Actualités de l'Urgence - APM
VALOGNES (MANCHE): LE CENTRE DE SOINS NON PROGRAMMÉS EST UTILE MAIS RESTE À CONSOLIDER
Lors d'un atelier portant sur l'innovation aux urgences, le Dr Antony Le Renard, chef de pôle "urgences, médecine intensive" au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) et le Dr Fanny Billières, cheffe de service SAU/Smur/CSNP, ont rappelé le contexte qui a conduit à créer un centre de soins non programmés sur le site de Valognes du CHPC.
Dans cet établissement bi-site (à Cherbourg et Valognes, distants de 22 kilomètres par une route nationale), le service des urgences de Valognes a dû fermer en août 2015 à cause d'un déficit de médecins urgentistes. "Ce n'était pas une fermeture économique mais une décision médicale. Nous ne pouvions pas maintenir le planning", a souligné le Dr Le Renard.
La décision de fermeture avait suscité une vive opposition des élus locaux (cf dépêche du 29/09/2015 à 17:42). Le service recevait 15 patients par jour en 2015. La ministre de l'époque, Marisol Touraine, s'était engagée à installer un centre de soins non programmés à la place des urgences qui fonctionnerait en journée puis aussi la nuit (cf dépêche du 22/10/2015 à 16:11).
En mars 2016, un centre de soins non programmés a été ouvert dans le cadre d'une expérimentation promue par l'agence régionale de santé (ARS) Normandie et conduite simultanément au centre hospitalier d'Aunay-sur-Odon (Calvados). Cette expérimentation a été poursuivie en 2016 (cf dépêche du 17/11/2016 à 13:23). Le centre prend en charge toutes pathologies ne nécessitant pas d'hospitalisation, des consultations de médecine générale, de la traumatologie et des pathologies nécessitant un bilan rapide (imagerie, biologie).
Actuellement, le centre est ouvert en semaine (de 8h à 18h30, l'équipe médicale restant jusqu'à 20h). Il ferme maintenant pendant les petites vacances scolaires (après avoir fermé une semaine sur les deux) pour réduire les besoins en effectif médical, a rapporté le Dr Le Renard.
Les médecins de ville ont été informés de la nature de l'activité de ce centre et il leur a été demandé d'appeler avant d'adresser des patients.
"Cela n'a pas été simple à mettre en place. C'est une structure moins lourde qui répond quand même [aux besoins de la population], surtout qu'il y a un déficit en médecins généralistes à Valognes. Mais cela reste extrêmement compliqué", a témoigné le médecin urgentiste.
"Nous faisons beaucoup de traumatologie; c'est une activité entre la médecine de ville et la médecine d'urgence", a-t-il décrit. Plus de la moitié des patients pris en charge (65%) ont un examen complémentaire (53% d'imagerie, 12% de biologie).
Interrogé sur l'articulation avec les transports sanitaires, le Dr Le Renard a expliqué qu'un patient qui arrive allongé a une évaluation médicale pour savoir s'il relève ou non du CSNP. S'il n'en relève pas, il est adressé vers l'hôpital de Cherbourg soit par ses propres moyens s'il est stable, soit par un transfert Smur s'il est instable.
Des patients satisfaits
Actuellement, le centre est ouvert 233 jours par an et enregistre 5.280 passages annuels, soit 22,7 par jour. Le taux d'hospitalisation est de 3,7% (le patient peut être adressé directement vers les services concernés, sans passer par les urgences de Cherbourg). L'accueil, réservé aux adultes initialement, a été élargi à la pédiatrie. Les patients reçus ont moins de 6 ans pour 3%, 6-14 ans pour 7%, 25-74 ans pour 55% et 12% ont plus de 75 ans.
La durée moyenne de prise en charge est de 1,18 heure.
"Le public est assez content car la prise en charge est rapide. Ce centre rend service. Certes, c'est un service de proximité pour la traumatologie en particulier, mais nous ne prenons pas en charge les infarctus du myocarde ou les AVC. On n'y fait pas la même chose que dans un service d'urgences", a commenté le médecin.
Une équipe paramédicale commune avec les urgences de Cherbourg a été mise en place pour que les infirmières restent formées aux urgences, par sécurité. Les médecins recrutés sont de plusieurs types: médecins à la retraite voulant conserver une activité, jeunes médecins, médecins urgentistes fatigués des gardes et week-ends travaillés.
Jusqu'à présent, ce centre ne recourait pas à l'intérim pour les médecins. Mais le médecin principal part et, le temps que le suivant arrive, l'intérim sera utilisé.
Le médecin n'a pas caché les difficultés. "On maintient le centre de soins non programmés", mais à Cherbourg, le service souffre avec 13 équivalents temps plein (ETP) pour 25 nécessaires. Les passages ont augmenté de 20% à Cherbourg après la fermeture des urgences de Valognes. En 2018, le CHPC a enregistré 46.074 passages aux urgences avec un taux d'hospitalisation de 27,6%.
Ce centre a aussi un coût. L'établissement cote une consultation pour un passage, ce qui ne couvre pas les frais d'énergie, de personnel et de matériel. L'établissement reçoit un soutien de l'ARS de 415.000 euros par an pour 22 passages par jour actuellement.
"Un centre de soins non programmés est un vrai intermédiaire entre des consultations de médecine générale et les urgences", surtout dans une zone où beaucoup d'habitants sont sans médecin traitant, a-t-il défendu.
