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17/11 2022
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LES HOSPITALISATIONS POUR AVC EN HAUSSE, EN PARTICULIER CHEZ LES MOINS DE 65 ANS

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée annuelle des référents et animateurs de filières AVC)

ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 17 novembre 2022 (APMnews) - En 10 ans, les hospitalisations pour accidents vasculaires cérébraux (AVC) ont augmenté en France, en particulier chez les moins de 65 ans mais aussi en lien avec le vieillissement de la population, selon une étude présentée mercredi à la journée nationale des référents et animateurs de filière AVC à Issy-les-Moulineaux.

Au niveau mondial, les chiffres du Global Burden of Disease pour l'AVC indiquent une diminution globale de l'incidence depuis plusieurs années mais avec un ralentissement sur la période 2010-2019 par rapport à 2000-2009 et un nombre absolu de cas en augmentation importante en lien avec le vieillissement de la population, a rappelé Amélie Gabet de Santé publique France lors de cette réunion organisée en marge du congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV).

En France, les données disponibles jusqu'à 2017 pour les plus récentes suggèrent une hausse de l'incidence des AVC ischémiques chez les adultes "jeunes", de moins de 65 ans.

Dans cette étude, Santé publique France a mis à jour les évolutions nationales des taux d'hospitalisation pour AVC sur 2008-2019 et utilisé pour cela le système national des données de santé (SNDS) et le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI MCO).

Les résultats confirment que les taux d'hospitalisation pour AVC ischémiques standardisés sur l'âge ont augmenté entre 2008 et 2019 parmi les moins de 65 ans, passant de 48,4 cas à 57,9 cas pour 100.000 chez les hommes (+20%) et de 24,2 cas à 28,3 cas pour 100.000 chez les femmes (+17%).

Chez les hommes, cette tendance à la hausse s'observe dans tous les sous-groupes, avec une évolution annuelle moyenne de +1,5% chez les 18-34 ans à 2,2% chez les 35-44 ans, alors que chez les femmes, elle concerne uniquement les 45-54 ans (+1,5%) et les 55-64 ans (+2,1%).

En revanche, la mortalité hospitalière a diminué entre 2008 et 2019 chez les moins de 65 ans, à la fois chez les hommes et les femmes, a rapporté Amélie Gabet sans entrer dans les détails. Cette tendance peut s'expliquer avec l'augmentation de la part des AVC pris en charge en unité neurovasculaire (UNV) et unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV), passant de respectivement 35,6% à 60,8% entre 2010 et 2019, et de 29,6% à 52,7%, avec toutefois des disparités très importantes entre les départements (de moins de 5% à plus de 80%).

Concernant cette tendance à la hausse des AVC ischémiques chez les moins de 65 ans, elle a rappelé que chez les adultes jeunes, quatre facteurs de risque expliquent près de 80% du risque: l'hypertension artérielle, le manque d'activité physique, le tabagisme et la consommation excessive d'alcool.

Or, selon les données épidémiologiques françaises disponibles (enquête Estéban, baromètre de SPF), la prévalence de l'HTA a augmenté chez les hommes de 18-74 ans entre 2006 et 2015, tandis que chez les femmes, si la prévalence a baissé, le traitement et le contrôle de la tension artérielle ont reculé.

Du côté de l'activité physique, elle est plutôt stable chez les hommes de 18-39 ans en 2014-2016 par rapport à 2006-2007 et a même augmenté chez les 40-54 ans mais elle a baissé chez les femmes. Mais en parallèle, la proportion des hommes et femmes qui passent plus de trois heures par jour devant un écran a fortement progressé.

Le tabagisme quotidien reste globalement élevé en France chez les hommes et les femmes, malgré une baisse depuis 2000, tandis que les ivresses augmentent, malgré une baisse de la consommation quotidienne.

Globalement, ces données suggèrent "une évolution défavorable des facteurs de risque d'AVC" et il faudrait en particulier améliorer le diagnostic et le contrôle de l'HTA, a commenté la chercheuse.

