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24/02 2020
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URGENCES: L'HÔPITAL SAINT-ANTOINE (AP-HP) SORT DE LA GRÈVE APRÈS 11 MOIS DE MOBILISATION

PARIS, 24 février 2020 (APMnews) - L'hôpital Saint-Antoine, à Paris (AP-HP), a signé un protocole de sortie de grève, près d'un an après avoir été le premier à entrer dans la mobilisation, a-t-on appris de sources concordantes.

L'ensemble du service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine est sorti de la grève reconductible lancée mi-mars 2019, après la signature d'un protocole signé vendredi 14 février avec SUD santé AP-HP, a précisé l'Assistance publique-hôpitaux de Paris vendredi à APMnews.

Le personnel paramédical des urgences de cet établissement a été le premier à se mobiliser, après plusieurs agressions dans le service, revendiquant de meilleures conditions d'exercice et une revalorisation des rémunérations, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/03/2019 à 18:21).

Le mouvement, organisé au sein du collectif Inter-Urgences, s'est ensuite étendu à l'AP-HP, puis aux urgences des autres régions, avant de se généraliser à tous les services et aux professionnels médicaux, qui ont lancé des mouvements de grève dès l'automne 2019, avec la naissance du collectif Inter-Hôpitaux (cf dépêche du 23/09/2019 à 14:52).

A l'hôpital Saint-Antoine, "le 23 décembre 2019, un protocole d’accord a été signé avec la CFDT après un vote des équipes favorables à 89% à une sortie de grève (62 votants sur les 120 personnels que compte le service se sont prononcés, dont 55 ont voté pour la sortie de grève)", mais il "n’a pas été reconnu par les équipes de nuit", a souligné l'AP-HP.

"Plusieurs nouvelles réunions de négociations" ont eu lieu avant la signature du même protocole pour l'ensemble des équipes. "Il résume les engagements pris par la direction de l’hôpital Saint-Antoine en réponse aux préoccupations exprimées par les personnels", notamment en matière de sécurité.

L'AP-HP cite la "garantie de la présence permanente d’un agent de sécurité au niveau de l’accueil des urgences 24h/24 et 7j/7, la présence la nuit d’un deuxième agent de sécurité, la mise en place d’un système d’appel à renfort dans les box pour sécuriser le personnel" et "des travaux d’amélioration de la sécurisation des locaux comme l’installation d’un système de vidéosurveillance".

Le protocole concerne également "l’accès possible à la formation pour les professionnels aides-soignants, le versement de l’indemnité forfaitaire de risque d’un montant net de 100 euros par mois pour les personnels" qui exercent au service des urgences et "la nouvelle 'indemnité pour travaux dangereux, insalubres et salissants'" (cf dépêche du 17/04/2019 à 14:37).

"Dans un contexte où le taux global de mobilisation (grévistes absents et assignés) des personnels des services des urgences est de 3,49%, 13 des 25 services des urgences de l’AP-HP sont aujourd’hui officiellement sortis de la grève", souligne l'institution.

Elle précise également que des protocoles d’accord ont été signés dans les services des urgences des hôpitaux Saint-Antoine, Trousseau, Robert-Debré, Antoine-Béclère (urgences adultes et pédiatriques), Pitié-Salpêtrière, Henri-Mondor, Tenon, Ambroise-Paré (urgences adultes et pédiatriques), Saint-Louis, Necker-Enfants malades et à l'hôpital européen Georges-Pompidou.

Interrogé lundi par APMnews, Olivier Youinou, cosecrétaire général de SUD à l'AP-HP, a confirmé que la sortie de grève aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine répondait "à une demande des agents". Une assemblée générale des personnels "a voté l'arrêt de la grève" aux urgences et "nous avons donc signé par le biais de nos représentants locaux un protocole de sortie".

