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19/01 2021
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VARIANTS DU SARS-COV-2: LA FHF DEMANDE DAVANTAGE D'ANTICIPATION SUR LES TENSIONS HOSPITALIÈRES

PARIS, 19 janvier 2021 (APMnews) - La propagation en France de variants du Sars-CoV-2 devrait conduire à une plus grande anticipation d'un impact possible sur l'aggravation des tensions hospitalières, a estimé mardi Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), lors de la conférence de presse de présentation des voeux de l'organisation.

Dans le contexte sanitaire, "on est à un point de bascule potentiel, dans le bon sens ou dans des scénarios plus compliqués, avec l'émergence des variants" du Sars-CoV-2, a considéré Frédéric Valletoux en introduction de la conférence.

La FHF a exprimé plusieurs attentes pour l'hôpital public, fondées sur "l'anticipation" et la visibilité. "On voit que depuis le début de la crise, on a parfois raté ce rendez-vous de l'anticipation", a estimé son président.

Face à l'apparition des variants du Sars-CoV-2, dont la caractéristique principale est d'être plus contagieux, l'anticipation doit "nous amener à nous poser un certain nombre de questions sur l'impact que pourraient avoir des contaminations plus importantes" sur l'activité hospitalière, a-il expliqué.

Plus de la moitié des lits de réanimation en France sont encore occupés par des patients Covid, a-t-il rappelé. "En Franche-Comté, c'est 91%" de la capacité et "dans les régions voisines, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, on est à 70%". Le risque de se voir "submergés, notamment dans les territoires qui sont déjà à des niveaux de prise en charge très élevés, serait un scénario catastrophe qui pourrait être évité, si on prend des mesures en anticipant d'un mois, voire deux mois".

Avec la généralisation du couvre-feu à 18h, "on est en deçà des recommandations minimales qu'avait fait le conseil scientifique", a-t-il pointé (cf dépêche du 15/01/2021 à 16:04). Or "on a vu à la rentrée dernière que si le deuxième couvre-feu avait été anticipé de quelques semaines, la pression sur l'hôpital public aurait été moindre qu'elle a été fin novembre".

Sur la circulation des variants du virus, "on attend des projections" scientifiques qui donnent des chiffres concernant l'impact sur l'hôpital "des scénarios très divers" envisagés (cf dépêche du 18/01/2021 à 12:26), a poursuivi Frédéric Valletoux.

Pour une loi de programmation pluriannuelle de santé

L'hôpital public "est le bouclier sanitaire des Français", et pendant la pandémie, il "a joué un rôle au-delà ce que l'on pouvait attendre de lui", a fait valoir le président de la FHF.

En novembre 2020, "c'est-à-dire lors du deuxième confinement", la FHF a observé, sur une base "qui représente 85% de l'activité réelle des hôpitaux", une baisse de l'activité de 15% pour la chirurgie et de 5% pour la médecine, contre respectivement -70% et -45% lors de la première vague.

"Par rapport aux déprogrammations massives" du premier confinement, s'est opérée en novembre "une adaptation de la stratégie hospitalière" au profit de la poursuite des prises en charge, a développé Frédéric Valletoux. "Les activités ambulatoires ont mieux résisté."

"Plus on va avancer vers la fin de cette crise, plus il va falloir anticiper sur le paysage d'après la crise", a-t-il plaidé. Le Ségur de la santé a "été un rendez-vous satisfaisant du point de vue des rémunérations et de la reconnaissance due aux agents hospitaliers, à travers un certain nombre de mesures financières et statutaires qui sont de nature à retrouver une certaine attractivité", même si "tout n'a pas été résolu".

"Néanmoins, on ne s'est pas attaqué aux réformes de fond", a-t-il déploré. Ce qui fait craindre qu'"une fois que la vague de la crise se sera retirée, le paysage que l'on découvrira risque de ressembler au paysage que l'on connaissait avant la crise".

