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10/05 2021
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LE SNPHAR-E TRÈS CRITIQUE SUR L'EXPÉRIMENTATION D'UNE ÉQUIPE PARAMÉDICALE D'URGENCE DANS LA SARTHE

PARIS, 10 mai 2021 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) s'inquiète d'une dégradation de la qualité de soins avec la mise en place de l'expérimentation d'une équipe paramédicale d'urgence (EPMU) au centre hospitalier (CH) de Château-du-Loir à Montval-sur-Loir (Sarthe), et demande "en urgence" à rencontrer Olivier Véran, dans un communiqué diffusé lundi.

"Le service des urgences du CH de Château-du-Loir dans la Sarthe fermera fin mai et sera remplacé par une infirmière seule avec un ambulancier. On n’a jamais vu ça! On nous présente ce dispositif comme une innovation, un progrès. De qui se moque-t-on?", interroge le syndicat.

"Remplacer tout un service d’accueil des urgences qui fonctionne 24 heures sur 24 avec des équipes médicales et paramédicales rompues à la prise en charge de patients atteints de pathologies graves et complexes, nécessitant des soins en urgence, par une infirmière et un ambulancier? Nous sommes dans le domaine de l’incompétence et de l’irrationnel. Les patients sont en danger", déclare le syndicat.

L'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire a autorisé l'expérimentation d'une EPMU qui fonctionne en journée depuis lundi 3 mai, puis à partir du lundi 31 mai, jour et nuit, rappelle-t-on (cf dépêche du 03/05/2021 à 19:08). Elle la finance à hauteur de 300.000 €.

Cette EPMU est composée chaque jour d’un infirmier diplômé d'Etat (IDE) et d’un conducteur ambulancier aide-soignant, sélectionnés et habilités périodiquement pour cette pratique. Ces professionnels agissent sur demande du médecin régulateur urgentiste du Samu 72 (Sarthe) et obéissent à des protocoles de prise en charge d’urgence vitale, précis et rédigés par le Samu 72. En dehors des interventions, l’EPMU est positionnée au sein du CH de Château-du-Loir. Pendant les horaires d’ouverture du service d’urgence, l’équipe assure un renfort au sein de ce service, a précisé l'ARS.

L'EPMU est complémentaire à l'offre existante et ne remet pas en cause le service d'accueil des urgences (SAU) du CH de Château-du-Loir, a assuré à APMnews Florent Pouget, directeur de l'offre de soins et en faveur de l'autonomie (Dosa) à l'ARS Pays de la Loire. Il explique que vu les difficultés, différents scenarii "en cascade" sont envisagés selon les recrutements médicaux: offre en 24h/24, offre en 12h/24 et si le recrutement de médecins urgentistes s’avère impossible, offre sous la forme de soins non programmés avec des médecins polyvalents et généralistes.

La situation du service d'urgence du CH de Château-du-Loir est critique. Il se trouve contraint depuis quelques mois à des fermetures à répétition (plusieurs fois par semaine sur 24 heures quand il ne trouve pas d'intérimaire) et à partir de juin son unique médecin urgentiste titulaire quittera l'établissement.

Il n'est pas le seul à être confronté à cette difficulté dans ce département. Avec 30 postes de médecins urgentistes vacants, la Sarthe manque en effet de professionnels formés à l’urgence et certains établissements doivent régulièrement recourir à l’intérim dans des proportions importantes sans certitude de recrutement. Le groupement hospitalier de territoire (GHT) 72 prépare un schéma territorial des urgences.

Les compétences des médecins "galvaudées"

Pour le SNPHAR-E, "une fois de plus, les compétences des médecins sont galvaudées, le nivellement des qualifications vers le bas est devenu la règle dans notre pays. Il ne s’agit plus de glissement de tâches mais du remplacement organisé des médecins par des soignants, certes dévoués mais illégitimes dans ce rôle".

"On nous ressert toujours la même litanie: 'il n’y a plus de médecins urgentistes, c’est mieux que rien' afin de faire passer la pilule à la population concernée. C’est un échec du Ségur de la santé qui est incapable d’être à la hauteur des enjeux de santé publique de notre pays. Alors que la pénurie de praticiens dans toutes les spécialités s’aggrave dans l’indifférence générale de nos décideurs, toutes les propositions du SNPHAR-E sur l’attractivité, la permanence des soins, le temps de travail, les territoires sont restées lettres mortes lors du Ségur", poursuit le syndicat.

