Actualités de l'Urgence - APM

02/06 2021
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LES URGENTISTES RASSURÉS PAR UNE RÉÉCRITURE "ÉQUILIBRÉE" DE LA PROPOSITION DE LOI MATRAS EN COMMISSION

PARIS, 2 juin 2021 (APMnews) - Les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de Samu-Urgences de France (SUdF) ont fait part de leur satisfecit mardi après les modifications apportées à la proposition de loi sur la sécurité civile du député Fabien Matras (LREM, Var) en commission des lois de l'Assemblée nationale, à l'occasion d'une conférence de presse à la veille de l'ouverture du Congrès urgences 2021.

Une semaine plus tôt, les urgentistes et la Fédération hospitalière de France (FHF) avaient manifesté leur profond mécontentement devant l'écriture originelle de cette proposition de loi alors qu'elle s'apprêtait à être examinée en séance publique à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 26/05/2021 à 18:56).

"Ce qui nous a énervés c’est la rédaction originale de l’article 31 et de nombreux amendements qui ont été déposés pour revenir à cette rédaction originale", a recontextualisé le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUdF), en citant l'article introduisant une expérimentation visant à instituer un numéro unique d’appel d’urgence.

"La rédaction qui est issue des amendements déposés en commission des lois est une rédaction équilibrée, qui permet de faire la part des choses, de tester, d’évaluer concrètement", a-t-il poursuivi, après avoir rappelé que 70% des appels d'urgence en France concernaient la santé.

"Seule 20% de l’activité d’une plateforme Samu est concernée par une activité conjointe avec les pompiers", a-t-il pointé par la suite.

"Nous n'avons pas peur de l’évaluation et nous veillerons à ce qu’elle soit attentive et rigoureuse", a assuré le Dr Braun, "nous sommes satisfaits de cet article qui nous permet de tester le SAS [service d'accès aux soins] au côté d’une plateforme secours".

Le président du syndicat d'urgentistes avait précédemment rappelé que le service d'accès aux soins répondait avant tout aux attentes des usagers du système de santé, notamment au travers de demandes formulées par France Assos Santé lors des travaux préparatoires menés en 2019 par le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, et le député Thomas Mesnier (LREM, Charente, cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).

"On focalise beaucoup sur l’article 31 mais ce n’est pas le seul qui posait des problèmes", a-t-il fait remarquer, en citant notamment l'article 2 qui autorisait les sapeurs-pompiers à faire des soins. Cette formulation a été remplacée par la suite par des "gestes de soins": "là, on peut arriver sur un accord".

Une réécriture également satisfaisante au sujet de carences ambulancières

Il s'est également félicité de la suppression de la redéfinition de la carence ambulancière "a posteriori" dans l'article 2 du projet de loi.

"Samu-Urgences de France plaide depuis longtemps pour que ce financement soit un financement à l’échelle de l’Etat", a-t-il indiqué, en appelant à centraliser le financement des carences ambulancières.

Il a rappelé qu'un décret sur le transport sanitaire urgent était toujours attendu à ce sujet et serait actuellement "bloqué au niveau du ministère de l’intérieur".

"Ce qu’on ne voulait pas, c’est que la décision médicale d’engagement puisse être remise en question par des personnels non secouristes", a complété la Pr Agnès Ricard-Hibon, cheffe du service du Samu 95 et vice-présidente de la SFMU.

"La redéfinition de la carence, c’est une définition médicale", a-t-elle développé, "on prescrit une ambulance quand on considère que ça relève d’un faible risque".

Pour l'ancienne présidente de la SFMU, "la meilleure solution pour éviter ces tensions financières entre Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et Samu [serait] d’avoir un dimensionnement des ambulances privées en rapport les besoins de la population et de n’utiliser les pompiers que pour les urgences vitales réelles et potentielles".

Plus tôt lors de cette conférence de presse, Agnès Ricard-Hibon avait souligné le rôle bénéfique de la régulation médicale durant la première vague épidémique de Covid-19 en France: "Malgré un nombre d’appels et de dossiers de régulation médicale très élevé, le nombre de patients qui étaient réellement transférés à l’hôpital parce qu’ils relevaient du plateau technique de l’hôpital était moins important."

"C’est ce qui a permis d’éviter de voir ces files d’ambulances qu’on a vues dans d’autres pays", a-t-elle argumenté en citant l’Ecosse, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Angleterre.

"Le 911 [numéro d'urgence unique aux États-Unis] de Baltimore [Maryland] vient de publier que 60% des engagements d’ambulances sont des engagements et des transports de patients à l’hôpital injustifiés", a abondé par la suite François Braun.

Les deux représentants de la SFMU et SUdF ont à nouveau plaidé pour un système à deux numéros d’urgence: santé et sécurité.

