Actualités de l'Urgence - APM
LES URGENTISTES RASSURÉS PAR UNE RÉÉCRITURE "ÉQUILIBRÉE" DE LA PROPOSITION DE LOI MATRAS EN COMMISSION
Une semaine plus tôt, les urgentistes et la Fédération hospitalière de France (FHF) avaient manifesté leur profond mécontentement devant l'écriture originelle de cette proposition de loi alors qu'elle s'apprêtait à être examinée en séance publique à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 26/05/2021 à 18:56).
"Ce qui nous a énervés c’est la rédaction originale de l’article 31 et de nombreux amendements qui ont été déposés pour revenir à cette rédaction originale", a recontextualisé le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUdF), en citant l'article introduisant une expérimentation visant à instituer un numéro unique d’appel d’urgence.
"La rédaction qui est issue des amendements déposés en commission des lois est une rédaction équilibrée, qui permet de faire la part des choses, de tester, d’évaluer concrètement", a-t-il poursuivi, après avoir rappelé que 70% des appels d'urgence en France concernaient la santé.
"Seule 20% de l’activité d’une plateforme Samu est concernée par une activité conjointe avec les pompiers", a-t-il pointé par la suite.
"Nous n'avons pas peur de l’évaluation et nous veillerons à ce qu’elle soit attentive et rigoureuse", a assuré le Dr Braun, "nous sommes satisfaits de cet article qui nous permet de tester le SAS [service d'accès aux soins] au côté d’une plateforme secours".
Le président du syndicat d'urgentistes avait précédemment rappelé que le service d'accès aux soins répondait avant tout aux attentes des usagers du système de santé, notamment au travers de demandes formulées par France Assos Santé lors des travaux préparatoires menés en 2019 par le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, et le député Thomas Mesnier (LREM, Charente, cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).
"On focalise beaucoup sur l’article 31 mais ce n’est pas le seul qui posait des problèmes", a-t-il fait remarquer, en citant notamment l'article 2 qui autorisait les sapeurs-pompiers à faire des soins. Cette formulation a été remplacée par la suite par des "gestes de soins": "là, on peut arriver sur un accord".
Une réécriture également satisfaisante au sujet de carences ambulancières
Il s'est également félicité de la suppression de la redéfinition de la carence ambulancière "a posteriori" dans l'article 2 du projet de loi.
"Samu-Urgences de France plaide depuis longtemps pour que ce financement soit un financement à l’échelle de l’Etat", a-t-il indiqué, en appelant à centraliser le financement des carences ambulancières.
Il a rappelé qu'un décret sur le transport sanitaire urgent était toujours attendu à ce sujet et serait actuellement "bloqué au niveau du ministère de l’intérieur".
"Ce qu’on ne voulait pas, c’est que la décision médicale d’engagement puisse être remise en question par des personnels non secouristes", a complété la Pr Agnès Ricard-Hibon, cheffe du service du Samu 95 et vice-présidente de la SFMU.
"La redéfinition de la carence, c’est une définition médicale", a-t-elle développé, "on prescrit une ambulance quand on considère que ça relève d’un faible risque".
Pour l'ancienne présidente de la SFMU, "la meilleure solution pour éviter ces tensions financières entre Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et Samu [serait] d’avoir un dimensionnement des ambulances privées en rapport les besoins de la population et de n’utiliser les pompiers que pour les urgences vitales réelles et potentielles".
Plus tôt lors de cette conférence de presse, Agnès Ricard-Hibon avait souligné le rôle bénéfique de la régulation médicale durant la première vague épidémique de Covid-19 en France: "Malgré un nombre d’appels et de dossiers de régulation médicale très élevé, le nombre de patients qui étaient réellement transférés à l’hôpital parce qu’ils relevaient du plateau technique de l’hôpital était moins important."
"C’est ce qui a permis d’éviter de voir ces files d’ambulances qu’on a vues dans d’autres pays", a-t-elle argumenté en citant l’Ecosse, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Angleterre.
"Le 911 [numéro d'urgence unique aux États-Unis] de Baltimore [Maryland] vient de publier que 60% des engagements d’ambulances sont des engagements et des transports de patients à l’hôpital injustifiés", a abondé par la suite François Braun.
Les deux représentants de la SFMU et SUdF ont à nouveau plaidé pour un système à deux numéros d’urgence: santé et sécurité.
Près d'un million de Français pourraient être concernés par le Covid long
Lors de cette conférence de presse d'ouverture, le Dr Frédéric Adnet, urgentiste à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, AP-HP) est également revenu sur le Covid long, en soulignant que celui-ci était "susceptible de devenir un vrai problème de santé publique".
"On considère que 10% des patients qui auront une PCR positive auront des symptômes au-delà de trois semaines", a-t-il rapporté.
Selon lui, près de 550.000 personnes présentaient des formes longues du Covid-19 en mai 2021: "On s’attend à voir 1 million de patients qui consulteront les urgences en post-Covid en France".
Pour expliquer ce phénomène, le Dr Adnet a évoqué l'hypothèse d'un "virus quiescent dans les organes profonds", tels que le foie, le rein, le pancréas ou le cerveau.
