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17/05 2022
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SANTÉ MENTALE: LA NÉCESSITÉ DE S'ADAPTER AUX NOUVELLES ATTENTES DES PATIENTS (RAMSAY)

(Par Valérie LESPEZ, à Santexpo)

PARIS, 17 mai 2022 (APMnews) - La crise sanitaire a permis d'initier de nouvelles organisations et a fait naître chez les patients de nouvelles attentes auxquelles il faut répondre, a souligné Nicolas Choutet, directeur des exploitations santé mentale du groupe Ramsay, mardi, lors de l'édition 2022 du salon Santexpo, qui se déroule jusqu'à jeudi porte de Versailles à Paris.

Le Dr Magali Briane, psychiatre à la clinique Ramsay Mon Repos à Ecully (Métropole de Lyon), qui intervenait sur le plateau TV de la Fédération de l'hospitalisation privée (FPH), lors d'une session sur "l'impact du Covid sur la santé mentale", a prévenu en préambule que "les derniers chiffres de Coviprev [cf dépêche du 13/05/2022 à 11:35] montrent qu'en avril, à distance des dernières vagues [de Covid-19], on a 30% de personnes qui disent avoir des signes de dépression ou d'anxiété".

"C'est un chiffre qui est plus élevé que ce que l'on avait pendant la période de confinement. Cela nous laisse vraiment présager que les choses vont continuer", a-t-elle alerté.

Le directeur des exploitations santé mentale du groupe Ramsay, qui gère 35 cliniques de santé mentale, a souligné qu'"on n'a jamais parlé autant de santé mentale depuis deux ou trois ans".

"Pendant toute cette période du Covid, tous nos établissements ont fonctionné -on a seulement arrêté à un moment nos activités d'hôpitaux de jour- et on a été très fortement mobilisés. Et on s'aperçoit aujourd'hui que cette mobilisation reste très forte avec des nouveaux besoins qui émergent et des pratiques qui ont été initiées et qui sont riches d'enseignements", a commenté Nicolas Choutet.

"C'était une période où on a improvisé beaucoup de choses", comme "offrir la possibilité d'hospitaliser les patients", ce qui "a évité le débordement des urgences notamment à l'hôpital", a-t-il donné en exemple.

"Deux choses ont été initiées à la fois pendant le confinement et ces premiers mois de 2020", a-t-il listé, citant d'abord l'expérimentation de "nouveaux modes d'organisation".

Il a évoqué une enquête de la branche psychiatrie de la FHP (FHP-Psy) auprès de "1.600 patients qui ont eu une expérience de la prise en charge à distance pour savoir comment ils avaient vécu cette expérience". Avant la crise sanitaire, "ils venaient en hôpital de jour" et ont été accompagnés pendant la crise "avec de la visio, des appels".

Et "la moitié" des patients interrogés dans cette enquête "nous ont dit 'on aimerait bien fonctionner comme cela' [à distance]", a-t-il rapporté.

"Des traceurs" pour demain

"Cela veut dire que cet épisode a été une stimulation pour garder le contact et garder le lien", mais a permis aussi de "commencer à mettre des traceurs de quelque chose qui, demain, pourrait être un de nos modes d'organisation et de fonctionnement", a-t-il relevé.

La deuxième leçon de la crise sanitaire a été de "dire, à domicile, il faut aussi se projeter. Et de pouvoir venir voir les patients dans leur environnement, ça a été pour eux une révélation, une invitation à sortir de parcours parfois un peu chroniques pour resociabiliser, redonner de l'autonomie", a-t-il fait valoir.

La crise sanitaire a ainsi été "l'expression de besoins et d'envies différents", a souligné Nicolas Choutet. "On a vu nos durées de séjour qui ont diminué, il y a moins d'envie pour certains d'être hospitalisés. Je crois qu'on a un mouvement de fond qui va transformer dans les prochaines années le niveau des attentes", avec "plus d'envie d'être en ambulatoire, en hôpital de jour, plus d'envie d'être dans une dimension connectée".

"Certains médecins disent que demain, chez nous, dans la psychiatrie, 50% de notre activité devrait être dématérialisée", a-t-il lancé, regrettant dans ces conditions que l'avenant 9 de la convention médicale limite à 20% cette pratique pour les médecins (cf dépêche du 27/09/2021 à 14:26).

"Il faut qu'on nous ouvre des possibilités d'être dans de l'innovation, de créer autre chose", a-t-il réclamé. "On a eu le sentiment pendant cette période d'être très libres, de proposer, d'être très écoutés", a-t-il approuvé, regrettant "là, de revenir un peu dans nos processus, dans nos carcans".

"Il y a un nouveau champ politique qui s'ouvre et [il faut] nous redonner cette possibilité de proposer, de se transformer", a-t-il souhaité. "Nos professionnels ont besoin d'initier d'autres projets, de se sentir utiles, ce qui ne passera pas, peut-être, par nos dispositifs d'aujourd'hui".

Au-delà, il a justement prévenu que les dispositifs actuels ne permettent pas par exemple d'accueillir les adolescents et les jeunes adultes pour lesquels la demande de soins augmente fortement.

"On ne pourra pas répondre aux défis tout seul. Avec nos amis du public, nos structures privées et tout le monde des acteurs libéraux [...], il faut dans nos territoires, dans nos projets de territoires, donner à chacun une place, et lever un peu, parfois, les corporatismes", a-t-il demandé.

