Comparaison des effets sur la variabilité sinusale de deux systèmes de garde médicale en structure d’urgence : 14 heures versus 24 heures.

Auteurs

Dutheil (1),

C. Perrier (2),

G. Boudet (1),

G. Brousse (2),

G. Lac (1),

M. Duclos (3),

L. Ouchchane (4),

A. Chamoux (1),

J. Schmidt (2)

1. Médecine du travail, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France

2. Service d’Accueil des Urgences, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France

3. médecine du sport, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France

4. biostatistiques, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France

Rationnel

Les urgentistes ressentent une pénibilité et une fatigue plus prolongées lors d’une garde de 24 heures (G24) comparée à une garde de nuit de 14 heures (G14). La variabilité sinusale est un marqueur de risque cardio-vasculaire validé et est utilisée dans le domaine sportif pour dépister un surentraînement. Les modifications de la variabilité sinusale en cours et au décours d’une garde pourrait être un indicateur de la fatigue perçue en garde.

Objectifs

Comparaison de la variabilité sinusale chez des urgentistes pour deux systèmes de garde en structure d’urgence intrahospitalière, « G14 » vs « G24 », avec suivi pendant 48 heures du temps de récupération post-garde et lors d’une journée témoin au retour de vacances.

Méthodes

Les paramètres suivis sont : charge de travail en cours de garde par extraction de données informatiques, EVA répétées évaluant  les « stress et fatigue » et la variabilité sinusale (holter ECG sur 24 heures). La VS sinusale est exploitée en analyse temporelle avec l’intervalle de temps moyen entre des complexes QRS Normaux (NN), le pourcentage de NN variant de plus de 50 ms (pNN50) et la racine carrée de la différence des intervalles NN successifs élevée au carré (r-MSSD). Un pNN50 et un r-MSSD élevés traduisent une forte activité parasympathique (APS).

Résultats

17/19 urgentistes ont réalisé le protocole en entier. La fatigue est supérieure lors d’une G24 versus G14, avec des effets prolongés dans le temps (p < 0,05 au 3ème jour). L’activité sympathique est supérieure en G24 (pNN50 G24 < G14, p = 0,0318 ; r-MSSD G24 < G14, p = 0,0285). Les effets d’une G24 sont prolongés car 48 heures après la fin de la garde, l’activité parasympathique reste augmentée comparée à une journée témoin (p = 0,03).

Discussion

La variabilité sinusale est un marqueur significatif accompagnant la fatigue perçue avec des modifications objectivables au moins 3 jours après une garde. La plus grande fatigue en G24 correspond à une AS prédominante. Le surcroit d’activité parasympathique 48 heures après une G24 pourrait être un mécanisme d’adaptation afin de récupérer de 24 heures de travail ininterrompu. Afin d’apporter des facteurs explicatifs, ce travail original est complété par l’analyse en cours de marqueurs biologiques : cortisol salivaire et urinaire, catécholamines et certaines cytokines urinaires…

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