AuteursJeanne Oberlin (1), Laurence Sanders (1), Christophe Broux (2), Affif Kaddour (1), Jean-François Payen (2), Françoise Carpentier (1) 1. Service d'Accueil des Urgences, CHU Grenoble, Grenoble, France 2. Anesthésie réanimation, CHU Grenoble, Grenoble, France ![]() |
IntroductionLe scanner corps entier (SCE) est habituellement utilisé pour établir le bilan lésionnel des traumatisés graves stables. Sa supériorité sur une stratégie segmentaire a été mise en évidence, mais sa réalisation systématique pour les traumatisés graves stables pauci ou asymptomatiques reste controversée. Notre étude a pour but de déterminer si la réalisation d’un SCE est appropriée pour ces patients avec pour objectif principal d’évaluer la concordance entre l’examen clinique et les résultats scanographiques et pour objectif secondaire de préciser les caractéristiques des lésions cliniquement muettes afin d’évaluer leur impact sur la prise en charge. MéthodeEtude rétrospective dans un service d’urgences, rattaché à un trauma center de niveau 1, du 01/01/2010 au 31/12/2011. Etaient inclus les patients hémodynamiquement stables ayant subi un traumatisme à haute cinétique (chute>6m, éjection, décès d’une victime) et pour lesquels un SCE a été réalisé. Un médecin recueillait a postériori les données générales, cinétiques et cliniques du dossier médical et les résultats du SCE. Pour chaque segment, la présence ou l’absence de lésions à l’examen clinique et au scanner était consignée. Le coefficient de concordance kappa entre examen clinique et résultats du SCE a été calculé à l’aide des logiciels Statview et Stata. Résultats429 patients ont été inclus (âge moyen 36 ans (+/-17), 75% d’hommes). Les accidents de la voie publique représentaient 52% des traumatismes, 170 patients ont été transportés par le SMUR, 203 par les pompiers. Le SCE retrouvait au moins une lésion pour 55% des patients (126 thoraciques, 98 rachidiennes, 44 abdominales, 40 pelviennes, 30 cérébrales). Le coefficient de concordance kappa entre examen clinique et résultats du scanner était mauvais à moyen selon les étages. 19% des patients avaient au moins une lésion asymptomatique avec 103 lésions au SCE (36 thoraciques, 28 rachidiennes, 16 cérébrales, 13 abdominales et 10 pelviennes). Globalement peu sévères, des actes thérapeutiques majeurs ont été cependant réalisés (9 chirurgies, 2 embolisations) et 5 patients ont été admis en réanimation. ConclusionLa fréquence des lésions occultes retrouvées est un argument en faveur de la réalisation systématique du SCE chez le traumatisé grave stable. |