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25/05 2022
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PLUSIEURS SYNDICATS DE PROFESSIONNELS HOSPITALIERS ALERTENT SUR DES TENSIONS INÉDITES AUX URGENCES AVANT L'ÉTÉ

PARIS, 25 mai 2022 (APMnews) - Plusieurs organisations hospitalières, syndicales et professionnelles, ont interpellé par communiqués la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, sur les tensions inhabituelles rencontrées par de nombreux services d'urgence avant même le début de la période estivale.

Le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) a diffusé vendredi une lettre adressée à la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, pour attirer son attention sur une "faillite incontrôlée du fonctionnement des services d'urgence qui laisse présager, dès cet été, un véritable désastre sanitaire, sans commune mesure avec les difficultés estivales antérieures habituelles".

Dans une annexe de sa lettre, le syndicat d'urgentistes liste "plus d'une centaine de services d'urgence [109], de toutes tailles, des petits CH aux grands CHU, qui sont déjà en difficulté majeure avec des fermetures d'activité, partielles ou totales".

Samu-Urgences de France pointe les "conséquences dramatiques" de cette situation tant "sur la santé des soignés […] et sur celle des soignants, à la fois harassés par la surcharge de travail, désespérés par le sentiment de mal faire leur métier et désemparés par la montée des violences réactionnelles dont ils sont victimes".

SUdF propose trois catégories de solutions

Dans sa lettre, le syndicat a énuméré trois types de solutions pour tenter de soulager les urgences hospitalières:

  • en amont: en orientant les patients par une régulation médicale effectuée par les Samu ou les sites pilotes du service d'accès aux soins (SAS) renforcés en effectifs préalablement à la venue aux urgences, en coordonnant les fermetures des cabinets médicaux en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et/ou les conseils départementaux de l'ordre des médecins (CDOM), en mettant "en place des unités mobiles/fixes de télémédecine à la disposition du Samu/SAS", en valorisant financièrement les médecins "libéraux qui apportent une réponse à des besoins de soins non programmés définis par la régulation médicale"
  • en aval: en mettant en place des unités de gestion des lits (ou cellules d'ordonnancement ou "bed managers") dans tous les établissements possédant un service d'urgence, en utilisant plus systématiquement l'indicateur du besoin journalier minimum en lits (BJML) pour permettre l'hospitalisation des patients admis aux urgences qui le nécessitent, en imposant "la reprise par les établissements qui n'ont pas de structure des urgences les patients suivis chez eux et qui sont dans un service d'urgence, ou encore en fermant "les UHCD [unités d'hospitalisation de courte durée] qui ne jouent plus leur rôle ou en [en confiant] la responsabilité à d'autres médecins que les urgentistes"
  • organisationnelles: en fermant "les structures dont l'activité nocturne relève essentiellement de la permanence des soins [PDS] et non des urgences" ou en les confiant à la médecine de ville, en revalorisant "la garde des libéraux intervenant comme régulateur médical", en rétablissant "la valorisation financière des horaires de permanence des soins pour tous les professionnels de santé comme cela était le cas durant la pandémie", en corrigeant "l'injustice faite aux praticiens hospitaliers [PH] en rattrapant, pour ceux qui sont concernés, les quatre années d'ancienneté dont ils ont été floués lors du Ségur de la santé", ou en accélérant "l'analyse des dossiers des praticiens étrangers admis aux concours (Padhue) pour autoriser leur exercice avant l'été".

Après la publication de cette lettre, l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm) a réagi en s'alarmant de cette incitation à appeler le 15 avant de se rendre aux urgences: "Une telle pratique est dangereuse car en l'état elle provoque une augmentation très significative des appels aux Samu ou SAS".

Contacté lundi par APMnews, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Patrick Pelloux, a également regretté que cette solution ait été avancée vendredi lors d'une réunion entre la direction générale de l'offre de soins (DGOS) et les représentants du Conseil national des urgences hospitalières (CNUH), de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), de SUdF et de l'Amuf, en dénonçant une limitation de l'accès aux soins pour les publics les plus défavorisés.

Le président de l'Amuf a également regretté que la DGOS n'ait pris aucun engagement lors de cette rencontre, en annonçant seulement qu'une nouvelle réunion serait organisée ultérieurement.

