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17/01 2022
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VACCINATION OBLIGATOIRE DES SOIGNANTS EN MARTINIQUE: "IL N'Y A PAS EU DE SUSPENSION AU CHU" (DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'ARS)

FORT-DE-FRANCE, 17 janvier 2022 (APMnews) - La mise en oeuvre de l'obligation vaccinale des professionnels de santé se met progressivement en place en Martinique, où, pour l'heure, il "n'y a pas eu de suspension au CHU", a déclaré vendredi le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS), Jérôme Viguier, sur l'antenne de RCI.

Jérôme Viguier a fait état d'une "explosion des chiffres avec une pente quasiment verticale de l'augmentation des contaminations" liée à la "vague omicron". Le taux d'incidence en Martinique a atteint 2.696 cas pour 100.000 habitants au 13 janvier sur 7 jours glissants, note-t-on. Il y avait dimanche en Martinique 138 patients Covid hospitalisés, dont 42 en soins critiques.

L'hôpital est "en tension extrêmement importante", a souligné le directeur général de l'ARS. S'agissant des moyens mobilisés pour "faire face", "il n'y a jamais eu interruption de l'aide de la métropole", a-t-il relevé vendredi. "La semaine prochaine, on va passer à quasiment 100 soignants en plus" grâce à la réserve sanitaire.

L'ARS a rapporté la semaine dernière que la vaccination des professionnels travaillant dans le secteur de la santé et du médico-social en Martinique avait atteint un taux de couverture global de 72%, chiffre contesté par l'intersyndicale opposée à l'obligation vaccinale. L'agence a indiqué que le taux était de plus de 63% pour les agents du CHU.

Alors que dans les Antilles, l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale avait été repoussée au 31 décembre 2021, un dispositif "d'accompagnement et de dialogue" pour les personnels non encore en conformité avec cette dernière a été mis en place. L'inscription dans ce processus a pour effet d'interrompre la suspension de salaire pour les professionnels suspendus de leur activité, jusqu'à ce qu'ils prennent leur décision, dans un délai de 8 jours après l'entretien.

"Il faut que toutes ces personnes puissent avoir un dialogue, une écoute. Certaines ont déjà fait valoir après qu'elles ne souhaitaient pas se faire vacciner, d'autres qu'elles souhaitaient se faire vacciner, d'autres qu'elles souhaitaient réfléchir à la suite de leur carrière", a expliqué Jérôme Viguier.

"Actuellement au CHU, il n'y a pas eu de suspension", a-t-il assuré. "Bien entendu, le fait de maintenir en activité un certain nombre de personnels signifie qu'il faut vérifier qu'ils ne sont pas contaminants", par une pratique de dépistage itératif. Jérôme Viguier a souligné la nécessité d'agir "avec tact et mesure" face à la 5e vague de l'épidémie.

"On ne va pas tout à coup enlever 3.000 soignants des établissements de santé", a-t-il poursuivi. "Il faut que l'on continue à convaincre, que le dialogue avec les gens qui ont souhaité s'inscrire dans cette procédure puisse se tenir, que les discussions avec les personnes sur leur avenir professionnel puissent se faire et tout ça en continuant à faire face à cette épidémie, donc en ayant du personnel".

Interrogé également sur RCI en début de semaine dernière, Stanislas Cazelles, préfet de Martinique, a indiqué qu'une "centaine de personnes ont été suspendues", tous types de professionnels et secteurs confondus, donc hors CHU. "Le système se met en route" et "il y a toujours du discernement à la main des chefs établissements", a-t-il précisé, rappelant que les services de réanimation "sont extrêmement sollicités".

Interrogé jeudi par APMnews, le Dr Jean-Luc Fanon, président de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA), chargée d'organiser la cellule d'écoute, et par ailleurs gériatre au CHU, dénombrait 1.613 personnes inscrites dans le dispositif. Parmi elles, plus de 1.000 exercent en établissement de santé, public ou privé, plus de 300 en établissement social et médico-social, le reste étant des professionnels libéraux, des auxiliaires de vie ou encore des étudiants. Au total, il y a "1.549 salariés, 48 professionnels du monde libéral et 16 à la fois salariés et libéraux", a précisé Jean-Luc Fanon.

Les délais de réflexion arrivent à expiration

"Nous ne faisons que proposer notre intervention qu'en tant qu'intermédiaire, écoutant, pour amorcer un dialogue", a-t-il expliqué. "Nous observons que les personnes qui se sont inscrites et qui viennent nous voir le font dans une démarche positive […]. Nous ne leur demandons pas quelle est leur position à la fin de l'entretien, elles prennent elles-mêmes leur décision, [...], nous essayons simplement de lever leurs doutes sur un certain nombre de questions".

S'il y a, parmi les personnes rencontrées, des professionnels qui resteront "hostiles" à la vaccination, "le plus souvent, [les personnes] sortent de l'entretien rassurées", selon Jean-Luc Fanon. "L'entretien les libère de leur anxiété et leur permet de franchir un cap dans leur réflexion", a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de "pressions de leur entourage, professionnel ou familial", les incitant à refuser la vaccination. "Beaucoup de professionnels se sont fait vacciner et ne l'ont pas avoué à leurs collègues."

