Actualités de l'Urgence - APM

Zaynab Riet a saisi l'occasion pour saluer les professionnels des hôpitaux publics et pour "faire un appel à tous les acteurs de santé, quel que soit leur rôle, pour éviter que les hôpitaux soient débordés, pour éviter que les patients arrivent trop nombreux aux urgences, et pour nous accompagner" alors que la cinquième vague gonfle.

"En cette période hivernale, à l'approche des fêtes de fin d'année, nous savons combien nous nous sentons seuls sur le territoire, l'hôpital étant le lieu où la lumière est toujours allumée", a-t-elle poursuivi.

Elle a tenu à dire "à chaque acteur professionnel de santé, qu'en cette cinquième vague, tout le monde a besoin de vous: faites en sorte que l'hôpital ne soit pas débordé et qu'il puisse tenir cette cinquième vague".

Les hôpitaux sont nombreux à communiquer auprès de la population, de même que des agences régionales de santé (ARS), à l'image du CHU de Nantes qui a publié un communiqué lundi pour appeler à un "juste recours aux services d'urgences dans l'intérêt de tous". Le CHU de Rennes a fait les mêmes préconisations la semaine dernière lors d'une conférence de presse en recommandant fortement d'appeler d'abord le 15 pour passer par la régulation avant de venir aux urgences. Il a aussi été conseillé aux parents de nourrissons de les protéger des virus afin de limiter l'ampleur de l'épidémie de bronchiolite (cf dépêche du 24/11/2021 à 17:44).

Tous relaient l'appel national lancé par le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, lors du salon Santexpo pour faire face à la tension dans les hôpitaux (cf dépêche du 09/11/2021 à 13:08). La direction générale de la santé (DGS) a appelé ensuite à activer tous les leviers pour maintenir les services d'urgence ouverts, dans un message DGS-Urgent (cf dépêche du 17/11/2021 à 18:49).

Il est temps de faire plus de prévention

La crise sanitaire a illustré le "défaut cruel de prévention" en France: "Soit nous relevons collectivement ces défis, soit notre système public de santé ne cessera d'aller de crise en crise", a également déclaré Zaynab Riet.

Elle a souligné la nécessité de réorienter le système vers la prévention et le maintien en santé de la population. Le thème du séminaire est "l'hôpital et les nouveaux défis: responsabilité populationnelle et organisations hors les murs".

"Il nous faut passer à l'action", a-t-elle encouragé, rappelant que l'espérance de vie sans incapacité, de 63,4 ans en moyenne en France, se situe entre 3 et 5 ans en dessous de celles de pays comme l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, sans parler des pays scandinaves.

"L'hôpital pallie les maux du système de santé. Si les passages aux urgences augmentent de manière continue chaque année, c'est lié au faible accès au premier recours", a-t-elle souligné. L'exercice des médecins généralistes est compliqué, la charge lourde et les forces en diminution plutôt qu'en augmentation.

"A l'exception de cinq, tous les départements accusent une hausse des passages aux urgences et une diminution des médecins généralistes et de plus de 10% pour la moitié d'entre eux; et la tension risque de s'accentuer" vu les projections du Conseil national de l'ordre des médecins (baisse de 4% du nombre de médecins généralistes installés d'ici à 2025 quand dans le même temps la population va croître de 6%).

Elle a regretté la progression des maladies chroniques avec une prévention et une coordination insuffisantes. Le taux de réadmission à 90 jours des personnes âgées avec insuffisance cardiaque est 30% plus élevé en France qu'aux Pays-Bas et cela continue à augmenter.

"Il ne faut plus limiter le débat à ce qu'il se passe entre les murs de l'hôpital", a-t-elle déclaré. "L'enjeu pour les dix ans, ce n'est pas une énième réformette de l'hôpital", mais une réforme donnant accès à la prévention.

"Il faut faire de la santé un sujet central de la campagne présidentielle", a-t-elle ajouté, rappelant la plateforme de propositions que la FHF a créée pour les élections présidentielles, Ambition Santé 2022 (cf dépêche du 08/11/2021 à 13:15).

La FHF va se battre pour que la santé ait sa place, toute sa place" dans la campagne, a-t-elle conclu.

Marc Penaud, qui quittera mercredi la direction générale du CHU de Toulouse pour rejoindre l'inspection générale des affaires sociales (Igas), a aussi souligné en ouverture du séminaire que la crise sanitaire a fait émerger "l'obligation de développer la prévention et des politiques de santé publique toujours mieux structurées".

Il faut passer "d'un système de soins à un système de santé" avec un hôpital hors des murs, a-t-il déclaré.

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