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Le paracétamol à dose thérapeutique avant l’admission par les structures d’urgence en réanimation augmente le risque de dysfonction hépatique dans le choc septique

Auteurs

A Galbois (1), O Gardy (2), B Guidet (1), C Landman (1), C Lejeune (3), S Lemoinne (1), D Pateron (2), O Roux (1)

1. Réanimation, Hôpital Saint-Antoine, APHP, Paris, France
2. Service des Urgences, Hôpital Saint-Antoine, APHP, Paris, France
3. Service des urgences, Hôpital Saint-Antoine, APHP, Paris, France

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L’effet du paracétamol sur la fonction hépatique au cours du choc septique n’a pas été étudié. L’objectif de cette étude est d’évaluer si la prise de paracétamol à doses thérapeutiques avant l'admission en réanimation pour choc septique augmente le risque de dysfonction hépatique (DH) ou d’hépatite hypoxique (HH).

Méthodes

Etude rétrospective monocentrique entre 2008 et 2010. Inclusion des malades admis pour choc septique. Exclusion des malades ayant reçu du paracétamol à dose toxique (>3g/j) et des angiocholites. Comparaison des malades ayant reçu du paracétamol (P+) dans les 5 jours précédents avec ceux n’en ayant pas reçu (P-). La DH est définie par une bilirubinémie ≥32μmol/L et l’HH est définie par une cytolyse>20N sans autre cause

Résultats

80 malades en choc septique (38 P- et 42 P+) ont été analysés, 49% provenant du SAU et 15% par SMUR, les autres par transferts internes (36%). Leurs caractéristiques cliniques et biologiques à l’admission étaient comparables exceptée la température, plus élevée dans le groupe P+ (38,6) (p = 0.03). La prescription de paracétamol était le plus souvent hospitalière (76%), par voie IV (74%) et à visée antipyrétique (71%). Le groupe P+ a présenté plus de DH (64% vs 32%, p = 0.003), un pic de bilirubinémie plus élevé (49 (28-82) vs 28 (20-43) μmol/L, p = 0.02) alors qu’il y avait une tendance non significative à l’augmentation de la survenue d’une HH (29% vs 18%, p = 0.29) et du pic d’ASAT (232 (44-804) vs 118 (50-384) UI/L, p = 0.34). Il n’y avait pas d’autre différence biologique (GGT, PAL, TP, FV). Parmi les patients ayant développé une DH (12 P- et 27 P+), la mortalité en réanimation était identique dans les 2 groupes (53%) alors que la gravité à l’admission était moindre pour le groupe P+ (SAPS II : 58 (45-76) vs 79 (63-112), p = 0.02).

Conclusion

Plus de la moitié des malades en choc septique ont reçu du paracétamol avant l’admission en réanimation. La prise de paracétamol avant l’admission est un facteur de risque indépendant de survenue d’une dysfonction hépatique pendant le séjour. Tous les malades avec une dysfonction hépatique ont la même mortalité qu’ils aient ou non reçu du paracétamol malgré une gravité initiale moindre chez ceux ayant reçu du paracétamol. Chez les malades en choc septique, il faudrait probablement éviter la prescription de paracétamol.

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