À partir de la mise en oeuvre de l'obligation vaccinale, au 31 décembre, avec les suspensions pouvant en découler, "les personnes ont commencé à envoyer à la médecine du travail leur statut vaccinal", rapporte-t-il, expliquant que des personnes vaccinées ont aussi pu s'inscrire par erreur à la cellule.

"Aujourd'hui, nous avons eu 119 entretiens, soit 7% des inscrits", a-t-il précisé, soulignant que les échanges restent confidentiels. "Nous ne prenons pas de note pendant les entretiens, c'est un gage de confiance, l'identité de la personne est détruite après" la rencontre. Il y a eu "au départ 700 inscrits jusqu'à fin décembre, et de fin décembre au 8 janvier [arrêt des inscriptions], nous avons eu presque 900 inscrits", a détaillé Jean-Luc Fanon. Au 31 décembre 2021, sur "un peu moins de 800 personnes, la moitié était des administratifs".

"À la cellule, nous sommes un peu moins de 40", professionnels du soin, habitués à l'écoute, a-t-il précisé. La cellule est "accompagnée par l'association SPS [Soins aux professionnels de santé]", qui mène des entretiens en distanciel.

Selon les statistiques de la cellule, qui disposera d'un bilan non nominatif, jeudi, "26 personnes déjà vues [voyaient] leur délai de réflexion se terminer dans les 5 jours".

Le dispositif d'accompagnement et de reconversion sera ensuite mis en place par la "Deets [direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités], l'ARS, et les représentants des employeurs" pour les professionnels souhaitant réorienter leur carrière après leur refus de la vaccination.

L'ARS Martinique a fait savoir vendredi dans un communiqué qu'à la suite de l'avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) à l'utilisation du vaccin Janssen (groupe Johnson & Johnson) en primo-vaccination et en rappel (cf dépêche du 14/01/2022 à 15:30), les personnes "ne souhaitant pas ou ne pouvant recevoir de vaccins à ARNm disposent désormais d'une option supplémentaire pour se faire vacciner".

Ainsi, le vaccin Janssen doit être disponible dès cette semaine au centre de vaccination de la clinique Sainte-Marie. "Les médecins libéraux vont également être progressivement mobilisés pour cette vaccination dans leurs cabinets." En outre, le vaccin de Novavax devrait "être disponible en Martinique au mois de mars".

mlb/ab/APMnews

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FORT-DE-FRANCE, 17 janvier 2022 (APMnews) - La mise en oeuvre de l'obligation vaccinale des professionnels de santé se met progressivement en place en Martinique, où, pour l'heure, il "n'y a pas eu de suspension au CHU", a déclaré vendredi le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS), Jérôme Viguier, sur l'antenne de RCI.

Jérôme Viguier a fait état d'une "explosion des chiffres avec une pente quasiment verticale de l'augmentation des contaminations" liée à la "vague omicron". Le taux d'incidence en Martinique a atteint 2.696 cas pour 100.000 habitants au 13 janvier sur 7 jours glissants, note-t-on. Il y avait dimanche en Martinique 138 patients Covid hospitalisés, dont 42 en soins critiques.

L'hôpital est "en tension extrêmement importante", a souligné le directeur général de l'ARS. S'agissant des moyens mobilisés pour "faire face", "il n'y a jamais eu interruption de l'aide de la métropole", a-t-il relevé vendredi. "La semaine prochaine, on va passer à quasiment 100 soignants en plus" grâce à la réserve sanitaire.

L'ARS a rapporté la semaine dernière que la vaccination des professionnels travaillant dans le secteur de la santé et du médico-social en Martinique avait atteint un taux de couverture global de 72%, chiffre contesté par l'intersyndicale opposée à l'obligation vaccinale. L'agence a indiqué que le taux était de plus de 63% pour les agents du CHU.

Alors que dans les Antilles, l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale avait été repoussée au 31 décembre 2021, un dispositif "d'accompagnement et de dialogue" pour les personnels non encore en conformité avec cette dernière a été mis en place. L'inscription dans ce processus a pour effet d'interrompre la suspension de salaire pour les professionnels suspendus de leur activité, jusqu'à ce qu'ils prennent leur décision, dans un délai de 8 jours après l'entretien.

"Il faut que toutes ces personnes puissent avoir un dialogue, une écoute. Certaines ont déjà fait valoir après qu'elles ne souhaitaient pas se faire vacciner, d'autres qu'elles souhaitaient se faire vacciner, d'autres qu'elles souhaitaient réfléchir à la suite de leur carrière", a expliqué Jérôme Viguier.

"Actuellement au CHU, il n'y a pas eu de suspension", a-t-il assuré. "Bien entendu, le fait de maintenir en activité un certain nombre de personnels signifie qu'il faut vérifier qu'ils ne sont pas contaminants", par une pratique de dépistage itératif. Jérôme Viguier a souligné la nécessité d'agir "avec tact et mesure" face à la 5e vague de l'épidémie.

