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21/01 2022
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RENFORTS ÉTUDIANTS AU SAMU DE PARIS: LE DISPOSITIF SE "PÉRENNISE" DEPUIS LA PREMIÈRE VAGUE COVID (PIERRE CARLI)

(Par Maryannick LE BRIS, à l'hôpital Necker)

PARIS, 21 janvier 2022 (APMnews) - Le renfort des étudiants en santé organisé au Samu de Paris en première vague Covid a été pérennisé pour faire partie du fonctionnement de la régulation, a expliqué jeudi soir le Pr Pierre Carli, chef du service, à l'occasion d'un déplacement de Frédérique Vidal, ministre l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, à l'hôpital Necker.

De gauche à droite, Caroline Telion, Frédérique Vidal, le Pr Pierre Carli et une étudiante. Photo: Maryannick Le Bris/APMnews
De gauche à droite, Caroline Telion, Frédérique Vidal, le Pr Pierre Carli et une étudiante. Photo: Maryannick Le Bris/APMnews

Frédérique Vidal s'est rendue à l'hôpital Necker (Paris, AP-HP) pour échanger avec les étudiants en santé mobilisés pour faire face à l'épidémie de Covid. Une première séquence d'échanges a eu lieu avec ceux qui participent à la régulation du Samu de Paris, en présence de Pierre Carli, responsable du service, accompagné notamment de Caroline Telion, son adjointe, qui dirige le centre de formation des assistants de régulation médicale (ARM) de Paris, de Jérôme Antonini, adjoint au directeur de l'établissement et de Xavier Jeunemaitre, doyen de la faculté de santé de l'université de Paris.

Pierre Carli a rappelé que deux promotions d'ARM sont sorties depuis la mise en place de leur formation, qui dure un an. "On en est à la troisième année de formation", a précisé Caroline Telion, rappelant qu'il y a "10 CFARM [centres de formation d'ARM] en France". "La création probable d'un autre est attendue sous peu", a-t-elle ajouté. "A Paris, on a l'autorisation d'en former 60 par an, on en est à 40 cette année."

Pour renforcer les équipes chargées des décrochés des appels au plus fort de la crise, le Samu de Paris a fait appel à des étudiants en médecine. "En pleine première vague, quelques semaines avant que tout explose, nous avions les premiers formés, ce qui nous a permis de faire face à une multiplication par 5 ou 6 de notre activité", a retracé Pierre Carli.

Cette situation "exceptionnelle" a fait "boule de neige". Le mouvement "s'est pérennisé" après la première vague, avec "des étudiants tout au long de la chaîne", aux décrochés des appels à partir de la deuxième année de formation, à la régulation médicale pour les internes ou dans les Smur. "C'est une nouveauté d'avoir des docteurs juniors", a relevé Pierre Carli. "On avait déjà eu des internes de médecine d'urgence, sur le modèle précédent du DESC [diplôme d'études spécialisées complémentaires]", puis l'enseignement à la régulation médiale est devenu "un prérequis dans la maquette du DES [diplôme d'études spécialisées] de médecine d'urgence".

"Quand on voit les besoins que nous avons pour les services d'urgence, pour le Samu et pour les soins, on est très contents d'avoir anticipé la situation", a relevé Pierre Carli. L'objectif est d'organiser "plusieurs niveaux d'entrée" en fonction du niveau de formation des étudiants "dans un contexte contrôlé" par les médecins seniors.

Pierre Carli a rappelé à la ministre que le Samu de Paris est site pilote pour la mise en oeuvre du service d'accès aux soins (SAS). Il teste à ce titre, de 8 heures à 20 heures pendant les jours de la semaine, le "niveau N1" des appels prévu par le modèle, dont l'objectif est d'avoir "un décroché extrêmement rapide" pour "orienter le patient encore plus vite".

Interrogé par APMnews sur le nombre d'étudiants participant aux décrochés, il a précisé que "l'équivalent de 3 équivalents temps plein" est assuré par des étudiants volontaires, "à tiers ou quart de temps", sur "une soixantaine de postes d'ARM". Ces derniers sont rémunérés "sur la fraction de salaire des ARM, qui sont payés un peu plus que le Smic", a-t-il précisé. En cas de crise, cette proportion d'étudiants "augmente sensiblement".