Cette décision s'explique en partie "parce que le mouvement n'est plus spécifique aux urgences", a-t-il souligné, relevant que, dans le même temps, "le principe de la grève reconductible n'est pas acté encore" dans le contexte d'un mobilisation générale à l'hôpital.

Si les professionnels paramédicaux des urgences ont pu obtenir une prime spécifique de 100 € décidée par le ministère, pour le reste des revendications, à savoir une augmentation de salaire de 300 €, la création de lits d'aval et des recrutements, "ils ont compris que c'est au-delà de leurs propres services" que les revendications devaient être portées, a-t-il expliqué.

Par ailleurs, à l'AP-HP, "une prime unique de 250 € octroyée seulement en cas de sortie de grève a pesé sur le choix du personnel", a-t-il ajouté. A l'hôpital Saint-Antoine, "l'équipe de jour était déjà sortie de grève et avait touché cette prime".

Pour autant, les professionnels des urgences "continuent de participer à la colère hospitalière, toujours présente comme l'a montré la manifestation du 14 février", a poursuivi Olivier Youinou. Le mouvement va continuer "même si des pressions sont exercées sur certains personnels", a-t-il considéré.

Douze organisations en appellent à Olivier Véran

Egalement sollicité lundi, Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, a également regretté des éléments ayant "divisé les équipes" et des "inégalités de traitement", comme la "validation d'heures supplémentaires pour la seule équipe de jour", ce qui a contribué selon lui à fragiliser le mouvement, dans un contexte d'épuisement du personnel.

Au-delà, au vu de la longueur de la mobilisation aux urgences (près d'un an), "on doit trouver un autre indicateur que celui du nombre de services en grève pour montrer que l'on reste mobilisé", a-t-il commenté. Le "mouvement est en train de se transformer", avec notamment le relasi pris par le collectif Inter-Hôpitaux, a-t-il expliqué.

"Environ 240 services" des urgences seraient toujours en grève et "il y en a eu plus de 300 à un moment", a-t-il estimé.

"La plus grande victoire que l'on a eue à l'heure actuelle, c'est que quand les gens ont le sentiment de mal faire le travail, ils comprennent que c'est pour des raisons qui les dépassent. Cela fera moins de souffrance au travail, même si cela ne résout pas le problème de l'hôpital", a insisté l'auteur du livre "Urgences, hôpital en danger".

Paru le 12 février chez Albin Michel, l'ouvrage décrit, avec leurs témoignages, la colère, l'épuisement et le sentiment d'impuissance des professionnels des urgences face à la saturation des services, à la faiblesse des effectifs, aux dépassements horaires et aux violences subies au quotidien.

Hugo Huon a précisé avoir quitté son poste d'infirmier aux urgences de l'hôpital Lariboisière (Paris, AP-HP) début janvier, tout en restant président du collectif jusqu'aux élections au sein de l'organisation, en avril.

Dans une tribune parue dimanche sur le site de Francetvinfo.fr, 12 organisations en appellent à Olivier Véran pour obtenir des moyens pour l'hôpital: Action Praticiens Hôpital (APH), l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), la CFTC, la CFE-CGC, la CGT, le Comité de défense des hôpitaux, le collectif Inter-Blocs, le collectif Inter-Urgences, le collectif Inter-Hôpitaux, le Printemps de la psychiatrie, SUD et l'Unsa.

"Le nouveau ministre des solidarités et de la santé, avant sa nomination, s'était déjà exprimé publiquement et auprès de nos organisations sur la nécessité de revalorisation des salaires", font valoir les signataires. "C'est à lui maintenant de se saisir de l'opportunité de sa nouvelle fonction et de ses nouvelles responsabilités pour faire sortir de la crise l'hôpital et les établissements de santé et d'action sociale."