Pour lui, cela peut aussi constituer "un vrai apport pour un service d'urgences". "Nous, nous avons été obligés de le faire mais cela peut aider aussi un service d'urgences d'avoir un centre, même côte à côte pour recibler les urgences", a-t-il estimé.
sl/nc/APMnews
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VALOGNES (MANCHE): LE CENTRE DE SOINS NON PROGRAMMÉS EST UTILE MAIS RESTE À CONSOLIDER
Lors d'un atelier portant sur l'innovation aux urgences, le Dr Antony Le Renard, chef de pôle "urgences, médecine intensive" au centre hospitalier public du Cotentin (CHPC) et le Dr Fanny Billières, cheffe de service SAU/Smur/CSNP, ont rappelé le contexte qui a conduit à créer un centre de soins non programmés sur le site de Valognes du CHPC.
Dans cet établissement bi-site (à Cherbourg et Valognes, distants de 22 kilomètres par une route nationale), le service des urgences de Valognes a dû fermer en août 2015 à cause d'un déficit de médecins urgentistes. "Ce n'était pas une fermeture économique mais une décision médicale. Nous ne pouvions pas maintenir le planning", a souligné le Dr Le Renard.
La décision de fermeture avait suscité une vive opposition des élus locaux (cf dépêche du 29/09/2015 à 17:42). Le service recevait 15 patients par jour en 2015. La ministre de l'époque, Marisol Touraine, s'était engagée à installer un centre de soins non programmés à la place des urgences qui fonctionnerait en journée puis aussi la nuit (cf dépêche du 22/10/2015 à 16:11).
En mars 2016, un centre de soins non programmés a été ouvert dans le cadre d'une expérimentation promue par l'agence régionale de santé (ARS) Normandie et conduite simultanément au centre hospitalier d'Aunay-sur-Odon (Calvados). Cette expérimentation a été poursuivie en 2016 (cf dépêche du 17/11/2016 à 13:23). Le centre prend en charge toutes pathologies ne nécessitant pas d'hospitalisation, des consultations de médecine générale, de la traumatologie et des pathologies nécessitant un bilan rapide (imagerie, biologie).
Actuellement, le centre est ouvert en semaine (de 8h à 18h30, l'équipe médicale restant jusqu'à 20h). Il ferme maintenant pendant les petites vacances scolaires (après avoir fermé une semaine sur les deux) pour réduire les besoins en effectif médical, a rapporté le Dr Le Renard.
Les médecins de ville ont été informés de la nature de l'activité de ce centre et il leur a été demandé d'appeler avant d'adresser des patients.
"Cela n'a pas été simple à mettre en place. C'est une structure moins lourde qui répond quand même [aux besoins de la population], surtout qu'il y a un déficit en médecins généralistes à Valognes. Mais cela reste extrêmement compliqué", a témoigné le médecin urgentiste.
"Nous faisons beaucoup de traumatologie; c'est une activité entre la médecine de ville et la médecine d'urgence", a-t-il décrit. Plus de la moitié des patients pris en charge (65%) ont un examen complémentaire (53% d'imagerie, 12% de biologie).
Interrogé sur l'articulation avec les transports sanitaires, le Dr Le Renard a expliqué qu'un patient qui arrive allongé a une évaluation médicale pour savoir s'il relève ou non du CSNP. S'il n'en relève pas, il est adressé vers l'hôpital de Cherbourg soit par ses propres moyens s'il est stable, soit par un transfert Smur s'il est instable.
Des patients satisfaits
Actuellement, le centre est ouvert 233 jours par an et enregistre 5.280 passages annuels, soit 22,7 par jour. Le taux d'hospitalisation est de 3,7% (le patient peut être adressé directement vers les services concernés, sans passer par les urgences de Cherbourg). L'accueil, réservé aux adultes initialement, a été élargi à la pédiatrie. Les patients reçus ont moins de 6 ans pour 3%, 6-14 ans pour 7%, 25-74 ans pour 55% et 12% ont plus de 75 ans.
La durée moyenne de prise en charge est de 1,18 heure.
"Le public est assez content car la prise en charge est rapide. Ce centre rend service. Certes, c'est un service de proximité pour la traumatologie en particulier, mais nous ne prenons pas en charge les infarctus du myocarde ou les AVC. On n'y fait pas la même chose que dans un service d'urgences", a commenté le médecin.
Une équipe paramédicale commune avec les urgences de Cherbourg a été mise en place pour que les infirmières restent formées aux urgences, par sécurité. Les médecins recrutés sont de plusieurs types: médecins à la retraite voulant conserver une activité, jeunes médecins, médecins urgentistes fatigués des gardes et week-ends travaillés.
Jusqu'à présent, ce centre ne recourait pas à l'intérim pour les médecins. Mais le médecin principal part et, le temps que le suivant arrive, l'intérim sera utilisé.
Le médecin n'a pas caché les difficultés. "On maintient le centre de soins non programmés", mais à Cherbourg, le service souffre avec 13 équivalents temps plein (ETP) pour 25 nécessaires. Les passages ont augmenté de 20% à Cherbourg après la fermeture des urgences de Valognes. En 2018, le CHPC a enregistré 46.074 passages aux urgences avec un taux d'hospitalisation de 27,6%.
Ce centre a aussi un coût. L'établissement cote une consultation pour un passage, ce qui ne couvre pas les frais d'énergie, de personnel et de matériel. L'établissement reçoit un soutien de l'ARS de 415.000 euros par an pour 22 passages par jour actuellement.
"Un centre de soins non programmés est un vrai intermédiaire entre des consultations de médecine générale et les urgences", surtout dans une zone où beaucoup d'habitants sont sans médecin traitant, a-t-il défendu.
Pour lui, cela peut aussi constituer "un vrai apport pour un service d'urgences". "Nous, nous avons été obligés de le faire mais cela peut aider aussi un service d'urgences d'avoir un centre, même côte à côte pour recibler les urgences", a-t-il estimé.
sl/nc/APMnews