Près d'un million de Français pourraient être concernés par le Covid long

Lors de cette conférence de presse d'ouverture, le Dr Frédéric Adnet, urgentiste à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, AP-HP) est également revenu sur le Covid long, en soulignant que celui-ci était "susceptible de devenir un vrai problème de santé publique".

"On considère que 10% des patients qui auront une PCR positive auront des symptômes au-delà de trois semaines", a-t-il rapporté.

Selon lui, près de 550.000 personnes présentaient des formes longues du Covid-19 en mai 2021: "On s’attend à voir 1 million de patients qui consulteront les urgences en post-Covid en France".

Pour expliquer ce phénomène, le Dr Adnet a évoqué l'hypothèse d'un "virus quiescent dans les organes profonds", tels que le foie, le rein, le pancréas ou le cerveau.

Au-delà de la surmorbidité constatée chez les patients ayant été infectés par le Covid-19, il a également fait état de séquelles psychologiques et de syndrome de stress post-traumatique parmi cette population.

Olivier Véran appelle les 22 sites pilotes à démontrer l'efficacité du SAS

Lors d'une intervention mercredi matin en ouverture du congrès Urgences 2021, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a souligné l'efficacité des coopérations ville/hôpital et sanitaire/médico-social qui se sont développées durant la crise sanitaire.

"Il y a la volonté politique et depuis des années le diagnostic avait été établi d’un nécessaire décloisonnement", a-t-il commenté, "il y a aussi ce qu’on peut appeler la force des choses, le poids des circonstances".

"Ce que nous avons fait en pleine tempête, nous devons le faire par temps calme, je pense à la collaboration entre les urgentistes et la médecine de ville pour le déploiement du service d’accès aux soins", a-t-il poursuivi.

"Ce n’est pas au patient de qualifier son besoin de santé", a souligné le ministre, en saluant la distinction opérée entre secours et soins dans la réécriture du projet de loi Matras.

"J’ai tenu à ce que le texte puisse répondre à certaines insuffisances qui parfois peuvent pénaliser nos concitoyens", a assuré Olivier Véran, "le cadre notamment des carences ambulancières a pu être défini dans la proposition de loi pour améliorer la réponse faite à la population, tout en fixant des limites claires s’agissant du rôle de la régulation médicale".

"Le gouvernement a pu trouver une position d’équilibre en proposant d’expérimenter plusieurs configurations des numéros d’urgence dont le service d’accès aux soins", a-t-il estimé, "nous devons profiter des 22 sites pilotes du SAS pour démontrer que ce modèle, c’est le plus efficace, il est viable et il est duplicable".

gl/ab/APMnews

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PARIS, 2 juin 2021 (APMnews) - Les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de Samu-Urgences de France (SUdF) ont fait part de leur satisfecit mardi après les modifications apportées à la proposition de loi sur la sécurité civile du député Fabien Matras (LREM, Var) en commission des lois de l'Assemblée nationale, à l'occasion d'une conférence de presse à la veille de l'ouverture du Congrès urgences 2021.

Une semaine plus tôt, les urgentistes et la Fédération hospitalière de France (FHF) avaient manifesté leur profond mécontentement devant l'écriture originelle de cette proposition de loi alors qu'elle s'apprêtait à être examinée en séance publique à l'Assemblée nationale (cf dépêche du 26/05/2021 à 18:56).

"Ce qui nous a énervés c’est la rédaction originale de l’article 31 et de nombreux amendements qui ont été déposés pour revenir à cette rédaction originale", a recontextualisé le Dr François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUdF), en citant l'article introduisant une expérimentation visant à instituer un numéro unique d’appel d’urgence.

"La rédaction qui est issue des amendements déposés en commission des lois est une rédaction équilibrée, qui permet de faire la part des choses, de tester, d’évaluer concrètement", a-t-il poursuivi, après avoir rappelé que 70% des appels d'urgence en France concernaient la santé.

"Seule 20% de l’activité d’une plateforme Samu est concernée par une activité conjointe avec les pompiers", a-t-il pointé par la suite.

"Nous n'avons pas peur de l’évaluation et nous veillerons à ce qu’elle soit attentive et rigoureuse", a assuré le Dr Braun, "nous sommes satisfaits de cet article qui nous permet de tester le SAS [service d'accès aux soins] au côté d’une plateforme secours".

Le président du syndicat d'urgentistes avait précédemment rappelé que le service d'accès aux soins répondait avant tout aux attentes des usagers du système de santé, notamment au travers de demandes formulées par France Assos Santé lors des travaux préparatoires menés en 2019 par le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, et le député Thomas Mesnier (LREM, Charente, cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).

"On focalise beaucoup sur l’article 31 mais ce n’est pas le seul qui posait des problèmes", a-t-il fait remarquer, en citant notamment l'article 2 qui autorisait les sapeurs-pompiers à faire des soins. Cette formulation a été remplacée par la suite par des "gestes de soins": "là, on peut arriver sur un accord".