"Il va falloir un grand plan de reconstruction, au moins sur cinq ans", du système de santé, a-t-il de nouveau défendu. Il faudra "éviter de réenclencher la logique de l'austérité dans quelques mois".

La crise sanitaire "a démontré la nécessité impérieuse d'anticiper sur plusieurs années les projections", en particulier "de l'évolution des ressources du système de santé", au moins dans "un cadrage général", a expliqué Cécile Chevance, responsable du pôle finance à la FHF.

Cela signifie de passer à un "pilotage pluriannuel de l'Ondam [objectif national des dépenses d'assurance maladie]", dont le processus a été engagé avec la signature, en février 2020, d'un protocole sur la pluriannualité des financements des établissements de santé, a-t-elle rappelé. "C'est cette logique qu'il faut approfondir, élargir et généraliser."

Celle-ci devrait être "fondée sur quelques priorités ciblées de santé publique", a-t-elle poursuivi, évoquant la psychiatrie et la santé mentale, les pathologies chroniques et la prévention. "Il nous semble pertinent que ces objectifs et priorités de santé publique, et leur déclinaison en évolutions financières, puissent se traduire par une loi de programmation financière en santé."

Cette projection pluriannuelle permettrait de "donner de la visibilité aux acteurs, notamment en matière de décisions d'investissement".

Cécile Chevance a rappelé "la confirmation de la reprise de la dette" (13 milliards d'euros -Md€), "complétée par le plan de relance de 10 Md€ pour les secteurs sanitaire, médico-social, et un volet numérique".

Ce soutien sera "indispensable pour se rapprocher d'un objectif cible de taux d'investissement de 7 à 8% [rapporté aux recettes], donc 6 milliards d'euros par an", a-t-elle précisé. Actuellement, "on est en dessous de 5%, à un niveau d'investissement inférieur à 4 Md€".

Cette anticipation sur plusieurs années permettrait "de se donner le temps d'enclencher de vraies actions concrètes en matière de pertinence des soins, qui nous apparaît comme le seul levier pour regagner des marges de manoeuvre, des marges d'autofinancement", a poursuivi Cécile Chevance.

S'agissant de l'impact financier de la crise sanitaire, "s'il n'y avait pas eu de garantie de financement, qui sanctuarise les financements de l'Ondam 2020, on aurait à fin septembre perdu 2 Md€ dans les établissements publics de santé", a chiffré Cécile Chevance.

L'Ondam a été en outre abondé de 7 Md€ pour les secteurs sanitaire et médico-social, "on ne sait pas si cela suffira car on n'est pas encore sortis de la deuxième vague". Pour la baisse des recettes et les surcoûts, l'estimation est donc déjà de "près de 10 Md€ pour les établissements sanitaires et médico-sociaux".

Quant aux politiques du grand âge, "le mot anticipation prend tout son sens également", a relevé Marc Bourquin, conseiller stratégique de la FHF. Le gouvernement "promet depuis deux ans la loi grand âge, il faut tenir l'engagement. Ce n'est pas une option, c'est un impératif", a-t-il déclaré.

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'autonomie, a annoncé le 13 janvier que la loi grand âge et autonomie restait au programme du gouvernement, mais "au terme de la crise sanitaire", rappelle-t-on (cf dépêche du 13/01/2021 à 19:33).

Par ailleurs, "il n'y aura pas d'attractivité des métiers si on continue à exclure du bénéfice du Ségur, qui est une avancée incontestable à l'hôpital et en Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], les professionnels des structures du handicap publiques et des Ssiad [services de soins infirmiers à domicile]".

Dans un courrier adressé lundi au premier ministre, Jean Castex, la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap) et Nexem demandent "un traitement équitable et synchrone des salariés du public et de ceux du privé, notamment non lucratif", note-t-on.

"Il nous faut une vraie loi de programmation financière qui trace les ressources de la branche autonomie sur plusieurs années", a de nouveau plaidé Marc Bourquin. "Nous avons fait un chiffrage, on est autour de 1,8 milliard par an de budget supplémentaire, c'est un effort, mais aussi un investissement."