Au-delà de la surmorbidité constatée chez les patients ayant été infectés par le Covid-19, il a également fait état de séquelles psychologiques et de syndrome de stress post-traumatique parmi cette population.
gl/ab/APMnews
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LES URGENTISTES RASSURÉS PAR UNE RÉÉCRITURE "ÉQUILIBRÉE" DE LA PROPOSITION DE LOI MATRAS EN COMMISSION
Une semaine plus tôt, les urgentistes et la Fédération hospitalière de France (FHF) avaient manifesté leur profond mécontentement devant l'écriture originelle de cette proposition de loi alors qu'elle s'apprêtait à être examinée en séance publique à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 26/05/2021 à 18:56).
"Ce qui nous a énervés c’est la rédaction originale de l’article 31 et de nombreux amendements qui ont été déposés pour revenir à cette rédaction originale", a recontextualisé le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUdF), en citant l'article introduisant une expérimentation visant à instituer un numéro unique d’appel d’urgence.
"La rédaction qui est issue des amendements déposés en commission des lois est une rédaction équilibrée, qui permet de faire la part des choses, de tester, d’évaluer concrètement", a-t-il poursuivi, après avoir rappelé que 70% des appels d'urgence en France concernaient la santé.
"Seule 20% de l’activité d’une plateforme Samu est concernée par une activité conjointe avec les pompiers", a-t-il pointé par la suite.
"Nous n'avons pas peur de l’évaluation et nous veillerons à ce qu’elle soit attentive et rigoureuse", a assuré le Dr Braun, "nous sommes satisfaits de cet article qui nous permet de tester le SAS [service d'accès aux soins] au côté d’une plateforme secours".
Le président du syndicat d'urgentistes avait précédemment rappelé que le service d'accès aux soins répondait avant tout aux attentes des usagers du système de santé, notamment au travers de demandes formulées par France Assos Santé lors des travaux préparatoires menés en 2019 par le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, et le député Thomas Mesnier (LREM, Charente, cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).
"On focalise beaucoup sur l’article 31 mais ce n’est pas le seul qui posait des problèmes", a-t-il fait remarquer, en citant notamment l'article 2 qui autorisait les sapeurs-pompiers à faire des soins. Cette formulation a été remplacée par la suite par des "gestes de soins": "là, on peut arriver sur un accord".
Une réécriture également satisfaisante au sujet de carences ambulancières
Il s'est également félicité de la suppression de la redéfinition de la carence ambulancière "a posteriori" dans l'article 2 du projet de loi.
"Samu-Urgences de France plaide depuis longtemps pour que ce financement soit un financement à l’échelle de l’Etat", a-t-il indiqué, en appelant à centraliser le financement des carences ambulancières.
Il a rappelé qu'un décret sur le transport sanitaire urgent était toujours attendu à ce sujet et serait actuellement "bloqué au niveau du ministère de l’intérieur".
"Ce qu’on ne voulait pas, c’est que la décision médicale d’engagement puisse être remise en question par des personnels non secouristes", a complété la Pr Agnès Ricard-Hibon, cheffe du service du Samu 95 et vice-présidente de la SFMU.
"La redéfinition de la carence, c’est une définition médicale", a-t-elle développé, "on prescrit une ambulance quand on considère que ça relève d’un faible risque".
Pour l'ancienne présidente de la SFMU, "la meilleure solution pour éviter ces tensions financières entre Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et Samu [serait] d’avoir un dimensionnement des ambulances privées en rapport les besoins de la population et de n’utiliser les pompiers que pour les urgences vitales réelles et potentielles".
Plus tôt lors de cette conférence de presse, Agnès Ricard-Hibon avait souligné le rôle bénéfique de la régulation médicale durant la première vague épidémique de Covid-19 en France: "Malgré un nombre d’appels et de dossiers de régulation médicale très élevé, le nombre de patients qui étaient réellement transférés à l’hôpital parce qu’ils relevaient du plateau technique de l’hôpital était moins important."
"C’est ce qui a permis d’éviter de voir ces files d’ambulances qu’on a vues dans d’autres pays", a-t-elle argumenté en citant l’Ecosse, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Angleterre.
"Le 911 [numéro d'urgence unique aux États-Unis] de Baltimore [Maryland] vient de publier que 60% des engagements d’ambulances sont des engagements et des transports de patients à l’hôpital injustifiés", a abondé par la suite François Braun.
Les deux représentants de la SFMU et SUdF ont à nouveau plaidé pour un système à deux numéros d’urgence: santé et sécurité.
Près d'un million de Français pourraient être concernés par le Covid long
Lors de cette conférence de presse d'ouverture, le Dr Frédéric Adnet, urgentiste à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, AP-HP) est également revenu sur le Covid long, en soulignant que celui-ci était "susceptible de devenir un vrai problème de santé publique".
"On considère que 10% des patients qui auront une PCR positive auront des symptômes au-delà de trois semaines", a-t-il rapporté.
Selon lui, près de 550.000 personnes présentaient des formes longues du Covid-19 en mai 2021: "On s’attend à voir 1 million de patients qui consulteront les urgences en post-Covid en France".
Pour expliquer ce phénomène, le Dr Adnet a évoqué l'hypothèse d'un "virus quiescent dans les organes profonds", tels que le foie, le rein, le pancréas ou le cerveau.
Au-delà de la surmorbidité constatée chez les patients ayant été infectés par le Covid-19, il a également fait état de séquelles psychologiques et de syndrome de stress post-traumatique parmi cette population.
gl/ab/APMnews