Actualités de l'Urgence - APM

08/11 2022
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LES SOLUTIONS DE PÉDOPSYCHIATRES POUR RENFORCER LEURS LIENS AVEC LA PÉDIATRIE

PARIS, 8 novembre 2022 (APMnews) - Les liens entre psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et pédiatrie doivent être renforcés, notamment pour les urgences, malgré le contexte de crise actuel, plaide la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et disciplines associées (SFPEADA), dans un communiqué diffusé lundi.

"La SFPEADA est totalement solidaire des revendications des pédiatres et partage pleinement leurs inquiétudes" (cf dépêche du 03/11/2022 à 13:23), écrit la société savante en préambule de son communiqué.

"La filière de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (PEA) alerte depuis longtemps les pouvoirs publics sur ces difficultés partagées; celles des pédiatres aggravent encore davantage la situation", alerte-t-elle.

"En effet, les psychiatres d'enfant et d'adolescent qui interviennent au sein des services d'urgence et dans les centres de crise ne peuvent plus prendre en charge convenablement et selon les recommandations de bonnes pratiques les enfants et adolescents pour qui ces soins spécialisés sont nécessaires, a fortiori du fait qu'il n'existe pas de service d'urgence de PEA dédié dans la plupart des hôpitaux", explique-t-elle.

"Les enfants et les adolescents relevant d'une problématique de santé mentale sont, de fait, orientés vers les urgences pédiatriques qui ont à les gérer seules. Au mieux dans certains lieux, ils peuvent être vus aux urgences par un psychiatre d'enfants et d'adolescents travaillant quasi seul dans des conditions difficiles", poursuit-elle.

"Lorsqu'une hospitalisation est nécessaire […], les enfants et les adolescents sont alors pris en charge soit dans des services de pédiatrie inadaptés à leurs besoins, surchargés, avec des personnels non formés à cela, soit faute de mieux/par défaut dans des services de psychiatrie adultes", souligne-t-elle.

"Dans le contexte actuel de forte tension sur les lits de pédiatrie, et alors que la dégradation de la santé mentale des jeunes ne cesse de se confirmer de mois en mois depuis le début de la crise sanitaire, le risque est immense de devoir 'trier' les patients au sein des urgences; quel choix faire face à un risque vital entre une urgence somatique d'un bébé, et une urgence suicidaire d'un ado par exemple? Qui doit en assumer la responsabilité?", interroge la société savante.

"Le risque est donc celui aussi d'une aggravation des tensions entre équipe de pédiatrie et équipe d'urgence et de liaison de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, alors qu'il nous faut travailler ensemble autour de la santé globale de l'enfant et de l'adolescent", encourage-t-elle.

Des unités d'urgences de PEA aux côtés des SAU de pédiatrie

La SFPEADA formule cinq propositions qu'elle qualifie de "réalistes et rapides à mettre en place concernant l'urgence en PEA".

Elle demande la "mise en place sans délai d'unités d'urgences de PEA aux côtés des services d'accueil d'urgence de pédiatrie (SAU) permettant un accueil global de l'enfant et de l'adolescent".

"Ces unités devront être clairement repérées et repérables, bénéficier de quelques lits et des personnels dédiés et formés pour des accueils de 72h maximum" et "pourraient s'appuyer en première ligne sur les compétences des IDE [infirmiers diplômés d'Etat] de coordination, des infirmiers en pratiques avancées [IPA], des psychologues formés aux évaluations sous la supervision d'un psychiatre d'enfants et d'adolescents de sorte à graduer le parcours de soins des patients pris en charge aux urgences et à l'articuler avec les structures de soins d'aval", décrit la société savante.

Elle appelle ensuite au "renforcement des équipes de liaison de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent intervenant en pédiatrie pour les hospitalisations où les soins conjoints sont requis".

Elle propose de "s'appuyer sur des psychologues, des IPA et des éducateurs spécialisés et psychomotriciens en mettant en place des unités de supervision et formation (USF) dans les hôpitaux, en lien avec les facultés de psychologie, pour accueillir des stagiaires psychologues (master 1 et master 2) et IPA afin de leur permettre, à l'instar des étudiants en médecine, de prendre en charge des jeunes patients sous supervision du médecin de l'unité et de l'USF".

"Ces dispositifs permettraient aussi de disposer des ressources humaines nécessaires auprès des patients", estime-t-elle.

Elle demande aussi que les praticiens "dispose[nt] de conditions matérielles permettant un accueil positif et bienveillant (bureaux, ordinateur, lieu de consultations en nombre-taille-déco-équipement) des patients et de leurs familles".

Elle invite enfin à "multiplier les expériences de création de service d'accès aux soins (SAS) en PEA pour orienter mieux et éviter les consultations inutiles et répétées, éviter une arrivée aux urgences, ou relayer celles-ci sans passer par l'hospitalisation, et afin de guider les parents dans un parcours souvent peu lisible".

"Ces mesures sont simples, consensuelles et permettraient, au-delà de la réponse à l'urgence sanitaire actuelle, de construire l'avenir permettant aux enfants et adolescents ayant besoin de soins psychiatriques et psychiques d'en bénéficier pleinement", conclut la SFPEADA.