Une réécriture également satisfaisante au sujet de carences ambulancières

Il s'est également félicité de la suppression de la redéfinition de la carence ambulancière "a posteriori" dans l'article 2 du projet de loi.

"Samu-Urgences de France plaide depuis longtemps pour que ce financement soit un financement à l’échelle de l’Etat", a-t-il indiqué, en appelant à centraliser le financement des carences ambulancières.

Il a rappelé qu'un décret sur le transport sanitaire urgent était toujours attendu à ce sujet et serait actuellement "bloqué au niveau du ministère de l’intérieur".

"Ce qu’on ne voulait pas, c’est que la décision médicale d’engagement puisse être remise en question par des personnels non secouristes", a complété la Pr Agnès Ricard-Hibon, cheffe du service du Samu 95 et vice-présidente de la SFMU.

"La redéfinition de la carence, c’est une définition médicale", a-t-elle développé, "on prescrit une ambulance quand on considère que ça relève d’un faible risque".

Pour l'ancienne présidente de la SFMU, "la meilleure solution pour éviter ces tensions financières entre Sdis [service départemental d'incendie et de secours] et Samu [serait] d’avoir un dimensionnement des ambulances privées en rapport les besoins de la population et de n’utiliser les pompiers que pour les urgences vitales réelles et potentielles".

Plus tôt lors de cette conférence de presse, Agnès Ricard-Hibon avait souligné le rôle bénéfique de la régulation médicale durant la première vague épidémique de Covid-19 en France: "Malgré un nombre d’appels et de dossiers de régulation médicale très élevé, le nombre de patients qui étaient réellement transférés à l’hôpital parce qu’ils relevaient du plateau technique de l’hôpital était moins important."

"C’est ce qui a permis d’éviter de voir ces files d’ambulances qu’on a vues dans d’autres pays", a-t-elle argumenté en citant l’Ecosse, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Angleterre.

"Le 911 [numéro d'urgence unique aux États-Unis] de Baltimore [Maryland] vient de publier que 60% des engagements d’ambulances sont des engagements et des transports de patients à l’hôpital injustifiés", a abondé par la suite François Braun.

Les deux représentants de la SFMU et SUdF ont à nouveau plaidé pour un système à deux numéros d’urgence: santé et sécurité.

Près d'un million de Français pourraient être concernés par le Covid long

Lors de cette conférence de presse d'ouverture, le Dr Frédéric Adnet, urgentiste à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, AP-HP) est également revenu sur le Covid long, en soulignant que celui-ci était "susceptible de devenir un vrai problème de santé publique".

"On considère que 10% des patients qui auront une PCR positive auront des symptômes au-delà de trois semaines", a-t-il rapporté.

Selon lui, près de 550.000 personnes présentaient des formes longues du Covid-19 en mai 2021: "On s’attend à voir 1 million de patients qui consulteront les urgences en post-Covid en France".

Pour expliquer ce phénomène, le Dr Adnet a évoqué l'hypothèse d'un "virus quiescent dans les organes profonds", tels que le foie, le rein, le pancréas ou le cerveau.

Au-delà de la surmorbidité constatée chez les patients ayant été infectés par le Covid-19, il a également fait état de séquelles psychologiques et de syndrome de stress post-traumatique parmi cette population.

Olivier Véran appelle les 22 sites pilotes à démontrer l'efficacité du SAS

Lors d'une intervention mercredi matin en ouverture du congrès Urgences 2021, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a souligné l'efficacité des coopérations ville/hôpital et sanitaire/médico-social qui se sont développées durant la crise sanitaire.

"Il y a la volonté politique et depuis des années le diagnostic avait été établi d’un nécessaire décloisonnement", a-t-il commenté, "il y a aussi ce qu’on peut appeler la force des choses, le poids des circonstances".

"Ce que nous avons fait en pleine tempête, nous devons le faire par temps calme, je pense à la collaboration entre les urgentistes et la médecine de ville pour le déploiement du service d’accès aux soins", a-t-il poursuivi.

"Ce n’est pas au patient de qualifier son besoin de santé", a souligné le ministre, en saluant la distinction opérée entre secours et soins dans la réécriture du projet de loi Matras.

"J’ai tenu à ce que le texte puisse répondre à certaines insuffisances qui parfois peuvent pénaliser nos concitoyens", a assuré Olivier Véran, "le cadre notamment des carences ambulancières a pu être défini dans la proposition de loi pour améliorer la réponse faite à la population, tout en fixant des limites claires s’agissant du rôle de la régulation médicale".

"Le gouvernement a pu trouver une position d’équilibre en proposant d’expérimenter plusieurs configurations des numéros d’urgence dont le service d’accès aux soins", a-t-il estimé, "nous devons profiter des 22 sites pilotes du SAS pour démontrer que ce modèle, c’est le plus efficace, il est viable et il est duplicable".

gl/ab/APMnews

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