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30/09 2022
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LE COMITÉ DE VEILLE ET D'ANTICIPATION DES RISQUES SANITAIRES A REÇU SA PREMIÈRE SAISINE (BRIGITTE AUTRAN)

(Par Sylvie BURNOUF)

PARIS, 30 septembre 2022 (APMnews) - Le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), tout juste installé, a reçu de la part des ministères de la santé et de la recherche sa première saisine, qui porte sur quatre sujets, avec une réponse attendue d'ici deux semaines, a fait savoir la présidente du comité, Brigitte Autran, lors d'un entretien accordé vendredi à APMnews.

Le Covars a été installé jeudi par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, dans la foulée de la publication au Journal officiel des noms des membres le constituant (cf dépêche du 29/09/2022 à 10:45). Ces derniers ont été nommés sur proposition de Brigitte Autran, présidente du comité depuis le 17 août (cf dépêche du 17/08/2022 à 11:33).

"Hier, nous avons fait notre première réunion de travail", a relaté à APMnews la spécialiste en immunologie et infectiologie.

"Tous les membres du Covars se sont présentés aux deux ministres, qui sont restés un bon moment avec nous, et ils leur ont expliqué quelles étaient leurs spécificités… Je pense que les ministres ont été impressionnés par la solidité de l'expertise qui est réunie", s'est-elle réjouie, ajoutant qu'elle avait au préalable demandé à chacun des membres de préparer "une liste de trois risques" qu'ils considéraient comme les plus urgents à aborder.

Brigitte Autran a fait savoir que le comité avait reçu une première saisine de la part des deux ministères, avec une "réponse attendue à la fois sur le plan sanitaire et sur le plan recherche", dans un délai de "deux semaines". Cette saisine comporte quatre sujets: épidémie de Covid-19, épidémie de Monkeypox, "le futur des vaccins" et "les risques liés aux maladies transmises par les moustiques, en lien avec le changement climatique".

"La spécificité de ce comité est de pouvoir travailler rapidement", a fait valoir Brigitte Autran. Certes la charge de travail est "importante" mais "tous les membres ont accepté le challenge" de mettre promptement leur expertise à contribution.

La présidente a estimé qu'une fois que le gouvernement aura été conseillé sur ces quatre premiers sujets urgents, le comité devrait pouvoir dégager du temps pour travailler sur des autosaisines.

Santé mentale, simplification de la recherche...

Elle a pointé à ce titre que les missions du Covars étaient "beaucoup plus larges" que celles du conseil scientifique et du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV) auxquels il succède. Elles couvrent "l'ensemble des risques sanitaires d'origine infectieuse qui touchent l'homme, en relation avec la santé animale, dans un concept One Health" mais aussi les risques "liés à l'alimentation, au changement climatique, à la pollution et à l'environnement".

"Il est considéré que le risque d'infectieux représente probablement 80% des risques, même si on y inclut les risques environnementaux et de pollution", a noté Brigitte Autran, d'où la "très forte connotation infectieuse" parmi les experts du comité, et une orientation "encore plus [importante] sur le concept One Health".

Deux thèmes importants ont d'ores et déjà été identifiés: la santé mentale et les risques psychosociaux en lien avec les crises sanitaires, et la simplification ainsi que l'accélération de la recherche médicale pour l'anticipation des crises et pendant les crises. "La France a encore beaucoup de lourdeurs bureaucratiques qui freinent la recherche, malgré tous les efforts qui ont été faits -et qu'il faut saluer- pour améliorer les choses", a commenté Brigitte Autran.

Elle a aussi souligné que la recherche médicale ambulatoire n'était "pas du tout organisée en France" et que de ce fait, non seulement les essais étaient conduits dans d'autres pays où la recherche est mieux organisée, mais qu'en plus, les professionnels de santé étaient moins informés des innovations thérapeutiques et qu'ils étaient plus réticents à utiliser de nouveaux traitements, n'ayant pas participé aux essais.

"L'enjeu est que les traitements et les vaccins arrivent le plus vite possible aux patients et que la recherche française soit la meilleure possible", a-t-elle déclaré.

Concernant l'épidémie de Monkeypox, Brigitte Autran a listé plusieurs points d'importance qui seront pointés dans la réponse à la saisine: le besoin de quantifier le nombre réel de cas (cf dépêche du 14/09/2022 à 11:46), l'importance de terminer la campagne de vaccination avec les deuxièmes injections, de sorte à "construire une vraie mémoire immunitaire au moins dans la population la plus à risque", et "dans une perspective One Health, travailler sur des perspectives d'immunisation peut-être plus larges pour essayer de se débarrasser de ce virus avant qu'il ne constitue un réservoir animal dans nos pays".

Parmi les autres sujets dans les radars: la dengue, la grippe aviaire ou encore la canicule.

Construire le lien ville-hôpital

La présidente a également insisté sur un point que le comité considère comme "critique": "construire le lien ville-hôpital".

