Actualités de l'Urgence - APM
SÉCURITÉ DANS LES SALLES DE NAISSANCE: LES SYNDICATS DE MÉDECINS POSENT LEURS EXIGENCES
Après plusieurs alertes ces derniers mois des professionnels de la périnatalité sur les tensions en maternité liées à la pénurie de professionnels de santé, illustrées par les fermetures de maternités et restrictions d'accès aux soins non programmés durant l'été, les syndicats représentant les trois spécialités, le Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof), le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) et le Syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers (SNPEH), lancent en commun un appel afin de "pouvoir continuer à garantir la qualité et la sécurité des soins des mères et des nouveau-nés en toutes circonstances".
Ils demandent en premier lieu la reprise des discussions du groupe de travail chargé de l'actualisation du décret de périnatalité de 1998, réalisée dans le cadre de la réforme des autorisations de soins.
La révision de ce décret, devenu obsolète, avait débuté avant la crise sanitaire mais "s'est arrêtée [...] en janvier 2020", "surtout parce que les discussions sur l'attractivité et les ratios (nombre de professionnels de santé nécessaires pour la sécurité en salle de naissance) avaient échoué, la DGOS [direction générale de l'offre de soins] refusant de comprendre que des conditions de sécurité maximales étaient la première condition pour l'attractivité des salles de naissance", selon les syndicats.
Ils "exigent" également que les recommandations sur les ratios de professionnels de santé médicaux "(sages-femmes, gynéco-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, pédiatres) soient adaptées aux besoins", lesquels doivent être "émis par les professionnels eux-mêmes".
"Dans le cas contraire s'accélérera la spirale infernale 'moins de professionnels-moins de sécurité' et 'moins de sécurité-moins de professionnels'… avec comme corollaire, davantage de risques, d'accidents voire de décès évitables", préviennent-ils.
Ils se réjouissent que les ratios de soignants "reviennent enfin sur la place démocratique via une proposition de loi sénatoriale". Une telle proposition de loi "relative à l'instauration d'un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé" a été déposée le 8 novembre par Bernard Jomier (PS, Paris), note-t-on.
En troisième lieu, ils demandent la mise en oeuvre d'un réel travail sur l'attractivité des salles de naissance, "afin de permettre que chacun ait envie d'exercer son 'coeur de métier' plutôt que de s'en évader. Ce travail devra s'intégrer dans le chantier de la permanence des soins, dont nous attendons depuis des années la réouverture".
"Les professionnels de la périnatalité fuient désormais les salles de naissance, y compris les plus jeunes; les évolutions du métier de sage-femme visent à leur faire quitter leur coeur de métier. Les anesthésistes-réanimateurs sont même pressés çà et là, sans en avoir ni la compétence ni les moyens humains, de jouer le rôle du pédiatre-réanimateur dans les maternités: les salles de naissances sont devenues des déserts médicaux!", constatent-ils.
"La sécurisation des événements autour de la naissance, pour la mère et pour le nouveau-né, selon les données acquises de la science, est un sujet de santé publique non négociable", insistent-ils.
Contre une organisation médicale des accouchements à domicile
Dans un autre communiqué commun, diffusé vendredi, les trois syndicats et Samu-Urgences de France s'élèvent contre une éventuelle organisation des accouchements à domicile choisis.
Le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) a émis la semaine dernière des recommandations "pour améliorer le parcours de soins en périnatalité des femmes", dont celle de "soutenir la diversification des pratiques: naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile", rappelle-t-on (cf dépêche du 15/11/2022 à 12:16).
"La médicalisation de l'accouchement est un progrès sanitaire qui a transformé la périnatalité en un siècle, en réduisant drastiquement la mortalité maternelle et néonatale", soulignent les quatre syndicats. Si des améliorations peuvent et doivent encore être faites afin d'allier qualité, sécurité et satisfaction des patientes, "dans un souci de sécurité et de protection de l'enfant à naître et de sa mère, l'accouchement à domicile ne doit être qu'inopiné".
Les praticiens "refusent de voir l[eur] responsabilité engagée dans la gestion d'accouchements à domicile choisis, sans information 'claire et loyale' aux futurs parents".
En outre, "la démarche vers les maisons de naissance demande à être sécurisée pour être une réponse acceptable à certaines demandes".
Ils demandent au ministre et aux parlementaires d'attribuer d'abord les moyens humains et les conditions nécessaires à l'amélioration de la sécurité et du bien-être des couples et des nouveau-nés en salle de naissance, et de "ne pas légiférer ni procéder au moindre décret ou arrêté prévoyant une organisation médicale de l'accouchement à domicile".
Ils soulignent en outre qu'il n'existe aucun registre national objectif de morbi-mortalité maternelle et néonatale liée aux accouchements à domicile et demandent la mise en place d'un tel registre.
