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18/01 2021
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LE VARIANT ANGLAIS DU COVID-19 DEVIENDRA PROBABLEMENT MAJORITAIRE EN FRANCE AU PRINTEMPS (ARNAUD FONTANET)

PARIS, 18 janvier 2021 (APMnews) - Le variant anglais du Covid-19 devrait augmenter en proportion au mois de mars et devenir majoritaire en France au printemps, ce qui impose d'accélérer la vaccination des personnes à risque, a estimé l'épidémiologiste Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche.

Cela pourrait également conduire à un reconfinement, partiel ou total, mais, pressé par les journalistes du Grand jury de se prononcer sur ce sujet, l'épidémiologiste et membre du conseil scientifique n'a pas répondu de façon tranchée, semblant à la fois craindre que cela soit nécessaire et encore espérer que les mesures prises la semaine dernière puissent avoir un impact suffisant.

Arnaud Fontanet a expliqué que d'une part, bien que l'effet des fêtes de fin d'année ait été moins important qu'on ne le craignait, il y a tout de même une augmentation des cas. Et cela survient dans une situation où "le niveau d'occupation des lits reste très élevé", avec 3.000 lits de réanimation occupés par des patients Covid-19.

En effet, contrairement au premier confinement au printemps 2020 où les hospitalisations et admissions en réanimation avaient baissé de façon importante, après le 2e confinement on reste en revanche sur un plateau. Donc "on a peu de marge de manoeuvre" et "si l'épidémie repart, il faudra tout de suite déprogrammer des interventions; on est sous la menace de devoir agir très vite".

D'autre part, l'apparition de variants dont la capacité de transmission est augmentée change la donne. Cela a créé une "situation nouvelle", et il y a une "prise de conscience à l'échelle mondiale du nouvel enjeu que représentent ces variants".

Selon les modélisations de l'épidémie, dont a tenu compte le conseil scientifique pour émettre son avis rendu public la semaine dernière (cf dépêche du 15/01/2021 à 16:04), "le variant va rester minoritaire jusqu'à février et, selon un des scénarios les plus probables, il va devenir majoritaire en mars", avec un risque d'accélération de l'épidémie au printemps, a expliqué Arnaud Fontanet.

Cela reste des scénarios. "On manque encore de données sur le niveau d'augmentation de la transmissibilité", qui pourrait être "entre 40 et 70%". Selon qu'on est dans le haut ou le bas de cette fourchette, les impacts seront différents.

Une sortie de crise espérée au "dernier trimestre 2021"

Mais clairement, ces variants qui n'avaient pas été envisagés plus tôt dans la gestion de l'épidémie car le Sars-CoV-2 semblait muter peu, sont là désormais et "vont certainement retarder la sortie de crise", qui n'est pas envisagée par le spécialiste avant "le dernier trimestre 2021".

Il a interrogé sur les mesures annoncées jeudi dernier par le premier ministre, Jean Castex (cf dépêche du 14/01/2021 à 20:49), et notamment le couvre-feu à 18h généralisé à l'ensemble du territoire alors que dans son avis, le conseil scientifique était favorable à des mesures plus sévères (reconfinement partiel, restriction des déplacements inter-régionaux). Le gouvernement tente d'"utiliser sa dernière cartouche" avant des mesures plus sévères, a-t-il commenté.

Tout en réaffirmant la position du conseil scientifique, il s'est montré conscient du fait que le gouvernement se trouvait face à des difficultés économiques importantes et a estimé qu'"on se donne une dernière chance avec le couvre-feu". On ne sait pas totalement comment l'épidémie va évoluer; si les mesures barrières -dont il a répété l'efficacité- sont bien respectées, il reste un espoir que "ça passe".

Interrogé sur l'efficacité d'avoir avancé l'heure du couvre-feu, il a indiqué que des données venant d'une part, de Guyane et d'autre part, d'une analyse a posteriori de l'effet du couvre-feu d'octobre 2020, démontrent que cela a un impact sur les hospitalisations.

De plus, pour le moment, une seule enquête "flash" d'évaluation de la présence du variant britannique a été faite (cf dépêche du 15/01/2021 à 14:56). "Nous allons la répéter et cela nous donnera une idée de la dynamique" d'évolution du variant et permettra de voir si les mesures prises ont un impact sur sa dissémination.