Il faut "de la vigilance et de l'ambition" pour que "cette période soit un des leviers de la transformation", a insisté Nicolas Choutet.

vl/ab/APMnews

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SANTÉ MENTALE: LA NÉCESSITÉ DE S'ADAPTER AUX NOUVELLES ATTENTES DES PATIENTS (RAMSAY)

(Par Valérie LESPEZ, à Santexpo)

PARIS, 17 mai 2022 (APMnews) - La crise sanitaire a permis d'initier de nouvelles organisations et a fait naître chez les patients de nouvelles attentes auxquelles il faut répondre, a souligné Nicolas Choutet, directeur des exploitations santé mentale du groupe Ramsay, mardi, lors de l'édition 2022 du salon Santexpo, qui se déroule jusqu'à jeudi porte de Versailles à Paris.

Le Dr Magali Briane, psychiatre à la clinique Ramsay Mon Repos à Ecully (Métropole de Lyon), qui intervenait sur le plateau TV de la Fédération de l'hospitalisation privée (FPH), lors d'une session sur "l'impact du Covid sur la santé mentale", a prévenu en préambule que "les derniers chiffres de Coviprev [cf dépêche du 13/05/2022 à 11:35] montrent qu'en avril, à distance des dernières vagues [de Covid-19], on a 30% de personnes qui disent avoir des signes de dépression ou d'anxiété".

"C'est un chiffre qui est plus élevé que ce que l'on avait pendant la période de confinement. Cela nous laisse vraiment présager que les choses vont continuer", a-t-elle alerté.

Le directeur des exploitations santé mentale du groupe Ramsay, qui gère 35 cliniques de santé mentale, a souligné qu'"on n'a jamais parlé autant de santé mentale depuis deux ou trois ans".

"Pendant toute cette période du Covid, tous nos établissements ont fonctionné -on a seulement arrêté à un moment nos activités d'hôpitaux de jour- et on a été très fortement mobilisés. Et on s'aperçoit aujourd'hui que cette mobilisation reste très forte avec des nouveaux besoins qui émergent et des pratiques qui ont été initiées et qui sont riches d'enseignements", a commenté Nicolas Choutet.

"C'était une période où on a improvisé beaucoup de choses", comme "offrir la possibilité d'hospitaliser les patients", ce qui "a évité le débordement des urgences notamment à l'hôpital", a-t-il donné en exemple.

"Deux choses ont été initiées à la fois pendant le confinement et ces premiers mois de 2020", a-t-il listé, citant d'abord l'expérimentation de "nouveaux modes d'organisation".

Il a évoqué une enquête de la branche psychiatrie de la FHP (FHP-Psy) auprès de "1.600 patients qui ont eu une expérience de la prise en charge à distance pour savoir comment ils avaient vécu cette expérience". Avant la crise sanitaire, "ils venaient en hôpital de jour" et ont été accompagnés pendant la crise "avec de la visio, des appels".

Et "la moitié" des patients interrogés dans cette enquête "nous ont dit 'on aimerait bien fonctionner comme cela' [à distance]", a-t-il rapporté.

"Des traceurs" pour demain

"Cela veut dire que cet épisode a été une stimulation pour garder le contact et garder le lien", mais a permis aussi de "commencer à mettre des traceurs de quelque chose qui, demain, pourrait être un de nos modes d'organisation et de fonctionnement", a-t-il relevé.

La deuxième leçon de la crise sanitaire a été de "dire, à domicile, il faut aussi se projeter. Et de pouvoir venir voir les patients dans leur environnement, ça a été pour eux une révélation, une invitation à sortir de parcours parfois un peu chroniques pour resociabiliser, redonner de l'autonomie", a-t-il fait valoir.

La crise sanitaire a ainsi été "l'expression de besoins et d'envies différents", a souligné Nicolas Choutet. "On a vu nos durées de séjour qui ont diminué, il y a moins d'envie pour certains d'être hospitalisés. Je crois qu'on a un mouvement de fond qui va transformer dans les prochaines années le niveau des attentes", avec "plus d'envie d'être en ambulatoire, en hôpital de jour, plus d'envie d'être dans une dimension connectée".

"Certains médecins disent que demain, chez nous, dans la psychiatrie, 50% de notre activité devrait être dématérialisée", a-t-il lancé, regrettant dans ces conditions que l'avenant 9 de la convention médicale limite à 20% cette pratique pour les médecins (cf dépêche du 27/09/2021 à 14:26).

"Il faut qu'on nous ouvre des possibilités d'être dans de l'innovation, de créer autre chose", a-t-il réclamé. "On a eu le sentiment pendant cette période d'être très libres, de proposer, d'être très écoutés", a-t-il approuvé, regrettant "là, de revenir un peu dans nos processus, dans nos carcans".

"Il y a un nouveau champ politique qui s'ouvre et [il faut] nous redonner cette possibilité de proposer, de se transformer", a-t-il souhaité. "Nos professionnels ont besoin d'initier d'autres projets, de se sentir utiles, ce qui ne passera pas, peut-être, par nos dispositifs d'aujourd'hui".

Au-delà, il a justement prévenu que les dispositifs actuels ne permettent pas par exemple d'accueillir les adolescents et les jeunes adultes pour lesquels la demande de soins augmente fortement.

"On ne pourra pas répondre aux défis tout seul. Avec nos amis du public, nos structures privées et tout le monde des acteurs libéraux [...], il faut dans nos territoires, dans nos projets de territoires, donner à chacun une place, et lever un peu, parfois, les corporatismes", a-t-il demandé.

Il faut "de la vigilance et de l'ambition" pour que "cette période soit un des leviers de la transformation", a insisté Nicolas Choutet.

vl/ab/APMnews

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