Pour lui, "la réalité est toute autre: le SAU du CH de Château-du-Loir a besoin pour fonctionner 24h/24 d’une ligne de garde H24 de praticiens hospitaliers, ce qui correspond à l’emploi de sept médecins équivalents temps plein. Et c’est là que le bât blesse! A 8.000 passages par an, le budget nécessaire au bon fonctionnement de ce SAU n’est probablement pas compensé par les recettes. Pire encore, faire appel à des médecins intérimaires fait exploser la note", estime-t-il.

Le SNPHAR-E déplore que les besoins de soins de proximité du bassin de population concerné soient niés et dénonce une inégalité de prise en charge des patients sur le territoire national. Il s'inquiète de voir s'installer "le transitoire qui dure" et dénonce "une vision comptable de la situation".

"Cautionner ce dispositif est indigne, c’est confisquer aux patients une prise en charge légitime de qualité et de sécurité", déplore-t-il.

"Depuis des années, les politiques successives ont transformé des SAU fonctionnant jour et nuit en centres de consultations non programmées de jour uniquement... ce qui est déjà une rupture de la permanence des soins et un affaiblissement du service public hospitalier. Aujourd’hui, on franchit une ligne supplémentaire, sans précédent, en fermant toute une structure hospitalière et en demandant à une personne seule de jouer le même rôle. A n’en pas douter, quand il s’agit de coupes budgétaires, nos tutelles sont plus que zélées."

Parlant "de décisions arbitraires et dangereuses pour la population", il alerte et dénonce les risques de telles organisations dégradées. Il dit qu'il "n’acceptera jamais que des équipes paramédicales d’urgence se substituent à des services d’accueil des urgences pluriprofessionnels ouverts 24h/24", et déplore "l’abandon de l’hôpital public".

Il faut s'attaquer "aux causes racines des grandes difficultés à recruter": améliorer l'attractivité et les conditions de travail, a estimé le Dr Anouar Ben Hellal, urgentiste au CH de Versailles, membre du syndicat, joint par APMnews. "Nous alertons depuis des années sur la pénurie qui rend nos conditions de travail impossibles", a-t-il ajouté, soulignant "l'usure des professionnels" face à la surcharge permanente de travail et les difficultés organisationnelles (trouver des lits).

Le SNPHAR-E demande "en urgence" une rencontre spécifique à ce sujet avec le ministre des solidarités et de la santé.

sl/ab/APMnews

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PARIS, 10 mai 2021 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) s'inquiète d'une dégradation de la qualité de soins avec la mise en place de l'expérimentation d'une équipe paramédicale d'urgence (EPMU) au centre hospitalier (CH) de Château-du-Loir à Montval-sur-Loir (Sarthe), et demande "en urgence" à rencontrer Olivier Véran, dans un communiqué diffusé lundi.

"Le service des urgences du CH de Château-du-Loir dans la Sarthe fermera fin mai et sera remplacé par une infirmière seule avec un ambulancier. On n’a jamais vu ça! On nous présente ce dispositif comme une innovation, un progrès. De qui se moque-t-on?", interroge le syndicat.

"Remplacer tout un service d’accueil des urgences qui fonctionne 24 heures sur 24 avec des équipes médicales et paramédicales rompues à la prise en charge de patients atteints de pathologies graves et complexes, nécessitant des soins en urgence, par une infirmière et un ambulancier? Nous sommes dans le domaine de l’incompétence et de l’irrationnel. Les patients sont en danger", déclare le syndicat.

L'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire a autorisé l'expérimentation d'une EPMU qui fonctionne en journée depuis lundi 3 mai, puis à partir du lundi 31 mai, jour et nuit, rappelle-t-on (cf dépêche du 03/05/2021 à 19:08). Elle la finance à hauteur de 300.000 €.

Cette EPMU est composée chaque jour d’un infirmier diplômé d'Etat (IDE) et d’un conducteur ambulancier aide-soignant, sélectionnés et habilités périodiquement pour cette pratique. Ces professionnels agissent sur demande du médecin régulateur urgentiste du Samu 72 (Sarthe) et obéissent à des protocoles de prise en charge d’urgence vitale, précis et rédigés par le Samu 72. En dehors des interventions, l’EPMU est positionnée au sein du CH de Château-du-Loir. Pendant les horaires d’ouverture du service d’urgence, l’équipe assure un renfort au sein de ce service, a précisé l'ARS.