"On ne va pas tout à coup enlever 3.000 soignants des établissements de santé", a-t-il poursuivi. "Il faut que l'on continue à convaincre, que le dialogue avec les gens qui ont souhaité s'inscrire dans cette procédure puisse se tenir, que les discussions avec les personnes sur leur avenir professionnel puissent se faire et tout ça en continuant à faire face à cette épidémie, donc en ayant du personnel".

Interrogé également sur RCI en début de semaine dernière, Stanislas Cazelles, préfet de Martinique, a indiqué qu'une "centaine de personnes ont été suspendues", tous types de professionnels et secteurs confondus, donc hors CHU. "Le système se met en route" et "il y a toujours du discernement à la main des chefs établissements", a-t-il précisé, rappelant que les services de réanimation "sont extrêmement sollicités".

Interrogé jeudi par APMnews, le Dr Jean-Luc Fanon, président de la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA), chargée d'organiser la cellule d'écoute, et par ailleurs gériatre au CHU, dénombrait 1.613 personnes inscrites dans le dispositif. Parmi elles, plus de 1.000 exercent en établissement de santé, public ou privé, plus de 300 en établissement social et médico-social, le reste étant des professionnels libéraux, des auxiliaires de vie ou encore des étudiants. Au total, il y a "1.549 salariés, 48 professionnels du monde libéral et 16 à la fois salariés et libéraux", a précisé Jean-Luc Fanon.

Les délais de réflexion arrivent à expiration

"Nous ne faisons que proposer notre intervention qu'en tant qu'intermédiaire, écoutant, pour amorcer un dialogue", a-t-il expliqué. "Nous observons que les personnes qui se sont inscrites et qui viennent nous voir le font dans une démarche positive […]. Nous ne leur demandons pas quelle est leur position à la fin de l'entretien, elles prennent elles-mêmes leur décision, [...], nous essayons simplement de lever leurs doutes sur un certain nombre de questions".

S'il y a, parmi les personnes rencontrées, des professionnels qui resteront "hostiles" à la vaccination, "le plus souvent, [les personnes] sortent de l'entretien rassurées", selon Jean-Luc Fanon. "L'entretien les libère de leur anxiété et leur permet de franchir un cap dans leur réflexion", a-t-il ajouté, évoquant la possibilité de "pressions de leur entourage, professionnel ou familial", les incitant à refuser la vaccination. "Beaucoup de professionnels se sont fait vacciner et ne l'ont pas avoué à leurs collègues."

À partir de la mise en oeuvre de l'obligation vaccinale, au 31 décembre, avec les suspensions pouvant en découler, "les personnes ont commencé à envoyer à la médecine du travail leur statut vaccinal", rapporte-t-il, expliquant que des personnes vaccinées ont aussi pu s'inscrire par erreur à la cellule.

"Aujourd'hui, nous avons eu 119 entretiens, soit 7% des inscrits", a-t-il précisé, soulignant que les échanges restent confidentiels. "Nous ne prenons pas de note pendant les entretiens, c'est un gage de confiance, l'identité de la personne est détruite après" la rencontre. Il y a eu "au départ 700 inscrits jusqu'à fin décembre, et de fin décembre au 8 janvier [arrêt des inscriptions], nous avons eu presque 900 inscrits", a détaillé Jean-Luc Fanon. Au 31 décembre 2021, sur "un peu moins de 800 personnes, la moitié était des administratifs".

"À la cellule, nous sommes un peu moins de 40", professionnels du soin, habitués à l'écoute, a-t-il précisé. La cellule est "accompagnée par l'association SPS [Soins aux professionnels de santé]", qui mène des entretiens en distanciel.

Selon les statistiques de la cellule, qui disposera d'un bilan non nominatif, jeudi, "26 personnes déjà vues [voyaient] leur délai de réflexion se terminer dans les 5 jours".

Le dispositif d'accompagnement et de reconversion sera ensuite mis en place par la "Deets [direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités], l'ARS, et les représentants des employeurs" pour les professionnels souhaitant réorienter leur carrière après leur refus de la vaccination.

L'ARS Martinique a fait savoir vendredi dans un communiqué qu'à la suite de l'avis favorable de la Haute autorité de santé (HAS) à l'utilisation du vaccin Janssen (groupe Johnson & Johnson) en primo-vaccination et en rappel (cf dépêche du 14/01/2022 à 15:30), les personnes "ne souhaitant pas ou ne pouvant recevoir de vaccins à ARNm disposent désormais d'une option supplémentaire pour se faire vacciner".

Ainsi, le vaccin Janssen doit être disponible dès cette semaine au centre de vaccination de la clinique Sainte-Marie. "Les médecins libéraux vont également être progressivement mobilisés pour cette vaccination dans leurs cabinets." En outre, le vaccin de Novavax devrait "être disponible en Martinique au mois de mars".

mlb/ab/APMnews

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