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18/07 2019
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PERSONNES ÂGÉES: PAS D'IMPACT DES PLANS PERSONNALISÉS DE SANTÉ SUR LES HOSPITALISATIONS ÉVITABLES ET LES URGENCES (IRDES)

PARIS, 18 juillet 2019 (APMnews) - Les plans personnalisés de santé (PPS), proposés dans le cadre de l'expérimentation sur les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d'autonomie (Paerpa), n'ont eu aucun impact en matière de réduction des hospitalisations évitables, de recours aux urgences et de polymédication, pointe l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) dans un document diffusé en fin de semaine dernière.

Le PPS est un outil proposé dans le cadre des expérimentations Paerpa lancées en 2014 pour assurer la coordination et la continuité des prises en charge sanitaires et sociales, et ainsi prévenir la perte d’autonomie, éviter le recours inapproprié à l’hospitalisation et la polymédication, rappelle l'Irdes.

Prescrit par le médecin traitant, le PPS implique au moins un autre professionnel de santé (infirmier, pharmacien ou kinésithérapeute) et il est financé à hauteur de 100 € par patient et par an, partagés entre les professionnels de santé impliqués.

Il est composé de trois documents. Le premier comprend les renseignements principaux sur la personne et les contacts qui lui seront utiles. Le deuxième fournit un plan de soins qui liste les actions sanitaires à mettre en place (suivi des renouvellements d’ordonnances, réalisation d’un bilan fragilité...). Le troisième correspond au plan d’aide qui liste les actions sociales et médico-sociales telles que le déclenchement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou le renforcement de l’aide au domicile.

L'Irdes a décidé d'évaluer l’impact de la réalisation d’un PPS sur les parcours de soins en observant l’évolution de la consommation de soins et de la qualité de prise en charge des personnes âgées qui en bénéficient.

Les auteurs de l'étude (Anne Penneau, Damien Bricard, Zeynep Or) se sont fondés sur les données de consommation inter-régimes de l’assurance maladie appariées aux bases de données hospitalières de 2013 à 2017.

"Nos résultats montrent que les personnes âgées qui ont bénéficié du PPS ont des besoins complexes, nécessitant une prise en charge sanitaire et médico-sociale", indiquent-ils. Il s'agissait souvent de personnes atteintes de maladies chroniques dont plus de la moitié ont eu une hospitalisation dans les six derniers mois. La moyenne d'âge était de 84 ans.

Les auteurs observent un impact direct du PPS sur les dépenses d’infirmières à domicile qui augmentent significativement dans la première année suivant le PPS (+29%). Ils y voient le signe d’un meilleur accompagnement de la personne âgée à son domicile.

Cette hausse ne se traduit néanmoins pas par une augmentation des dépenses globales en ville, puisqu'elle s'accompagne d'une réduction des dépenses de soins de généralistes et de médicaments (respectivement de 10% et de 13%).

"On peut donc conclure que le PPS a effectivement modifié les pratiques et la prise en charge des personnes âgées à domicile", notent les auteurs.

En revanche, ils ne constatent aucun effet significatif du PPS sur les hospitalisations évitables, la polymédication et le recours aux urgences, ce qui "interroge sur la capacité de ce type de dispositif à améliorer à lui seul ces indicateurs de qualité de prise en charge".

"Au regard de nos résultats et des remontées des informations des territoires pilotes, le PPS semble être un outil mobilisé par les professionnels de santé de premier recours pour enclencher une prise en charge médico-sociale et sociale au domicile de la personne", concluent les auteurs.

Toutefois, pour assurer la qualité et la continuité de la prise en charge globale, ils recommandent de "créer des passerelles plus formalisées avec les médecins spécialistes et les acteurs hospitaliers".

Cette étude complète une première série de publications de l'Irdes parues en 2018 sur la méthodologie d'évaluation d'impact globale de Paerpa et sur les premiers résultats (cf dépêche du 20/06/2018 à 17:09).

Lors du 2e congrès francophone "Parcours de santé, de soins, des aînés", organisé mi-juin à Paris, Dominique Libault, pilote de la concertation "grand âge et autonomie" et président du comité de pilotage national des expérimentations Paerpa, avait estimé qu'il restait des "questions ouvertes" sur les PPS. "On a énormément de matière qu'il nous faut mieux capitaliser et mieux comprendre pour en tirer les orientations pour les prochaines années, et notamment sur un sujet qui n'est pas neutre, [celui de] la rémunération et des incitatifs économiques", avait-il observé (cf dépêche du 12/06/2019 à 17:55).

