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06/12 2021
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SERVICE D'ACCÈS AUX SOINS DE HAUTE-GARONNE: ENCORE DES DIFFICULTÉS SUR LES GARDES DES MÉDECINS RÉGULATEURS LIBÉRAUX

(Par Caroline BESNIER, au Séminaire national des hospitaliers)

TOULOUSE, 6 décembre 2021 (APMnews) - Le service d'accès aux soins (SAS) de Haute-Garonne a permis des avancées au cours de ses sept premiers mois d'installation mais cela reste difficile de trouver des médecins libéraux pour remplir les tableaux de garde en régulation, a constaté le chef de service du Samu 31, le Pr Vincent Bounes, lors du Séminaire national des hospitaliers (SNH) organisé à Toulouse.

Il est intervenu mardi lors d'une session sur l'hôpital hors les murs pour dresser un état des lieux du SAS de Haute-Garonne qui fait partie des 22 projets pilotes retenus fin 2020 par le ministère des solidarités et de la santé pour conduire une expérimentation du dispositif (cf dépêche du 03/12/2020 à 17:16 et dépêche du 23/11/2020 à 14:00).

Il a tout d'abord rappelé l'organisation du SAS autour d'une première brique de régulation avec un assistant de régulation médicale (ARM) en premier effecteur puis un médecin régulateur de l'aide médicale urgente (assisté d'un ARM gestionnaire de moyens) ou un médecin libéral régulateur des soins non programmés (assisté d'un opérateur des soins non programmés -OSNP- avec un profil de secrétaire médical) qui donne un conseil médical ou oriente vers un médecin (cf dépêche du 16/09/2021 à 17:35).

Ce dispositif pilote a partiellement débuté le 31 mai, rappelle-t-on.

Les résultats présentés par le Pr Bounes montrent que depuis juin, le nombre de consultations prises par le SAS chez un professionnel de santé a doublé, tandis que le nombre de dossiers de régulation médicale (DRM) traités et de conseils médicaux donnés varie au gré du nombre de régulateurs disponibles.

Après une forte hausse en juillet, le nombre de DRM traités par les régulateurs libéraux a diminué en août et en septembre. La majeure partie des appels reste traitée par l'aide médicale urgente.

S'agissant des consultations, elles ont débuté "modestement" mais ont doublé entre juin et septembre (de 322 à 668), ce qui est "encourageant", a observé le Pr Bounes.

Une analyse des "bordereaux effection" donne une idée de la mobilisation des médecins libéraux pour assurer ces consultations même si ces données sont incomplètes. De juillet à septembre, les consultations réalisées à la suite d'une orientation SAS ont été prises en charge par 257 médecins, dont 198 ont réalisé une seule consultation et 15 en ont fait plus de 10.

"Aucun médecin n'a fait de l'activité SAS son activité principale, ça reste une activité secondaire voire à la marge pour beaucoup de médecins", a noté le chef du Samu 31.

Une des difficultés reste le remplissage des tableaux de garde. "On a prévu deux régulateurs en journée mais beaucoup de plages ne sont pas fournies sur le 2e tableau" et, quand il n'y a aucun des deux médecins libéraux prévus, cette absence doit être compensée par l'aide médicale urgente, a noté le responsable.

"C'est un peu compliqué et ça ne s'arrange pas pour le mois de décembre. On a encore du mal à recruter des médecins", a-t-il déploré. L'arrivée de nouveaux régulateurs ne pallie pas le désengagement d'autres régulateurs.

Au cours des derniers mois, sur la quarantaine de plages de régulation devant être assurées par des libéraux, il y a eu un seul des 2 professionnels sur 42% des plages et aucun sur 4% des plages en juin. Ces chiffres se sont élevés à 67% et 2% en juillet, 56% et 18% en août et 52% et 6% en septembre. Sur le planning prévisionnel d'octobre, ils étaient affichés à 66% et 7%.

Au niveau financier, un budget de 1,86 million d'euros (M€) avait été initialement fixé pour 9 mois d'expérimentation en 2021. Le budget déclaré sur 7 mois finalement d'expérimentation s'élève à 1,14 M€, dont 826.300 € pour le CHU de Toulouse (ressources humaines, frais de structure et de gestion et investissement) et 314.800 € pour les associations de régulation libérale (par rapport à 925.000 prévus).

"La part libérale a été largement sous-utilisée principalement du fait des trous dans les tableaux de garde des médecins", a noté le Pr Bounes.

L'outil SAS.sante.fr encore peu utile

Le chef de service du Samu 31 s'est aussi montré plus critique sur l'outil SAS.sante.fr, qui a pris du retard et sur lequel il manque encore beaucoup de briques. "À l’heure actuelle, il n'affiche pas la disponibilité en temps réel des effecteurs, […] c'est juste une espèce de gros annuaire […] pas excessivement utile."