"On a vu pendant l'épidémie de Covid-19 qu'il y a eu une saturation des hôpitaux, et c'est ça l'élément majeur qui dicte les plans blancs, les règles sanitaires, la nécessité d'isolement et de port de masques… Mais on a vu également que nombre de patients atteints de Covid -et de Monkeypox- ont des formes tout à fait bénignes, ambulatoires, et qu'il ne faut pas emboliser les hôpitaux avec ces [cas] parce que c'est un risque de contamination supplémentaire", a-t-elle exposé.

Il faut aussi pouvoir "mettre très rapidement les vaccins et les traitements à disposition de la médecine de ville".

"Il y a vraiment tout un circuit à construire: la relation hôpital-médecine de ville a toujours été un problème français, et les crises sanitaires ont bien montré qu'il fallait travailler impérativement sur ce lien, dans la continuité des soins, dans la continuité de la prise en charge, dans la recherche clinique thérapeutique", a poursuivi Brigitte Autran.

C'est notamment pour ces raisons que le comité compte un urgentiste et un médecin généraliste, qui sont "deux personnes extrêmement actives sur ces aspects-là".

Des réunions toutes les semaines

Concernant l'organisation du comité, Brigitte Autran a rappelé qu'il s'agissait d'une structure pérenne, que les membres avaient des mandats de deux ans renouvelables dont le nombre maximal n'était pas défini.

Elle a constitué un bureau permanent de trois personnes avec Bruno Lina et Thierry Lefrançois, qui se réunit une fois par semaine et a travaillé dès début septembre pour réfléchir à la composition du comité. Une autre réunion hebdomadaire est prévue avec l'ensemble du comité, et la fréquence des réunions pourra augmenter si nécessaire en cas de crise. Les échanges réguliers par mail, probablement quotidiens, sont également prévus.

La présidente a assuré qu'elle comptait travailler de façon "très étroite" avec les agences et autorités sanitaires et les organismes de recherche, dont les représentants seront invités à participer aux réunions. "J'ai déjà rencontré tous les présidents et directeurs généraux de ces agences, on construit ensemble la méthode de travail", a-t-elle souligné.

Quant à l'absence de gériatre dans le Covars, Brigitte Autran a expliqué avoir "souhaité rester le plus généraliste possible" dans la composition du comité. "Ce n'est pas un rejet", mais "pourquoi mettre un gériatre plus qu'un pédiatre, un endocrinologue plus qu'un cardiologue?", a-t-elle pointé. D'autant qu'il est "prévu qu'en cas de risque spécifique, on puisse adjoindre un expert supplémentaire".

"Certains disent que nos missions sont beaucoup trop larges", a rapporté Brigitte Autran. "Mais non: ça permet d'avoir une vision synthétique des risques et c'est en ça que c'est vraiment une conception moderne et tout à fait cohérente."

sb/ab/APMnews

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(Par Sylvie BURNOUF)

PARIS, 30 septembre 2022 (APMnews) - Le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), tout juste installé, a reçu de la part des ministères de la santé et de la recherche sa première saisine, qui porte sur quatre sujets, avec une réponse attendue d'ici deux semaines, a fait savoir la présidente du comité, Brigitte Autran, lors d'un entretien accordé vendredi à APMnews.

Le Covars a été installé jeudi par le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, et la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, dans la foulée de la publication au Journal officiel des noms des membres le constituant (cf dépêche du 29/09/2022 à 10:45). Ces derniers ont été nommés sur proposition de Brigitte Autran, présidente du comité depuis le 17 août (cf dépêche du 17/08/2022 à 11:33).

"Hier, nous avons fait notre première réunion de travail", a relaté à APMnews la spécialiste en immunologie et infectiologie.

"Tous les membres du Covars se sont présentés aux deux ministres, qui sont restés un bon moment avec nous, et ils leur ont expliqué quelles étaient leurs spécificités… Je pense que les ministres ont été impressionnés par la solidité de l'expertise qui est réunie", s'est-elle réjouie, ajoutant qu'elle avait au préalable demandé à chacun des membres de préparer "une liste de trois risques" qu'ils considéraient comme les plus urgents à aborder.

Brigitte Autran a fait savoir que le comité avait reçu une première saisine de la part des deux ministères, avec une "réponse attendue à la fois sur le plan sanitaire et sur le plan recherche", dans un délai de "deux semaines". Cette saisine comporte quatre sujets: épidémie de Covid-19, épidémie de Monkeypox, "le futur des vaccins" et "les risques liés aux maladies transmises par les moustiques, en lien avec le changement climatique".

"La spécificité de ce comité est de pouvoir travailler rapidement", a fait valoir Brigitte Autran. Certes la charge de travail est "importante" mais "tous les membres ont accepté le challenge" de mettre promptement leur expertise à contribution.

La présidente a estimé qu'une fois que le gouvernement aura été conseillé sur ces quatre premiers sujets urgents, le comité devrait pouvoir dégager du temps pour travailler sur des autosaisines.

Santé mentale, simplification de la recherche...

Elle a pointé à ce titre que les missions du Covars étaient "beaucoup plus larges" que celles du conseil scientifique et du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV) auxquels il succède. Elles couvrent "l'ensemble des risques sanitaires d'origine infectieuse qui touchent l'homme, en relation avec la santé animale, dans un concept One Health" mais aussi les risques "liés à l'alimentation, au changement climatique, à la pollution et à l'environnement".

