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22/09 2020
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LES RESPONSABLES HOSPITALIERS CONFRONTÉS À UNE SÉRIE D’"IMPÉRATIFS" (VINCENT PRÉVOTEAU, ADH)

(Par Sabine NEULAT-ISARD et Sylvain LABAUNE)

PARIS, 22 septembre 2020 (APMnews) - Les responsables, médicaux et non médicaux, hospitaliers se retrouvent à nouveau dans "la gestion de crise" mais avec plusieurs "impératifs" à remplir, a estimé Vincent Prévoteau, président de l'Association des directeurs d'hôpital (ADH), interrogé par APMnews à deux jours de l'ouverture des journées annuelles de l'ADH qui se tiendront en petit comité au Parc floral de Paris (bois de Vincennes) et pourront être aussi suivies à distance.

APMnews: Les journées annuelles de l’ADH, qui devaient se tenir en mars, ont été reprogrammées aux jeudi 24 et vendredi 25 septembre. Pourquoi avoir tenu à les organiser? Comment se dérouleront-elles?

Vincent Prévoteau
Vincent Prévoteau

Vincent Prévoteau: Avant le confinement, nous avions pris la décision de les reporter à septembre. Il y a eu ensuite une période d'accalmie puis on s'est posé la question de les maintenir au regard de l'évolution de la situation. Nous avons décidé de les maintenir pour plusieurs raisons. D'une part, beaucoup de collègues disent qu'ils sont contents qu'elles soient maintenues pour pouvoir échanger et continuer à vivre, tout en respectant les gestes barrières et en les suivant sous une forme particulière. D'autre part, nous les avons organisées à cause de la thématique choisie initialement, "action collective et collectif en action". Décidée à l'été 2019, cette thématique a aujourd'hui tout son sens. On a bien vu pendant la crise que ce collectif a été fort. Il n'a plus été question d'opposer les médecins aux directeurs ou les catégories entre elles. On voit que dans la gestion de la capacité de réponse collective, le niveau opérationnel se fait dans la complémentarité, la construction, le dialogue et dans des prises de décision extrêmement complexes.

Le programme et les intervenants ont-ils été revus?

Nous avons souhaité maintenir ces journées mais avec un programme légèrement modifié pour avoir des retours d'expérience, qu’il s’agisse de directeurs, de médecins ou de soignants, par exemple de collègues du groupe hospitalier de Mulhouse. En présentiel, nous avons près de 140 inscrits qui pourront respecter les gestes barrières, comme la distanciation physique, et une trentaine d'autres qui suivront les débats à distance.

Dans quel état d’esprit sont les directeurs hospitaliers actuellement ? Sont-ils inquiets? Si oui, qu’est-ce qui les inquiète le plus?

Nous sommes surtout sur le pont. Depuis le déconfinement, nous sommes en alerte et très vigilants. Aujourd'hui, nous avons un triple impératif: le premier est de prendre en charge les patients Covid dans nos établissements, le deuxième est d'avoir des bons patients aux bons endroits et le troisième est de prendre en charge les patients non Covid. Par exemple, en Occitanie [Vincent Prévoteau est directeur du CH de Rodez et d'autres établissements en direction commune], le directeur général de l'ARS a activé le niveau 2. On a mis en place une unité Covid, nous sommes très vigilants sur les capacités en réanimation et nous avons installé une unité Covid gériatrique pour assurer des capacités d'hospitalisation… Je ne parlerai pas d'inquiétude mais nous sommes aujourd'hui dans cette gestion de crise et sommes extrêmement mobilisés, comme on l'est toujours.

Outre ces impératifs, nous devons aussi participer à l'éducation aux gestes barrières et à l'accompagnement de nos professionnels. Il y a aussi tout le reste de la vie hospitalière, comme les projets à mener, la réalisation de travaux ou d'opérations de reconstruction. Les dossiers avancent dans une situation sanitaire qui nous amène à la plus grande vigilance.

Pour revenir au Ségur de la santé qui a débouché sur une trentaine de grandes mesures (cf dépêche du 21/07/2020 à 15:10), quelles sont selon vous les trois plus importantes?