Enfin, ils souhaitent qu'une mission d'information des futurs parents sur les bénéfices et risques des accouchements selon les différentes modalités (dans une maternité, dans une maison de naissance, à domicile) soit confiée aux conseils nationaux professionnels de la périnatalité.
cd/ab/APMnews
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SÉCURITÉ DANS LES SALLES DE NAISSANCE: LES SYNDICATS DE MÉDECINS POSENT LEURS EXIGENCES
Après plusieurs alertes ces derniers mois des professionnels de la périnatalité sur les tensions en maternité liées à la pénurie de professionnels de santé, illustrées par les fermetures de maternités et restrictions d'accès aux soins non programmés durant l'été, les syndicats représentant les trois spécialités, le Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof), le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARE) et le Syndicat national des pédiatres des établissements hospitaliers (SNPEH), lancent en commun un appel afin de "pouvoir continuer à garantir la qualité et la sécurité des soins des mères et des nouveau-nés en toutes circonstances".
Ils demandent en premier lieu la reprise des discussions du groupe de travail chargé de l'actualisation du décret de périnatalité de 1998, réalisée dans le cadre de la réforme des autorisations de soins.
La révision de ce décret, devenu obsolète, avait débuté avant la crise sanitaire mais "s'est arrêtée [...] en janvier 2020", "surtout parce que les discussions sur l'attractivité et les ratios (nombre de professionnels de santé nécessaires pour la sécurité en salle de naissance) avaient échoué, la DGOS [direction générale de l'offre de soins] refusant de comprendre que des conditions de sécurité maximales étaient la première condition pour l'attractivité des salles de naissance", selon les syndicats.
Ils "exigent" également que les recommandations sur les ratios de professionnels de santé médicaux "(sages-femmes, gynéco-obstétriciens, anesthésistes-réanimateurs, pédiatres) soient adaptées aux besoins", lesquels doivent être "émis par les professionnels eux-mêmes".
"Dans le cas contraire s'accélérera la spirale infernale 'moins de professionnels-moins de sécurité' et 'moins de sécurité-moins de professionnels'… avec comme corollaire, davantage de risques, d'accidents voire de décès évitables", préviennent-ils.
Ils se réjouissent que les ratios de soignants "reviennent enfin sur la place démocratique via une proposition de loi sénatoriale". Une telle proposition de loi "relative à l'instauration d'un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé" a été déposée le 8 novembre par Bernard Jomier (PS, Paris), note-t-on.
En troisième lieu, ils demandent la mise en oeuvre d'un réel travail sur l'attractivité des salles de naissance, "afin de permettre que chacun ait envie d'exercer son 'coeur de métier' plutôt que de s'en évader. Ce travail devra s'intégrer dans le chantier de la permanence des soins, dont nous attendons depuis des années la réouverture".
"Les professionnels de la périnatalité fuient désormais les salles de naissance, y compris les plus jeunes; les évolutions du métier de sage-femme visent à leur faire quitter leur coeur de métier. Les anesthésistes-réanimateurs sont même pressés çà et là, sans en avoir ni la compétence ni les moyens humains, de jouer le rôle du pédiatre-réanimateur dans les maternités: les salles de naissances sont devenues des déserts médicaux!", constatent-ils.
"La sécurisation des événements autour de la naissance, pour la mère et pour le nouveau-né, selon les données acquises de la science, est un sujet de santé publique non négociable", insistent-ils.
Contre une organisation médicale des accouchements à domicile
Dans un autre communiqué commun, diffusé vendredi, les trois syndicats et Samu-Urgences de France s'élèvent contre une éventuelle organisation des accouchements à domicile choisis.
Le Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane) a émis la semaine dernière des recommandations "pour améliorer le parcours de soins en périnatalité des femmes", dont celle de "soutenir la diversification des pratiques: naissance physiologique dans les hôpitaux, maisons de naissance, accouchement à domicile", rappelle-t-on (cf dépêche du 15/11/2022 à 12:16).
"La médicalisation de l'accouchement est un progrès sanitaire qui a transformé la périnatalité en un siècle, en réduisant drastiquement la mortalité maternelle et néonatale", soulignent les quatre syndicats. Si des améliorations peuvent et doivent encore être faites afin d'allier qualité, sécurité et satisfaction des patientes, "dans un souci de sécurité et de protection de l'enfant à naître et de sa mère, l'accouchement à domicile ne doit être qu'inopiné".
Les praticiens "refusent de voir l[eur] responsabilité engagée dans la gestion d'accouchements à domicile choisis, sans information 'claire et loyale' aux futurs parents".
En outre, "la démarche vers les maisons de naissance demande à être sécurisée pour être une réponse acceptable à certaines demandes".
Ils demandent au ministre et aux parlementaires d'attribuer d'abord les moyens humains et les conditions nécessaires à l'amélioration de la sécurité et du bien-être des couples et des nouveau-nés en salle de naissance, et de "ne pas légiférer ni procéder au moindre décret ou arrêté prévoyant une organisation médicale de l'accouchement à domicile".
Ils soulignent en outre qu'il n'existe aucun registre national objectif de morbi-mortalité maternelle et néonatale liée aux accouchements à domicile et demandent la mise en place d'un tel registre.
Enfin, ils souhaitent qu'une mission d'information des futurs parents sur les bénéfices et risques des accouchements selon les différentes modalités (dans une maternité, dans une maison de naissance, à domicile) soit confiée aux conseils nationaux professionnels de la périnatalité.
cd/ab/APMnews