Après avoir reçu une délégation du collectif Inter-Hôpitaux, Olivier Véran a annoncé vendredi avoir pris plusieurs engagements, dont l'ouverture de discussions sur l'utilisation des crédits libérés par la reprise de la dette des hôpitaux, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/02/2020 à 16:38).

mlb/nc/APMnews

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PARIS, 24 février 2020 (APMnews) - L'hôpital Saint-Antoine, à Paris (AP-HP), a signé un protocole de sortie de grève, près d'un an après avoir été le premier à entrer dans la mobilisation, a-t-on appris de sources concordantes.

L'ensemble du service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine est sorti de la grève reconductible lancée mi-mars 2019, après la signature d'un protocole signé vendredi 14 février avec SUD santé AP-HP, a précisé l'Assistance publique-hôpitaux de Paris vendredi à APMnews.

Le personnel paramédical des urgences de cet établissement a été le premier à se mobiliser, après plusieurs agressions dans le service, revendiquant de meilleures conditions d'exercice et une revalorisation des rémunérations, rappelle-t-on (cf dépêche du 29/03/2019 à 18:21).

Le mouvement, organisé au sein du collectif Inter-Urgences, s'est ensuite étendu à l'AP-HP, puis aux urgences des autres régions, avant de se généraliser à tous les services et aux professionnels médicaux, qui ont lancé des mouvements de grève dès l'automne 2019, avec la naissance du collectif Inter-Hôpitaux (cf dépêche du 23/09/2019 à 14:52).

A l'hôpital Saint-Antoine, "le 23 décembre 2019, un protocole d’accord a été signé avec la CFDT après un vote des équipes favorables à 89% à une sortie de grève (62 votants sur les 120 personnels que compte le service se sont prononcés, dont 55 ont voté pour la sortie de grève)", mais il "n’a pas été reconnu par les équipes de nuit", a souligné l'AP-HP.

"Plusieurs nouvelles réunions de négociations" ont eu lieu avant la signature du même protocole pour l'ensemble des équipes. "Il résume les engagements pris par la direction de l’hôpital Saint-Antoine en réponse aux préoccupations exprimées par les personnels", notamment en matière de sécurité.

L'AP-HP cite la "garantie de la présence permanente d’un agent de sécurité au niveau de l’accueil des urgences 24h/24 et 7j/7, la présence la nuit d’un deuxième agent de sécurité, la mise en place d’un système d’appel à renfort dans les box pour sécuriser le personnel" et "des travaux d’amélioration de la sécurisation des locaux comme l’installation d’un système de vidéosurveillance".

Le protocole concerne également "l’accès possible à la formation pour les professionnels aides-soignants, le versement de l’indemnité forfaitaire de risque d’un montant net de 100 euros par mois pour les personnels" qui exercent au service des urgences et "la nouvelle 'indemnité pour travaux dangereux, insalubres et salissants'" (cf dépêche du 17/04/2019 à 14:37).

"Dans un contexte où le taux global de mobilisation (grévistes absents et assignés) des personnels des services des urgences est de 3,49%, 13 des 25 services des urgences de l’AP-HP sont aujourd’hui officiellement sortis de la grève", souligne l'institution.

Elle précise également que des protocoles d’accord ont été signés dans les services des urgences des hôpitaux Saint-Antoine, Trousseau, Robert-Debré, Antoine-Béclère (urgences adultes et pédiatriques), Pitié-Salpêtrière, Henri-Mondor, Tenon, Ambroise-Paré (urgences adultes et pédiatriques), Saint-Louis, Necker-Enfants malades et à l'hôpital européen Georges-Pompidou.

Interrogé lundi par APMnews, Olivier Youinou, cosecrétaire général de SUD à l'AP-HP, a confirmé que la sortie de grève aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine répondait "à une demande des agents". Une assemblée générale des personnels "a voté l'arrêt de la grève" aux urgences et "nous avons donc signé par le biais de nos représentants locaux un protocole de sortie".

Cette décision s'explique en partie "parce que le mouvement n'est plus spécifique aux urgences", a-t-il souligné, relevant que, dans le même temps, "le principe de la grève reconductible n'est pas acté encore" dans le contexte d'un mobilisation générale à l'hôpital.