"Absorber ce flux d'appels supplémentaires risque d'être extrêmement difficile car nos Samu centres 15 souffrent déjà du manque d'effectifs ARM [assistants de régulation médicale] et de médecins, qu'ils soient hospitaliers pour l'AMU [aide médicale urgente], ou généralistes pour la PDS", a ajouté le syndicat d'ARM.

Les praticiens hospitaliers réclament de toute urgence une revalorisation de la PDS

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) a également souhaité alerter "les Français et [la] ministre de la santé sur la situation critique des services d'urgence de notre pays", dans un communiqué diffusé mardi.

Après avoir lui aussi appelé à la mise en oeuvre de "mesures en amont et en aval des urgences ciblées sur la ville et à l'hôpital grâce à une concertation avec les médecins libéraux", le SNPHAR-E a plaidé pour une "revalorisation immédiate des indemnités de la permanence des soins (PDS, gardes et astreintes), non valorisées depuis 2003, véritable injustice pour les PH des spécialités à permanence des soins".

Comme SUdF, il a également réclamé "la prise en compte du temps de travail et l'intégration des praticiens nommés avant 2020 sur la nouvelle grille salariale pour récupérer les quatre ans d'ancienneté dont ils ont été privés".

Dans un communiqué commun diffusé mardi, les syndicats de PH Avenir hospitalier, la Conférence des praticiens des hôpitaux (CPH) et Action praticiens hôpital (APH) ont également fait part de leurs inquiétudes sur les difficultés actuelles des services hospitaliers, en rappelant qu'ils avaient justement refusé de parapher les accords du Ségur de la santé en raison de "l'absence de valorisation conséquente de la PDS pour les gardes comme pour les astreintes des praticiens", tout en prévenant que ce sujet "allait rapidement poser de grandes difficultés organisationnelles".

"APH, Avenir hospitalier et de la Confédération des praticiens des hôpitaux comme le SNPHAR-E et Samu-Urgences de France n'ont eu de cesse de demander l'ouverture d'un chantier de concertation sur ce thème brûlant pour le corps des praticiens hospitaliers en termes de pénibilité et d'injustice sociale pour créer ainsi un réel choc d'attractivité tant attendu", ont appuyé les trois syndicats de PH en demandant à être reçus par Brigitte Bourguignon "pour envisager les mesures à mettre en oeuvre".

Les services de pédiatrie et de gynécologie également affectés

De leur côté, le Syndicat national des pédiatres en établissements hospitaliers (SNPEH) et le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof), tous deux membres de l'intersyndicale APH, ont également interpellé la ministre de la santé et de la prévention sur les difficultés inédites rencontrées par de nombreux services hospitaliers: "Le secteur touché de la manière la plus visible est celui des urgences, vitrine de ces hôpitaux. Les urgences pédiatriques, souvent associées à des services de pédiatrie, sont particulièrement touchées."

"Le secteur de la périnatalogie subit parallèlement une dégradation brutale touchant l'ensemble des professionnels de santé", ont ajouté les deux syndicats en appelant à une "revalorisation conséquente de tous les salaires" et une révision de la comptabilisation de 24 heures de travail consécutives comme "cinq plages horaires et non plus quatre comme actuellement".

Appel unitaire pour une journée de mobilisation nationale à l'hôpital le 7 juin

Dans ce contexte de fermeture de services et de blocs opératoires faute de ressources humaines, l'Amuf, la CFE-CGC santé-social, la CGT santé-action sociale, SUD santé sociaux, le Printemps de la psychiatrie, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternité de proximité et les Collectifs Inter-Blocs (CIB), Inter-Hôpitaux (CIH), Inter-Urgences (CIU) ont lancé un "appel unitaire" pour une journée de mobilisation nationale en faveur de l'hôpital public le mardi 7 juin.

Ils réclament notamment:

  • des recrutements avec des "ratios de personnel adapté à la charge de travail"
  • une revalorisation générale des salaires
  • une meilleure reconnaissance des contraintes et des pénibilités horaires (nuit, week-end) ainsi que des qualifications des professionnelles
  • un "renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements".

Contacté mardi par APMnews, le cabinet de Brigitte Bourguignon a indiqué que la ministre consulterait l'ensemble des "parties prenantes" de ces sujets dans les "15 prochains jours" dans une volonté d'apporter des réponses "pragmatiques et territorialisées" à ces difficultés dès cet été.

