Voir le poster associé

Analyse des hypophosphorémies sévères dans un Service d’Urgences Adultes

Auteurs

Mohamed REBAI (1),

Bertrand de Cagny (1),

Christine Ammirati (1)

1. Service d'Accueil des Urgences, CHU d'Amiens, Amiens, France

Voir le poster associé

L’hypophosphorémie est un facteur de comorbidité classique dans les services de réanimation, mais rarement analysé au sein des Services d’Urgence. Nous avons mené une étude rétrospective, sur 6 mois, portant sur les patients admis au SAU, et chez qui a été découverte une hypophosphorémie sévère, inférieure à 0,32 mmol (10 mg) /L. Ont été relevés : les facteurs favorisants des hypophosphorémies, les signes cliniques attribuables à ce trouble, le diagnostic final, le traitement ou non aux urgences et, en cas d’hospitalisation, l’évolution de la phosphorémie. Les test du chi2 ou exact de Fisher ont été utilisés pour les statistiques.

Résultats

88 patients, âgés de 43 +/-19 ans, sexe ratio 2H/1F ont été inclus. L'incidence était de 7,6 pour mille admissions.Les diagnostics principaux étaient une pathologie infectieuse (17%), uro-néphro (11%), cardiaque (9%), neuro (8%), traumatique, pneumologique ou digestive (7% chacune) mais non précisée au SAU dans 23% des cas. 1 patient est décédé au SAU. Parmi les facteurs favorisants, on relève un alcoolisme chronique, une dénutrition (essentiellement dans le cadre d’un cancer), et de possibles pertes rénales dans respectivement 15, 7 et 3% des cas. La majorité des patients (61%) ne présentaient pas de signe clinique d’hypophosphorémie. Lorsqu'ils étaient présents, ceux-ci étaient majoritairement neurologiques (myalgies, asthénie, paresthésie) chez 36% des patients.Les phosphorémies moyenne et médiane étaient de 0,25 mmol. Le taux le plus bas a été mesuré à 0,06.69% des patients étaient normo-calcémiques, 28% hypocalcémiques, et 2% hypercalcémiques. La PTH et la vitamine D n'ont pas été dosés pendant la durée de l'étude. 40% des patients sont retournés à domicile ; 59% ont été hospitalisés (vs 30% pour la population générale). 87% des patients hospitalisés n’ont pas été traités. Les patients présentant des signes cliniques ont été plus fréquemment supplémentés (24%) que les patients asymptomatiques (6%) (p<0,01). Il n’existait pas de DS entre la phosphorémie des patients supplémentés, et les autres patients. 65% des patients ont corrigé leur phosphorémie sans supplémentation, contre 91% des patients supplémentés (NS).

Conclusion

Les hypophosphorémies, même sévères, ne s’accompagnent que rarement de manifestations cliniques significatives ou mettant en jeu le pronostic. La plupart se corrigeront d’elles-mêmes. Ainsi, la recherche d’une hypophosphorémie ne paraît pas utile pour la prise en charge d’un patient au SAU.

Retour en haut de page