Si les professionnels paramédicaux des urgences ont pu obtenir une prime spécifique de 100 € décidée par le ministère, pour le reste des revendications, à savoir une augmentation de salaire de 300 €, la création de lits d'aval et des recrutements, "ils ont compris que c'est au-delà de leurs propres services" que les revendications devaient être portées, a-t-il expliqué.

Par ailleurs, à l'AP-HP, "une prime unique de 250 € octroyée seulement en cas de sortie de grève a pesé sur le choix du personnel", a-t-il ajouté. A l'hôpital Saint-Antoine, "l'équipe de jour était déjà sortie de grève et avait touché cette prime".

Pour autant, les professionnels des urgences "continuent de participer à la colère hospitalière, toujours présente comme l'a montré la manifestation du 14 février", a poursuivi Olivier Youinou. Le mouvement va continuer "même si des pressions sont exercées sur certains personnels", a-t-il considéré.

Douze organisations en appellent à Olivier Véran

Egalement sollicité lundi, Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, a également regretté des éléments ayant "divisé les équipes" et des "inégalités de traitement", comme la "validation d'heures supplémentaires pour la seule équipe de jour", ce qui a contribué selon lui à fragiliser le mouvement, dans un contexte d'épuisement du personnel.

Au-delà, au vu de la longueur de la mobilisation aux urgences (près d'un an), "on doit trouver un autre indicateur que celui du nombre de services en grève pour montrer que l'on reste mobilisé", a-t-il commenté. Le "mouvement est en train de se transformer", avec notamment le relasi pris par le collectif Inter-Hôpitaux, a-t-il expliqué.

"Environ 240 services" des urgences seraient toujours en grève et "il y en a eu plus de 300 à un moment", a-t-il estimé.

"La plus grande victoire que l'on a eue à l'heure actuelle, c'est que quand les gens ont le sentiment de mal faire le travail, ils comprennent que c'est pour des raisons qui les dépassent. Cela fera moins de souffrance au travail, même si cela ne résout pas le problème de l'hôpital", a insisté l'auteur du livre "Urgences, hôpital en danger".

Paru le 12 février chez Albin Michel, l'ouvrage décrit, avec leurs témoignages, la colère, l'épuisement et le sentiment d'impuissance des professionnels des urgences face à la saturation des services, à la faiblesse des effectifs, aux dépassements horaires et aux violences subies au quotidien.

Hugo Huon a précisé avoir quitté son poste d'infirmier aux urgences de l'hôpital Lariboisière (Paris, AP-HP) début janvier, tout en restant président du collectif jusqu'aux élections au sein de l'organisation, en avril.

Dans une tribune parue dimanche sur le site de Francetvinfo.fr, 12 organisations en appellent à Olivier Véran pour obtenir des moyens pour l'hôpital: Action Praticiens Hôpital (APH), l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), la CFTC, la CFE-CGC, la CGT, le Comité de défense des hôpitaux, le collectif Inter-Blocs, le collectif Inter-Urgences, le collectif Inter-Hôpitaux, le Printemps de la psychiatrie, SUD et l'Unsa.

"Le nouveau ministre des solidarités et de la santé, avant sa nomination, s'était déjà exprimé publiquement et auprès de nos organisations sur la nécessité de revalorisation des salaires", font valoir les signataires. "C'est à lui maintenant de se saisir de l'opportunité de sa nouvelle fonction et de ses nouvelles responsabilités pour faire sortir de la crise l'hôpital et les établissements de santé et d'action sociale."

Après avoir reçu une délégation du collectif Inter-Hôpitaux, Olivier Véran a annoncé vendredi avoir pris plusieurs engagements, dont l'ouverture de discussions sur l'utilisation des crédits libérés par la reprise de la dette des hôpitaux, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/02/2020 à 16:38).

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