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 19 janvier 2021 (APMnews) - La propagation en France de variants du Sars-CoV-2 devrait conduire à une plus grande anticipation d'un impact possible sur l'aggravation des tensions hospitalières, a estimé mardi Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), lors de la conférence de presse de présentation des voeux de l'organisation.

Dans le contexte sanitaire, "on est à un point de bascule potentiel, dans le bon sens ou dans des scénarios plus compliqués, avec l'émergence des variants" du Sars-CoV-2, a considéré Frédéric Valletoux en introduction de la conférence.

La FHF a exprimé plusieurs attentes pour l'hôpital public, fondées sur "l'anticipation" et la visibilité. "On voit que depuis le début de la crise, on a parfois raté ce rendez-vous de l'anticipation", a estimé son président.

Face à l'apparition des variants du Sars-CoV-2, dont la caractéristique principale est d'être plus contagieux, l'anticipation doit "nous amener à nous poser un certain nombre de questions sur l'impact que pourraient avoir des contaminations plus importantes" sur l'activité hospitalière, a-il expliqué.

Plus de la moitié des lits de réanimation en France sont encore occupés par des patients Covid, a-t-il rappelé. "En Franche-Comté, c'est 91%" de la capacité et "dans les régions voisines, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, on est à 70%". Le risque de se voir "submergés, notamment dans les territoires qui sont déjà à des niveaux de prise en charge très élevés, serait un scénario catastrophe qui pourrait être évité, si on prend des mesures en anticipant d'un mois, voire deux mois".

Avec la généralisation du couvre-feu à 18h, "on est en deçà des recommandations minimales qu'avait fait le conseil scientifique", a-t-il pointé (cf dépêche du 15/01/2021 à 16:04). Or "on a vu à la rentrée dernière que si le deuxième couvre-feu avait été anticipé de quelques semaines, la pression sur l'hôpital public aurait été moindre qu'elle a été fin novembre".

Sur la circulation des variants du virus, "on attend des projections" scientifiques qui donnent des chiffres concernant l'impact sur l'hôpital "des scénarios très divers" envisagés (cf dépêche du 18/01/2021 à 12:26), a poursuivi Frédéric Valletoux.

Pour une loi de programmation pluriannuelle de santé

L'hôpital public "est le bouclier sanitaire des Français", et pendant la pandémie, il "a joué un rôle au-delà ce que l'on pouvait attendre de lui", a fait valoir le président de la FHF.

En novembre 2020, "c'est-à-dire lors du deuxième confinement", la FHF a observé, sur une base "qui représente 85% de l'activité réelle des hôpitaux", une baisse de l'activité de 15% pour la chirurgie et de 5% pour la médecine, contre respectivement -70% et -45% lors de la première vague.

"Par rapport aux déprogrammations massives" du premier confinement, s'est opérée en novembre "une adaptation de la stratégie hospitalière" au profit de la poursuite des prises en charge, a développé Frédéric Valletoux. "Les activités ambulatoires ont mieux résisté."

"Plus on va avancer vers la fin de cette crise, plus il va falloir anticiper sur le paysage d'après la crise", a-t-il plaidé. Le Ségur de la santé a "été un rendez-vous satisfaisant du point de vue des rémunérations et de la reconnaissance due aux agents hospitaliers, à travers un certain nombre de mesures financières et statutaires qui sont de nature à retrouver une certaine attractivité", même si "tout n'a pas été résolu".

"Néanmoins, on ne s'est pas attaqué aux réformes de fond", a-t-il déploré. Ce qui fait craindre qu'"une fois que la vague de la crise se sera retirée, le paysage que l'on découvrira risque de ressembler au paysage que l'on connaissait avant la crise".

"Il va falloir un grand plan de reconstruction, au moins sur cinq ans", du système de santé, a-t-il de nouveau défendu. Il faudra "éviter de réenclencher la logique de l'austérité dans quelques mois".