La ministre affiche la volonté de conserver la même approche et la méthodologie à moyen terme pour conduire des travaux sur la PDS dans le cadre de la "conférence des parties prenantes" sur l'accès aux soins et contre les déserts médicaux annoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle ayant précédé sa réélection en avril (cf dépêche du 18/03/2022 à 11:46).

L'ARS Ile-de-France anticipe "un été sous tension"

La situation "s'est sensiblement dégradée dans les services hospitaliers franciliens depuis quelques semaines, notamment avec l'augmentation de difficultés rencontrées par les services d'accueil des urgences", a confirmé l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France jeudi dans une réponse écrite à APMnews. "La concomitance de l'épidémie de Covid-19, avec encore près de 4.300 personnes hospitalisées, de la reprise de l'activité hors Covid et surtout des tensions sur les ressources humaines hospitalières (postes vacants, absentéisme…) perturbent le fonctionnement des établissements de santé."

L'agence souligne que "l'ensemble des acteurs de la région sont mobilisés, aussi bien la médecine de ville que les établissements de santé, quel que soit leur statut" pour assurer la continuité des soins. Elle explique avoir "mis en place des leviers à court terme pour faire face à l'urgence de la situation". Elle cite le renforcement du dispositif de veille et l'activation de la cellule "anticipation et régulation des tensions de l'offre de soins", la mobilisation du Répertoire opérationnel des ressources (ROR) et "des outils opérationnels mis à la disposition des établissements pour surveiller, signaler et gérer les situations de tension hospitalière (régulation, délestage, etc.)".

L'agence anticipe "un été sous tension, en particulier dans les maternités, et réunit chaque semaine les établissements de santé pour suivre la situation", précise-t-elle. "Des mesures spécifiques sont ainsi mises en place telles que la mobilisation des soignants d'autres services aux urgences, la mobilisation des équipes des Smur, la réorientation de patients à l'échelle territoriale, la déprogrammation de soins programmés non urgents (sous décision du directeur médical), l'amélioration de l'aval des urgences (hospitalisation à domicile -HAD-, soins de suite et de réadaptation -SSR-, dispositif d'hébergement temporaire en Ehpad et USLD)" (cf dépêche du 24/05/2022 à 13:25) et des coopérations avec les acteurs du territoire également en amont des urgences.

gl-mlb/ab/APMnews

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PARIS, 25 mai 2022 (APMnews) - Plusieurs organisations hospitalières, syndicales et professionnelles, ont interpellé par communiqués la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, sur les tensions inhabituelles rencontrées par de nombreux services d'urgence avant même le début de la période estivale.

Le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) a diffusé vendredi une lettre adressée à la ministre de la santé et de la prévention, Brigitte Bourguignon, pour attirer son attention sur une "faillite incontrôlée du fonctionnement des services d'urgence qui laisse présager, dès cet été, un véritable désastre sanitaire, sans commune mesure avec les difficultés estivales antérieures habituelles".

Dans une annexe de sa lettre, le syndicat d'urgentistes liste "plus d'une centaine de services d'urgence [109], de toutes tailles, des petits CH aux grands CHU, qui sont déjà en difficulté majeure avec des fermetures d'activité, partielles ou totales".

Samu-Urgences de France pointe les "conséquences dramatiques" de cette situation tant "sur la santé des soignés […] et sur celle des soignants, à la fois harassés par la surcharge de travail, désespérés par le sentiment de mal faire leur métier et désemparés par la montée des violences réactionnelles dont ils sont victimes".

SUdF propose trois catégories de solutions

Dans sa lettre, le syndicat a énuméré trois types de solutions pour tenter de soulager les urgences hospitalières:

