Auteurs
Virginie Delonglée (1),
Agnalys Desplantes (2),
Olivier Richer (3),
Eric Dobremez (4)
1. Service d'Accueil des Urgences, Centre Hospitalier d'Agen, Toulouse, France
2. Pôle RUSH (Réanimation Urgences SAMU Hyperbarie), APHM, Marseille, Marseille, France
3. Urgences Pédiatriques, CHU Bordeaux, Bordeaux, France
4. Chirurgie viscérale infantile, CHU Bordeaux, Bordeaux, France
Introduction
Le traumatisme crânien de l’enfant est un motif fréquent de consultation aux urgences pédiatriques. Un certain nombre de ces enfants présente des vomissements sans pour autant que ces derniers soient un signe d’hypertension intracrânienne. Nous formulons l’hypothèse que, comme c’est le cas dans la cétôse de jeûne de l’enfant, il pourrait y avoir, chez l’enfant, un lien entre la présence ou non de vomissements au décours d’un traumatisme crânien et la présence de corps cétonique dans les urines.
Matériel et méthode
Il s’agissait d’une étude observationnelle prospective monocentrique d’une durée de trois mois incluant tous les enfants consultant aux urgences pédiatriques pour traumatisme crânien ayant eu une bandelette urinaire à la recherche de corps cétoniques. Les résultats étaient consignés dans le dossier médical avec la mention de la présence ou non de vomissements. L’analyse statistique a été réalisée avec excel et EpiInfo.
Résultats
Sur les 536 enfants admis pour traumatisme crânien dans cette période, 266 ont été inclus. 51 (19%) ont présenté au moins un vomissement. Dans le groupe « vomisseurs », 26/51 (50,9%) bandelettes étaient positives pour les cétones contre 20/215 (9,3%) dans le groupe « non vomisseurs » (p<0,001). Les deux groupes étaient similaires sur l’âge (5,6 +/- 3,8 ans), le sexe (65% de garçons), la violence du mécanisme lésionnel, la notion de perte de connaissance, le score de glasgow, la présence d’un hématome et sa localisation. 10 des 51 (19,6%) enfants vomisseurs ont eu un TDM cérébral (un seul anormal) pour 13/216 (6%) dans le groupe non vomisseurs (2 anormaux).
Discussion
Il existe un lien statistiquement significatif entre la présence de vomissements post traumatisme crânien chez l’enfant et la présence de corps cétoniques dans les urines. Mais cette étude ne permet pas d’établir la causalité de ce lien. Si les vomissements ne semblent pas être un critère d’hypertension intracrânienne chez l’enfant, ils sont statistiquement plus fréquents chez des enfants ayant déjà un profil de susceptibilité (migraineux, mal des transports, vomissements faciles).
Conclusion
Si les résultats de ce travail ouvrent une perspective thérapeutique dans la prise en charge symptomatique des vomissements dans les traumatismes crâniens de l’enfant par réhydratation et resucrage, d’autres études seront nécessaires afin d’établir la causalité du lien et comprendre la véritable implication clinique voir pronostique de ce dernier.