"Il est considéré que le risque d'infectieux représente probablement 80% des risques, même si on y inclut les risques environnementaux et de pollution", a noté Brigitte Autran, d'où la "très forte connotation infectieuse" parmi les experts du comité, et une orientation "encore plus [importante] sur le concept One Health".

Deux thèmes importants ont d'ores et déjà été identifiés: la santé mentale et les risques psychosociaux en lien avec les crises sanitaires, et la simplification ainsi que l'accélération de la recherche médicale pour l'anticipation des crises et pendant les crises. "La France a encore beaucoup de lourdeurs bureaucratiques qui freinent la recherche, malgré tous les efforts qui ont été faits -et qu'il faut saluer- pour améliorer les choses", a commenté Brigitte Autran.

Elle a aussi souligné que la recherche médicale ambulatoire n'était "pas du tout organisée en France" et que de ce fait, non seulement les essais étaient conduits dans d'autres pays où la recherche est mieux organisée, mais qu'en plus, les professionnels de santé étaient moins informés des innovations thérapeutiques et qu'ils étaient plus réticents à utiliser de nouveaux traitements, n'ayant pas participé aux essais.

"L'enjeu est que les traitements et les vaccins arrivent le plus vite possible aux patients et que la recherche française soit la meilleure possible", a-t-elle déclaré.

Concernant l'épidémie de Monkeypox, Brigitte Autran a listé plusieurs points d'importance qui seront pointés dans la réponse à la saisine: le besoin de quantifier le nombre réel de cas (cf dépêche du 14/09/2022 à 11:46), l'importance de terminer la campagne de vaccination avec les deuxièmes injections, de sorte à "construire une vraie mémoire immunitaire au moins dans la population la plus à risque", et "dans une perspective One Health, travailler sur des perspectives d'immunisation peut-être plus larges pour essayer de se débarrasser de ce virus avant qu'il ne constitue un réservoir animal dans nos pays".

Parmi les autres sujets dans les radars: la dengue, la grippe aviaire ou encore la canicule.

Construire le lien ville-hôpital

La présidente a également insisté sur un point que le comité considère comme "critique": "construire le lien ville-hôpital".

"On a vu pendant l'épidémie de Covid-19 qu'il y a eu une saturation des hôpitaux, et c'est ça l'élément majeur qui dicte les plans blancs, les règles sanitaires, la nécessité d'isolement et de port de masques… Mais on a vu également que nombre de patients atteints de Covid -et de Monkeypox- ont des formes tout à fait bénignes, ambulatoires, et qu'il ne faut pas emboliser les hôpitaux avec ces [cas] parce que c'est un risque de contamination supplémentaire", a-t-elle exposé.

Il faut aussi pouvoir "mettre très rapidement les vaccins et les traitements à disposition de la médecine de ville".

"Il y a vraiment tout un circuit à construire: la relation hôpital-médecine de ville a toujours été un problème français, et les crises sanitaires ont bien montré qu'il fallait travailler impérativement sur ce lien, dans la continuité des soins, dans la continuité de la prise en charge, dans la recherche clinique thérapeutique", a poursuivi Brigitte Autran.

C'est notamment pour ces raisons que le comité compte un urgentiste et un médecin généraliste, qui sont "deux personnes extrêmement actives sur ces aspects-là".

Des réunions toutes les semaines

Concernant l'organisation du comité, Brigitte Autran a rappelé qu'il s'agissait d'une structure pérenne, que les membres avaient des mandats de deux ans renouvelables dont le nombre maximal n'était pas défini.

Elle a constitué un bureau permanent de trois personnes avec Bruno Lina et Thierry Lefrançois, qui se réunit une fois par semaine et a travaillé dès début septembre pour réfléchir à la composition du comité. Une autre réunion hebdomadaire est prévue avec l'ensemble du comité, et la fréquence des réunions pourra augmenter si nécessaire en cas de crise. Les échanges réguliers par mail, probablement quotidiens, sont également prévus.

La présidente a assuré qu'elle comptait travailler de façon "très étroite" avec les agences et autorités sanitaires et les organismes de recherche, dont les représentants seront invités à participer aux réunions. "J'ai déjà rencontré tous les présidents et directeurs généraux de ces agences, on construit ensemble la méthode de travail", a-t-elle souligné.

Quant à l'absence de gériatre dans le Covars, Brigitte Autran a expliqué avoir "souhaité rester le plus généraliste possible" dans la composition du comité. "Ce n'est pas un rejet", mais "pourquoi mettre un gériatre plus qu'un pédiatre, un endocrinologue plus qu'un cardiologue?", a-t-elle pointé. D'autant qu'il est "prévu qu'en cas de risque spécifique, on puisse adjoindre un expert supplémentaire".

"Certains disent que nos missions sont beaucoup trop larges", a rapporté Brigitte Autran. "Mais non: ça permet d'avoir une vision synthétique des risques et c'est en ça que c'est vraiment une conception moderne et tout à fait cohérente."

sb/ab/APMnews

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