Propofol par l'urgentiste : progrès ou danger ?

Auteurs

JP. REDONNET (1),

JE. BOURCIER (1),

D. GARNIER (1),

M. BAUDON (1),

M. MAJOURAU (1),

J. PAQUET (1),

F. THILET (1),

JP. BASSETTI (1)

1. Pôle Anesthésie Urgences Réanimation, CH Lourdes, Lourdes, France

Introduction

Le propofol, largement utilisé par les anesthésistes pour ses propriétés pharmacocinétiques, a donné lieu à de nombreuses publications dans le cadre des urgences dans les pays anglo-saxons. Son utilisation par les  urgentistes en France, abordée dans la dernière conférence de consensus (1), reste débattue.
Le but de notre étude est d’évaluer l’usage du propofol par les urgentistes en terme d’efficacité et de sécurité.

Matériel et méthode

Cette étude prospective observationelle porte sur la sédation des douleurs majeures et ponctuelles induites par les soins dans le service des urgences.
Après une formation théorique et pratique par les anesthésistes un protocole d’utilisation est écrit et validé : le médecin injecte un bolus de 0,1 gamma/kg de sufentanil, suivi après 3 minutes de 0,5 mg/kg de propofol. Des réinjections de 10 à 20 mg sont ensuite réalisées toutes les minutes jusqu’à l’obtention du niveau de sédation désiré. Le geste douloureux est alors réalisé. Le médecin est en permanence assisté d’une IDE, le patient oxygéné et monitoré (scope, PA, Sa02 et capnographie).
Le critère principal de jugement est la comparaison entre le niveau de sédation souhaité et celui obtenu (score de Ramsay), le critère secondaire est la survenue de complications cardio circulatoires, respiratoires et allergiques.

Résultats

(exprimés en moyenne, écart-type)
57 patients âgés de 45 +/- 22 ans ont été inclus en 8 mois. La dose de propofol administrée était de 1,29 +/- 0,62 mg/kg. La durée de procédure était de 19,73 +/- 13 minutes.
Le niveau de sédation souhaité était obtenu dans 65 % des cas et trop profond dans 35 %. Il n’y a pas eu de sédation insuffisante.
13 complications étaient relevées : 12 apnées sans désaturation (n’ayant pas nécessité d’ assistance ventilatoire) et 1 rash cutané.

Discussion

La survenue d’une sédation plus profonde que souhaitée dans un tiers des cas impose une révision du protocole avec une diminution des doses et un espacement des réinjections. L’incidence élevée des apnées incite à éviter l’injection initiale de morphinique car c’est un effet amnésiant qui est recherché plus qu’une analgésie.

Conclusion

Seule la rigueur de la procédure a permis la réalisation de gestes douloureux sans complication majeure dans cette phase d’apprentissage.

(1) : Actualisation des RFE pour l’analgésie et la sédation aux urgences 2010 – SFAR/SFMU

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