En plus de ces facteurs de risque classique, les adultes jeunes présentent aussi des facteurs de risque spécifiques, notamment la consommation de cannabis et de cocaïne dont la consommation a augmenté depuis 2000, en particulier chez les hommes de 20-44 ans, ainsi que les migraines et le foramen ovale perméable mais pour lesquels il n'existe pas de données de surveillance.

Baisse des hémorragies intracérébrales

Les données actualisées confirment par ailleurs une tendance à la baisse des AVC ischémiques chez les 65 ans et plus, passant de 675,1 cas à 625,2 cas pour 100.000 chez les hommes (-7%) et de 490,8 cas à 439,8 cas pour 100.000 chez les femmes (-10%). La létalité diminue également.

Il apparaît par ailleurs une diminution des patients hospitalisés pour hémorragies intracérébrales non traumatiques, ce qui n'avait pas été observé avant 2013-2014 avec les données SNDS ni dans le Registre dijonnais des AVC. Sur 2008-2019, chez les moins de 65 ans, la baisse était de 9% chez les hommes et de 8% chez les femmes, et chez les 65 ans et plus, elle était de respectivement de 18% et 15%.

Mais le nombre absolu à la fois des AVC ischémiques chez les 65 ans et plus et les hémorragies intracérébrales augmente et il faudra prendre en compte le vieillissement de la population dans l'offre de soins et de prise en charge des AVC, a souligné Amélie Gabet.

L'utilisation massive des anticoagulants oraux directs (AOD) depuis 2011-2012 à la place des antivitamines K (AVK) chez les patients atteints de fibrillation atriale en prévention du risque thrombo-embolique, avec un risque hémorragique moindre, pourrait expliquer cette tendance à la baisse. Cependant, la létalité des hémorragies intracérébrales reste très élevée et ce, malgré une prise en charge également croissante dans les UNV et USINV entre 2010 et 2019.

Globalement, en 2019, des départements restent encore dépourvus d'UNV et d'autres pourvus d'un faible nombre de lits alors que cette organisation a démontré son efficacité sur la récupération et le pronostic vital, a conclu la chercheuse.

ld/ab/APMnews

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LES HOSPITALISATIONS POUR AVC EN HAUSSE, EN PARTICULIER CHEZ LES MOINS DE 65 ANS

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée annuelle des référents et animateurs de filières AVC)

ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 17 novembre 2022 (APMnews) - En 10 ans, les hospitalisations pour accidents vasculaires cérébraux (AVC) ont augmenté en France, en particulier chez les moins de 65 ans mais aussi en lien avec le vieillissement de la population, selon une étude présentée mercredi à la journée nationale des référents et animateurs de filière AVC à Issy-les-Moulineaux.

Au niveau mondial, les chiffres du Global Burden of Disease pour l'AVC indiquent une diminution globale de l'incidence depuis plusieurs années mais avec un ralentissement sur la période 2010-2019 par rapport à 2000-2009 et un nombre absolu de cas en augmentation importante en lien avec le vieillissement de la population, a rappelé Amélie Gabet de Santé publique France lors de cette réunion organisée en marge du congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV).

En France, les données disponibles jusqu'à 2017 pour les plus récentes suggèrent une hausse de l'incidence des AVC ischémiques chez les adultes "jeunes", de moins de 65 ans.

Dans cette étude, Santé publique France a mis à jour les évolutions nationales des taux d'hospitalisation pour AVC sur 2008-2019 et utilisé pour cela le système national des données de santé (SNDS) et le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI MCO).

Les résultats confirment que les taux d'hospitalisation pour AVC ischémiques standardisés sur l'âge ont augmenté entre 2008 et 2019 parmi les moins de 65 ans, passant de 48,4 cas à 57,9 cas pour 100.000 chez les hommes (+20%) et de 24,2 cas à 28,3 cas pour 100.000 chez les femmes (+17%).

Chez les hommes, cette tendance à la hausse s'observe dans tous les sous-groupes, avec une évolution annuelle moyenne de +1,5% chez les 18-34 ans à 2,2% chez les 35-44 ans, alors que chez les femmes, elle concerne uniquement les 45-54 ans (+1,5%) et les 55-64 ans (+2,1%).