La crise sanitaire "a démontré la nécessité impérieuse d'anticiper sur plusieurs années les projections", en particulier "de l'évolution des ressources du système de santé", au moins dans "un cadrage général", a expliqué Cécile Chevance, responsable du pôle finance à la FHF.

Cela signifie de passer à un "pilotage pluriannuel de l'Ondam [objectif national des dépenses d'assurance maladie]", dont le processus a été engagé avec la signature, en février 2020, d'un protocole sur la pluriannualité des financements des établissements de santé, a-t-elle rappelé. "C'est cette logique qu'il faut approfondir, élargir et généraliser."

Celle-ci devrait être "fondée sur quelques priorités ciblées de santé publique", a-t-elle poursuivi, évoquant la psychiatrie et la santé mentale, les pathologies chroniques et la prévention. "Il nous semble pertinent que ces objectifs et priorités de santé publique, et leur déclinaison en évolutions financières, puissent se traduire par une loi de programmation financière en santé."

Cette projection pluriannuelle permettrait de "donner de la visibilité aux acteurs, notamment en matière de décisions d'investissement".

Cécile Chevance a rappelé "la confirmation de la reprise de la dette" (13 milliards d'euros -Md€), "complétée par le plan de relance de 10 Md€ pour les secteurs sanitaire, médico-social, et un volet numérique".

Ce soutien sera "indispensable pour se rapprocher d'un objectif cible de taux d'investissement de 7 à 8% [rapporté aux recettes], donc 6 milliards d'euros par an", a-t-elle précisé. Actuellement, "on est en dessous de 5%, à un niveau d'investissement inférieur à 4 Md€".

Cette anticipation sur plusieurs années permettrait "de se donner le temps d'enclencher de vraies actions concrètes en matière de pertinence des soins, qui nous apparaît comme le seul levier pour regagner des marges de manoeuvre, des marges d'autofinancement", a poursuivi Cécile Chevance.

S'agissant de l'impact financier de la crise sanitaire, "s'il n'y avait pas eu de garantie de financement, qui sanctuarise les financements de l'Ondam 2020, on aurait à fin septembre perdu 2 Md€ dans les établissements publics de santé", a chiffré Cécile Chevance.

L'Ondam a été en outre abondé de 7 Md€ pour les secteurs sanitaire et médico-social, "on ne sait pas si cela suffira car on n'est pas encore sortis de la deuxième vague". Pour la baisse des recettes et les surcoûts, l'estimation est donc déjà de "près de 10 Md€ pour les établissements sanitaires et médico-sociaux".

Quant aux politiques du grand âge, "le mot anticipation prend tout son sens également", a relevé Marc Bourquin, conseiller stratégique de la FHF. Le gouvernement "promet depuis deux ans la loi grand âge, il faut tenir l'engagement. Ce n'est pas une option, c'est un impératif", a-t-il déclaré.

Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'autonomie, a annoncé le 13 janvier que la loi grand âge et autonomie restait au programme du gouvernement, mais "au terme de la crise sanitaire", rappelle-t-on (cf dépêche du 13/01/2021 à 19:33).

Par ailleurs, "il n'y aura pas d'attractivité des métiers si on continue à exclure du bénéfice du Ségur, qui est une avancée incontestable à l'hôpital et en Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], les professionnels des structures du handicap publiques et des Ssiad [services de soins infirmiers à domicile]".

Dans un courrier adressé lundi au premier ministre, Jean Castex, la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap) et Nexem demandent "un traitement équitable et synchrone des salariés du public et de ceux du privé, notamment non lucratif", note-t-on.

"Il nous faut une vraie loi de programmation financière qui trace les ressources de la branche autonomie sur plusieurs années", a de nouveau plaidé Marc Bourquin. "Nous avons fait un chiffrage, on est autour de 1,8 milliard par an de budget supplémentaire, c'est un effort, mais aussi un investissement."

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