"On saura alors quelles mesures prendre", a-t-il ajouté, sans écarter la possibilité d'un nouveau confinement.

Nouvelles enquêtes "flash" pour cartographier l'évolution du variant

Cette enquête, "unique en Europe", a souligné le spécialiste, a permis de montrer qu'environ 1,5% des souches de Sars-CoV-2 circulant en France sont du variant anglais. Pour suivre son évolution, elle sera répétée "régulièrement", toutes les semaines si possible ou sinon au moins toutes les 2 semaines.

Cela donnera une "cartographie de la progression des variants en temps réel et dira à quel moment un variant commence à s'échapper". Cela sera une aide à la prise de décision.

Pour suivre au mieux les variants, "il faut qu'on s'organise". D'ores et déjà s'est engagée une collaboration entre les virologues et les biologistes médicaux, du public et du privé -il a salué la "collaboration remarquable" entre tous ces professionnels- pour réanalyser tous les tests positifs en recherchant les variants.

Il faut également une implication des laboratoires de recherche en virologie pour savoir, à partir de modèles in vitro de neutralisation du virus, si les anticorps acquis après une première infection ou grâce à la vaccination sont efficaces sur les nouveaux variants. Cette question de l'efficacité des vaccins actuellement développés en termes de protection contre les variants n'est pas encore tranchée.

Arriver à 70-80% de la population vaccinée

L'apparition de ces nouveaux variants impose par ailleurs d'accélérer la vaccination. Arnaud Fontanet souhaite qu'"avant mars" les personnes de 75 ans et plus et les professionnels de santé, soit 8 millions de personnes, soient vaccinées. Puis sera le tour des plus de 65 ans et des personnes ayant certaines comorbidités à haut risque, soit 17 millions, et le conseil scientifique souhaite que 70% d'entre elles (soit 12 millions) aient été vaccinées "en avril".

Pour la suite, "maintenant qu'on sait qu'il y a des variants plus transmissibles, la couverture vaccinale devra être plus importante qu'anticipé jusqu'à présent", a-t-il affirmé. Alors qu'"on parlait auparavant de 50-57%" de la population vaccinée, il a estimé qu'il faudrait atteindre "70-80%"... et pourquoi pas "100%", à partir du moment où l'on sera sûr de la grande rareté des effets indésirables graves.

fb/ab/APMnews

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PARIS, 18 janvier 2021 (APMnews) - Le variant anglais du Covid-19 devrait augmenter en proportion au mois de mars et devenir majoritaire en France au printemps, ce qui impose d'accélérer la vaccination des personnes à risque, a estimé l'épidémiologiste Arnaud Fontanet de l'Institut Pasteur, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche.

Cela pourrait également conduire à un reconfinement, partiel ou total, mais, pressé par les journalistes du Grand jury de se prononcer sur ce sujet, l'épidémiologiste et membre du conseil scientifique n'a pas répondu de façon tranchée, semblant à la fois craindre que cela soit nécessaire et encore espérer que les mesures prises la semaine dernière puissent avoir un impact suffisant.

Arnaud Fontanet a expliqué que d'une part, bien que l'effet des fêtes de fin d'année ait été moins important qu'on ne le craignait, il y a tout de même une augmentation des cas. Et cela survient dans une situation où "le niveau d'occupation des lits reste très élevé", avec 3.000 lits de réanimation occupés par des patients Covid-19.

En effet, contrairement au premier confinement au printemps 2020 où les hospitalisations et admissions en réanimation avaient baissé de façon importante, après le 2e confinement on reste en revanche sur un plateau. Donc "on a peu de marge de manoeuvre" et "si l'épidémie repart, il faudra tout de suite déprogrammer des interventions; on est sous la menace de devoir agir très vite".

D'autre part, l'apparition de variants dont la capacité de transmission est augmentée change la donne. Cela a créé une "situation nouvelle", et il y a une "prise de conscience à l'échelle mondiale du nouvel enjeu que représentent ces variants".

Selon les modélisations de l'épidémie, dont a tenu compte le conseil scientifique pour émettre son avis rendu public la semaine dernière (cf dépêche du 15/01/2021 à 16:04), "le variant va rester minoritaire jusqu'à février et, selon un des scénarios les plus probables, il va devenir majoritaire en mars", avec un risque d'accélération de l'épidémie au printemps, a expliqué Arnaud Fontanet.