  • en amont: en orientant les patients par une régulation médicale effectuée par les Samu ou les sites pilotes du service d'accès aux soins (SAS) renforcés en effectifs préalablement à la venue aux urgences, en coordonnant les fermetures des cabinets médicaux en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et/ou les conseils départementaux de l'ordre des médecins (CDOM), en mettant "en place des unités mobiles/fixes de télémédecine à la disposition du Samu/SAS", en valorisant financièrement les médecins "libéraux qui apportent une réponse à des besoins de soins non programmés définis par la régulation médicale"
  • en aval: en mettant en place des unités de gestion des lits (ou cellules d'ordonnancement ou "bed managers") dans tous les établissements possédant un service d'urgence, en utilisant plus systématiquement l'indicateur du besoin journalier minimum en lits (BJML) pour permettre l'hospitalisation des patients admis aux urgences qui le nécessitent, en imposant "la reprise par les établissements qui n'ont pas de structure des urgences les patients suivis chez eux et qui sont dans un service d'urgence, ou encore en fermant "les UHCD [unités d'hospitalisation de courte durée] qui ne jouent plus leur rôle ou en [en confiant] la responsabilité à d'autres médecins que les urgentistes"
  • organisationnelles: en fermant "les structures dont l'activité nocturne relève essentiellement de la permanence des soins [PDS] et non des urgences" ou en les confiant à la médecine de ville, en revalorisant "la garde des libéraux intervenant comme régulateur médical", en rétablissant "la valorisation financière des horaires de permanence des soins pour tous les professionnels de santé comme cela était le cas durant la pandémie", en corrigeant "l'injustice faite aux praticiens hospitaliers [PH] en rattrapant, pour ceux qui sont concernés, les quatre années d'ancienneté dont ils ont été floués lors du Ségur de la santé", ou en accélérant "l'analyse des dossiers des praticiens étrangers admis aux concours (Padhue) pour autoriser leur exercice avant l'été".

Après la publication de cette lettre, l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm) a réagi en s'alarmant de cette incitation à appeler le 15 avant de se rendre aux urgences: "Une telle pratique est dangereuse car en l'état elle provoque une augmentation très significative des appels aux Samu ou SAS".

Contacté lundi par APMnews, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), Patrick Pelloux, a également regretté que cette solution ait été avancée vendredi lors d'une réunion entre la direction générale de l'offre de soins (DGOS) et les représentants du Conseil national des urgences hospitalières (CNUH), de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), de SUdF et de l'Amuf, en dénonçant une limitation de l'accès aux soins pour les publics les plus défavorisés.

Le président de l'Amuf a également regretté que la DGOS n'ait pris aucun engagement lors de cette rencontre, en annonçant seulement qu'une nouvelle réunion serait organisée ultérieurement.

"Absorber ce flux d'appels supplémentaires risque d'être extrêmement difficile car nos Samu centres 15 souffrent déjà du manque d'effectifs ARM [assistants de régulation médicale] et de médecins, qu'ils soient hospitaliers pour l'AMU [aide médicale urgente], ou généralistes pour la PDS", a ajouté le syndicat d'ARM.

Les praticiens hospitaliers réclament de toute urgence une revalorisation de la PDS

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHAR-E) a également souhaité alerter "les Français et [la] ministre de la santé sur la situation critique des services d'urgence de notre pays", dans un communiqué diffusé mardi.

Après avoir lui aussi appelé à la mise en oeuvre de "mesures en amont et en aval des urgences ciblées sur la ville et à l'hôpital grâce à une concertation avec les médecins libéraux", le SNPHAR-E a plaidé pour une "revalorisation immédiate des indemnités de la permanence des soins (PDS, gardes et astreintes), non valorisées depuis 2003, véritable injustice pour les PH des spécialités à permanence des soins".

Comme SUdF, il a également réclamé "la prise en compte du temps de travail et l'intégration des praticiens nommés avant 2020 sur la nouvelle grille salariale pour récupérer les quatre ans d'ancienneté dont ils ont été privés".

Dans un communiqué commun diffusé mardi, les syndicats de PH Avenir hospitalier, la Conférence des praticiens des hôpitaux (CPH) et Action praticiens hôpital (APH) ont également fait part de leurs inquiétudes sur les difficultés actuelles des services hospitaliers, en rappelant qu'ils avaient justement refusé de parapher les accords du Ségur de la santé en raison de "l'absence de valorisation conséquente de la PDS pour les gardes comme pour les astreintes des praticiens", tout en prévenant que ce sujet "allait rapidement poser de grandes difficultés organisationnelles".

"APH, Avenir hospitalier et de la Confédération des praticiens des hôpitaux comme le SNPHAR-E et Samu-Urgences de France n'ont eu de cesse de demander l'ouverture d'un chantier de concertation sur ce thème brûlant pour le corps des praticiens hospitaliers en termes de pénibilité et d'injustice sociale pour créer ainsi un réel choc d'attractivité tant attendu", ont appuyé les trois syndicats de PH en demandant à être reçus par Brigitte Bourguignon "pour envisager les mesures à mettre en oeuvre".

