, l'accès à la recherche clinique, et les données de survie.

C'est grâce à la structuration déjà en place des 8 comités d'organe que le CLCC a pu identifier rapidement la forte baisse d'activité relative aux cancers de l'ovaire, indique le Pr Lartigau.

Projets immobiliers

Les travaux du futur bâtiment dévolu à la recherche sur le cancer, projet partagé avec le CHU de Lille, l'université de médecine, l'Inserm et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), entamés en 2020, doivent se poursuivre cette année, pour une livraison en 2023.

Le CLCC travaille également à de nouveaux locaux pour la chirurgie ambulatoire, pour lesquels les travaux du programmiste sont attendus fin mai. Les travaux doivent démarrer fin 2021 pour une livraison en 2023 des nouveaux blocs opératoires. Le projet comprend également un agrandissement de la pharmacie et une réorganisation de la bio-pathologie.

Fin janvier, le CLCC va entamer les travaux de son unité pédiatrique rénovée, qui se veut plus accueillante, et garde une capacité de 12 chambres. Une partie du CLCC a par ailleurs été réorganisée afin d'accueillir les 16-25 ans (une quinzaine de lits), jusqu'alors dispersés parmi les autres adultes.

En 2020, le CLCC a inauguré le nouveau bâtiment regroupant sa direction de la recherche clinique et de l'innovation (DCRI), soit une centaine de personnes, pour 150 études cliniques dont 40 promues en interne, évoque par ailleurs le Pr Lartigau.

bd/ab/APMnews

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