Cela reste des scénarios. "On manque encore de données sur le niveau d'augmentation de la transmissibilité", qui pourrait être "entre 40 et 70%". Selon qu'on est dans le haut ou le bas de cette fourchette, les impacts seront différents.

Une sortie de crise espérée au "dernier trimestre 2021"

Mais clairement, ces variants qui n'avaient pas été envisagés plus tôt dans la gestion de l'épidémie car le Sars-CoV-2 semblait muter peu, sont là désormais et "vont certainement retarder la sortie de crise", qui n'est pas envisagée par le spécialiste avant "le dernier trimestre 2021".

Il a interrogé sur les mesures annoncées jeudi dernier par le premier ministre, Jean Castex (cf dépêche du 14/01/2021 à 20:49), et notamment le couvre-feu à 18h généralisé à l'ensemble du territoire alors que dans son avis, le conseil scientifique était favorable à des mesures plus sévères (reconfinement partiel, restriction des déplacements inter-régionaux). Le gouvernement tente d'"utiliser sa dernière cartouche" avant des mesures plus sévères, a-t-il commenté.

Tout en réaffirmant la position du conseil scientifique, il s'est montré conscient du fait que le gouvernement se trouvait face à des difficultés économiques importantes et a estimé qu'"on se donne une dernière chance avec le couvre-feu". On ne sait pas totalement comment l'épidémie va évoluer; si les mesures barrières -dont il a répété l'efficacité- sont bien respectées, il reste un espoir que "ça passe".

Interrogé sur l'efficacité d'avoir avancé l'heure du couvre-feu, il a indiqué que des données venant d'une part, de Guyane et d'autre part, d'une analyse a posteriori de l'effet du couvre-feu d'octobre 2020, démontrent que cela a un impact sur les hospitalisations.

De plus, pour le moment, une seule enquête "flash" d'évaluation de la présence du variant britannique a été faite (cf dépêche du 15/01/2021 à 14:56). "Nous allons la répéter et cela nous donnera une idée de la dynamique" d'évolution du variant et permettra de voir si les mesures prises ont un impact sur sa dissémination.

"On saura alors quelles mesures prendre", a-t-il ajouté, sans écarter la possibilité d'un nouveau confinement.

Nouvelles enquêtes "flash" pour cartographier l'évolution du variant

Cette enquête, "unique en Europe", a souligné le spécialiste, a permis de montrer qu'environ 1,5% des souches de Sars-CoV-2 circulant en France sont du variant anglais. Pour suivre son évolution, elle sera répétée "régulièrement", toutes les semaines si possible ou sinon au moins toutes les 2 semaines.

Cela donnera une "cartographie de la progression des variants en temps réel et dira à quel moment un variant commence à s'échapper". Cela sera une aide à la prise de décision.

Pour suivre au mieux les variants, "il faut qu'on s'organise". D'ores et déjà s'est engagée une collaboration entre les virologues et les biologistes médicaux, du public et du privé -il a salué la "collaboration remarquable" entre tous ces professionnels- pour réanalyser tous les tests positifs en recherchant les variants.

Il faut également une implication des laboratoires de recherche en virologie pour savoir, à partir de modèles in vitro de neutralisation du virus, si les anticorps acquis après une première infection ou grâce à la vaccination sont efficaces sur les nouveaux variants. Cette question de l'efficacité des vaccins actuellement développés en termes de protection contre les variants n'est pas encore tranchée.

Arriver à 70-80% de la population vaccinée

L'apparition de ces nouveaux variants impose par ailleurs d'accélérer la vaccination. Arnaud Fontanet souhaite qu'"avant mars" les personnes de 75 ans et plus et les professionnels de santé, soit 8 millions de personnes, soient vaccinées. Puis sera le tour des plus de 65 ans et des personnes ayant certaines comorbidités à haut risque, soit 17 millions, et le conseil scientifique souhaite que 70% d'entre elles (soit 12 millions) aient été vaccinées "en avril".

Pour la suite, "maintenant qu'on sait qu'il y a des variants plus transmissibles, la couverture vaccinale devra être plus importante qu'anticipé jusqu'à présent", a-t-il affirmé. Alors qu'"on parlait auparavant de 50-57%" de la population vaccinée, il a estimé qu'il faudrait atteindre "70-80%"... et pourquoi pas "100%", à partir du moment où l'on sera sûr de la grande rareté des effets indésirables graves.

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