Cinétique de la procalcitonine, protéine C-réactive et pyurie dans la pyélonéphrite aiguë non compliquée chez la femme

Auteurs

C. Delémont (1),

P. Bovier (2),

S. Harbarth (3),

JM. Gaspoz (4),

F. Sarasin (5),

O. Rutschmann (6)

1. Service de Médecine de Premier Recours, Hôpital Universitaire de Genève, Genève, Suisse

2. Service des Urgences, Hôpital Universitaire de Genève, Genève, Suisse

3. Service d’Infectiologie, Hôpital Universitaire de Genève, Genève, Suisse

Introduction

La durée recommandée de traitement antibiotique d’une pyélonéphrite aiguë (PNA) non compliquée chez la femme est de 10 à 14 jours. Une durée plus courte pourrait augmenter la compliance et diminuer le risque de résistance. Dans d’autres infections, l’utilisation de marqueurs biologiques a permis une réduction de la durée de traitement en toute sécurité Il n’existe pas de donnée sur de tels marqueurs dans la PNA. L’objectif de cette étude est d’analyser la cinétique de trois paramètres biologiques en cas de PNA : procalcitonine (PCT), protéine C-réactive (CPR) et pyurie.

Méthode et patients

Cohorte prospective observationnelles de femmes adultes évaluées dans un service d’urgence d’un CHU pour une PNA non compliquée. Après confirmation du diagnostic, une antibiothérapie de 14 jours de ciprofloxacine 500 mg 2x/j a été introduite. Des dosages sériés de PCT, CRP et pyurie ont été effectués à l’inclusion, au 4ème jour puis quotidiennement jusqu’à négativation des marqueurs biologiques (PCT < 0,25 microg/L, CRP < 10 microg/L, absence de pyurie), ainsi qu’en fin de traitement.

Résultats

30 patientes (âge médian 34 ans, 20 à 63 ans) ont été incluses. Au moment du diagnostic, des valeurs de PCT > 0,25 microg/L ont été retrouvées chez 37 % des patientes (PCT médiane 0,16, IQR 0,06-0,58). Une CRP > 10 microg/L a été observée 90 % des cas (CRP médiane 96, IQR 32-165). La pyurie était présente chez toutes les patientes. A J5, la PCT était < 0.25 microg/L chez 80 % des patientes, la CRP < 10 microg/L dans seulement 17 % des cas et la pyurie absente chez 76 % des femmes. Le temps médian (IQR) de normalisation était de 5 jours (4-6,5) pour la PCT, de 8 jours (6-10) pour la CRP et de 5 jours (4-5,25) pour la pyurie.

Conclusions

La faible proportion de patientes ayant une PCT élevée au moment du diagnostic rend ce dosage inutile au diagnostic et au suivi d’une PNA non compliquée. De même, malgré une élévation fréquente de la CPR au moment du diagnostic, une normalisation lente de ce paramètre le rend également peu contributif au suivi. La disparition de la pyurie est précoce mais sa corrélation avec la résolution de l’infection reste encore à démontrer.  Aucun de ces marqueurs ne peut être recommandé pour guider la durée de l’antibiothérapie en cas de PNA.

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