Irdes, "Améliorer la prise en charge sanitaire et sociale des personnes âgées: impact des plans personnalisés de santé sur les parcours de soins", document de travail n°81, juillet 2019

cb/nc/APMnews

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PARIS, 18 juillet 2019 (APMnews) - Les plans personnalisés de santé (PPS), proposés dans le cadre de l'expérimentation sur les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d'autonomie (Paerpa), n'ont eu aucun impact en matière de réduction des hospitalisations évitables, de recours aux urgences et de polymédication, pointe l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) dans un document diffusé en fin de semaine dernière.

Le PPS est un outil proposé dans le cadre des expérimentations Paerpa lancées en 2014 pour assurer la coordination et la continuité des prises en charge sanitaires et sociales, et ainsi prévenir la perte d’autonomie, éviter le recours inapproprié à l’hospitalisation et la polymédication, rappelle l'Irdes.

Prescrit par le médecin traitant, le PPS implique au moins un autre professionnel de santé (infirmier, pharmacien ou kinésithérapeute) et il est financé à hauteur de 100 € par patient et par an, partagés entre les professionnels de santé impliqués.

Il est composé de trois documents. Le premier comprend les renseignements principaux sur la personne et les contacts qui lui seront utiles. Le deuxième fournit un plan de soins qui liste les actions sanitaires à mettre en place (suivi des renouvellements d’ordonnances, réalisation d’un bilan fragilité...). Le troisième correspond au plan d’aide qui liste les actions sociales et médico-sociales telles que le déclenchement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou le renforcement de l’aide au domicile.

L'Irdes a décidé d'évaluer l’impact de la réalisation d’un PPS sur les parcours de soins en observant l’évolution de la consommation de soins et de la qualité de prise en charge des personnes âgées qui en bénéficient.

Les auteurs de l'étude (Anne Penneau, Damien Bricard, Zeynep Or) se sont fondés sur les données de consommation inter-régimes de l’assurance maladie appariées aux bases de données hospitalières de 2013 à 2017.

"Nos résultats montrent que les personnes âgées qui ont bénéficié du PPS ont des besoins complexes, nécessitant une prise en charge sanitaire et médico-sociale", indiquent-ils. Il s'agissait souvent de personnes atteintes de maladies chroniques dont plus de la moitié ont eu une hospitalisation dans les six derniers mois. La moyenne d'âge était de 84 ans.

Les auteurs observent un impact direct du PPS sur les dépenses d’infirmières à domicile qui augmentent significativement dans la première année suivant le PPS (+29%). Ils y voient le signe d’un meilleur accompagnement de la personne âgée à son domicile.

Cette hausse ne se traduit néanmoins pas par une augmentation des dépenses globales en ville, puisqu'elle s'accompagne d'une réduction des dépenses de soins de généralistes et de médicaments (respectivement de 10% et de 13%).

"On peut donc conclure que le PPS a effectivement modifié les pratiques et la prise en charge des personnes âgées à domicile", notent les auteurs.

En revanche, ils ne constatent aucun effet significatif du PPS sur les hospitalisations évitables, la polymédication et le recours aux urgences, ce qui "interroge sur la capacité de ce type de dispositif à améliorer à lui seul ces indicateurs de qualité de prise en charge".

"Au regard de nos résultats et des remontées des informations des territoires pilotes, le PPS semble être un outil mobilisé par les professionnels de santé de premier recours pour enclencher une prise en charge médico-sociale et sociale au domicile de la personne", concluent les auteurs.

Toutefois, pour assurer la qualité et la continuité de la prise en charge globale, ils recommandent de "créer des passerelles plus formalisées avec les médecins spécialistes et les acteurs hospitaliers".

Cette étude complète une première série de publications de l'Irdes parues en 2018 sur la méthodologie d'évaluation d'impact globale de Paerpa et sur les premiers résultats (cf dépêche du 20/06/2018 à 17:09).

Lors du 2e congrès francophone "Parcours de santé, de soins, des aînés", organisé mi-juin à Paris, Dominique Libault, pilote de la concertation "grand âge et autonomie" et président du comité de pilotage national des expérimentations Paerpa, avait estimé qu'il restait des "questions ouvertes" sur les PPS. "On a énormément de matière qu'il nous faut mieux capitaliser et mieux comprendre pour en tirer les orientations pour les prochaines années, et notamment sur un sujet qui n'est pas neutre, [celui de] la rémunération et des incitatifs économiques", avait-il observé (cf dépêche du 12/06/2019 à 17:55).

Irdes, "Améliorer la prise en charge sanitaire et sociale des personnes âgées: impact des plans personnalisés de santé sur les parcours de soins", document de travail n°81, juillet 2019

cb/nc/APMnews

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