Il est prévu de partager l'agenda des médecins effecteurs, ce qui permettrait de voir les plages de consultation et, pour des médecins volontaires, de prendre directement des rendez-vous pour des patients.

Des fiches permettant de renseigner des informations sur le patient devaient initialement être déployées en 2022 mais devraient l'être probablement plus tard car il y a pratiquement une année de retard sur le calendrier.

S'agissant des OSNP, le Pr Bounes a indiqué que leurs missions étaient plutôt bien réalisées. Durant les plages de garde vides du médecin, ils sont toutefois postés mais sans mission. Un travail a donc été mené pour leur permettre de travailler également pour les médecins régulateurs de la permanence des soins ambulatoire (PDSA).

Parmi les points positifs, le responsable du Samu a évoqué un fonctionnement de plus en plus "fluide", une articulation entre le libéral et le public "facilitée", la présence d'un infirmier de psychiatrie au centre de régulation des appels qui peut être sollicité par les médecins libéraux, une filière gériatrique en train de s'organiser "avec un projet de gérontophone" (avis spécialisé en journée) et "beaucoup de débrouille des OSNP" sur des filières non prévues initialement comme l'odontologie.

S'agissant des risques et irritants, outre le manque de médecins régulateurs libéraux, il a mentionné "parfois des difficultés de communication ou de bonne compréhension entre les deux filières" AMU et médecins libéraux, ainsi que "des patients qui ne se présentent pas toujours aux rendez-vous" pris pour eux.

Le Pr Bounes souhaite désormais "embarquer" encore plus de professionnels dans le SAS, notamment sur l'offre de soins après régulation, et s'est déclaré "confiant", après 7 mois d'expérimentation "sur la bonne tenue du dispositif et sa persistance dans le temps".

"Il y a cette première brique [de régulation des appels] à stabiliser avant d'attaquer les autres" même si des éléments du dispositif sont "en avance de phase" comme la psychiatrie qui a permis de réduire les passages aux urgences, et la gériatrie, a-t-il observé.

Le Pr Bounes a relaté par ailleurs qu'un dispositif expérimental avait été déployé sur la Haute-Garonne avec un médecin généraliste salarié qui se déplace à la demande du Samu. La fonction de "bed management" est aussi en cours de mise en place avec l'observatoire des urgences.

cb/ab/APMnews

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(Par Caroline BESNIER, au Séminaire national des hospitaliers)

TOULOUSE, 6 décembre 2021 (APMnews) - Le service d'accès aux soins (SAS) de Haute-Garonne a permis des avancées au cours de ses sept premiers mois d'installation mais cela reste difficile de trouver des médecins libéraux pour remplir les tableaux de garde en régulation, a constaté le chef de service du Samu 31, le Pr Vincent Bounes, lors du Séminaire national des hospitaliers (SNH) organisé à Toulouse.

Il est intervenu mardi lors d'une session sur l'hôpital hors les murs pour dresser un état des lieux du SAS de Haute-Garonne qui fait partie des 22 projets pilotes retenus fin 2020 par le ministère des solidarités et de la santé pour conduire une expérimentation du dispositif (cf dépêche du 03/12/2020 à 17:16 et dépêche du 23/11/2020 à 14:00).

Il a tout d'abord rappelé l'organisation du SAS autour d'une première brique de régulation avec un assistant de régulation médicale (ARM) en premier effecteur puis un médecin régulateur de l'aide médicale urgente (assisté d'un ARM gestionnaire de moyens) ou un médecin libéral régulateur des soins non programmés (assisté d'un opérateur des soins non programmés -OSNP- avec un profil de secrétaire médical) qui donne un conseil médical ou oriente vers un médecin (cf dépêche du 16/09/2021 à 17:35).

Ce dispositif pilote a partiellement débuté le 31 mai, rappelle-t-on.

Les résultats présentés par le Pr Bounes montrent que depuis juin, le nombre de consultations prises par le SAS chez un professionnel de santé a doublé, tandis que le nombre de dossiers de régulation médicale (DRM) traités et de conseils médicaux donnés varie au gré du nombre de régulateurs disponibles.

Après une forte hausse en juillet, le nombre de DRM traités par les régulateurs libéraux a diminué en août et en septembre. La majeure partie des appels reste traitée par l'aide médicale urgente.

S'agissant des consultations, elles ont débuté "modestement" mais ont doublé entre juin et septembre (de 322 à 668), ce qui est "encourageant", a observé le Pr Bounes.