Des réponses à la souffrance psychologique

Lors d'une deuxième phase de la rencontre, Frédérique Vidal a échangé avec une vingtaine d'étudiants en médecine ou soins infirmiers présents dans l'établissement, qui ont témoigné de leur expérience au plus fort de l'épidémie, dans les services d'hospitalisation, en laboratoire, ou au service des urgences.

"On a engagé énormément de notre responsabilité professionnelle durant cette crise sanitaire", a fait observer une étudiante infirmière en troisième année, évoquant les échanges de pratiques, la pluridisciplinarité, mais aussi le bouleversement des rôles pour parer à l'urgence. "Chacun a pu comprendre le métier de l'autre."

Mais au-delà de la richesse de l'apprentissage, les étudiants ont aussi rapporté des "expériences difficiles", la pénurie de matériel, la rupture de "la continuité pédagogique" pendant cette période et la difficulté à trouver un soutien face à des situations de souffrance psychologique.

Leurs représentants à la faculté de santé de l'université de Paris ont présenté des initiatives pour y répondre, dont un dispositif d'accès à une aide psychologique "sans consultation médicale préalable" ni "limitation de durée", en partenariat avec l'Hôtel-Dieu, l'Institut mutualiste Montsouris, avec le service de santé de l'université, et associant aussi des psychiatres.

Vice-doyen étudiant en médecine, Théo Bubola a exposé le projet de formation de formateurs aux premiers secours en santé mentale déployé à la faculté de santé, en lien avec l'association PSSM, soutenu par l'agence régionale de santé (ARS) (cf dépêche du 21/01/2022 à 12:00).

L'objectif est "d'avoir au moins 10% d'étudiants de la faculté de santé qui deviennent secouristes en santé mentale" et que "dans deux ans, 100% aient cette formation durant leur cursus, dès la deuxième année", a-t-il expliqué. La formation d'étudiants pour qu'ils deviennent eux-mêmes formateurs permettra de déployer le dispositif.



SAS: le "décrochage rapide" testé au Samu de Paris

Pour le territoire de Paris et sa petite couronne, quatre Samu "portent un projet de SAS [service d'accès aux soins] avec des procédures communes", ceux de Paris, du 92, 93 et 94" (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), a expliqué Pierre Carli jeudi à APMnews. "Chacun des sites développe une partie des nouveaux concepts du SAS" et le Samu de Paris travaille spécifiquement sur "la réponse rapide aux appels, pour laquelle nous sommes en configuration tous les jours de la semaine", pendant la journée. "Le Samu 94 travaille sur l'interconnexion des appels", a-t-il précisé. L'étape qui consiste en l'échange de dossiers et d'informations "entre les quatre Samu est en cours" aussi au Samu 94.

La connexion avec les soins non programmés en ville, notamment avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), et les "différentes possibilités d'adressage à des consultations" reste à construire sur le territoire de Paris et sa petite couronne, le Samu "le plus en avance sur le sujet" étant "le Samu 78" (Yvelines), l'autre site pilote retenu en Ile-de-France.

Concrètement, le Samu de Paris teste "le niveau N1 du décroché, dont l'objectif est de décrocher 90% des appels dans les 45 secondes", a précisé Pierre Carli. Après ce décroché rapide intervient "le niveau N2, où on retrouve la filière aide médicale urgente et la filière soins non programmée", qui débute pour l'heure avec ce qui existe déjà au Samu de Paris, "c'est-à-dire la permanence des soins H24". A côté de la régulation médicale du Samu, deux médecins assurent actuellement cette régulation de la médecine de ville.

Le Samu reçoit "en ce moment aux alentours de 2.500 appels par jour, et en dispositif N1, [ils sont répartis en] 50% pour l'aide médicale urgente, 50% pour la permanence des soins", a précisé Pierre Carli. Au plus haut de la vague omicron, "la demande de soins non programmés a beaucoup augmenté", pour représenter plutôt "60%", avec un nombre d'appels quotidiens qui a crû jusqu'à 3.500.

