Les patients difficiles à perfuser : mythe ou réalité ?

Auteurs

Y. Dehu (1),

B. Garrigue (1),

N. Briole (1),

FX. Laborne (1),

D. Sapir (1),

G. Colas (1),

N. Lecina (1),

B. Belpeche (1)

1. SAMU-SMUR, Centre Hospitalier Sud Francilien, CORBEIL-ESSONNES, France

Introduction

La pose d’une voie veineuse périphérique (VVP) est un acte de soin courant dont la difficulté de réalisation est peu documentée en pré-hospitalier [1], alors que certains patients sont réputés plus difficiles à perfuser [2]. Afin de pouvoir proposer des méthodes alternatives, nous avons voulu vérifier, dans notre contexte spécifique, si la pose de VVP était effectivement parfois plus difficile.

Matériel et méthode

Analyse prospective de la facilité à perfuser pour 82 patients consécutifs bénéficiant d’une prescription médicale de pose de VVP. Opérateurs: population homogène composée d’infirmiers du SMUR justifiants d’au moins  5 ans d’expérience.
La difficulté est évaluée à l’aide d’une échelle reconnue et reproductible [3] (score de Juvin) basée sur plusieurs variables (nombres de garrots posés, de ponctions, d’opérateurs, de sites ponctionnés, de cathéters utilisés) avec un score minimal de 0 (aucune difficulté) et sans limite théorique. Un score de Juvin >= 2 qualifie de difficile la pose de la perfusion.
Les patients sont caractérisés « prévisible difficile » lorsqu’ils présentent au moins un des critères suivants : ACR, obèses, oedèmes, toxicomanes, chimiothérapie, corticothérapie, états de chocs, dialysés, multihospitalisés ; « prévisible non difficile » sinon.

Résultats

Sur 82 patients 28 ont un score de Juvin >= 2.
42 patients (51 %) sont dans le groupe « prévisible difficile ». 17 d’entre eux (40 %) ont un score de Juvin >= 2  dont 3 qui n’ont pas bénéficié de VVP (2 échecs et une pose d’intra osseuse).
40 patients (49 %) sont dans le groupe « prévisible non difficile ». 11 d’entre eux (27 %) ont un score de Juvin >= 2.
Pas de différence (statistique) significative entre nos 2 sous groupes en terme de score de Juvin (p = 0,21).

Discussion et conclusion

Ces résultats ne nous permettent pas de corroborer l’hypothèse d’une difficulté de pose de VVP prévisible chez certains patients ciblés, probablement du fait de notre contexte d’activité. Néanmoins, ces difficultés sont réelles et fréquentes. Il paraît licite de maintenir nos alternatives à la VVP (PIO – VVC), mais aussi de nous interroger sur l’utilité d’une méthode non invasive : l’échoguidage. Cette aide au repérage veineux permettrait peut-être d’améliorer nos pratiques professionnelles et le confort du patient.

[1] Intensive Care Med (2007) 33 : 1452–1457
[2] Acad Emerg Med. 2004 Dec ; 11(12) :1361-3
[3] Anesth Analg 2003, 96, 1218

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