Une analyse des "bordereaux effection" donne une idée de la mobilisation des médecins libéraux pour assurer ces consultations même si ces données sont incomplètes. De juillet à septembre, les consultations réalisées à la suite d'une orientation SAS ont été prises en charge par 257 médecins, dont 198 ont réalisé une seule consultation et 15 en ont fait plus de 10.

"Aucun médecin n'a fait de l'activité SAS son activité principale, ça reste une activité secondaire voire à la marge pour beaucoup de médecins", a noté le chef du Samu 31.

Une des difficultés reste le remplissage des tableaux de garde. "On a prévu deux régulateurs en journée mais beaucoup de plages ne sont pas fournies sur le 2e tableau" et, quand il n'y a aucun des deux médecins libéraux prévus, cette absence doit être compensée par l'aide médicale urgente, a noté le responsable.

"C'est un peu compliqué et ça ne s'arrange pas pour le mois de décembre. On a encore du mal à recruter des médecins", a-t-il déploré. L'arrivée de nouveaux régulateurs ne pallie pas le désengagement d'autres régulateurs.

Au cours des derniers mois, sur la quarantaine de plages de régulation devant être assurées par des libéraux, il y a eu un seul des 2 professionnels sur 42% des plages et aucun sur 4% des plages en juin. Ces chiffres se sont élevés à 67% et 2% en juillet, 56% et 18% en août et 52% et 6% en septembre. Sur le planning prévisionnel d'octobre, ils étaient affichés à 66% et 7%.

Au niveau financier, un budget de 1,86 million d'euros (M€) avait été initialement fixé pour 9 mois d'expérimentation en 2021. Le budget déclaré sur 7 mois finalement d'expérimentation s'élève à 1,14 M€, dont 826.300 € pour le CHU de Toulouse (ressources humaines, frais de structure et de gestion et investissement) et 314.800 € pour les associations de régulation libérale (par rapport à 925.000 prévus).

"La part libérale a été largement sous-utilisée principalement du fait des trous dans les tableaux de garde des médecins", a noté le Pr Bounes.

L'outil SAS.sante.fr encore peu utile

Le chef de service du Samu 31 s'est aussi montré plus critique sur l'outil SAS.sante.fr, qui a pris du retard et sur lequel il manque encore beaucoup de briques. "À l’heure actuelle, il n'affiche pas la disponibilité en temps réel des effecteurs, […] c'est juste une espèce de gros annuaire […] pas excessivement utile."

Il est prévu de partager l'agenda des médecins effecteurs, ce qui permettrait de voir les plages de consultation et, pour des médecins volontaires, de prendre directement des rendez-vous pour des patients.

Des fiches permettant de renseigner des informations sur le patient devaient initialement être déployées en 2022 mais devraient l'être probablement plus tard car il y a pratiquement une année de retard sur le calendrier.

S'agissant des OSNP, le Pr Bounes a indiqué que leurs missions étaient plutôt bien réalisées. Durant les plages de garde vides du médecin, ils sont toutefois postés mais sans mission. Un travail a donc été mené pour leur permettre de travailler également pour les médecins régulateurs de la permanence des soins ambulatoire (PDSA).

Parmi les points positifs, le responsable du Samu a évoqué un fonctionnement de plus en plus "fluide", une articulation entre le libéral et le public "facilitée", la présence d'un infirmier de psychiatrie au centre de régulation des appels qui peut être sollicité par les médecins libéraux, une filière gériatrique en train de s'organiser "avec un projet de gérontophone" (avis spécialisé en journée) et "beaucoup de débrouille des OSNP" sur des filières non prévues initialement comme l'odontologie.

S'agissant des risques et irritants, outre le manque de médecins régulateurs libéraux, il a mentionné "parfois des difficultés de communication ou de bonne compréhension entre les deux filières" AMU et médecins libéraux, ainsi que "des patients qui ne se présentent pas toujours aux rendez-vous" pris pour eux.

Le Pr Bounes souhaite désormais "embarquer" encore plus de professionnels dans le SAS, notamment sur l'offre de soins après régulation, et s'est déclaré "confiant", après 7 mois d'expérimentation "sur la bonne tenue du dispositif et sa persistance dans le temps".

"Il y a cette première brique [de régulation des appels] à stabiliser avant d'attaquer les autres" même si des éléments du dispositif sont "en avance de phase" comme la psychiatrie qui a permis de réduire les passages aux urgences, et la gériatrie, a-t-il observé.

Le Pr Bounes a relaté par ailleurs qu'un dispositif expérimental avait été déployé sur la Haute-Garonne avec un médecin généraliste salarié qui se déplace à la demande du Samu. La fonction de "bed management" est aussi en cours de mise en place avec l'observatoire des urgences.

cb/ab/APMnews

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