Pour le fonctionnement en SAS, "7 nouveaux postes sont prévus au premier semestre à la sortie du CFARM pour élargir les horaires".

mlb/nc/APMnews

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(Par Maryannick LE BRIS, à l'hôpital Necker)

PARIS, 21 janvier 2022 (APMnews) - Le renfort des étudiants en santé organisé au Samu de Paris en première vague Covid a été pérennisé pour faire partie du fonctionnement de la régulation, a expliqué jeudi soir le Pr Pierre Carli, chef du service, à l'occasion d'un déplacement de Frédérique Vidal, ministre l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, à l'hôpital Necker.

De gauche à droite, Caroline Telion, Frédérique Vidal, le Pr Pierre Carli et une étudiante. Photo: Maryannick Le Bris/APMnews
De gauche à droite, Caroline Telion, Frédérique Vidal, le Pr Pierre Carli et une étudiante. Photo: Maryannick Le Bris/APMnews

Frédérique Vidal s'est rendue à l'hôpital Necker (Paris, AP-HP) pour échanger avec les étudiants en santé mobilisés pour faire face à l'épidémie de Covid. Une première séquence d'échanges a eu lieu avec ceux qui participent à la régulation du Samu de Paris, en présence de Pierre Carli, responsable du service, accompagné notamment de Caroline Telion, son adjointe, qui dirige le centre de formation des assistants de régulation médicale (ARM) de Paris, de Jérôme Antonini, adjoint au directeur de l'établissement et de Xavier Jeunemaitre, doyen de la faculté de santé de l'université de Paris.

Pierre Carli a rappelé que deux promotions d'ARM sont sorties depuis la mise en place de leur formation, qui dure un an. "On en est à la troisième année de formation", a précisé Caroline Telion, rappelant qu'il y a "10 CFARM [centres de formation d'ARM] en France". "La création probable d'un autre est attendue sous peu", a-t-elle ajouté. "A Paris, on a l'autorisation d'en former 60 par an, on en est à 40 cette année."

Pour renforcer les équipes chargées des décrochés des appels au plus fort de la crise, le Samu de Paris a fait appel à des étudiants en médecine. "En pleine première vague, quelques semaines avant que tout explose, nous avions les premiers formés, ce qui nous a permis de faire face à une multiplication par 5 ou 6 de notre activité", a retracé Pierre Carli.

Cette situation "exceptionnelle" a fait "boule de neige". Le mouvement "s'est pérennisé" après la première vague, avec "des étudiants tout au long de la chaîne", aux décrochés des appels à partir de la deuxième année de formation, à la régulation médicale pour les internes ou dans les Smur. "C'est une nouveauté d'avoir des docteurs juniors", a relevé Pierre Carli. "On avait déjà eu des internes de médecine d'urgence, sur le modèle précédent du DESC [diplôme d'études spécialisées complémentaires]", puis l'enseignement à la régulation médiale est devenu "un prérequis dans la maquette du DES [diplôme d'études spécialisées] de médecine d'urgence".

"Quand on voit les besoins que nous avons pour les services d'urgence, pour le Samu et pour les soins, on est très contents d'avoir anticipé la situation", a relevé Pierre Carli. L'objectif est d'organiser "plusieurs niveaux d'entrée" en fonction du niveau de formation des étudiants "dans un contexte contrôlé" par les médecins seniors.

Pierre Carli a rappelé à la ministre que le Samu de Paris est site pilote pour la mise en oeuvre du service d'accès aux soins (SAS). Il teste à ce titre, de 8 heures à 20 heures pendant les jours de la semaine, le "niveau N1" des appels prévu par le modèle, dont l'objectif est d'avoir "un décroché extrêmement rapide" pour "orienter le patient encore plus vite".

Interrogé par APMnews sur le nombre d'étudiants participant aux décrochés, il a précisé que "l'équivalent de 3 équivalents temps plein" est assuré par des étudiants volontaires, "à tiers ou quart de temps", sur "une soixantaine de postes d'ARM". Ces derniers sont rémunérés "sur la fraction de salaire des ARM, qui sont payés un peu plus que le Smic", a-t-il précisé. En cas de crise, cette proportion d'étudiants "augmente sensiblement".