En revanche, la mortalité hospitalière a diminué entre 2008 et 2019 chez les moins de 65 ans, à la fois chez les hommes et les femmes, a rapporté Amélie Gabet sans entrer dans les détails. Cette tendance peut s'expliquer avec l'augmentation de la part des AVC pris en charge en unité neurovasculaire (UNV) et unité de soins intensifs neurovasculaires (USINV), passant de respectivement 35,6% à 60,8% entre 2010 et 2019, et de 29,6% à 52,7%, avec toutefois des disparités très importantes entre les départements (de moins de 5% à plus de 80%).

Concernant cette tendance à la hausse des AVC ischémiques chez les moins de 65 ans, elle a rappelé que chez les adultes jeunes, quatre facteurs de risque expliquent près de 80% du risque: l'hypertension artérielle, le manque d'activité physique, le tabagisme et la consommation excessive d'alcool.

Or, selon les données épidémiologiques françaises disponibles (enquête Estéban, baromètre de SPF), la prévalence de l'HTA a augmenté chez les hommes de 18-74 ans entre 2006 et 2015, tandis que chez les femmes, si la prévalence a baissé, le traitement et le contrôle de la tension artérielle ont reculé.

Du côté de l'activité physique, elle est plutôt stable chez les hommes de 18-39 ans en 2014-2016 par rapport à 2006-2007 et a même augmenté chez les 40-54 ans mais elle a baissé chez les femmes. Mais en parallèle, la proportion des hommes et femmes qui passent plus de trois heures par jour devant un écran a fortement progressé.

Le tabagisme quotidien reste globalement élevé en France chez les hommes et les femmes, malgré une baisse depuis 2000, tandis que les ivresses augmentent, malgré une baisse de la consommation quotidienne.

Globalement, ces données suggèrent "une évolution défavorable des facteurs de risque d'AVC" et il faudrait en particulier améliorer le diagnostic et le contrôle de l'HTA, a commenté la chercheuse.

En plus de ces facteurs de risque classique, les adultes jeunes présentent aussi des facteurs de risque spécifiques, notamment la consommation de cannabis et de cocaïne dont la consommation a augmenté depuis 2000, en particulier chez les hommes de 20-44 ans, ainsi que les migraines et le foramen ovale perméable mais pour lesquels il n'existe pas de données de surveillance.

Baisse des hémorragies intracérébrales

Les données actualisées confirment par ailleurs une tendance à la baisse des AVC ischémiques chez les 65 ans et plus, passant de 675,1 cas à 625,2 cas pour 100.000 chez les hommes (-7%) et de 490,8 cas à 439,8 cas pour 100.000 chez les femmes (-10%). La létalité diminue également.

Il apparaît par ailleurs une diminution des patients hospitalisés pour hémorragies intracérébrales non traumatiques, ce qui n'avait pas été observé avant 2013-2014 avec les données SNDS ni dans le Registre dijonnais des AVC. Sur 2008-2019, chez les moins de 65 ans, la baisse était de 9% chez les hommes et de 8% chez les femmes, et chez les 65 ans et plus, elle était de respectivement de 18% et 15%.

Mais le nombre absolu à la fois des AVC ischémiques chez les 65 ans et plus et les hémorragies intracérébrales augmente et il faudra prendre en compte le vieillissement de la population dans l'offre de soins et de prise en charge des AVC, a souligné Amélie Gabet.

L'utilisation massive des anticoagulants oraux directs (AOD) depuis 2011-2012 à la place des antivitamines K (AVK) chez les patients atteints de fibrillation atriale en prévention du risque thrombo-embolique, avec un risque hémorragique moindre, pourrait expliquer cette tendance à la baisse. Cependant, la létalité des hémorragies intracérébrales reste très élevée et ce, malgré une prise en charge également croissante dans les UNV et USINV entre 2010 et 2019.

Globalement, en 2019, des départements restent encore dépourvus d'UNV et d'autres pourvus d'un faible nombre de lits alors que cette organisation a démontré son efficacité sur la récupération et le pronostic vital, a conclu la chercheuse.

ld/ab/APMnews

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