L'EPMU est complémentaire à l'offre existante et ne remet pas en cause le service d'accueil des urgences (SAU) du CH de Château-du-Loir, a assuré à APMnews Florent Pouget, directeur de l'offre de soins et en faveur de l'autonomie (Dosa) à l'ARS Pays de la Loire. Il explique que vu les difficultés, différents scenarii "en cascade" sont envisagés selon les recrutements médicaux: offre en 24h/24, offre en 12h/24 et si le recrutement de médecins urgentistes s’avère impossible, offre sous la forme de soins non programmés avec des médecins polyvalents et généralistes.

La situation du service d'urgence du CH de Château-du-Loir est critique. Il se trouve contraint depuis quelques mois à des fermetures à répétition (plusieurs fois par semaine sur 24 heures quand il ne trouve pas d'intérimaire) et à partir de juin son unique médecin urgentiste titulaire quittera l'établissement.

Il n'est pas le seul à être confronté à cette difficulté dans ce département. Avec 30 postes de médecins urgentistes vacants, la Sarthe manque en effet de professionnels formés à l’urgence et certains établissements doivent régulièrement recourir à l’intérim dans des proportions importantes sans certitude de recrutement. Le groupement hospitalier de territoire (GHT) 72 prépare un schéma territorial des urgences.

Les compétences des médecins "galvaudées"

Pour le SNPHAR-E, "une fois de plus, les compétences des médecins sont galvaudées, le nivellement des qualifications vers le bas est devenu la règle dans notre pays. Il ne s’agit plus de glissement de tâches mais du remplacement organisé des médecins par des soignants, certes dévoués mais illégitimes dans ce rôle".

"On nous ressert toujours la même litanie: 'il n’y a plus de médecins urgentistes, c’est mieux que rien' afin de faire passer la pilule à la population concernée. C’est un échec du Ségur de la santé qui est incapable d’être à la hauteur des enjeux de santé publique de notre pays. Alors que la pénurie de praticiens dans toutes les spécialités s’aggrave dans l’indifférence générale de nos décideurs, toutes les propositions du SNPHAR-E sur l’attractivité, la permanence des soins, le temps de travail, les territoires sont restées lettres mortes lors du Ségur", poursuit le syndicat.

Pour lui, "la réalité est toute autre: le SAU du CH de Château-du-Loir a besoin pour fonctionner 24h/24 d’une ligne de garde H24 de praticiens hospitaliers, ce qui correspond à l’emploi de sept médecins équivalents temps plein. Et c’est là que le bât blesse! A 8.000 passages par an, le budget nécessaire au bon fonctionnement de ce SAU n’est probablement pas compensé par les recettes. Pire encore, faire appel à des médecins intérimaires fait exploser la note", estime-t-il.

Le SNPHAR-E déplore que les besoins de soins de proximité du bassin de population concerné soient niés et dénonce une inégalité de prise en charge des patients sur le territoire national. Il s'inquiète de voir s'installer "le transitoire qui dure" et dénonce "une vision comptable de la situation".

"Cautionner ce dispositif est indigne, c’est confisquer aux patients une prise en charge légitime de qualité et de sécurité", déplore-t-il.

"Depuis des années, les politiques successives ont transformé des SAU fonctionnant jour et nuit en centres de consultations non programmées de jour uniquement... ce qui est déjà une rupture de la permanence des soins et un affaiblissement du service public hospitalier. Aujourd’hui, on franchit une ligne supplémentaire, sans précédent, en fermant toute une structure hospitalière et en demandant à une personne seule de jouer le même rôle. A n’en pas douter, quand il s’agit de coupes budgétaires, nos tutelles sont plus que zélées."

Parlant "de décisions arbitraires et dangereuses pour la population", il alerte et dénonce les risques de telles organisations dégradées. Il dit qu'il "n’acceptera jamais que des équipes paramédicales d’urgence se substituent à des services d’accueil des urgences pluriprofessionnels ouverts 24h/24", et déplore "l’abandon de l’hôpital public".

Il faut s'attaquer "aux causes racines des grandes difficultés à recruter": améliorer l'attractivité et les conditions de travail, a estimé le Dr Anouar Ben Hellal, urgentiste au CH de Versailles, membre du syndicat, joint par APMnews. "Nous alertons depuis des années sur la pénurie qui rend nos conditions de travail impossibles", a-t-il ajouté, soulignant "l'usure des professionnels" face à la surcharge permanente de travail et les difficultés organisationnelles (trouver des lits).

Le SNPHAR-E demande "en urgence" une rencontre spécifique à ce sujet avec le ministre des solidarités et de la santé.

sl/ab/APMnews

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