Pour rappel, encore quatre départements métropolitains n'ont pas d'offre d'hospitalisation en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (cf dépêche du 12/10/2022 à 18:27).


vl/nc/APMnews

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PARIS, 8 novembre 2022 (APMnews) - Les liens entre psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et pédiatrie doivent être renforcés, notamment pour les urgences, malgré le contexte de crise actuel, plaide la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et disciplines associées (SFPEADA), dans un communiqué diffusé lundi.

"La SFPEADA est totalement solidaire des revendications des pédiatres et partage pleinement leurs inquiétudes" (cf dépêche du 03/11/2022 à 13:23), écrit la société savante en préambule de son communiqué.

"La filière de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (PEA) alerte depuis longtemps les pouvoirs publics sur ces difficultés partagées; celles des pédiatres aggravent encore davantage la situation", alerte-t-elle.

"En effet, les psychiatres d'enfant et d'adolescent qui interviennent au sein des services d'urgence et dans les centres de crise ne peuvent plus prendre en charge convenablement et selon les recommandations de bonnes pratiques les enfants et adolescents pour qui ces soins spécialisés sont nécessaires, a fortiori du fait qu'il n'existe pas de service d'urgence de PEA dédié dans la plupart des hôpitaux", explique-t-elle.

"Les enfants et les adolescents relevant d'une problématique de santé mentale sont, de fait, orientés vers les urgences pédiatriques qui ont à les gérer seules. Au mieux dans certains lieux, ils peuvent être vus aux urgences par un psychiatre d'enfants et d'adolescents travaillant quasi seul dans des conditions difficiles", poursuit-elle.

"Lorsqu'une hospitalisation est nécessaire […], les enfants et les adolescents sont alors pris en charge soit dans des services de pédiatrie inadaptés à leurs besoins, surchargés, avec des personnels non formés à cela, soit faute de mieux/par défaut dans des services de psychiatrie adultes", souligne-t-elle.

"Dans le contexte actuel de forte tension sur les lits de pédiatrie, et alors que la dégradation de la santé mentale des jeunes ne cesse de se confirmer de mois en mois depuis le début de la crise sanitaire, le risque est immense de devoir 'trier' les patients au sein des urgences; quel choix faire face à un risque vital entre une urgence somatique d'un bébé, et une urgence suicidaire d'un ado par exemple? Qui doit en assumer la responsabilité?", interroge la société savante.

"Le risque est donc celui aussi d'une aggravation des tensions entre équipe de pédiatrie et équipe d'urgence et de liaison de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, alors qu'il nous faut travailler ensemble autour de la santé globale de l'enfant et de l'adolescent", encourage-t-elle.

Des unités d'urgences de PEA aux côtés des SAU de pédiatrie

La SFPEADA formule cinq propositions qu'elle qualifie de "réalistes et rapides à mettre en place concernant l'urgence en PEA".

Elle demande la "mise en place sans délai d'unités d'urgences de PEA aux côtés des services d'accueil d'urgence de pédiatrie (SAU) permettant un accueil global de l'enfant et de l'adolescent".

"Ces unités devront être clairement repérées et repérables, bénéficier de quelques lits et des personnels dédiés et formés pour des accueils de 72h maximum" et "pourraient s'appuyer en première ligne sur les compétences des IDE [infirmiers diplômés d'Etat] de coordination, des infirmiers en pratiques avancées [IPA], des psychologues formés aux évaluations sous la supervision d'un psychiatre d'enfants et d'adolescents de sorte à graduer le parcours de soins des patients pris en charge aux urgences et à l'articuler avec les structures de soins d'aval", décrit la société savante.

Elle appelle ensuite au "renforcement des équipes de liaison de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent intervenant en pédiatrie pour les hospitalisations où les soins conjoints sont requis".

Elle propose de "s'appuyer sur des psychologues, des IPA et des éducateurs spécialisés et psychomotriciens en mettant en place des unités de supervision et formation (USF) dans les hôpitaux, en lien avec les facultés de psychologie, pour accueillir des stagiaires psychologues (master 1 et master 2) et IPA afin de leur permettre, à l'instar des étudiants en médecine, de prendre en charge des jeunes patients sous supervision du médecin de l'unité et de l'USF".

"Ces dispositifs permettraient aussi de disposer des ressources humaines nécessaires auprès des patients", estime-t-elle.

Elle demande aussi que les praticiens "dispose[nt] de conditions matérielles permettant un accueil positif et bienveillant (bureaux, ordinateur, lieu de consultations en nombre-taille-déco-équipement) des patients et de leurs familles".

Elle invite enfin à "multiplier les expériences de création de service d'accès aux soins (SAS) en PEA pour orienter mieux et éviter les consultations inutiles et répétées, éviter une arrivée aux urgences, ou relayer celles-ci sans passer par l'hospitalisation, et afin de guider les parents dans un parcours souvent peu lisible".

"Ces mesures sont simples, consensuelles et permettraient, au-delà de la réponse à l'urgence sanitaire actuelle, de construire l'avenir permettant aux enfants et adolescents ayant besoin de soins psychiatriques et psychiques d'en bénéficier pleinement", conclut la SFPEADA.

Pour rappel, encore quatre départements métropolitains n'ont pas d'offre d'hospitalisation en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (cf dépêche du 12/10/2022 à 18:27).


vl/nc/APMnews

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