AuteursJE. Ricalens (1), V. Lagrée (1), S. Grandrémy (1), H. Vergnaux (1), T. Dubernet (1), G. Potel (2) 1. Urgences Médico-Psychologiques, CHU Hotel Dieu, Nantes, France 2. Urgences, CHU Hotel Dieu, Nantes, France ![]() |
IntroductionL’angoisse constitue un motif de recours fréquent et est un symptôme cardinal dans l’évaluation psychiatrique aux urgences. Au sein des pathologies psychotiques, l’évaluation des troubles anxieux donne une indication sur la gravité d’un tableau clinique. Parallèlement, les troubles psychotiques s’accompagnent d’états mentaux susceptibles d’obstruer la juste perception du monde extérieur, mais aussi du monde intérieur, qu’il s’agisse d’anosognosie, d’alexithymie, de syndrome dissociatif ou de trouble du schéma corporel. Aussi, nous sommes nous posé la question de la qualité de la perception par le sujet psychotique de sa propre angoisse en situation d’urgence. Matériel et méthodeOn demandait à tous les patients psychotiques vus aux urgences psychiatriques de côter leur angoisse de 0 à 10. Le psychiatre réalisait silencieusement la même mesure en hétéro-évaluation. Résultats53 patients en 3 mois, 28 % des patients n’ont pas réussi à côter, les moyennes (SD) des côtations de l’angoisse en auto et hétéro-évaluation respectivement étaient 5,03 (2,93) et 4,39 (2,72), p = 0,285.orgavibes En fonction de l’orientation, les patients qui étaient sortants étaient moins anxieux que ceux qui acceptaient une hospitalisation (HL) tant en auto-évaluation 3,53 (2,94) vs 6,36 (2,31) p = 0,0021 (one tailed) qu’en hétéro-évaluation 3,03 (2,23) vs 5,45 (2,29) p = 0,0015 (one tailed). Dans le cas des hospitalisations à le demande d’un tiers (HDT) les résultats étaient intermédiaires : en auto-évaluation 4,50 (2,01) et en hétéro-évaluation 4,15 (2,92), ns. DiscussionCes premiers résultats nous montrent une concordance entre auto et hétéro-évaluation de l’angoisse psychotique. Il n’a pas été retrouvé de corrélation significative mais seulement une tendance (p = 0,063), explicable par le faible nombre d’inclusions. Par ailleurs, les plus hauts scores sont prédictifs d’une HL tandis que les plus bas sont associés à une sortie. De façon surprenante, les patients orientés en HDT, supposés les plus graves, avaient des scores intermédiaires en auto et hétéro évaluation. ConclusionLe clinicien ne paraît pas en mesure de percevoir une angoisse que le patient psychotique ne ressente lui même. L’angoisse jouerait son rôle de message d’alerte chez le patient bénéficiant d’une HL ce qui n’est pas le cas pour l’HDT. Le défaut de cotation pourrait-il témoigner d’une désorganisation psychique ? Une étude plus large est en cours afin d’y répondre.
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