Des réponses à la souffrance psychologique

Lors d'une deuxième phase de la rencontre, Frédérique Vidal a échangé avec une vingtaine d'étudiants en médecine ou soins infirmiers présents dans l'établissement, qui ont témoigné de leur expérience au plus fort de l'épidémie, dans les services d'hospitalisation, en laboratoire, ou au service des urgences.

"On a engagé énormément de notre responsabilité professionnelle durant cette crise sanitaire", a fait observer une étudiante infirmière en troisième année, évoquant les échanges de pratiques, la pluridisciplinarité, mais aussi le bouleversement des rôles pour parer à l'urgence. "Chacun a pu comprendre le métier de l'autre."

Mais au-delà de la richesse de l'apprentissage, les étudiants ont aussi rapporté des "expériences difficiles", la pénurie de matériel, la rupture de "la continuité pédagogique" pendant cette période et la difficulté à trouver un soutien face à des situations de souffrance psychologique.

Leurs représentants à la faculté de santé de l'université de Paris ont présenté des initiatives pour y répondre, dont un dispositif d'accès à une aide psychologique "sans consultation médicale préalable" ni "limitation de durée", en partenariat avec l'Hôtel-Dieu, l'Institut mutualiste Montsouris, avec le service de santé de l'université, et associant aussi des psychiatres.

Vice-doyen étudiant en médecine, Théo Bubola a exposé le projet de formation de formateurs aux premiers secours en santé mentale déployé à la faculté de santé, en lien avec l'association PSSM, soutenu par l'agence régionale de santé (ARS) (cf dépêche du 21/01/2022 à 12:00).

L'objectif est "d'avoir au moins 10% d'étudiants de la faculté de santé qui deviennent secouristes en santé mentale" et que "dans deux ans, 100% aient cette formation durant leur cursus, dès la deuxième année", a-t-il expliqué. La formation d'étudiants pour qu'ils deviennent eux-mêmes formateurs permettra de déployer le dispositif.



SAS: le "décrochage rapide" testé au Samu de Paris

Pour le territoire de Paris et sa petite couronne, quatre Samu "portent un projet de SAS [service d'accès aux soins] avec des procédures communes", ceux de Paris, du 92, 93 et 94" (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), a expliqué Pierre Carli jeudi à APMnews. "Chacun des sites développe une partie des nouveaux concepts du SAS" et le Samu de Paris travaille spécifiquement sur "la réponse rapide aux appels, pour laquelle nous sommes en configuration tous les jours de la semaine", pendant la journée. "Le Samu 94 travaille sur l'interconnexion des appels", a-t-il précisé. L'étape qui consiste en l'échange de dossiers et d'informations "entre les quatre Samu est en cours" aussi au Samu 94.

La connexion avec les soins non programmés en ville, notamment avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), et les "différentes possibilités d'adressage à des consultations" reste à construire sur le territoire de Paris et sa petite couronne, le Samu "le plus en avance sur le sujet" étant "le Samu 78" (Yvelines), l'autre site pilote retenu en Ile-de-France.

Concrètement, le Samu de Paris teste "le niveau N1 du décroché, dont l'objectif est de décrocher 90% des appels dans les 45 secondes", a précisé Pierre Carli. Après ce décroché rapide intervient "le niveau N2, où on retrouve la filière aide médicale urgente et la filière soins non programmée", qui débute pour l'heure avec ce qui existe déjà au Samu de Paris, "c'est-à-dire la permanence des soins H24". A côté de la régulation médicale du Samu, deux médecins assurent actuellement cette régulation de la médecine de ville.

Le Samu reçoit "en ce moment aux alentours de 2.500 appels par jour, et en dispositif N1, [ils sont répartis en] 50% pour l'aide médicale urgente, 50% pour la permanence des soins", a précisé Pierre Carli. Au plus haut de la vague omicron, "la demande de soins non programmés a beaucoup augmenté", pour représenter plutôt "60%", avec un nombre d'appels quotidiens qui a crû jusqu'à 3.500.

Pour le fonctionnement en SAS, "7 nouveaux postes sont prévus au premier semestre à la sortie du CFARM pour élargir les horaires".

mlb/nc/APMnews

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