Parmi les points les plus positifs figure d'abord celui sur la revalorisation des carrières. On a toujours dit qu'il était important d'assurer l'attractivité de l'hôpital et les premières mesures vont dans ce sens. Le deuxième est celui concernant la fin du rabot budgétaire avec plusieurs mesures, dont certaines n'étaient pas nouvelles, comme le plan urgences, le soutien à l'investissement, la vision pluriannuelle de l'Ondam ou la reprise partielle de la dette. Le fait de redonner des moyens, de permettre de lancer des projets et de pouvoir réenchanter l'hôpital, cela peut aussi permettre de stabiliser les équipes ou asseoir les organisations hospitalières. Le troisième point important est la volonté de simplification. On l'a vue pendant la crise. Des évolutions, comme l'extension des réanimations, se sont faites en très grande fluidité. Quand on peut prendre des initiatives, avec un contrôle a posteriori, et en s'inscrivant dans un lien avec le niveau départemental des ARS, cela permet d'aller plus vite.

J'ajouterai un quatrième axe important du Ségur qui est le rapport Claris sur la gouvernance et la simplification administrative. Il amène une vision équilibrée de la gouvernance, et ce au plus près du terrain. C'est important de redonner du sens et de la place aux services.

L’ADH a-t-elle participé aux travaux sur l’instruction des propositions du rapport Thiriez en vue de la réforme de la haute fonction publique (cf dépêche du 18/02/2020 à 15:59 et dépêche du 28/06/2019 à 15:02) ?

L'ADH a été auditionnée à deux reprises par la mission Thiriez. Les travaux d'instruction ont été suspendus avec la crise sanitaire mais, s'ils reprennent, nous solliciterons le cabinet d'Amélie de Montchalin [ministre de la transformation et de la fonction publiques] afin de pouvoir y être associés.

Nous maintenons notre position. La crise a bien montré que le métier de directeur d'hôpital ne s'improvise pas, il est spécifique et nécessite une formation spécifique, c'est pourquoi l'ADH s'oppose à la fusion de l’EHESP [Ecole des hautes études en santé publique] et de l'Ecole nationale supérieure de sécurité sociale [EN3S], ainsi qu'à celle des corps des DH [directeurs d'hôpital] et D3S [directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social].

Néanmoins, il peut tout à fait y avoir des parcours et des intégrations de D3S au corps des DH. Il est également important d'avoir une logique de territoire et au plus près du terrain. L'appui du sanitaire a été primordial pendant la crise pour le médico-social, j'ai pu m'en rendre compte au niveau des établissements que je dirige, que ce soit sur les compétences en hygiène ou les plateformes territoriales d’appui [PTA] dont une qui intervient régulièrement dans les Ehpad, notamment celui de Sévérac-d'Aveyron [où de nombreux cas de Covid-19 ont été recensés].

san-syl/nc/APMnews

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(Par Sabine NEULAT-ISARD et Sylvain LABAUNE)

PARIS, 22 septembre 2020 (APMnews) - Les responsables, médicaux et non médicaux, hospitaliers se retrouvent à nouveau dans "la gestion de crise" mais avec plusieurs "impératifs" à remplir, a estimé Vincent Prévoteau, président de l'Association des directeurs d'hôpital (ADH), interrogé par APMnews à deux jours de l'ouverture des journées annuelles de l'ADH qui se tiendront en petit comité au Parc floral de Paris (bois de Vincennes) et pourront être aussi suivies à distance.

APMnews: Les journées annuelles de l’ADH, qui devaient se tenir en mars, ont été reprogrammées aux jeudi 24 et vendredi 25 septembre. Pourquoi avoir tenu à les organiser? Comment se dérouleront-elles?

Vincent Prévoteau
Vincent Prévoteau

Vincent Prévoteau: Avant le confinement, nous avions pris la décision de les reporter à septembre. Il y a eu ensuite une période d'accalmie puis on s'est posé la question de les maintenir au regard de l'évolution de la situation. Nous avons décidé de les maintenir pour plusieurs raisons. D'une part, beaucoup de collègues disent qu'ils sont contents qu'elles soient maintenues pour pouvoir échanger et continuer à vivre, tout en respectant les gestes barrières et en les suivant sous une forme particulière. D'autre part, nous les avons organisées à cause de la thématique choisie initialement, "action collective et collectif en action". Décidée à l'été 2019, cette thématique a aujourd'hui tout son sens. On a bien vu pendant la crise que ce collectif a été fort. Il n'a plus été question d'opposer les médecins aux directeurs ou les catégories entre elles. On voit que dans la gestion de la capacité de réponse collective, le niveau opérationnel se fait dans la complémentarité, la construction, le dialogue et dans des prises de décision extrêmement complexes.

Le programme et les intervenants ont-ils été revus?

Nous avons souhaité maintenir ces journées mais avec un programme légèrement modifié pour avoir des retours d'expérience, qu’il s’agisse de directeurs, de médecins ou de soignants, par exemple de collègues du groupe hospitalier de Mulhouse. En présentiel, nous avons près de 140 inscrits qui pourront respecter les gestes barrières, comme la distanciation physique, et une trentaine d'autres qui suivront les débats à distance.