Les services de pédiatrie et de gynécologie également affectés

De leur côté, le Syndicat national des pédiatres en établissements hospitaliers (SNPEH) et le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof), tous deux membres de l'intersyndicale APH, ont également interpellé la ministre de la santé et de la prévention sur les difficultés inédites rencontrées par de nombreux services hospitaliers: "Le secteur touché de la manière la plus visible est celui des urgences, vitrine de ces hôpitaux. Les urgences pédiatriques, souvent associées à des services de pédiatrie, sont particulièrement touchées."

"Le secteur de la périnatalogie subit parallèlement une dégradation brutale touchant l'ensemble des professionnels de santé", ont ajouté les deux syndicats en appelant à une "revalorisation conséquente de tous les salaires" et une révision de la comptabilisation de 24 heures de travail consécutives comme "cinq plages horaires et non plus quatre comme actuellement".

Appel unitaire pour une journée de mobilisation nationale à l'hôpital le 7 juin

Dans ce contexte de fermeture de services et de blocs opératoires faute de ressources humaines, l'Amuf, la CFE-CGC santé-social, la CGT santé-action sociale, SUD santé sociaux, le Printemps de la psychiatrie, la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternité de proximité et les Collectifs Inter-Blocs (CIB), Inter-Hôpitaux (CIH), Inter-Urgences (CIU) ont lancé un "appel unitaire" pour une journée de mobilisation nationale en faveur de l'hôpital public le mardi 7 juin.

Ils réclament notamment:

  • des recrutements avec des "ratios de personnel adapté à la charge de travail"
  • une revalorisation générale des salaires
  • une meilleure reconnaissance des contraintes et des pénibilités horaires (nuit, week-end) ainsi que des qualifications des professionnelles
  • un "renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements".

Contacté mardi par APMnews, le cabinet de Brigitte Bourguignon a indiqué que la ministre consulterait l'ensemble des "parties prenantes" de ces sujets dans les "15 prochains jours" dans une volonté d'apporter des réponses "pragmatiques et territorialisées" à ces difficultés dès cet été.

La ministre affiche la volonté de conserver la même approche et la méthodologie à moyen terme pour conduire des travaux sur la PDS dans le cadre de la "conférence des parties prenantes" sur l'accès aux soins et contre les déserts médicaux annoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle ayant précédé sa réélection en avril (cf dépêche du 18/03/2022 à 11:46).

L'ARS Ile-de-France anticipe "un été sous tension"

La situation "s'est sensiblement dégradée dans les services hospitaliers franciliens depuis quelques semaines, notamment avec l'augmentation de difficultés rencontrées par les services d'accueil des urgences", a confirmé l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France jeudi dans une réponse écrite à APMnews. "La concomitance de l'épidémie de Covid-19, avec encore près de 4.300 personnes hospitalisées, de la reprise de l'activité hors Covid et surtout des tensions sur les ressources humaines hospitalières (postes vacants, absentéisme…) perturbent le fonctionnement des établissements de santé."

L'agence souligne que "l'ensemble des acteurs de la région sont mobilisés, aussi bien la médecine de ville que les établissements de santé, quel que soit leur statut" pour assurer la continuité des soins. Elle explique avoir "mis en place des leviers à court terme pour faire face à l'urgence de la situation". Elle cite le renforcement du dispositif de veille et l'activation de la cellule "anticipation et régulation des tensions de l'offre de soins", la mobilisation du Répertoire opérationnel des ressources (ROR) et "des outils opérationnels mis à la disposition des établissements pour surveiller, signaler et gérer les situations de tension hospitalière (régulation, délestage, etc.)".

L'agence anticipe "un été sous tension, en particulier dans les maternités, et réunit chaque semaine les établissements de santé pour suivre la situation", précise-t-elle. "Des mesures spécifiques sont ainsi mises en place telles que la mobilisation des soignants d'autres services aux urgences, la mobilisation des équipes des Smur, la réorientation de patients à l'échelle territoriale, la déprogrammation de soins programmés non urgents (sous décision du directeur médical), l'amélioration de l'aval des urgences (hospitalisation à domicile -HAD-, soins de suite et de réadaptation -SSR-, dispositif d'hébergement temporaire en Ehpad et USLD)" (cf dépêche du 24/05/2022 à 13:25) et des coopérations avec les acteurs du territoire également en amont des urgences.

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