Dans quel état d’esprit sont les directeurs hospitaliers actuellement ? Sont-ils inquiets? Si oui, qu’est-ce qui les inquiète le plus?

Nous sommes surtout sur le pont. Depuis le déconfinement, nous sommes en alerte et très vigilants. Aujourd'hui, nous avons un triple impératif: le premier est de prendre en charge les patients Covid dans nos établissements, le deuxième est d'avoir des bons patients aux bons endroits et le troisième est de prendre en charge les patients non Covid. Par exemple, en Occitanie [Vincent Prévoteau est directeur du CH de Rodez et d'autres établissements en direction commune], le directeur général de l'ARS a activé le niveau 2. On a mis en place une unité Covid, nous sommes très vigilants sur les capacités en réanimation et nous avons installé une unité Covid gériatrique pour assurer des capacités d'hospitalisation… Je ne parlerai pas d'inquiétude mais nous sommes aujourd'hui dans cette gestion de crise et sommes extrêmement mobilisés, comme on l'est toujours.

Outre ces impératifs, nous devons aussi participer à l'éducation aux gestes barrières et à l'accompagnement de nos professionnels. Il y a aussi tout le reste de la vie hospitalière, comme les projets à mener, la réalisation de travaux ou d'opérations de reconstruction. Les dossiers avancent dans une situation sanitaire qui nous amène à la plus grande vigilance.

Pour revenir au Ségur de la santé qui a débouché sur une trentaine de grandes mesures (cf dépêche du 21/07/2020 à 15:10), quelles sont selon vous les trois plus importantes?

Parmi les points les plus positifs figure d'abord celui sur la revalorisation des carrières. On a toujours dit qu'il était important d'assurer l'attractivité de l'hôpital et les premières mesures vont dans ce sens. Le deuxième est celui concernant la fin du rabot budgétaire avec plusieurs mesures, dont certaines n'étaient pas nouvelles, comme le plan urgences, le soutien à l'investissement, la vision pluriannuelle de l'Ondam ou la reprise partielle de la dette. Le fait de redonner des moyens, de permettre de lancer des projets et de pouvoir réenchanter l'hôpital, cela peut aussi permettre de stabiliser les équipes ou asseoir les organisations hospitalières. Le troisième point important est la volonté de simplification. On l'a vue pendant la crise. Des évolutions, comme l'extension des réanimations, se sont faites en très grande fluidité. Quand on peut prendre des initiatives, avec un contrôle a posteriori, et en s'inscrivant dans un lien avec le niveau départemental des ARS, cela permet d'aller plus vite.

J'ajouterai un quatrième axe important du Ségur qui est le rapport Claris sur la gouvernance et la simplification administrative. Il amène une vision équilibrée de la gouvernance, et ce au plus près du terrain. C'est important de redonner du sens et de la place aux services.

L’ADH a-t-elle participé aux travaux sur l’instruction des propositions du rapport Thiriez en vue de la réforme de la haute fonction publique (cf dépêche du 18/02/2020 à 15:59 et dépêche du 28/06/2019 à 15:02) ?

L'ADH a été auditionnée à deux reprises par la mission Thiriez. Les travaux d'instruction ont été suspendus avec la crise sanitaire mais, s'ils reprennent, nous solliciterons le cabinet d'Amélie de Montchalin [ministre de la transformation et de la fonction publiques] afin de pouvoir y être associés.

Nous maintenons notre position. La crise a bien montré que le métier de directeur d'hôpital ne s'improvise pas, il est spécifique et nécessite une formation spécifique, c'est pourquoi l'ADH s'oppose à la fusion de l’EHESP [Ecole des hautes études en santé publique] et de l'Ecole nationale supérieure de sécurité sociale [EN3S], ainsi qu'à celle des corps des DH [directeurs d'hôpital] et D3S [directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social].

Néanmoins, il peut tout à fait y avoir des parcours et des intégrations de D3S au corps des DH. Il est également important d'avoir une logique de territoire et au plus près du terrain. L'appui du sanitaire a été primordial pendant la crise pour le médico-social, j'ai pu m'en rendre compte au niveau des établissements que je dirige, que ce soit sur les compétences en hygiène ou les plateformes territoriales d’appui [PTA] dont une qui intervient régulièrement dans les Ehpad, notamment celui de Sévérac-d'Aveyron [où de nombreux cas de Covid-19 ont été recensés].

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